Le soleil a décidé de ne pas se montrer longtemps aujourd’hui. Moi qui me suis rendu dans mon endroit préféré pour profiter de cette journée qui s’annonçait prometteuse au vue des rayons matinal, je crois bien que c’est cuit pour cette fois. Le ciel a eu le temps de se couvrir et de se foncer petit à petit pendant ma marche jusqu’au Pays Verdoyant. Je crains fort de devoir partir d’ici sous peu, ce ciel gris ne me plait pas du tout. Je ne vois aucune autre bête que moi dans mon champ de vision, les animaux de cette zone ont eu le réflexe de partir se mettre à l’abri eux. Je vais faire de même. Le soleil étant parti, plus rien ne me retient dans ce paradis verdâtre.

Je revenais donc sur mes pas. J’étais déjà arrivé au milieu de la zone lorsque je me décida à faire demi-tour, ce qui veut dire que je vais devoir marcher encore un moment pour retourner chez moi. Que de temps perdu…

J’entendis après quelques pas effectués le tonnerre gronder, je commençais alors à accélérer la marche et je sentis une goutte d’eau atterrir sur mon nez. Il ne fallu que quelques secondes avant que la pluie tombe brusquement, je me mis à courir. En quelques minutes j’étais complètement trempé. Quelle plaie. Durant ma course, une tache noir entra dans mon champ de vision, je me stoppa donc net. Il y avait quelqu’un à une moyenne distance de moi. Qui est-ce ? A-t-il été comme moi surpris par cette pluie soudaine ? Il était trop loin, je n’arrivais pas à bien le distinguer, je me rapprocha donc doucement toujours sous la pluie battante. Je préferais me montrer méfiant, je ne voyais pas encore de quel animal il pouvait s’agir.

Je distingua peu à peu cet inconnu à force de m’approcher. Je vis alors qu’il s’agissait d’un lion, un jeune lion très sombre. Je me souviens alors qu’on m’avait dit que des lions noirs avaient aidés Sharkan pour son coup d’état. Non, se pourrait-il que ce lion là soit un sbire à Sharkan ? Je ne vais pas directement le juger sur sa couleur, mais ma méfiance s’est un peu renforcé. Ses sbires sont partout, alors pourquoi pas ici ? Je voulais en avoir le cœur net et décida de l’aborder :

« Salut, triste temps pour la chasse n’est-ce pas ? »

La pluie tomba toujours en grande quantité. Maintenant que j’étais trempée de la crinière aux coussinets, peu m’importais de rester longtemps ou pas sous la pluie.

[ Je viens de voir que le rapprochement avec les nyeusis a déjà été fait dans ton rp avec Kuzali, donc si tu veux changer de sujet pour éviter de te répéter hésite pas ! ]

Ce lion n’avait pas encore sa crinière formé complètement, il semble être en pleine adolescence. Pourtant sa carrure est plutôt musclé pour son âge, il n’a rien d’un gringalet. Les seules choses qui n’avaient rien de sombre chez lui étaient ses yeux, ses crocs et ses griffes. Je me demandais d’ailleurs comment il pouvait chasser avec un tel pelage, ça doit expliquer pourquoi il ne semble pas très gros non plus.

-Bonjour, en effet, en théorie ce temps sombre devrait être une bénédiction pour nous, ainsi que l'orage qui mélange les effluves et perd notre odeur, mais les proies le savent et sont d'avantage prudentes.

C’est vrai, d’un coté ce temps l’avantage bien pour son pelage mais les proies se cachent plus à cause de l’orage qui gronde. Ça doit bien lui compliquer la vie, le seul moment où il peut chasser sans trop de difficulté reste seulement la nuit. J’ai peut-être tort de le suspecter, ce n’est qu’un adolescent, je n’ai vu que des lions adultes et robustes sous les ordres de Sharkan, et pour lui c’est loin d’être son cas. De plus sa façon de parler est surprenante, je vois mal les sbires du roi s’exprimer ainsi. Mais les lions sombres comme lui sont tellement rare à voir ici, je préfère rester sur mes gardes jusqu’à en avoir la certitude. Depuis le jour où je suis passé au repère des lions, je me montre beaucoup plus méfiant.

