Le leader avait enfin décidé de prendre le temps d’aller parler aux jumeaux. Il avait été convaincu par l’intervention de Kidonda et Aniu qui s’inquiétaient aussi bien pour les jeunes que pour le clan. Le rôle de Chakam était de prendre soin de tous les membres du clan sans exception, il fallait donc parfois sévir pour protéger la bande d’actes irréfléchis et dangereux.

Il avait choisi de convoquer les deux petits en fin d’après-midi auprès de l’abri en buisson où il s’était installé depuis quelques jours à proximité du reste des nids du clan. Le mâle voulait leur parler sans leurs parents, ils semblaient ne pas être les mêmes en présence de leurs géniteurs et le grand mâle avait besoin de discuter très sincèrement avec eux au sujet de leur agissement.

Il attendait patiemment que ces derniers arrivent pour discuter en se demandant comment cet entretien se déroulerait. Les promesses en l’air, les blagues de mauvais goût, il y avait temps de possibilité que ça tourne au vinaigre qu’il était un peu anxieux. Chakam avait toujours pensé bien s’entendre avec les jeunes mais ces deux là jouaient dans la cour des grands malgré leur âge. Comment être sûr qu'il parvienne à résoudre les problèmes si aucun autre n'avait été en mesure de le faire avant lui ?

Spoiler:

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Chakam fait de beaux discours en #DFEEEE

Maman et Papa n'était pas content, Rukkia le sentait bien. Mais la petite Nordique était incapable de dire si ses parents était agacé du fait que leurs enfants soient allés si loin qu'ils en étaient convoqué par le chef de clan, ou s'il l'était de ne pas pouvoir participer à la convocation en question. Les deux lions avaient beau devoir supporter toutes les remarques du clan à cause d'eux, ils aimaient sincèrement leurs enfants, nul doute qu'ils aurait aimé être présent au moins pour savoir à quoi s'en tenir. Mais non, ils étaient maintenu à l'écart. Si Rukkia avait été plus âgées et moins attaché à ses géniteur, nul doute qu'elle y aurait vu un moyen de jouer là dessus pour créer plus de discorde... Mais pour l'heure, elle se contentait de réfléchir à ce qui allait bien pouvoir se passer tout en laissant sa mère laver sa fourrure.

L'heure du rendez-vous arriva vite et les deux lionceaux durent laisser leurs parents. Sur le chemin pour se rendre à l'abri de Chakam, Rukkia jeta un coup d'oeil à son frère.

- Il va falloir faire en sorte que ça ne se passe pas trop mal, sinon Papa et Maman ne nous lâcheront plus d'un coussinet...

Marmonna-t-elle autant pour elle que pour Vassago. Le trajet fut de courte durée, heureusement pour la patte fraichement remise de la petite lionne, et le chef de clan fut rapidement en vue. Rukkia redressa la tête, faisant de son mieux pour paraitre présentable face au grand lion.

- Bonjour monsieur Chakam.

Fit Rukkia avec un sourire qui se voulait chaleureux. Allez, c'était le moment de marquer des points histoire d'adoucir la rouste qu'ils risquaient de se prendre. Elle s'assit bien poliment, enroulant sa queue autours de ses pattes, le dos droit, attendant le verdict.

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La journée commençait terriblement mal pour les jumeaux. Ils étaient convoqués par Chakam en personne, le guide du clan dont la légitimité était probablement aussi discutable que le comportement des lionceaux mais de toute façon qu’est ce que Vassago en savait ? Il était agacé c’est tout ce qu’il fallait retenir. Il ne pouvait pas vaquer à ses occupations et devait subir un sermon aussi injustifié que la colère d’Aniu à l’égard des deux enfants. Aucun sens de l’humour.

