Depuis la découverte de ma gestation, mon moral était remonté en flèche. Mes doutes avaient été balayés comme le vent balaye les nuages car ils sont incapables de lui résister. Implacable.

Cette gestation s'était faite désirée et, même si je me montrais prudente en effectuant certaines tâches, je ne m'étais pour autant pas arrêtée de vivre. Je continuais d'arpenter la Savane, à écouter, discuter et donner des conseils aux uns et aux autres. Et je profitais de toutes les sensations que me procurait ma grossesse. Certaines étaient bien plus agréables que d'autres et je devais avouer que je n'étais pas mécontente d'avoir passé la période où un rien me donnait la nausée.

La sensation de mouvements dans mon ventre avait été une expérience inouïe mais, plus le temps passait et plus la gestation touchait à sa fin, plus le ou les petits que je portais intensifiaient leurs mouvements. Comme s'ils sentaient que la fin était proche et qu'en bougeant de la sorte, ils pointeraient le bout de leurs nez plus rapidement.

C'est en me faisant cette réflexion suite à une série de mouvements beaucoup plus longs et, je devais le dire, plus douloureux que les précédents qu'une douleur lancinante me vrilla le bas-ventre, m'obligeant à feuler pour extérioriser ma douleur.

La suite ne fut plus qu'une succession de douleur irradiante, de rugissement et d'effort. Accompagnée par Isha ainsi que ma mère, je me laissais guider, même si mon instinct me soufflait quoi faire.

Je ne saurais dire combien de temps cela avait duré. Une heure, une demi journée, une journée entière ? Aucune idée. Tout ce que je savais, c'était que cela était terminée et que je me retrouvais désormais mère. J'étais la mère de deux magnifiques lionceaux au pelage doré.

Alors que j'étais perdue dans la contemplation de mes enfants, leur père s'approcha de nous. Il vint s'allonger derrière moi, passant sa tête par dessus moi pour qu'il puisse, lui aussi, admirer ses enfants. Nos enfants. Ils sont magnifiques. Cette phrase avait été murmurée mais vu sa position par rapport à la mienne, il aurait fallu que je sois sourde pour ne pas l'entendre.

Je ne lui répondis cependant pas. Il n'y avait rien à ajouter à ce constat simple et pourtant criant de vérité. Au comble du bonheur, je m'assoupis.

*****

Les heures avaient passées et la première discussion que nous avions eu Kupendwa et moi avait eu pour sujet de trouver un nom à nos enfant. Le premier qui était venu au monde était une femelle et puisqu'il s'agissait de l'héritière du Royaume, je laissais à son père le choix de son prénom. Il avait longuement réfléchi avant de me proposer le nom de Takris. Cela convenait parfaitement à notre fille et je n'avais pu qu'approuver son choix.

Puisqu'il avait choisi le prénom de notre fille, Kupendwa me laissa choisir le nom du second lionceau. Notre fils. La réflexion ne fut pas longue. Un seul nom pouvait lui convenir. Un nom à la hauteur de celui de sa soeur. Natak.

Désormais nommés, il ne restait plus qu'à les présenter au Royaume. Et cela serait possible dès lors qu'ils auraient quelques semaines de vie.

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Peu nombreux étaient ceux qui avaient pu les observer jusqu'à maintenant mais aujourd'hui était un grand jour. Dès aujourd'hui, le peuple avait l'accord des souverains pour qu'ils puissent venir à la rencontre des lionceaux du couple royal.

La journée avait longue. Nombreux avaient été ceux à venir rencontrer Takris, l'héritière du Royaume et son frère Natak. Toutefois, malgré les nombreuses visites et l'impression que cela n'allait jamais finir, le tout s'était pourtant déroulé très vite. Les discussions, qui n'avait pas durées plus de quelques minutes à chaque fois, s'étaient enchainées à une vitesse folle.

Je ne me souvenais pas de toutes mais certaines m'avaient marquées plus que d'autres. Il y avait d'abord eu Itawuma qui, en dépit de son état de santé, s'était déplacée pour venir les enfants royaux. Elle nous avait félicité Kpupendwa et moi puis m'avait dit que, même si cela avait tardé, ils étaient finalement là. Je lui avais offert un sourire étincelant avant d'écouter attentivement la suite de ses paroles. Elle avait bien entendu raison et la présentation depuis la pointe du Rocher à l'ensemble du Royaume serait faite dans quelques semaines. Elle s'était ensuite éclipsée et l'entrevue qui m'avait marquée ensuite était celle avec Vilayant et sa famille.

Ses parents s'étaient présentés en premier lieu et après quelques félicitations et une brève discussion, ils s'étaient effacés pour laisser la place à leurs enfants. Il y avait eu Kendwa qui s'était avancée avec un lion du nom de Foh il me semblait, puis étaient venues Tusahil et Muharib avant que Vilayan ne vienne à son tour. Il avait gagné en musculature sous la supervision de Kuvira et je ne doutais pas qu'il ferait tourner de nombreuses têtes féminines dans le futur. Sa réaction lorsqu'il avait aperçu les petits avait été touchante et l'émotion qui se lisait dans ses yeux valait mille mots.

Je me souvenais ensuite de la venue d'Aya. Elle aussi nous avait félicité et j'avais ris lorsqu'elle avait mentionné que Takris et Natak avaient hérité du bon côté de la famille. Je l'avais ensuite rassurée en lui affirmant que je récupérais bien et que tout allait on ne peut mieux pour moi. Cela avait semblé lui satisfaire et, encore une fois, elle m'avait assuré qu'au besoin, je pouvais compter sur elle. Ma sœur de cœur s'était ensuite éclipsée mais non sans avoir ajouté qu'elle espérait me revoir rapidement. Intérieurement, je me promettais d'aller la voir le plus tôt possible car même mère, je ne comptais pas laisser tomber mes amis.

La dernière rencontre qui m'avait marquée était celle avec le lycaon Hadithi. Le conteur et historien de Prideland nous avait présenté ses félicitations avant de déclarer qu'il avait hâte de pouvoir compter deux nouvelles têtes de plus dans son public. Je comprenais son enthousiasme et, à vrai dire, je le partageais. Il était important que Takris et Natak apprenne l'histoire de leur territoire afin de ne pas reproduire les erreurs du passé. Cela ferait partie des leçons importantes auxquelles ils auraient droit et il était impensable qu'ils passent à côté. Je souriais une dernière fois avant qu'il ne s'en aille.

D'autres entrevues avaient eu lieu ensuite mais les noms et les mots se mélangeaient, au point de ne plus me souvenir vraiment de qui avait dit quoi. Enfin, ce que j'en retenais, c'est que le peuple était aussi heureux que Kupendwa et moi en tant que jeunes parents. C'est sur cette pensée que je trouvais le sommeil, un sourire ravi flottant sur mes lèvres.