-Êtes-vous ici sur vos terres ? J'espère ne pas m'être montré trop provocateur en y entrant pour y chasser... Mais une lionne d'ici m'a signifié que les étrangers n'y étaient pas interdits du moment qu'ils se comportaient de façon respectueuse avec les autochtones.

Il en connait décidemment des mots compliqués. Mais il s’agirait alors d’un voyageur, c’est vrai que pas mal d’entre eux passe par Freeland, ce n’est pas le premier que je rencontre. C’est compréhensible que le Pays Verdoyant attire bon nombre de lion, c’est un endroit agréable que ce soit pour le loisir ou pour la chasse, enfin sauf les jours comme aujourd’hui où le ciel manque de nous tomber sur la tête. Ou peut-être qu’il est comme la jeune lionne que j’ai rencontré l’autre jour, un lion faisant parti d’un clan d’une autre terre, c’est aussi possible. Il n’a décidemment pas le profil d’un sous-fifre de Sharkan, il n’a peut-être finalement rien à voir avec ces lions noirs.

-Vous vous trouvez actuellement sur les terres de Freeland, j’en suis effectivement un habitant. Ne vous en faites pas pour votre présence ici, le passage des lions étrangers est tout à fait libre, beaucoup d’autres sont passés avant vous.

J’espère de pas avoir montré de l’hostilité envers ce lion, ce n’est pas du tout dans mes habitudes.

-Vous voyagez ? Où bien habitez-vous sur une autre terre ? Quand à moi, Permettez-moi de me présenter : mon nom est Sabaru, freelander de ces terres.

J’attendais également sa présentation. Sa façon de parler, son âge etc, tout pensait à croire qu’il était étranger aux ennuis actuels de Freeland.

[ C’est pas grave, t’inquiète pas ! ]

Il ne répondit pas tout de suite à mes questions, il semblait plutôt intrigué par ce que j’ai dit précédemment. La pluie tombait toujours pendant que nous continuons notre discussion.

-Freelander ? Quel est le concept d'un territoire qui laisse passer tous les étrangers ? Je ne comprends pas, sans vouloir vous offenser.

Freeland laisse certes passer les voyageurs mais la terre sait se défendre tout de même. Je ne vois pas pourquoi nous priverions l’accès à notre terre aux voyageurs si ceux-ci ne sont pas malintentionnés. Enfin peut-être que les terres alentours ne laissent pas le passage libre aux étrangers, on m’a déjà raconté que des lions vivants dans le désert ne laissaient pas déambuler des étrangers sur leur territoire sans leur autorisation. Je trouve cela plus égoiste que prudent de mon point de vue, mais peut-être suis-je trop naif sur les risques que ça peut engendrer. En tout cas il avait l’air de trouver ça étrange, les autres terres seraient-donc plus hostiles vis-à-vis des lions étrangers ?

Le lion sombre ne me quittait pas du regard et se décida à répondre aux questions posées :

-Je suis voyageur en effet. Mon ancienne terre est si lointaine que je ne saurais même pas dire par où s'y rendre, mais le fait est que je n'en ait pas l'intention alors peu importe. Et vous, êtes-vous né ici ?

Une terre si lointaine…Il voudrait parler d’une Terre situé en dehors de la Terre des Lions ? Je sais que la Terre des Lions est déjà colossale mais alors je n’imagine même pas au-delà des frontières… Et d’après ce que j’ai compris il ne compte pas y retourner. Il n’a pas froid aux yeux ce jeune lion, il faut le reconnaitre, faire autant de chemin alors que moi je n’ai même pas encore quitté mon territoire même si j’en ai bien l’intention sous peu.

-Comment se déroule la vie ici, si cela ne vous ennuie pas de me répondre bien entendu. En contrepartie je vous aurais bien proposé le fruit de ma chasse, si seulement j'avais attrapé quelque chose. En attendant la nuit, vous auriez une chance ma foi.