Rukkia quant à elle semblait nerveuse par rapport à cette confrontation – probablement que le comportement des parents ne l’aidait pas à mieux appréhender la situation. Vassago se fichait pas mal des conséquences bien que décevoir ses parents n’entraient pas vraiment dans son plan de vie. Voir sa sœur ainsi ruminer ne l’enchantait pas non plus. Lorsqu’elle confia ses craintes, le mâle poussa un grognement de mécontentement :

« Je vois pas ce qui pourrait mal tourner, nous n’avons rien fait de mal. Personne n’a été blessé dans la jungle la dernière fois ! C’était plutôt cool quand on y repense, non ? »

Il ponctua sa fin de phrase avec un sourire en coin mais reprit vite son sérieux en constatant que cela ne la faisait pas se sentir mieux. Il souffla par le nez, clairement ennuyé mais ferma un instant les yeux avant de répliquer :

« Mais t’as raison, autant faire profil bas devant M’sieur Chakam. Mais j’aime pas ça. C’est pas mon père. »

L’autorité que Chakam avait sur Vassago était pour ainsi dire nulle, inexistante, absolument inconnue au bataillon et il était probable que cela en fut de même pour Rukkia. Ceci étant dit, rien ne les empêcherait d’arrondir les angles comme ils l’avaient toujours fait avec les adultes. Et puis de toute façon, comme il l’avait dit plus tôt, ils n’avaient blessé personne.

Vassago s’assit auprès de sa sœur, bien en face de l’adulte nordique qui semblait enchanté d’être là. Adoptant une position plus décontractée que celle de sa sœur, Vassago n’en oublia pas les politesses, affichant un sourire parfait, sage et intéressé :

« Vous allez bien M’sieur Chakam ? »

Au moins Vassago était plus optimiste qu'elle ne l'était, ou essayait du moins. Quelque part, même sans Papa et Maman, avoir son frère, son pilier, à ses côté durant cette épreuve, la rassurait bien qu'elle ne le montrait pas. Si elle le disait à Vassago, il serait bien trop fier et se montrerai insupportable pendant des jours ! Elle partageait aussi avec son frère ce mécontentement d'être rabrouer par leur leader, comme le disait le jeune Nordique : ce n'était pas leur père. Mais elle s'inquiétait également de la réaction de leurs parents après l'entrevue. Le fait qu'ils ne participent pas ne voulait pas dire qu'ils ne seraient pas mis au courant de ce qui allait se passer.

- On va très bien Monsieur Chakam, merci

Assura poliment l'enfant avant de sagement répondre à la requête du Guide du clan.

- Vassago et moi étions curieux d'explorer les environs lorsqu'on est tombé sur Aniu. On a simplement voulu jouer un peu avec elle mais elle a finis par trouver un bébé Gorille et ça n'a pas plus à sa maman. Elle nous a attaqué alors qu'on avait rien fait !

Une pointe de colère était perceptible dans la voix de la petite Nordique. Le manque de savoir vivre du grand singe l'avait de toute évidence vexée. Tout comme le fait qu'à cause de lui, sa fourrure c'était retrouvée toute sale !

Rukkia avait hésité à mettre tout le blâme de l'incident sur Aniu, histoire de détourner l'attention du leader du duo, mais après réflexion, ça ne paraissait pas approprié. L'adolescente était une lionne discrète, incapable de faire du mal à une mouche et surtout, il fallait bien le dire, ennuyeuse. Jamais Chakam n'aurait cru Rukkia si elle lui avait dit qu'Aniu avait énervé la mère gorille consciemment. Elle c'était donc contenté de la vérité. L'attaque de gorille était un incident dont seul le gorille lui-même était responsable. Enfin, la vérité... Une vérité adoucis. Non, les lionceaux n'avaient pas fait exprès de suivre l'ancienne ermite pour lui faire peur, ils étaient parfaitement accidentellement tombés dessus. Non, elle n'allait pas précisé le "jeu" auquel Vassago et elle voulait jouer avec Aniu. Si le duo voyait effectivement le fait de piéger les gens et leur faire peur comme un jeu, Rukkia savait pertinemment que tous les adultes n'étaient pas de cet avis.

- On a dû fuir et une fois qu'on était hors de danger, on est rentré à la maison.

Rukkia tourna la tête vers son frère, invitant ce dernier à parler s'il avait quelque chose à ajouter. Connaissant Vassago, il aurait quelque chose à ajouter.

