La colombe des neiges était toujours à l’extérieur malgré l’heure. Le soleil avait disparu, laissant sa place à celle de la lune, surplombant leur terre. Le froid se faisait plus intense, et pourtant, la belle était là à observer ce qui devenait doucement invisible au fil des secondes.

Le brouillard se faisait bien plus dense, si bien, que dans quelques heures, elle aura du mal a retrouver le chemin de sa grotte pour retrouver son bien aimé, mais cela ne sembla pas la déranger. Elle voulait profiter de l’obscurité, de la fraîcheur ainsi que des astres. Ce soir, la femelle était pensive, bien trop songeuse peut-être.

Elle n’avait pas senti l’odeur du mâle blanc qui se rapprochait doucement de sa personne. Son regard était posé sur le ciel. Ses prunelles brillaient sous l’éclat de l’astre lunaire, faisant naître une boule brillante dans ses pupilles. Elle tourna la tête seulement, quand elle entendit le son de la neige, s’écraser sous le poids du félin blanc. La silhouette de l’individu ne lui était pas inconnue et un large sourire fendit ses babines pour se loger dans les iris du mâle.

« Bonsoir mon cher Teferi. Que me vaut le plaisir de te voir ? »

Le mâle blanc salua la colombe des neiges, un faible sourire était affiché et elle en était ravis. La femelle se rapprocha un peu de ce dernier, ce qui lui permettait de sentir sa chaleur corporelle et l’aider à tenir encore un peu plus dans ce froid qui allait bientôt augmenter dans les heures qui vont suivre.

« Ne t’excuse jamais Teferi, jamais. Je suis toujours heureuse de te voir, toi comme les autres Nordiques, nous faisons partis d’une grande famille. »

Taygha était assez vexée, pourquoi s’excusait-il ? Pourquoi ? Il n’avait rien fait de mal, et la femelle blanche était toujours heureuse de le voir. Ça lui faisait du bien, il était charmant avec elle, et leur conversation était toujours touchante et soulageant. C’était l’un des rare, avec qui Taygha parlait franchement, elle le considérait un peu comme son confident, leur lien était étroit, sans pour autant aller au-delà d’une belle amitié.

C’est pour cette raison qu’elle refusait qu’il s’excuse pour lui offrir une bonne compagnie. Elle ne pouvait pas le supporter et encore moins le tolérer. C’est ainsi qu’elle le ressentait. Taygha considérait tout le monde comme son propre sang, à défaut de pouvoir avant d’enfant, car elle n’avait pas encore réussi à donner la vie, elle désirait offrir tout son amour à son entourage. Si elle devait quitter cette terre sans laisser sa chair vagabonder dans la neige, son amour restera dans les cœurs de tous et elle vivra à travers eux, à travers les montagnes qui peuplent son lieu de naissance.

Taygha hocha la tête, elle était pour marcher un peu, cela lui ferait beaucoup de bien, elle commençait à sentir ses muscles se contracter, le froid commençait doucement à la maintenir sur le sol. La femelle, se leva et fit quelques pas en tournant sur elle-même, pour chauffer un peu ses membres.

« Allons-y mon cher Teferi, ça nous fera du bien et j’apprécie votre compagnie mon ami. »

La femelle lui offrit un léger coup de tête dans la crinière du mâle, lui montrant qu’elle avait en effet une certaine affection envers ce mâle blanc. C’était un grand ami, elle avait eu vent de cette rumeur, du fait qu’il avait eu à se nourrir de cadavres de notre espèce. Elle avait vu son esprit s’éloigner doucement de celui des autres nordiques qui étaient resté dans la montagne. Elle voulait lui faire comprendre qu’il était toujours important pour elle et qu’il n’avait rien à se reprocher et qu’elle le défendrait.

Il vivait dans la montagne, il avait survécu, malgré tout leur malheur, il était resté, choisissant notre honneur plutôt que la facilité. La femelle lui offrit un sourire, un doux sourire chaleureux et bienveillant. Elle lui indiqua la route pour qu’il puisse la suivre vers leur grotte et se reposer jusqu’au lever du soleil. La neige craquait sous leur pas, les faibles rayons de la lune les éclairant dans l’obscurité alors qu’ils marchaient tous les deux dans une direction qu’ils connaissaient bien.

« Comment ,c’est passé votre journée ? »

Taygha continuait d’avancer alors que le mâle lui expliquait ce qu’il avait fait de sa journée. Elle l’écoutait avec attention, comme toujours. Elle portait une grande attention à tout ce qu’on lui disait, pour elle, c’était important, et elle se percevait un peu plus qu’une simple amie avec Teferi, cela lui faisait bizarre, mais comme beaucoup, elle le considérait comme sa propre famille, mais avec ce mâle-ci… C’était différent, leur lien était plus étroit, ce n’était pas un lien d’amour, c’était bien plus complexe et innocent que cela, elle le voyait parfois, comme un simple enfant…

« C’est une bonne chose, ce n’est pas rien Teferi, c’est avec des félins comme toi que nous pouvons trouver des endroits où se reposer. Seuls, nous ne sommes rien, mais ensemble, nous sommes plus fort et rien ne peux nous résister. »

Taygha accélérait le pas pour faire demi-tour et se planter devant le mâle en relevant doucement la tête, assez pour plonger son regard dans le sien. Elle était assez sévère, puis afficha un sourire. Il se sous-estimait et ça la rendait triste, bien trop triste en vérité. Pourquoi se négliger de la sorte ? Elle ne comprenait pas… Mais elle avait espoir, qu’un jour, il enseigne toutes ses erreurs à sa future progéniture.

La blanche reprit sa marche, mais s'arrêta devant la question de son compagnon de voyage. Elle se tourna de nouveau pour s'asseoir. Il fallait admettre qu'elle était étrange, elle cherchait à aider les siens, mais s'éloignait d'eux bien souvent. Elle vivait avec Alhef ainsi que ses parents et ils étaient heureux tous les quatre. Taygha se racla la gorge pour lui répondre de manière honnête, car elle n'avait rien à cacher en vérité.

« Nous vivons avec ses parents, nous ne sommes pas totalement seuls, mais j'ai espoir qu'on fonde notre propre famille. Vivre loin de vous ne siginifie pas qu'on ne veux pas de vous, c'est simplement notre choix de vie. Je ne peux pas l'expliquer, mais elle me convient parfaitement. »

Taygha se leva de nouveau pour reprendre sa marche après avoir senti un courant d'air la faisant frissonner. Elle n'avait qu'une envie, retrouver son amant et dormir à ses côtés. Elle jeta un regard à son complice, pour qu'il s'avance à ses côtés.

« Nous devrions converser plus souvent, qu'en penses-tu ? »

La lionne des neiges observait son interlocuteur du coin de l'oeil, observant ses réactions, en attendant sa réponse. Pour elle, il n'y avait jamais assez de communication, ça faisait toujours du bien de papoter avec un proche.