La nuit avait été courte. Si elle n'avait pas montré de signes de faim, Thamani n'avait pas non plus montré de signes de fatigue. Elle avait été en forme toute la nuit et il m'avait fallu l'occuper afin qu'elle ne réveille pas trop de monde.

Si je lui avais d'abord raconté quelques histoires, son attention s'était vite dissipée et j'avais dû trouver autre chose. Nous avions donc joué ensemble, avec mes pattes en premier lieu puis en la laissant "chasser" ma queue ensuite. Les heures passaient mais le sommeil ne semblait pas vouloir se faire ressentir chez ma fille.

Sans solution, j'avais donc quitté le Rocher avec elle pour laisser Thamani se défouler et courir après les différents insectes qui passaient devant ses yeux. Aux premières lueurs du jour, ma dernière née avait enfin montré les premiers signes de fatigue et je l'avais alors attrapée pour la ramener au Rocher.

Elle s'était endormie lors du trajet et j'avais enfin pu me reposer également après l'avoir installée contre mon flanc. Tandis que je somnolais, j'entendais un rire non loin de moi. Rire qui eut pour effet de faire gigoter Thamani. Et alors que je cherchais qui était à l'origine de ce rire, une voix féminine s'éleva juste à côté de moi, désignant ma fille comme un gros lardon.

Un gros lardon ? Vraiment ? Arquant un sourcil, je posais mon regard sur ma fille au regard vairon. Je la comparais avec les souvenirs que j'avais gardés de son frère et de sa sœur au même âge mais il ne me semblait pas qu'elle était plus grosse qu'eux. Ni même que les autres lionceaux de son âge d'ailleurs. Posant mon regard sur la petite lionne qui devait avoir, à vu de truffe, à peu près le même âge que Takris et Natak, je m'adressais à elle. Tu sais, on a tous été plus ou moins comme ça. Elle s'affinera avec l'âge et deviendra une belle adulte, tout comme toi.

Je n'avais pas été outrée par la description faite de ma fille, non. A vrai dire, j'étais plutôt amusée et cela se voyait dans mon regard. De fait, je venais, d'une seule et même phrase, de complimenter ma fille tout en renvoyant sa description à la jeune féline. Si elle n'avait plus les rondeurs de la petite enfance, elle n'avait pas non plus sa silhouette adulte et elle continuerait de s'affiner dans les mois à venir.

La jeune féline qui nous accompagnait caressait le pelage de Thamani, encore et encore. Elle semblait s'en amuser et, puisqu'elle ne faisait aucun mal à ma fille, je la laissais faire.

Elle s'arrêta bientôt, apparemment surprise par le compliment qu'elle venait de recevoir. Elle s'en étonna d'ailleurs à voix haute avant d'ajouter que c'était rarement de cette façon qu'on la qualifiait. Ayant reconnu Asali, je comprenais ce qu'elle voulait dire par-là. La jeune lionne était plutôt désignée comme franche, parfois même un peu trop, incapable de rester très longtemps en place et assez farceuse. Cela n'enlevait en rien le fait que je la trouve jolie et je confirmais donc mes paroles. Eh oui, je te trouve vraiment charmante. Ce n'est peut être pas habituel mais ça reste la vérité.

Elle me retourna le compliment, ce à quoi je la remerciais avec un hochement de tête et un doux sourire. Merci, c'est très gentil à toi.
Nos regards s'accrochèrent et je voyais bien dans ses yeux qu'elle s'apprêtait à me poser une question. Je la laissait donc faire pour l'entendre me demander si je ne m'ennuyais pas, ici, toute seule.Eh bien à vrai dire, si un peu. Je ne lâchais pas Asali des yeux et une étincelle s'alluma dans mon regard. Mais peut être plus pour longtemps... J'ai envie de rire un petit peu alors dis moi : quelle est selon toi la meilleure blague que tu aies jamais faite ?

J'avais moi-même participé à l'élaboration de quelques farces dans ma jeunesse mais cela remontait à bien des lunes maintenant. Je souhaitais donc savoir si les blagues d'aujourd'hui étaient plus ou moins les mêmes que lorsque j'étais moi-même un lionceau ou si une évolution avait eu lieu depuis toutes ces années.