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Il fallait absolument arrondir les angles avec le guide du clan – bien que la tournure des événements déplût déjà profondément à Vassago, ce dernier ravala son mépris et se contenta d’hocher vigoureusement la tête quand sa sœur eut fini de raconter toute l’histoire. Il appuya ses propos en prenant un air à la fois penaud et innocent :

« C’est vrai M’sieur Chakam. Nous voulions juste explorer un peu et en tombant sur Aniu on a vu une occasion de pouvoir jouer avec elle et devenir des aventuriers ! On pensait vraiment pas que quelque chose nous arriverait alors qu’Aniu était avec nous … On a fait attention à pas partir sans surveillance, c’est bien non ? »

Un bon mensonge commence toujours par la vérité. Ils avaient voulu explorer la jungle et étaient tombés sur Aniu, comme sa sœur l’avait dit. Aniu étant presque adulte, il était alors normal que les lionceaux comptent sur elle pour leur sécurité. Vassago ne jetait pas non plus le blâme sur l’adolescente mais il fallait reconnaître que si le gorille avait perdu la boule, c’était parce que la nordique s’était approchée de son petit. Les lionceaux étaient purement innocents à ce stade et le mâle n’en démordrait pas. Néanmoins, il tenta de minimiser la situation pour l’adolescente aussi – il ne fallait pas qu’Aniu ait une occasion d’enterrer les lionceaux.

Il continua avec une mine affichant une certaine incompréhension – comme un enfant, ce qu’il était à n’en point douter bien qu’on aurait pu se poser des questions. Ils devaient s’innocenter, tous, par tous les moyens. Après tout, aucun briefing ne leur avait été fait sur les gorilles, comment auraient-ils pu deviner ? Personne ne les avait mis en garde et par conséquent cela appuyait l’ignorance des plus jeunes. Aniu aurait dû être plus au courant mais passons sur ce détail.

« En plus, je ne comprends vraiment pas la réaction de ce gorille. Son petit s’est mis à pleurer en voyant Aniu alors qu’elle ne lui avait rien fait du tout. Il est sorti de nulle part en plus celui-là, on l’a même pas entendu arriver. »

Il fit mine d’avancer sans pour autant se lever, faisant simplement bouger ses pattes avant sur place, comme pour mimer une sorte d’excitation et d’admiration :

« Aniu nous a bien aidé à nous sortir de là. Elle est super courageuse vous savez, M’sieur Chakam ! »

Menteur. Mais après tout, Vassago n’était qu’un enfant et l’adolescente une pseudo héroïne dans les faits. Les faits contés seulement, parce qu’en réalité ce n’était qu’une trouillarde qui avait attiré non seulement les ennuis sur eux ce jour là mais encore aujourd’hui en allant cafter à ce cher Chakam. Tu parles d’une preuve de maturité ! Agneugneu, je suis une adolescente persécutée par deux lionceaux, agneugneu. Pfeuh ! Pitoyable.

En entendant le début de réponse de Chakam, Rukkia dû faire appelle à toute ses forces pour ne pas grogner. Évidemment qu'Aniu était allé chouiné auprès de lui pour tout lui raconter... Pff... La cafteuse. D'après Maman, elle était ermite autrefois, c'était à se demander comment elle avait survécu si longtemps si deux lionceaux étaient suffisant pour qu'elle se terre dans les jupons du chef de clan. Mais Rukkia n'en démordrai pas. Peu importe ce qu'en pensaient les adultes, de son point de vue, Vassago et elle n'avait fait que jouer avec Aniu. Que le jeu ne lui plaise pas ou qu'elle soit complètement trouillarde ne changeait rien à ça. Ils avaient jouer, un point c'est tout. Pour une adolescente censé être mature, elle se comportait vraiment comme un lionceau boudeur.

Et en plus de ça, il parlait de les punir ? Mais il se prenait pour qui ? La remarque de Vassago un peu plus tôt lui revint en mémoire et cela ne plut pas à la petite Nordique. Les seuls lions autorisés à punir Vassago et Rukkia, c'était leur parent, pas une espèce de grosse peluche qui pensait tout savoir mieux que tout le monde alors qu'il avait aucune idée d'où il allait. Ravalant sa colère et sa fierté, Rukkia repris la parole.

