La Jungle des Gorilles. Un ramassis de branche et de feuille, et d’humidité aussi. Samekh ne savait même pas à qui cette Jungle était censée appartenir. Les Pridelanders ? Les Freelanders ? Il s’en fichait bien, de toute façon. Il allait où il voulait, quand il voulait, et peut importait les lois et les volontés des autres.  Cette maudite Jungle n’avait rien d’exceptionnelle, et chaque parcelle se ressemblait terriblement. S’il était perdu ? Non, pas vraiment … il savait d’où il venait et serait capable de rebrousser chemin s’il le fallait, mais il était curieux de voir ce qui se trouvait aux alentours … mais sa visite fut interrompus par l’arrivée soudaine de quelqu’un.

Tandis qu’il avançait à travers les fougères, le bruit d’une branche qui se rompt sous le poids d’une patte le fit s’arrêter et dresser les oreilles. Sur sa droite, il entendit soudainement le raffut infernal d’un prédateur qui poursuit sa proie, et quelques secondes plus tard il vit débouler devant lui, sortant des fourrés, une boule de poil plus petite qu’un lionceau – un suricate, probablement – complètement affolé. En un éclair, la créature disparue de l’autre côté du chemin, et ce fut comme si rien ne s’était passé … ou presque. Le prédateur en question déboula à son tour, et il percuta violement le lion au pelage rouge, qui eut bien du mal à rester debout.

Samekh repris rapidement ses esprits, et il détailla la créature qui causait tant de problèmes. C’était un lion, une lionne pour être plus précis, et elle semblait bien jeune à première vu. Elle avait d’étrange marques sur son pelage … et aucune politesse, à n’en pas douter. Samekh souleva un sourcil, l’air désapprobateur.

— Ta mère ne t’a pas appris à t’excuser lorsque tu bouscules quelqu’un ?

Demanda-t-il. Si tel était le cas, il se ferait un plaisir de le lui enseigner. Personne ne pouvait se frotter à lui sans en payer les conséquences, pas même une parfaite inconnue qui ne connaissait encore rien de lui. Malheureusement pour elle, elle venait de le mettre de mauvaise humeur, et cela n’engendrait jamais rien de bon.

Samekh lui tourna un moment autour, cherchant des indices afin de savoir qui elle était … une vagabonde ? Une exilée ? Une Freelander ? Il y avait tant de possibilité que le lion au pelage rouge ne savait même pas comment s’arrêter.

— Qui es-tu ? D’où viens-tu ?

Finit-il par demander. Il n’avait absolument pas peur d’elle, bien au contraire. Ce n’était pas lui qui avait eut le malheur de tomber sur elle, c’était elle qui avait eut le malheur de tomber sur lui. Sans doute le regretterait-elle amèrement, car Samekh n’était pas ce que l’on pouvait appeler un gentleman, pas même un tout petit peu.

Samekh resta un moment silencieux, se demandant comment une lionne pouvait être aussi insolente … n’avait-elle pas remarqué qu’elle n’était clairement pas en position pour jouer les fiers-à-bras ? Quel âge avait-elle … 1 an et demi ? Deux ans ? Elle ne connaissait rien de la vie en pensait pouvoir dompter le monde à elle toute seule … sauf que, dans la réalité, ces choses-là n’existaient pas. Dans la réalité, Samekh n’aurait aucun mal à la mettre en pièce

— Je te déconseille de jouer à cela avec moi, chérie.

Affirma simplement le lion. Il s’approcha d’elle et lui fit face. Il la dépassait d’une tête et, non content d’être persuadé d’être plus fort qu’elle, il avait en plus de cela l’expérience de l’âge … chose qu’elle ne pouvait avoir. Il la regarda de haut, et ses yeux orangés la transpercèrent.

— Alors soit une gentille lionne, et répond à mes questions avant que je ne perde patience.

Il n’était pas Freelander, cela il ne pouvait pas le nier. En réalité, il n’était rien du tout, mais elle n’était pas obligée de le savoir … d’ailleurs, elle n’était même pas obligé de savoir qui il était tout cours, du moins pas en réalité. Samekh avait appris à mentir et à faire croire n’importe quoi à n’importe qui, si bien qu’il ne doutait pas un seul instant que son mensonge pourrait être découvert. Après tout, elle ne savait rien de lui, et elle n’aurait aucun moyen de vérifier ses dires car personne sur cette terre ne le connaissait … du moins, pour l’instant.

— Tu n’es clairement pas en mesure de jouer les petites rebelles, il faudrait être stupide pour ne pas le voir … je pensais les lionnes de Freeland plus intelligente que cela … fit remarquer le lion au pelage brun. Il n’y a personne à impressionner, alors réfléchis un peu avant de prendre ta décision ...