Foucade
La troupe était en fête.
La veille, la vieille Koliya avait déposé les armes avec toute cette sagesse qui la caractérisait pour les donner à un nouveau chef des armées, plus jeune, plus sombre, plus … grand. Bon, même si dormir la journée et faire ce qu’il voulait en patrouille durant la nuit était ce qui lui allait le mieux, Adérès se dit qu’il avait dut rater le mémo concernant Sikio.
C’était son nouveau chef et, de ce fait, il se tenait tout de même au courant des mouvements hiérarchiques qui le concernait. Il s'était tenu présent lors de la passation, bien que s’extrayant d’un sommeil lourd, pour admirez avec cynisme le changement de poste de la léopon pour le titan. Depuis quand Sikio était-il si grand ? Adérès se demandait même pourquoi il ne l’avait pas remarqué si tôt avec son pelage sombre et sa stature épaisse… Il poussa un grognement contrit et accéléra d’un pas rageur.
La jalousie lui brûlait la gorge comme un venin empâtant sa bouche. C’était lui, le petit-fils, l’héritier du sang ancien, et pourtant il avait le sentiment de s’être fait rouler dans la farine à la naissance. Il était grand, il était fort, il avait hérité des techniques de combat des Nyeusis, mais à côté de Sikio il se sentait affreusement normal.
Complexé par sa taille, qu’il aurait souhaité bien plus grande, il s’était montré de méchante humeur les jours suivants autant avec ses camarades de couche qu’avec les lionnes. Même le petit Kiminu, pour qui il avait un léger affect de part son caractère tumultueux, n’avait pas osé trainner proche du lion grognon. Il partait tôt en patrouille, rentrait aux aurores et grognait sombrement à quiconque lui adressait la parole.
C'était un autre héritage des Nyeusis : Ce foutu caractère et cet orgueil mal placé qu’il devait contrôler tout les jours de sa vie sans quoi un coup de griffe était si vite arrivé. Il portait sur son propre corps les marques de cet incendie qui brûlait le coeur de son jumeau et de lui-même et, il savait, qu’il ne pourrait pas la déchaîner dans ce pays de lumière sans que la crainte ancestrale envers sa race ne lui reviennent au visage.
Et pourtant, il enrageait encore et toujours de la bel apparence de Sikio.
Il s’en retournait après une longue nuit à fulminer contre le monde et les ancêtres quand l’ombre du chef des guerriers se détacha sur la pierre du repère. Il étouffa une remarque qui ressortit par les naseaux et entrepris de faire une détour pour éviter de le croiser.
Il n’était pas d’humeur.