- C'est la vérité Monsieur Chakam. Ou alors vous êtes en train de nous traiter de menteurs ?

Il n'était quand même pas en train de sous-entendre que leur parents ne les avait pas éduqué comme il le fallait ? ... Ce serait dommage que Maman et Papa entende ça, pensait Rukkia, ils n'apprécieraient certainement pas que leur autorité, déjà à moitié remise en cause par cet entrevu, soit bafoué davantage.

- En plus de ça, Monsieur Chakam, vous devriez pas avoir besoin de nous pour trouver comment éviter ça. Après tout, vous êtes le chef, vous savez forcement tout.

Fit Rukkia avec un grand sourire d'ange. Ce compliment "innocent" servait surtout deux but bien moins nobles. Soit Chakam n'avait pas besoin de leur aide et dans ce cas là, sa demande était stupide et autant mettre un terme à l'entrevue tout de suite, vu qu'il n'avait pas besoin d'eux pour réfléchir à ça. Soit il avait effectivement besoin des lionceaux et c'était quand même aberrant d'avoir besoin de l'aide de deux enfants lorsqu'on prétendait diriger un clan.

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« Il nous traite clairement de menteurs. »

Vassago bouillonnait de l’intérieur après avoir écouté sagement le discours du pseudo leader du groupe. Son visage s’était décomposé, il avait perdu son sourire et fronçait les sourcils. Il avait répondu du tac au tac après la réplique de sa sœur et sa respiration s’était faite plus rapide. C’était un colérique le Vassago et bien qu’il savait pertinemment ce qu’il avait fait à Aniu, il n’admettait pas une telle humiliation et un tel paternalisme mal placé de la part de Chakam. Pour qui se prenait-il au juste. Les griffes du lionceau se plantèrent dans le sol pour lui donner un semblant de stabilité même s’il avait imaginé en faire autre chose. Il maudissait son jeune âge et sa petite taille présentement. Ses parents seraient furieux de voir quelle tournure prenait cette entrevue.

Finalement et malgré la possible désapprobation de sa sœur, Vassago explosa aux paroles du leader. Il n’éleva pas la voix mais parla comme si du venin lui sortait de la bouche. Il éprouvait un profond mépris pour le guide du clan et il ne se priva pas de lui en mettre plein le museau. Vassago risquait probablement la colère de ce dernier mais honnêtement il s’en fichait pas mal. Il arrivait avec son beau discours, blâmant déjà les lionceaux et prétextant vouloir la vérité afin de pouvoir protéger tout le monde. Qui était le plus menteur des trois ? Un guide tu parles, un usurpateur c’était tout ce que représentait Chakam aux yeux de Vassago dans l’immédiat.

« On vous a déjà expliqué ce qui s’est passé mais apparemment votre version de l’histoire vous l’avez déjà. Vous nous avez convoqué seulement pour faire bonne impression, vous avez déjà décidé de nous punir. »

Vassago avait-il vraiment tort ? Dans ce clan personne ne supportait une petite blague sans défense et là – seulement parce que la trouillarde du clan était venue pleurer dans les pattes du grand Chakam, il fallait s’excuser ? Que Vassago en ait la patte coupée, ce n’était pas lui ni sa sœur qui avait dérangé le petit gorille mais bien Aniu. Elle n’était pas obligée de fourrer son museau où il ne fallait pas celle-là. La frustration et la colère lui donnait les larmes aux yeux sans pour autant les laisser couler. Il se sentait brimer et le fait de se contenir autant lui donnait peu de contrôle sur ses émotions. Il vivait toute cette situation comme une injustice. Elle était où la trouillarde pour parler et assumer d’avoir dérangé le primate, hein ?

Et en plus il se prenait pour la sagesse incarnée celui-là aussi, que ça l’agaçait. On allait réfléchir tous ensemble en cercle en priant les grands esprits de nous pardonner nos péchés. Et puis quoi encore ! Il se donnait bonne image et bonne conscience.