C’est sûr, mère nature a rendu la chasse bien difficile aujourd’hui. Il risque d’attraper peu de proies durant le jour, devoir jeuner jusqu’à la nuit ne doit pas être facile quand on est aussi peu nourri que lui. Je me sentirais beaucoup trop gêné de lui faire partager le gibier qu’il compte attraper.
Est-il devenu voyageur par curiosité de découvrir les autres terres ? Il cherche à connaitre le mode de vie des freelanders, le doute que j’avais envers lui s’est évaporé. Je ne pensais même plus aux nyeusis en l’observant à présent, je ne voyais plus qu’un voyageur visitant une terre inconnue. Ma méfiance envers lui avait complètement disparu et j’étais à présent bien disposé à l’aider.

-Je suis bien un Freelander de naissance. Nous ne sommes pas refermés sur nous-même et acceptons des passages de voyageurs avec plaisir tant que ceux-ci ne cherchent pas à nuire à notre terre, mais nous ne sommes pas vulnérables pour autant contre des quelconques ennemis qui se manifestent.

Je racontais ça mais le contexte actuel sur le coup d’état de Sharkan est un assez mauvais exemple concernant la défense de Freeland. Enfin il faut avouer que sous son règne, la terre est assez bien défendu, avec ses sbires sous sa coupe. Mais ce n’est pas pour autant que ses sujets le vivent bien.

-Je ne puis accepter de nourriture de votre part, je vois que vous en avez bien plus besoin de que moi. Par contre vous aidez à en attraper serait un plaisir, je suppose que vous préfereriez ne pas attendre la nuit pour manger quelque chose. Certes les animaux de cette zone se sont réfugiés mais en cherchant un peu nous devrions pouvoir trouver tout de même quelque chose.

La pluie ne s’arrêtait toujours pas, elle ne me dérangeait plus tellement mais ce n’est peut-être pas le cas de l’autre lion.

-A moins que vous préfereriez d’abord que nous nous abritons en attendant la fin de la pluie ? Puisque Freeland semble vous interressez alors je me ferais également une joie de vous en parlez plus précisement.

Up ? ...

La politesse de ce lion se montrait aussi grande que la noirceur de son pelage, rare étaient les lions avec qui je pouvais me permettre de parler de façon aussi soutenu et détendu. Ça me faisait plutôt du bien d’entamer cette conversation, loin des soucis habituels du royaume. L’aider occupera pleinement ma journée que je pensais ce matin vide, si bien sûr il daigne accepter ma proposition.

-J'accepte à la condition que vous partagiez le fruit de nos gains, je ne saurais dire oui sans cela.

J’aurais un sentiment de culpabilité si je devais prendre une partie du repas de ce lion, cependant il n’acceptera de chasser en ma compagnie sans m’être redevable, je ne demande absolument aucune reconnaissance mais puisque c’est la condition, je ne puis refuser pour l’aider.

-L'orage aura achevé d'effacer notre odeur maintenant, d'un autre côté, la leur aussi sera impossible à pister, mais si vous connaissez leurs refuges habituels, nous pourrions surprendre le dîner. Qu'en dites-vous ?

Certes, le pays verdoyant est un endroit où je vais beaucoup, il doit rester peu d’endroits ici que je ne connais pas comme ma poche. Le gibier se réfugie durant la pluie souvent dans les petites cavernes peu profondes ou tout simplement sous des arbres épais, peut-être pourrions-nous commencer à chercher par là ? J’indiquais alors du bout d’une griffe un endroit à quelques dizaines de mètres où les arbres étaient plus nombreux que dans l’ensemble du territoire, jusqu’à presque former une mini-forêt.

-Là-bas me semble un bon point de départ pour la chasse, avec un peu de chance nous ne tarderons pas trop à se mettre quelque chose sous la dent, venez.

Après s’être mis en route je souhaitais briser le silence durant la marche, je savais qu’il souhaitait en savoir plus sur Freeland, qui est pour lui une terre inconnue. Discuter fera sans doute passer le temps en même temps que chasser. Ce lion m’intrigue beaucoup.

-Cet endroit est un paradis terrestre, les freelanders ne manquent de rien question besoins naturels, par contre question gouvernance nous avons connu mieux malheureusement.

