Le Cristalac était un lieu particulier pour les Nordiques. Il signifiait beaucoup de choses pour beaucoup de nos ancêtres et particulièrement pour mes parents. A leur pensée, je levais les yeux au ciel mais bien qu'une aurore boréale était présente, aucune manifestation ne s'en dégageait. Ce n'était pas grave, je savais qu'ils seraient toujours avec moi dans mon coeur et cela suffit à faire passer la douleur de leur absence.

Je reportais mon attention sur le lion que j'avais suivi en ces lieux suite à son invitation. Wakiza, l'un de mes amis d'enfance, fuyait mon regard et se balançais d'une patte sur l'autre. J'avais appris à le décrypter depuis le temps et je savais ce que cela voulait dire : il était vraiment mal à l'aise. Et dans ces cas-là, mieux valait ne pas le brusquer.

Je m'asseyais donc face à lui et laisser dériver mon regard sur la surface gelée du lac. Je savais que je pouvais m'aventurer dessus mais je ne voulais pas laisser mon ami sur place alors je laissais mes pensées vagabonder en attendant qu'il prenne la parole.

Un sourire vint étirer mes babines alors que je repensais à une discussion que j'avais eu avec ma mère. Curieuse et rêveuse alors que j'étais enfant, je lui avais demandé comment elle et papa s'était avoué leurs sentiments. Ma mère avait alors eu un regard profondément amoureux que je lui connaissais lorsqu'elle posait les yeux sur mon père et elle m'avait alors raconté comment ce dernier l'avait emmené un jour au bord du Cristalac et la déclaration qui s'en était suivie. Fleur bleue, j'avais adoré cette histoire et je me souvenais même lui avoir dit que si j'avais un compagnon un jour, c'était ici que je voudrais que tout commence.

Neva...

Je tournais le regard en direction de celui qui m'appelait et mes pensées furent coupées net par le regard profondément envoutant avec lequel Wakiza me fixait. Aucune parole ne voulut s'échapper de mes lèvres, j'étais toute ouïe face à mon ami d'enfance.

J'ai discuté avec une lionne il n'y a pas si longtemps et elle m'a donné matière à réfléchir. J'y pense chaque jour depuis notre conversation et peu importe la façon dont je prend la chose, il n'y a qu'une seule conclusion possible. Il s'arrêta un instant et je lui offris un sourire bienveillant afin de l'encourager à continuer. Je suis amoureux.

Ces paroles provoquèrent un coup de tonnerre dans mon esprit. Il m'avouait ça comme ça alors que, de mon côté, j'étais amoureuse de lui ? Il n'en savait rien mais il n'aurait rien pu m'annoncer de pire. Je voulu dire quelque chose mais la masse qui pesait sur mon coeur m'en empêchait. Ma bouche resta donc entrouverte pendant quelques secondes avant que je ne me résigne à la refermer. Indépendamment de ma volonté, j'avais légèrement baissé la tête et fui son regard. Je ne pouvais pas le soutenir après une telle annonce et pourtant...

Neva... Neva, regarde-moi s'il te plait.

Son ton était si doux que je ne pu que m'exécuter. Je ne l'avais pas vu s'approcher et fut donc surprise de le voir à quelques centimètres de mon visage.

Je crois que tu as mal compris alors je vais tacher d'être plus clair. La lionne dont je suis amoureux, c'est toi Neva. Je me sens idiot d'avoir mis si longtemps à m'en rendre compte et je regrette ce temps près de toi que je n'aurais jamais. Je ne veux plus passer une seule seconde sans pouvoir te considérer comme ma compagne. Je t'aime, Neva et j'ose espérer que mes sentiments sont réciproques.

Des larmes silencieuses traçaient des sillons salés sur mes joues mais aucune tristesse ne les accompagnait. Mon regard brillait autant à cause des larmes que grâce au bonheur que cette annonce me procurait. Incapable de prononcer le moindre mot, je me contentais de bouger la tête de haut en bas et immédiatement, un sourire éclaira le visage de Wakiza. Il effaça les derniers centimètres qui nous séparaient afin de venir presser sa tête contre la mienne.

Ce moment hors du temps n'appartenait qu'à nous et je serais fière, si un jour j'avais des enfants, de pouvoir leur expliquer comment Wakiza et moi étions devenu un couple.