« Pas besoin de réfléchir. Vous allez vous en tenir à ce que dit Aniu et nous on va se faire punir pour rien du tout. C’est pas vrai ? »

La queue de Vassago fouettait nerveusement le sol, passant de gauche à droite avec rapidité, sa respiration toujours trop rapide, les yeux toujours embués. S’il avait été adulte, l’histoire aurait été bien différente. Il ne s’arrêta pas d’enchaîner cependant :

« Vous avez pensé à demander à Aniu ce qu’elle avait fait pour faire peur au petit gorille ? Non, parce qu’elle est presque adulte, bien évidemment. Ou alors c’est comme dit Rukkia, vous savez forcément tout, alors ça aussi vous devez le savoir. »

Bien sûr qu’il n’y avait pas pensé et bien sûr que brosser ce gros balourd dans le sens du poil n’apporterait rien. Le poil de Vassago était hérissé et il avait l’impression que son corps entier le démangeait.

« On peut rentrer maintenant ? Je parie que vous avez déjà demandé à nos parents de nous consigner. »

Il tourna la tête vers sa sœur et en voyant son regard, le petit mâle comprit qu’il avait dépassé les limites du raisonnable et que ce n’était pas comme ça qu’ils pourraient faire profil bas et épargner ses parents. S’écraser n’était pas dans sa nature mais il prit une grande inspiration, ferma les yeux, tourna la tête pour ne regarder ni sa sœur ni Chakam et renifla. Ouvrant de nouveau les yeux, il bougonna une dernière phrase :

« On voulait juste jouer. Aniu est tombée sur le gorille, il a eu peur, sa maman a rappliqué, on a eu peur, on s’est enfuit. Fin de l’histoire, Monsieur Chakam. »

Il aurait peut-être dû pleurer au final. La grosse peluche n’y aurait vu que du feu. Dommage.

Rukkia s'attendait à ce que Chakam prenne la parole mais il n'en eut pas le temps. Vassago parla à la place. Et plus il parlait, plus le visage de Rukkia se décomposait. N'étaient-ils pourtant pas tomber d'accord sur le fait qu'il fallait faire profil bas ?! Qu'est-ce que Vassago avait en tête ?! Le lionceau sembla réaliser son erreur en jetant un coup d’œil à sa sœur et lorsque leur regard se croisèrent, Rukkia sentit son pelage se hérisser. Pas parce qu'elle en voulait à son frère, mais parce que Chakam avait osé le mettre dans un état pareil. Le pauvre Vassago semblait à deux doigt d'éclater en sanglot. La petite Nordique posa une patte amicale sur l'épaule de son frère et dû se faire violence pour ne pas se jeter à la figure du Guide lorsque celui-ci reprit la parole.

Lorsque vint le moment de répondre à la proposition de coopération du Guide, Rukkia eut du mal à garder son ton amical et enjoué. Elle était jeune, de toute évidence, elle devait encore s'améliorer en mensonge.

- ... D'accord Monsieur Chakam.

Elle trouvait néanmoins la question du Guide stupide. Pourquoi s'amuser à faire peur ? Mais parce que c'était amusant pardi ! Il ne fallait pas chercher plus loin. Encore une fois, pour le duo, ce n'était qu'un jeu. Et un jeu devait être amusant. C'était comme grimper aux arbres ou pourchasser les criquets. Néanmoins, elle doutait que cette réponse convienne à son bien pensant de Guide, alors elle préféra une autre explication.

- Parce que si on demandait à jouer avec les autres directement ils voudraient pas parce qu'ils ont pas le temps, ils sont trop occuper à être des grands et nous on est trop petit. Alors on fait comme on peut pour jouer avec eux quand même.

Ce n'était pas vraiment un mensonge. De mémoire, Rukkia avait demandé à jouer avec d'autres lion lorsqu'elle était plus jeune, des tentatives qui ne c'était soldées que par des échecs qui avait achevé de la convaincre qu'à part Vassago, il n'y avait personne avec qui s'amuser. Elle se souvenait d'ailleurs très clairement d'adolescent ne voulant pas de son frère ou d'elle parce qu'ils n'étaient que des "bébés". Après... Rukkia ne pouvait pas non plus dire qu'elle avait beaucoup demandé. Deux ou trois fois peut-être ? Pas plus de cinq en tout cas.