Je continuais de marcher sans trop tourner la tête, de peur de louper une gazelle ou un zèbre potentiel dans mon champs de vision, la pluie battait toujours son plein mais certaines bestioles pourraient bien sortir de leur cachette pour une quelconque raison, restons attentif.

Je me demandais tout en marchant si parler des soucis de Freeland aux étrangers pouvait se montrer bénéfique ou au contraire inutile. J’avais déjà discuté de cela avec cette lionne venu de la terre de la fierté et j’ai durant un moment pensé que c’était cette histoire qui avait mis fin à notre rencontre, l’ayant dégouté de Freeland. Mais en me remémorant ses paroles, je suis sûr aujourd’hui que ce n’était pas le cas, cependant la tyrannie actuelle repousserait bien réellement des visiteurs. Je doute d’ailleurs qu’elle soit inconnu de lions d’autres terres. Dans le cas actuel, je ne raconte pas les problèmes de la Terre libre pour une quelconque utilité, simplement parce que tel est le désir de mon interlocuteur. Si jamais Freeland venait à repousser ce visiteur par son contexte actuel je comprendrais évidemment. Peut-être cherche t-il une terre où il se sentirait en sécurité mais Freeland n’est alors pas la meilleure solution du moment.

Le lion sombre marchait derrière moi, de façon respectueuse comme il se montre depuis le début. La discussion pourrait être longue avant de trouver quelque chose, ou au contraire être bien écourtée par l’apparition d’une bête. Il répondit alors :

-Quel est le problème ? C'est parce qu'ils laissent tout le monde entrer sur le territoire ? Ou bien parce que le roi est un tyran ou un incapable ? Ca arrive souvent, bien plus qu'on ne le croit... Néanmoins un roi, c'est toujours possible de le renverser. Quel âge a-t-il ? S'il est jeune, misez sur son inexpérience, s'il est vieux, sur sa fatigue... Entre les deux ? Un peu des deux justement. Formez une alliance avec plusieurs mâles. Je ne dis pas que c'est facile mais je pense que c'est faisable.

Le souci vient un peu des deux faits, une facilité à s’introduire dans Freeland afin de voler le trône. Si à ce moment-là les Freelanders furent mieux préparés, ils aurait peut-être pu se défendre un minimum. Mais cependant, la libre entrée des étrangers sur la Terre libre n’a pas changé depuis le coup d’état de Sharkan, pourrions-nous en tirer un avantage ? Je ne le sais pas. De plus Sharkan n’est ni jeune ni très vieux, il est loin d’être stupide et semble difficilement fatiguable, c’est une montagne de muscles endurante. Les conseils de ce jeune voyageur sembles toutefois réfléchis, mais… former une alliance avec d’autres lions ? Cela ne devrait pas être compliqué car beaucoup de Freelanders sont contre ce tyran. Cependant le droit à l’erreur est quasi nul, Sharkan m’a très bien cerné et si je tente quelque chose de maladroit, je ne pourrais plus rien tenter par la suite.

Je regardais le sol, plongé dans mes pensées mais l’apparition d’un potentiel repas me fit relever la tête :

-Regardez, je crois que j'ai vu un animal là-bas, plus intéressant... Une proie. Prendrez-vous l'option de la traque ou de la mise à mort ?

En effet une gazette se trouvait au loin gambadant sans nous avoir repéré. Le voyageur s’aplatissait alors au sol, il semblait avoir réellement faim, j’espère qu’il a tout de même encore l’énergie pour cette partie de chasse. Je commençais à avancer doucement pour réduire la distance qui nous séparait de notre proie, en faisant un signe de la tête au voyageur de me suivre. Arrivée à une certaine distance, je m’allongea au sol à mon tour.

-Tentons donc de l’abattre en la surprenant, de toute manière si jamais elle venait à glisser hors de nos griffes elle aurait bien du mal à aller droit avec le nombre important de baobabs autour de nous. Nous avons toutes nos chances. Prenez là sur le flanc droit, je m’occupe du gauche, si vous voulez bien.

