Un bâillement s'échappa de la gueule grande ouverte de Salim. Allongé depuis plus d'une heure déjà sur le sol rocheux qui s'étendait autours du repaire des lions, il évitait, encore une fois, de faire son travail. Sa queue battait de droite à gauche, agacé par l'ennuie. D'ordinaire, à cette heure de l'après-midi, Salim serait en train de traîner avec l'un de ses amis au travers de la savane, évitant ses responsabilités et de Freelander, et de Draegar. Mais aujourd'hui, il était seul et dans sa solitude, il craignait d'être vu par son oncle ou maman qui, à tout moment, pourraient venir lui rappeler que bientôt il était sensé devenir chef de sa nasab.

Lorsqu'il vit passer un pelage parsemé de tâche, il redressa les oreilles. Le liard qui se glissa devant lui sans le voir lui inspira une distraction efficace. Ce dernier était nouvellement arrivé au Royaume et cela le dérangeait. Sa mère lui avait dit, les étrangers étaient une menace et si Salim se moquait souvent de ce que maman disait, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine méfiance envers eux.
Il se leva, prit le temps de s'étirer en allongeant ses pattes avant dans un nouveau bâillement. Puis, il abaissa l'arrière-train, fit la même chose pour ses pattes arrières et s'avança là où était partit l'autre.

Arrivant dans son dos, un sourire moqueur au visage et les paupières basses, il lui adressa la parole :

" Tieeeens... Voilà notre bâtard national, non ? Dis moi, le tacheté, tu connais le nom de ton père ? "

(c) Rinkisha

Avec le temps, Aludani s'était suffisamment bien intégré aux Freelanders pour se sentir à l'aise au sein même de leur repère. Il y avait même fait quelques charmantes rencontres, qu'il s'agisse de dame avides de conseil ou de simples discussions ou de beaux mâles séduisants. Oh, et aussi bien sûr, les ragots ! Tout un tas de ragots circulaient entre les rochers pour qui savait tendre l'oreille et interroger les bonne personne. Et le félin tacheté était de cela.

Alors qu'il se glissait à travers les roches, traquant quelques délicieux commérages pour chasser l'ennui. Mais autre chose allait le divertir apparemment. Une voix l'interpela. Le liard releva les oreilles pour regarder qui s'adressait à lui de la sorte. Il plissa les yeux, le détaillant dans les détails. Mmh. Il n'était pas laid en soit... Mais il faisait fragile pour un lion. Son pelage était passe partout et... OH MON DIEU ! Que dire de cette crinière qui était horriblement, affreusement, détestablement mal soigné ! Aludani dû retenir un haut le cœur. Appeler ça une crinière était même trop gentil, le liard avait vu des arrière train mieux fournis et surtout coiffé ! Oh. Jolis yeux cependant. ... Mais cette crinière ! Non, elle gâchait décidément tout.

En toute honnêteté, Aludani ne prenait pas ombrage de la remarque. Elle était factuellement vrai. Ses parents n'avaient jamais unis leur vie de manière officielle. Il était donc, par définition, un bâtard. Autant dire qu'en temps normal, le liard aurait sourit, répondu à la question et entamé normalement la conversation. Sauf que voilà, ce n'était pas une simple remarque, ni une question innocente. Le ton et l'air narquois du Freelander en était une preuve suffisante. ... Et bien soit. Si c'était une sorte de jeu, Alundani était partant pour jouer. Il prit un air pensif, fixant le ciel comme si il cherchait dans sa mémoire.

- Mmh. No. Mi madre n'a pas cru bon de retenir son nom. C'est de familia, on ne retient que les gens importante o digna de interés...

Son regard gris se reposa sur l’inconnu, un sourire satisfait sur les babines.

- Du coup, contrairement à toi, je n'ai aucune idée de qui tu es.

Bien évidemment, Aludani n'était pas opposé à ce que cela change... Quoi que. Ce petit lion en valait-il vraiment la peine ?

« Mmh. No. Mi madre n'a pas cru bon de retenir son nom. C'est de familia, on ne retient que les gens importante o digna de interés... » Il posa sur Salim un regard qui eut le don de l'agacé. « Du coup, contrairement à toi, je n'ai aucune idée de qui tu es. »

Voilà qui était bien envoyé, il devait le reconnaître, il se sentait un peu piqué. Une grimace déforma un instant son visage et il plissa les yeux. Il n'était pas important, non, ça, il le savait. Ni pour son clan - futur chef, tu parle ! - ni même pour le Royaume en lui-même. Mais étrangement et bien qu'il n'ait jamais eu la prétention de devenir quelqu'un, le fait de le lui faire remarquer avait quelque chose de blessant.

Pourtant, en dépit d'un mouvement de queue agacé, Salim ne s'énerva pas tout de suite. Il souffla du nez, retrouvant un sourire alors qu'il pencha légèrement l'encolure vers le bas, sans détacher son regard de celui du liard.

« Désolé, mais j'ai littéralement rien compris... » Il ne mentait qu'à moitié, comprendre l'autre lui demandait quelques efforts et son accent ne passait guère inaperçu. « Tu peux pas articuler ou parler normalement, j'sais pas ? C'en devient ridicule ! »

Il redressa la tête pour rire, soulignant l'absurdité de cet accent, de l'absence d'effort de son interlocuteur.

(c) Rinkisha

Le liard aurait pu espérer que son interlocuteur s'arrête là, qu'il se sente suffisamment remis à sa place pour comprendre que, non, il ne vaincrait pas Aludani dans un duel de mot. Mais non. Ah la la... Il devait avoir quelques neurones en moins, que voulez-vous ? La remarque sur son accent fit sourire le charmeur qui se targua d'un regard compatissant vis à vis du lion à la crinière miteuse.

- Oh... Oh ! Madre de mi, toutes mes excuses !

Nul doute vu le phénomène en face de lui que sa compassion serait plus insultante que tout les sales mots qu'il pourrait sortir.

- Je ne pensais pas que tú avais des problemas de compréhension. Ça ne doit pas être fácil dans la vie de tout los jours.

Le liard prenait consciemment un ton d'apitoiement avec rythme de parole particulièrement lent. Autant pour essayer de limiter son accent et ses expressions que pour souligner la stupidité de son adversaire verbal.

- Pero, tu as raison ! A moi de faire des effort para mes camarades plus lent.

Sa queue s'agita légèrement trahissant son amusement face à la situation. Le pauvre lion et ses paroles "blessantes" ne pouvaient fonctionner que contre ceux qui manquaient de confiance en eux. Ceux dont le regards des autres les faisaient douter de leur valeur. Aludani n'était pas de ceux là. Appelez ça de la confiance ou même de l'orgueil, dans tout les cas, il n'en manquait pas.