La petite Nordique resta silencieuse un moment avant de revenir sur la solution à trouver pour limiter les incidents avec les gorilles.

- Pour la solution au problème, il aurait fallut pas aller dans la jungle, mais on s'ennuie au camp, il y a rien à faire. Les autres veulent pas jouer avec nous et si on leur fait des farces ils le prennent mal. Et puis encore une fois, on leur a rien fait aux gorilles ! Ils pourraient réfléchir aussi au lieu d'attaquer comme des grosses brutes stupides. Pourquoi ce serait juste à nous de faire des efforts ?

Rukkia n'aimait pas la force brute et elle n'aimait pas se battre. De son point vue, on pouvait atteindre ses objectifs avec de simple mots sans jamais en venir aux griffes. Pour peu qu'on s'exprime convenablement cela dit.

Ne souhaitant pas passer pour une simple enfant geignarde, la petite Nordique reprit la parole après sa plainte pour donner une idée de solution. Au moins, Chakam ne pourrait pas dire qu'elle n'y mettait pas du sien !

- Il aurait peut-être fallut les prévenir avant ? Essayer de les rencontrer pour les prévenir qu'on était de passage mais sans mauvaise intention, et s'ils ne nous supportaient vraiment pas, mettre en place des zones réservées aux gorilles ou au lions pendant qu'on était là. ... Ou alors il aurait juste pas fallut s'arrêter dans la jungle pour commencer.

Conclut l'enfant non sans une pointe de reproche pour Chakam qui, après tout, était celui qui avait choisit où le clan devait s'arrêter. Au delà des discussions pacifique ou d'un meilleur choix d'itinéraire, d'autres idée venait à Rukkia. Des idées bien plus sombres, comprenant les petits gorilles que leurs parents semblaient adorer au point d'être prêt à tout pour les sauver... Le genre d'idée que le Guide des Nordiques ne sauraient pas apprécier et que l'enfant préférait garder pour son frère et elle.

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Vassago ne put s’empêcher de tressaillir lorsque la patte de sa sœur se posa sur son épaule. Il était secoué par un flot d’émotions aussi important que contradictoire. Il était plus ou moins content de savoir que sa sœur ne lui en voulait pas d’avoir quasiment tout fichu en l’air mais cela ne le soulagea qu’un temps. Néanmoins, pour la suite des événements, il décida de laisser majoritairement la parole à sa sœur et d’être un peu effacé. Déjà il était vexé, en colère, frustré, il se sentait profondément humilié et Chakam qui continuait à parler comme un ours débordant d’affection et de bons sentiments lui donnait envie de lui arracher les yeux. Autant qu’il se taise et ronge son frein. Sa tête était orientée vers le sol, seul ses yeux se risquèrent à un contact avec le guide du clan pour rétorquer :

« Vous croyez vraiment qu’ils se bousculent pour jouer avec nous ? Ils sont tous grands et se disent tellement occupés. On a pas vraiment l’envie de se prendre des refus dans le museau à chaque fois. »

Et c’était vrai – bien qu’au final, Vassago se fichait pas mal de l’opinion que les autres avaient de lui. Il préférait aussi jouer avec sa sœur, au moins elle était digne d’intérêt, pas comme tous les autres. C’était la seule à l’être à ses yeux. La seule qui méritait son temps et son énergie pour ça en tout cas. Le sujet des gorilles revint sur les tapis et Vassago ne put s’empêcher de rouler des yeux :

« Sans parler des gorilles, pourquoi ce serait juste à nous de faire des efforts ? »

Quoi ? Si Chakam était en boucle, alors Vassago le serait aussi. Toujours les mêmes que l’on reprend tandis qu’on laisse toujours les autres être de véritables loques dans un coin ou pleurnicher dès que ça ne va pas. Tss. Néanmoins, la curiosité de Vassago fut piquée quand Chakam évoqua le fait de donner plus de responsabilités aux lionceaux. Il redressa légèrement sa tête mais le regard qu’il lança à l’adulte était chargé de méfiance et de suspicion.