Je partis donc à mon poste en restant aplati au sol, caché par les herbes de taille moyenne, laissant le voyageur faire de même de son coté. La gazelle ne bougeait plus et semblait paitre insouciamment. Je me rapprochais à présent lentement, mais je repensais tout de même en même temps aux conseils du lion sombre, il sous-entendait de tenter…une révolte ? Je ne savais pas trop quoi penser de cette idée, elle est tentante mais mettrait beaucoup de lions en périls, j’avais un peu peur de prendre ce risque. « Qui ne tente rien n’a rien » dirait-on mais cependant tenter tout c’est risquer tout…

J’étais à présent assez proche de la proie pour attaquer, étant au sol je ne voyais pas encore où se trouvait mon partenaire de chasse mais je pense qu’il s’est mis lui aussi en position, peut-être attend t-il que j’agisse en premier. Je bondissais alors sur la gazette pour tenter une mise à mort direct visant la gorge. Par malchance elle réussissa à s’écarter à temps. Je parvins à lui blesser la cuisse droite de mes 5 griffes mais elle commença à s’éloigner en direction du voyageur, ne l’ayant pas repéré. Alors qu’elle fonçait, je m’exclama :

-Elle est à vous, vous l’avez à porté de griffes, allez-y !

Je restais attentif au cas-où elle parviendrait à lui échapper aussi mais je laissais le soin au voyageur de l’abattre d’un coup mortel. Si la moindre difficulté apparaissait, je serais en mesure de l’aider.

La chasse fut un franc succès, mon coup de griffe a servi à ralentir la proie afin de donner plus de facilité au jeune voyageur pour l’attraper. Ça s’est passé en très peu de temps, j’ai regardé la scène, prêt à bondir si nécessaire. Le lion sauta sur son dos pour y planter la totalité de ses griffes et crocs, la gazelle sentit bien le coup passer et tenta de plus bel de lui échapper mais le lion s’était bien cramponné à elle. Il l’a fit finalement chuter avant de l’achever avec une dernière attaque à la gorge.

Il se releva , du sang plein les babines. La charogne était là, prête à être dévorée. Il me fixa ensuite comme pour me dire de me servir en premier poliment. Comme dit précédemment, je pouvais difficilement accepter de prendre la nourriture d’un affamé, je pense même qu’il commence à s’impatienter intérieurement de se jeter sur ce tas de chair, ce que je peux comprendre aisément. Néanmoins il a accepté mon aide à condition de partager le fruit de notre chasse avec lui, condition à laquelle je n’ai pas vraiment répondu mais que j’ai accepté en me joignant à la chasse malgré tout. J’en prendrais donc un infirme morceau, mais avant c’est ce voyageur qui doit se servir en premier, je ne peux pas le faire avant lui sachant qu’il a achevé le travail. Il reprit la parole alors que j’étais encore devant la charogne, pensif :

-Je vous aiderai, Sabaru. Je chasserai avec vous lors que sera venu le temps... En échange d'une seule chose, que ma mère et sa fille adoptive soient plus que la bienvenue sur Freeland. Je sais que vous acceptez que des étrangers y circulent, mais je voudrais un peu plus... A vrai dire mon souhait serait qu'elles soient considérées comme des membres à part entière et protégées. En d'autres mots, intégrées au clan. Ce sont des lionnes douces qui ne posera pas de soucis. Ma mère est aussi travailleuse et honnête, elle ne sera pas un fardeau. La petite est fragile mais elle s'en occupera. Si vous acceptez ma requête, croyez-moi, je ferai ce que vous voudrez.

Alors malgré tous les problèmes évoquées sur la Terre Libre, son choix se porte ici pour l’installation de sa famille. Voilà pour la première fois depuis ma rencontre avec ce lion la première phrase qui ne me parut pas très sensé. Ou peut-être veut-il profiter de la puissance du tyran afin de bénéficier de sa protection, mais est-il sûr qu’il ne représente pas de danger pour sa mère et sa sœur ? Certes elles se tiendront tranquille, c’est une affaire entendu mais Sharkan reste imprévisible.

-Y aviez-vous déjà pensé ? Je veux dire, à la rébellion ?

