Les ailes du scarabée

Le soleil frappait encore la terre des lions avant tant de véhémence qu'aujourd'hui encore la grande majorité des adultes préférait opté pour une sieste salvatrice plutôt que pour une quelconque activité qui leur demanderait de l'énergie. Et tout cela, au grand damne de la petite Aterui qui se retrouvait dévoré par le monstre de l'ennui. Elle avait essayé, en vain, de motiver sa nourrice en la secouant, lui sautant sur le dos ou en lui tirant les oreilles, mais elle avait fini par écopé d'un coup de queue agacé accompagner d'un grognement courroucé.

Déçue, la petite rouquine c'était laissé tomber sur une pierre chaude à contempler la savane qui entourait le repère des lions de Freeland. La saison sèche était si violente que la terre c'était asséché au point que la moindre brise de vent levait un épais nuage de poussière que les herbes, parfois si morte qu'elle arborait une couleur jaune terne plutôt qu'un merveilleux doré, ne pouvait endiguer. Cependant, Aterui était encore trop jeune pour le comprendre et, au lieu de dormir à l'ombre des rochers qui prodiguaient une fraicheur bienvenue, elle trépignait autant d'impatience que parce que le rocher sous ses pattes était diablement chaud.

Elle soupira. Une fois, deux fois, une énième fois. Quand soudain elle aperçut un signe que les esprits des temps anciens ne l'avaient pas oubliés ! Un petit scarabée à la carapace verte luisante voletait paresseusement devant elle capta son attention.

Ni une, ni deux, la petite lionne bondit sur ses pattes et bondit à sa suite abandonnant derrière elle la quiétude du repère pour la plus grande des chasses !

En réalité, le scarabée aurait très bien put prendre la poudre d'escampette en redressant sa corne vers le ciel et en accélérant un peu plus franchement. Cependant, la chaleur n'affligeait pas seulement les fauves qui, malgré leurs pelages courts et leurs couleurs claires, s'en retrouvait assommé. Exception faite des Freelanders dont les couleurs variaient autant que celle d'un arc-en-ciel, mais dont les talents s'étendaient bien au delà de la simple tolérance à la chaleur. Bourdonnant mollement, le petit insecte compris rapidement qu'il été pris en chasse par le prédateur le moins apte à sa capture, mais, outre la fatigue qu'il ressentait devant la chaleur, il fit preuve une paresse certaine devant ce lionceau auquel il était certain d'échapper.

Aterui bondit et lui donna un petit coup de coussinnet sur le postérieur qui le fit dévier et basculer en arrière. Le scarabée dut bourdonner plus fort pour reprendre de l'altitude pendant que la petite lionne, retombant lourdement sur ses pattes, relevait la tête à sa recherche.

La petite rouquine respirait fort, mais grand sourire étirait ses lèvres tant le jeu lui plaisait. Elle avait de nombreuses fois observer les adolescents bondir sur les rochers trop haut pour elle qui prenait appuie au bord des plateformes et poussaient tout ce qu'ils pouvaient sur leurs pattes ou encore, les lions s'entraînaient au combat en agitant leurs queues dans tous les sens pour garder l'équilibre. Aujourd'hui, elle savait qu'elle avait eut raison de le faire et elle trépignait d'impatience de le dire à sa soeur.

Alors elle recommença.

Elle pris son élan, ramena ses pattes avant entre ses pattes arrières, poussa sur ses postérieurs et bondit dans les airs en tendant les pattes, toutes griffes dehors, pour saisir le scarabée. Cependant, cette fois encore elle ne put lui toucher que l'arrière train. Agitant la queue dans tous les sens, Aterui se tordit pour essayer de retomber correctement. Elle se rendit compte, trop tard ou trop tôt elle ne saurait le dire, que le sol était trop loin par rapport à ce qu'elle avait estimé.

Elle atterrit lourdement sur le sol. Son ventre manquant de toucher le sol. Son souffle se coupant.

- Reviens ! - Cria-t-elle de sa voix nasillarde.

La petite se releva et courru en haletant après l'insecte qui prenait la poudre d'escampette.

- Mais reviens ! Ze vais continuer à zouer moi !

La voix douce et grave du liard lui fit tourner la tête et dresser les oreilles en sa direction. Elle offrit un éclatant sourire au fauve malgré son humeur affliger et se rapprocha de lui avec une démarche de poulain chancelant.

- Z'ai essayer d'immité les chasseuzes ! T'as vu ? T'as tout tout vu ?

Aterui n'était pas une petite timide comme sa soeur. Au contraire, elle osait, essayait, et malgré les rires continuaient à sourire en faisant semblant que tout était parfaitement prévu. Ainsi, même si elle n'avait pas vu Minei la suivre et qu'elle découvrait sa présence à l'instant-même, elle était très vite passé outre son embarras premier pour lui sourire.

Elle s'assis, se dressa sur ses postérieurs et agita ses pattes avant pour essayer de prendre appuie sur le grand fauve malgrés qu'elle n'arrivait même pas à atteindre son torse.

- Dit ! Dit ! Z'est quoi déza ton nom ? Moi c'est Aterui !