« C’est quoi votre histoire de responsabilités ? Si c’est pour vous moquer de nous, ça, c’est pas drôle du tout. »

Et en blague marrantes, les lionceaux s’y connaissaient, eux.

Vassago approuva les paroles de sa sœur quant au fait que personne ne désirait jouer avec eux. En revanche, il semblait bien pus réservé concernant la proposition de responsabilité de Chakam. Peut-être à raison. La petite Nordique retourna son attention vers le Guide qui ne manqua pas d'approuver son idée au point de la complimenter. Une sourire apparut sur les babines de Rukkia. Elle ne tenait pas Chakam en très haute estime, mais tout compliment était bon à prendre ! Le lion se proposa aussi comme compagnon de jeu pour le duo ce que l'enfant avait du mal à prendre très au sérieux. En plus, elle n'était pas sur que le lion serait très doué dans ce rôle. Il était trop mou. Comment arriverait-il à suivre les deux terreurs ? La suite de son discours pourtant ne manqua pas d'éveiller l'intérêt de Rukkia. La petite lionne n'avait aucun intérêt pour les soins et le rôle d'espion demandait d'être discret, de ne pas se mettre en avant, une chose que son orgueil ne lui permettrait pas. De toute manière, il n'y avait qu'une seule place dans le clan qui était digne d'elle.

- ... Moi je veux être Guide quand je serais grande.

Après tout, Chakam lui avait déjà dit qu'elle ferait une bonne Conseillère, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Le titre de Reine ou d'Impératrice lui aurait bien mieux convenu mais ne faisait malheureusement pas partie du vocabulaire Nordique. Pour le moment.

- Diplomate aussi j'aime bien, mais Maman elle m'a dit qu'un diplomate il devait parler avec les autres clans, et ça c'est déjà vous qui le faites Monsieur Chakam. Et vous êtes Guide, pas diplomate.

Du peu que Rukkia avait compris, la diplomatie constituait à entretenir les liens des différents clan. C'était une position de pouvoir. Peut-être pas autant que Guide mais un diplomate pouvait tout aussi bien provoquer des guerres que les empêcher. Et puis il se devait de connaitre les us et coutumes des autres clans et les utiliser à bon escient. La manipulation et l'art du paraitre était donc de mise, chose qui plaisait à la petite lionne. Mais comme dit, le rôle de diplomate semblait d'office revenir au chef du clan, alors autant viser haut dès le début quitte à se raccrocher aux branches et reprendre l’ascension une fois prête.

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Jouer avec Chakam ? Vassago réprima sa nausée grandissante. Et puis quoi encore ? Le lionceau avait-il une tête à jouer avec le pseudo guide du clan ? Décidément cette conversation ne faisait qu’énerver davantage le lionceau. S’il avait eu quelques années de plus, il n’aurait pas hésité à lui envoyer sa patte dans la figure à celui-là.

Il réprima également un rire quand Chakam évoqua que sa sœur ferait une parfaite conseillère. Pauvre fou. Evidemment qu’elle ferait une parfaite conseillère, elle serait même plus apte à diriger le clan que cette vieille chiffe molle qu’il avait devant lui. Ô que le lionceau sentait ses poils se hérisser dans son dos. Il fallait qu’il reste calme, il ne pouvait pas se permettre d’exploser à nouveau mais il sentait qu’on se moquait de lui. Pire encore, on se moquait de sa sœur et cela il ne pouvait pas le concevoir. Mais Rukkia semblait y trouver son compte et joua la comédie à la perfection – elle était décidément plus fine que Vassago.

