Cela faisait quelques jours maintenant que nous étions tous arrivés sains et saufs au Repère des Lions. En effet, les Chafayas au complet avaient dû entreprendre de quitter les Montagnes Humides. Il y avait toujours fait un temps humide - ce n'était pas pour rien que ça s'appelait comme ça d'ailleurs - et après y avoir vécu plusieurs mois qui s'étaient transformés en années, nous nous y étions habitués. Cependant, ces derniers temps, la chaleur avait augmenté, rendant de ce fait l'air irrespirable. Pour le bien de tous, le groupe avait donc pris la décision de quitter les Montagnes pour aller vivre au Repère des Lions avec les autres freelanders. Nous étions après tout un sous-clan favorable et soutenant la royauté alors, lorsque j'avais eu un entretien avec le Roi Tangawi, celui-ci avait évidemment accepté notre requête.

C'est ainsi que je me reposais donc après ce voyage éreintant. Bien que je n'avais pas encore dix ans, mes os me faisaient souffrir. Après les mois de voyages dans ma jeunesse m'ayant amené jusqu'à la Combe où j'avais retrouvé Waasi, le voyage de la Combe jusque sur Prideland, le poids de l'échec quand j'ai avoué ma faute d'avoir perdu Wissel, le chagrin que cela m'avait causé quand ma mère était morte, la fuite de Prideland lors de l'incendie qui avait failli me prendre l'une de mes filles adorées et qui avaient englouti Waasi et Awena, assister impuissant au dépérissement de mon père jusqu'à sa mort et maintenant l'abandon du lieu de vie que j'avais trouvé pour les miens pour effectuer le voyage jusqu'au Repère des Lions, tout ça avait été douloureux pour mon corps. Cela me coûtait de l'admettre mais je me sentais vieux. Mon corps tout entier me le criait et je n'avais d'autre choix que de me reposer pour espérer que cela passe.

Bien qu'ayant le même âge que moi, ma compagne et ma soeur semblaient moins souffrir que moi, même si elles n'étaient pas épargnées non plus. La première avait des problèmes d'articulations et la seconde, des problèmes de vue. Néanmoins, toutes deux ne semblaient pas avoir autant souffert que moi du voyage et c'était tant mieux. Celui-ci avait été long et fastidieux et avait duré plusieurs jours car nous nous étions souvent arrêtés pour le bien de tous, qu'il s'agisse des enfants ou des plus vieux dont je faisais partie.

Enfin, ce passage était derrière nous et le but recherché avait été atteint. Nous pouvions de nouveau respirer convenablement et, le point positif en plus pour ma part, c'était qu'enfin, ma crinière n'était plus gorgée d'eau, lourde et impossible à dompter. Malgré les quelques crins blancs qui la parsemait, j'avais enfin l'impression de pouvoir la maitriser et de me sentir léger !

Cette pensée avait le don de me faire sourire et c'est donc le sourire aux babines que je posais ma tête sur mes pattes antérieures. J'étais non loin du Repère, allongé sous un arbre pour profiter de son ombre et je comptais bien profiter tranquillement de l'après-midi, en laissant mes yeux vagabonder sur le paysage pour observer les membres des freelanders que je ne connaissais pas.

Alors que je regardais des pelages inconnus à mes yeux, une pelisse dorée parsemée de tâches attira mon attention. Son propriétaire s'avançait vers moi avec un sourire à vous faire fondre. Je relevais la tête afin d'être mieux installé pour une probable discussion et c'est avec un regard et un sourire tendre que j'accueillais mon jeune neveu.

Salut noko ! Comment ça va ?

Une lueur d'interrogation passa dans mon regard. Je n'avais jamais entendu ce mot et je me demandais ce qu'il pouvait bien signifier. Oncle peut être ? Ou tout du moins j'imaginais que c'était quelque chose dans ce genre-là ? Est-ce qu'il s'agissait de la langue maternelle de Kwilu ? Je n'en savais rien mais je ne cherchais pourtant pas à obtenir la réponse. Je me contentais de répondre à la question de mon neveu adoré.

Eh bien, pour être franc, je suis soulagé que le clan ait pu s'établir au Repère. Cela me coûte d'avoir quitté le lieu où j'avais établi ma famille mais le plus important est que nous soyons tous ensemble.

Je laissais quelques instants mes idées vagabonder avant de redonner mon attention au fils de ma soeur.

Enfin, ce ne sont là que les pensées d'un vieux lion et je ne veux pas t'embêter avec ça. Alors dis-moi : comment toi tu vas et que penses-tu de Freeland en dehors des Montagnes Humides ?

A son âge, voyager pour aller vivre sur un territoire bien plus vaste devait être source de nombreuses découvertes et d'une soif d'exploration sans limite, surtout lorsque l'on connaissait l'esprit d'aventure de Minei.

Le petit léopon ne mit pas longtemps à régir face à ma question. Ses yeux s'illuminèrent et il me semblait bien que cela ressemblait à de l'enthousiasme.

Et bien écoute je vais très bien ! Je commence à m'habituer au repère petit à petit. J'ai eu l'occasion de faire la connaissance de quelques lionceaux très sympathiques ! C'est super cool !