C’était évident que si aucun secours extérieur ne venait, c’était la seule solution à envisager. Soulever Freeland et chasser les lions noirs et le tyran, une belle utopie. Le mieux actuellement serait de retrouver Dejem et Haki, penser à une rébellion avant de savoir où ils se trouvent parait risqué. Cela ne se déclenchera pas avant de les trouver, à moins que nous en soyons réellement obligé. Je m’avança jusqu’à la charogne et en prit un grand morceau, puis j’allais le déposer aux pattes du lion amaigri.

-Tenez, manger maintenant.

J’en piocha un morceau nettement moins gros sur la dépouille de la gazette pour ensuite l’avaler avant de reprendre :

-Que j’y pense ou pas, elle éclatera un jour, avec ou sans moi… Soyez-en sûr. Quand à votre famille, je ne peux rien faire pour son acceptation au sein du clan, il va malheureusement falloir passer par le leader actuel. Si vous pensez que ça ira pour elles malgré nous je ne vous empêcherais de rien, mais restez très vigilants.

Sabaru songeait à l'aide proposé par ce lion sombre, ses conseils semblent précieux mais il hésite à impliquer autre monde que des Freelanders, il sait pourtant que leur chance est infirme sans aide extérieur.

La pluie commençait enfin à s’arrêter, les nuages commençaient doucement à s’écarter afin de laisser paraitre les premières étoiles du soir. Je n’avais pas vu le temps passé et les nuages gris laissèrent place à un début de nuit, avec un ciel rosé. Il commençait à se faire tard, il ne vaudrait mieux ne pas trop trainer.

En effet ce lion avait vraiment faim, ne se retenant pas davantage il mordit à pleine dents le morceau de chair à ses pattes. Son museau se recouvra de sang un peu plus à chaque bouchée. Il finit par relever la tête tout en prenant soin d’oter le sang recouvrant son mufle.

-Je parlais de chasse au gros gibier, au très gros gibier. Je ne laisserai jamais ma mère sous l'égide d'un tyran. Le marché que je vous propose concerne l'après Sharkan. Ce que je te demande donc, c'est si vous étiez prêt à l'accepter comme véritable membre en tant que nouveau leader, ou du moins, intercéder à celui qui succèdera à Sharkan si ce n'est pas vous. Premièrement ce sera à moi de remplir ma partie du contrat, c'est à dire, vous aider à renverser le dictateur. Je suis jeune, très jeune mais le temps que ça se mette en place, je suppose que je pourrai grandir encore un peu. Et même si je demeurerai encore inexpérimenté comparé à lui, j'ai de la volonté et de l'entraînement, de plus, il ne me connaît pas.

J’avais bien compris le sous-entendu qu’il voulait me faire entendre précédemment, mais ma réponse aurait été trop hésitante, ne sachant pas réellement si l’impliquer dedans était raisonnable pour lui comme pour Freeland. Il semble bien motivé et n’a pas peur du dictateur, oui c’est sans doute un lion de sa trempe que Freeland a besoin. De plus il semble que sa famille ait vraiment besoin d’une terre où vivre fixement. Mais pour se faire, il faudrait retrouver Dejem et Haki. Personnellement je me refuse de me considérer « nouveau leader » ou rang du même type, les souverains c’est eux et personne d’autre. Non, personne d’autre après Sharkan ne leur volera le trône. Néanmoins sa proposition ne manque pas d’intérêt, sa capacité d’analyse me plait beaucoup. Il regarda autour de lui pour détecter éventuellement une présence puis repris :

-En la jouant finement, nous pourrions faire croire que je ne suis que le premier représentant d'une aide extérieure.

Faire croire à Sharkan que des lions d’autres clans se rallient contre lui ? L’idée n’est pas mauvaise, cette idée pourrait l’affaiblir, le tourmenter. Sachant qu’il est un lion assez malin mais impulsif, il pourrait s’en prendre à ses propres troupes dont ces lions noirs qui le protègent. Faire diminuer le nombre d’ennemis par l’ennemi pourrait marcher, encore faut-il qu’il tombe dans le panneau, ce que je doute tout de même : sa perspicacité m’avait été prouvée.