Néanmoins, bien que Vassago donnait peu de valeur à la parole de Chakam, sa proposition ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Il avait bien parlé d’espionnage ? Si Rukkia trouvait une utilité à Chakam, alors Vassago en profiterait aussi, cela lui permettrait de s’immiscer partout, dans les histoires de tout et tout le monde et de semer la graine du chaos qui germait en lui. Un sourire inconscient se figea sur ses babines tandis qu’il releva la tête, vivement intéressé par les propos du chef de clan :

« Votre histoire d’espion là, ça consiste en quoi exactement ? Je veux avant tout être un guerrier, mais si je peux en savoir plus sur les autres, ça m’intéresse aussi. »

C’était un intérêt purement culturel et – pas du tout. L’information était une force considérable quand on savait bien s’en servir. Un piège pouvait être tendu et il était certain qu’avec l’aide de sa sœur, tout ceci pourrait devenir un jeu bien plus amusant que de tourmenter Aniu. Bien que terroriser cette dernière avait été hilarant. Il le referait, un jour, à n’en point douter.

« Je peux faire les deux ? Espionner et m’entraîner pour devenir le plus fort ? Comme ça, Papa et Maman seront fiers de moi. Rukkia aussi. » il marqua une pause, décidant de s’impliquer dans la comédie jusqu’au bout « Vous serez fier aussi M’sieur Chakam, pas vrai ? » demande-t-il tout en faisant frétiller ses oreilles avec un air faussement joyeux.

Intérieurement, Vassago n’avait qu’une envie – vomir, rire et même temps défigurer Chakam pour lui enlever ce regard et ce sourire niais le démangeait. Qu’il était dur pour le lionceau de concilier toutes ses émotions. Il priait pour que l’adulte les laisse bientôt tranquille. Que toute cette comédie s’arrête et qu’il puisse enfin, avec sa sœur, passer aux choses sérieuses et établir un véritable plan d’action pour la suite des événements.

Rukkia écouta avec attention les explications de Chakam concernant le rôle de diplomate. Comme elle s'en doutait, c'était une position qui offrait certains privilèges... Mmh. Mais à bien y réfléchir, devenir Guide lui irait mieux. Il y avait plus de responsabilité... Et plus d'avantages. Et puisque le guide actuel se proposait lui-même de la former... Et bien il serait idiot de refuser une telle proposition ! Petit à petit, les choses se mettaient en place pour le mieux au yeux de la jeune lionne.

L'enfant ressorti de ses pensées lorsque le grand lion s'adressa à son frère. Apparemment Vassago était intéressé par le rôle d'espion... Et à écouter Chakam, ça lui irait à merveille. Son frère était intelligent, bien plus que tous les autres Nordiques réunis, et suffisamment pour obtenir toutes les informations qu'il désirait. Sans parler de ses compétences de combat qui rendrait jaloux les guerrier de légendes ! Vassago serait le plus grand espion guerrier que la Terre des Lions n'ait jamais connue, Rukkia n'en doutait pas une secondes.

La suite du discours en revanche n'accrocha que peu l'intérêt de la petite Nordique. Chakam venait de faire preuve de toute son absence d'intelligence en sautant patte jointe dans un piège tendu par Vassago. Rukkia dû se retenir de lever les yeux au ciel. Comme si les jumeaux en avait quelque chose à faire de le rendre fier... Et le pire, c'était qu'il y croyait. L'idiot. Les seuls lions que les lionceaux espéraient un jour rendre fier étaient leurs parents, ce que Chakam n'était pas en dépit des son comportement qui se voulait paternel. Fort heureusement, et avant que les masque tombe, le Guide décida de clore la discussion. Rukkia hocha joyeusement la tête.

- Au revoir Monsieur Chakam. Merci d'avoir prit le temps de nous expliquer les choses !

Ça ne coutait rien de le brosser dans le sens du poil. Même Vassago avait fait un effort à cet égard, c'était dire ! Mais dans tout les cas, la petite lionne ne tarda pas à quitter le lieu de la conversation avec son frère. Lorsque le duo se fut suffisamment éloigné pour ne plus être à porté d'oreille, un sourire mauvais apparut sur ses babines. Cette discussion avait mal commencé mais au moins, elle terminait en leur ouvrait des portes. Son regard cyan se plongea dans celui de son frère.

- J'ai tellement hâte de rendre Monsieur Chakam fier, pas toi Vassago ?

Ah ça... Ce n'était plus qu'une question de temps...

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