Les paroles positives et encourageante du léopon ravir la petite lionne dont le visage souriant s'éclaira d'un somptueux sourire. Aterui était connu pour la chaleur qu'elle dégageait. Malgré son jeune âge, il arrivait souvent que son expression ravie donne l'impression aux adultes qu'un feu ardent avait éclata à l'intérieur d'elle et qu'elle réchauffait par son rire le visage de ses interlocuteurs. C'était une part d'elle que beaucoup appréciait et qui servait à contrebalancer tout l'agacement qu'engendrait ses multiples questions et ses bêtises innombrables.

- C'est vrai !? Nounou elle dit que quand on sera plus grande, ma zoeur et moi, on pourra devenir apprenti. Mais z'est dans trop longtemps.

La rouquine tira volontairement la langue et se la mordit. Nounou disait aussi qu'elle ne trouverait pas de maitre si elle continuait à zozoter.

- Mi-Nei. - articula-t-elle pour s'exercer. - Dit Minei ! Tu peux me montrer comment on c'hasse comme les grands ? Regarde, je peux être super forte.

Puis, pour prouver sa valeur, elle bondit sur ses pattes, sauta sur place et se contorsionna pour se retourner, mais réatterrit avec autant de grâce qu'un hippopotame qui trébuche.

- Bon, là ze me suit raté, mais zi tu me montres ze serait meilleur.

- Mmmmh...Il y a effectivement pas mal de choses à voir. Si tu veux être une bonne chasseuse, il y a une chose très importante que tu dois comprendre.

Minei était une montagne de gentilesse et de bienveillance. La petite lionne dévorait le léopon des yeux, autant son sourire que ses paroles, mais son impatience la rendait électrique. Elle piaffait littéralement d'impatience si bien qu'il lui était difficile d'intégré les informations de manière rapide comme le faisait sa soeur.

- La vitesse et la force, sont deux choses importantes certes. Cependant, le bon chasseur doit être furtif ! Pour ça, il va falloir que tu apprenne à te déplacer en conséquence.
- Oh ! Nounou aussi elle l'a dit !

Donc si Nounou le disait, c'est que Minei savait de quoi il parlait. Ou l'inverse ?

- Mais on avance trop douzement quand on veut se montrer dizcret. Comment tu fais pour faire le brin d'herbe et aller vite ?

Elle s'essaya à baisser les épaules et le dos, mais après quelques pas maladroit vers la droite où son ventre raclait le sol et où elle tribucha sur un petit caillou rond, elle reviens vers la gauche en levant les fesses de manière fort peut discrète et véritablement comique. Mais si Minei continuait à sourire c'est qu'elle devait être sur la bonne voie. Non ?

- Etre dizcret za aide à attraper des oiseaux ?

- Ce genre de méthode peut fonctionner sur les oiseaux oui. Mais pour ça, il faut avoir les bons réflexes. Commencer avec les oiseaux à ton âge me paraît compliqué.

Hm hm. Minei était très gentil, mais il ne devait pas se douter que l'entraînement et la difficulté n’intimidait pas la courageuse rouquine qui était prête à mettre ses réflexes à l’épreuve. Cependant, comme Minei était sage, Aterui entoura ses pattes de sa queue qui battait l’air avec enthousiasme et se concentra sur ses divines paroles.

Quand Minei se leva et s’étira. Aterui bondit sur ses pattes et s’étira en l’imitant comme son ombre persuader qu’elle apprendrait à devenir une chasseresse de talent en considérant tout ce que le léopon allait lui enseigner. Quand le fauve aux reflets d’or s'accroupit, elle l'imita maladroitement alors que ses grands yeux d’azure dévoraient tout ce qu’il lui montrait.

- Essaie de faire comme moi. Si tu arrives à maintenir cette position, ce sera déjà un très bon début. Être furtif, c'est aussi accepter le fait d'être lent pour atteindre son objectif.
- Ah bon ?

Devoir prendre son temps était la chose la plus déplaisante qu’on eut répéter à la petite lionne. C’était si ennuyeux de traîner la patte, d’attendre, alors que le monde nous ouvrait les bras et qu’il suffisait juste de s’y ruer pour acquérir le trésor qu’on désirait.

Mais parce que c’était Minei, Aterui fit un effort. Après tout, le léopon était gentil avec elle et prenait le temps de lui apprendre, de lui montrer, sans que son visage ne montre des traces de lassitudes évidentes devant l’empressement de l’enfant avide.

Bientôt, les petites pattes de la petite lionne se mirent à trembler alors qu’elle avait maintenue la position accroupie que lui avait montré le fauve. Il lui démangeait de se relever et de se dégourdir les pattes, mais Minei avait dit de maintenir la position. Les muscles de ses cuisses commençaient à devenir douloureux et Aterui dut baisser les oreilles et se mordre la lèvre inférieur pour réussir à se concentrer sur autre chose que la sensation désagréable qui lui mordait les postérieurs.

- Minei. Combien de temps ze doit encore tenir ?

Les tremblements, s’ils avaient été subtiles au début, commençait à devenir voyant et la petite lionne rousse dut se mordre plus violemment la lèvre pour ne pas craquer et se relever.

- Za fait mal, Minei.