- En m'expliquant mieux: jouer sur le psychologique, laisser entendre qu'il y a d'autres rebelles que son propre peuple. Si ça ne l'inquiète pas plus que ça, ça pourrait peut-être l'enrager. Il s'épuiserait mentalement à chercher partout, perdrait la confiance de ses proches, les tyrans sont ainsi... Narcissiques, ils s'entourent mais sont seuls, n'ayant confiance en personne. Le lien qu'il a avec ceux qui le suivent pourrait être ébranlé facilement pour certains. Il suffit de laisser s'étendre quelques rumeurs. Par exemple la venue de lions étrangers, dont l'apparition aurait été couverte par quelqu'un de l'intérieur, de sa propre garde donc. En voulant éliminer le traitre, il mettrait à mal sa propre garde. On peut également laisser sous-entendre aux oreilles de quelques félins commères que Sharkan compte tuer ceux a qui il a promis une place élevée ou un quelconque butin pour ne pas avoir à payer. Insinuer le doute chez le tyran mais aussi chez ses suiveurs. Les dictateurs ne sont pas connus pour accomplir leurs promesses après tout.

Atteindre les pions du tyran et lui-même mentalement plutôt que physiquement pourrait se montrer une bonne stratégie. Je ne souhaite en aucun cas trouver solution dans le combat et alors que des lions veulent faire tomber Sharkan par le sang, ce stratège me fait part d’idées qui ne mettraient pas directement en péril des opposants au régime actuel. Ses paroles commencent à me fasciner de plus en plus, le lion est un excellent stratège pour moi.

Cependant je suis presque sûr que des lions ne se laisseront pas influencés par de quelconques rumeurs : les kulishas. Ces lionceaux sont devenus des vrais pantins sans aucun doute. Si moi je me suis réveillé à temps par moi-même sur le compte de Sharkan, pour eux ça risque de se montrer beaucoup plus compliqué. Les sortir de là va se révéler difficile.

-Alors, qu'en dites-vous mon ami ?

J’étais assez emballé par l’idée mais… le moment était-il réellement venu ? J’ignore qui pourrait se retourner contre Sharkan et fuir d’ici. De plus il a un œil sur moi depuis la petite conversation du repère des lions, agir comme seul Freelander maintenant me fera vite découvrir. Nous n’avons pas le choix, il faut attendre le bon moment, un moment où un grand nombre de Freelanders se retournera contre lui, et ce jour-là je serais des leurs.

Il fallait pour l’instant rester tranquille et attendre un évènement pour continuer à songer à tout ça. De toute manière Freeland est calme depuis beaucoup trop longtemps avec un tel leader à sa tête, quelque chose passera se forcément dans un futur proche ou plus loin.

-Vos idées ont du sens, beaucoup de sens. Cependant le moment n’est pas encore venu. Je vous admets qu’agir en duo même pour de simples rumeurs pour commencer est une erreur, le risque de se faire avoir est trop grand. Attendre un agissement du tyran qui scandaliserait enfin certains Freelanders au point de complètement retourner leur veste est préférable. Cela ne m’étonnerait pas que ça arrive un de ces jours. Soyez patient, Freeland ne se laissera pas faire indéfiniment.

Les lieux s’assombrissaient au fur et à mesure de l’avancée du soir, le ciel rosé virait peu à peu au bleu. Il était l’heure de rentrer chez soi, Sabaru aurait vraiment aimé continuer la conversation avec cet ami nouveau et allié inattendu mais s’il rentrait tard chez lui, son père adoptif lui poserait trop de questions.

-En cette tardive heure je dois malheureusement vous laissez. Sachez que lorsque Freeland sera de nouveau une terre libre, vous et votre famille serait plus que bienvenue ici. Quand nous nous reverrons, les choses auront sûrement changées, mais pour le moment restez prudent. Au plaisir de vous retrouvez dans un futur proche.

Cet adolescent n’avait sans doute pas fini de me surprendre, le rôle qu’il pourrait jouer dans le redressement de Freeland s’avère prometteur si il daigne de tenir ce comportement jusqu’au bout. Je lui fis ma révérence et rentrais chez moi avec un sourire aux lèvres, un sourire d’espoir.

Citation :

[ Fin du rp pour moi, merci il était bien chouette ! Je suppose qu'on en fera d'autres post-évent. ]