Il était vrai que les enfants de Wanda et Kwilu n'avaient pas d'autres enfants de leur âge au sein des Chafayas. Il en avait été de même à l'époque pour Lenora et Sikhà et ensuite Usiku et Kohana. Cela m'avait toujours un peu chagriné qu'ils ne puissent pas s'amuser avec d'autres petits mais les plus âgés avaient su leur apporter tout ce dont ils avaient eu besoin. Cependant, le fait d'avoir quitté notre ancien lieu de vie avait cet avantage que Minei, Sahaas et Adva pourraient côtoyer d'autres enfants et ainsi apprendre, pourquoi pas, d'autres coutumes.

Quant au paysage...Je dois reconnaître que c'est pas mal du tout ! Dans les montagnes humides, le brouillard est très fréquent alors qu'ici...J'ai l'impression de vivre dans un espace beaucoup plus clair !

Un sourire élargit mes babines car je ne pouvais que le comprendre. Je m'étais habitué aux conditions de vie dans les Montagnes Humides mais je ne pouvais nier que c'était bien plus agréable en dehors, ne serait-ce parce que ma crinière n'était plus constamment alourdie par l'humidité et difficile à supporter. Depuis que nous avions quitté notre ancien territoire, j'avais l'impression d'être beaucoup plus léger et de respirer beaucoup mieux.

Je vois très bien ce que tu veux dire : on a l'impression qu'une ombre s'est enfin levée et que le soleil éclaire beaucoup plus !

Oh, nous avions aussi de la luminosité au sein des Montagnes Humides mais il fallait avouer que, même au sein d'une clairière, tout semblait beaucoup moins éclairé qu'ici.

As-tu déjà eu l'occasion de visiter les environs ? Tu peux tout me dire, je ne répéterai rien à ta mère, promesse de tonton ! Je levai ma patte avant de faire une croix sur mon cœur afin de sceller cette promesse avant de reprendre. Tu sais, avant de venir ici et de créer le Clan des Chafayas, j'étais déjà venu sur Freeland. Je pourrais t'en parler si tu le veux.

Cela évoquerait des souvenirs douloureux mais, ayant appris à vivre avec et le temps ayant fait son œuvre, je n'avais plus aussi mal qu'à l'époque des faits. Je pourrais donc parler sans détours d'une partie de mon histoire dont je n'étais pas fier, si cela intéressait mon neveu.

Mon jeune neveu ayant un caractère d’aventurier, je m’attendais à ce que la réponse à ma question quant au fait de savoir s’il avait déjà visiter un peu les alentours soit positive. Je fus donc surpris lorsque sa voix s’éleva et que sa réponse se fit entendre.

Avec la chaleur, difficile d’aller très loin… J’avoue ne pas avoir vu grand-chose… Mais… Comme tu as déjà mis les pattes ici plusieurs années auparavant, je suis très curieux de savoir ce que tu as vécu !

L’étonnement était perceptible dans mon regard mais il laissa bien vite place à une lueur d’amusement. Le petit léopon ne perdait pas le nord et avait vite rebondi sur la proposition que je lui avais faite de parler de mon expérience passée sur Freeland.

Cela allait sans aucun doute faire ressurgir des souvenirs douloureux mais ils étaient mon fardeau et j’avais appris à vivre avec, si bien que je pouvais en parler sans avoir trop de peine. Enfin, je n’avais pas que des mauvais souvenirs sur Freeland et c’est sur une note positive que je commençais.

Je ne sais pas si tu le sais mais, lorsque j’étais enfant, je vivais sur Outland avec ma mère et ma fratrie. Notre père, lui, ne vivait pas avec nous puisqu’il était Freelander et il n’a appris notre existence que lorsque nous avions neuf mois. Ce père inconnu était une source de curiosité pour moi et, lorsque nous avons été forcés d’aller vivre sur Prideland, j’ai longtemps erré du côté des frontières pour avoir la chance de tomber sur lui. Un jour, cela est arrivé et nous nous sommes promis de nous retrouvés régulièrement pour échanger des nouvelles. Plusieurs mois ont passés comme ça jusqu’à ce que, avec ma sœur Wissel, nous décidions de quitter Prideland. Nous ne nous y sentions pas chez nous et nous nous étions mis d’accord pour entreprendre un voyage qui aurait pour but de trouver un endroit que l’on pourrait appeler « chez nous » et où nous nous sentirions bien. Notre père étant freelander, c’est tout naturellement que nos pas nous ont emmenés là-bas. Le territoire était beaucoup plus vaste que Prideland et bien plus verdoyant. Il y avait des plaines à perte de vue, ponctuée ici et là de quelques points d’eau. Nous n’étions jamais venus et devant l’immensité du territoire, on s’est dit qu’il valait mieux que l’on se sépare afin d’avoir plus de chances de tomber sur un freelander qui pourrait nous indiquer où se trouvait notre père. De mon côté, j’ai eu la chance de rapidement rencontrer quelqu’un et pas n’importe qui. La première personne que je voyais sur le territoire était le prince Naba, avec qui mon père s’entendait très bien. Nous avons échangé et il m’a indiqué que nous étions les bienvenus mais que notre père était parti sur Prideland car ta grand-mère attendait ses petits. Étonné par cette explication, je décidais de rejoindre ma sœur pour le lui raconter mais le temps s’est très vite dégradé et un violent orage a éclaté. Je me suis mis à l’abri le temps qu’il passe et lorsque j’ai pu me remettre en route pour trouver Wissel au point de rendez-vous que nous avions convenu, je ne l’ai jamais retrouvée...

Bien que j’avais raconté de nombreuses fois comment j’avais perdu ma sœur alors qu’elle était sous ma protection, ma voix se brisait toujours à l’évocation de sa disparition. Conscient qu’il me faudrait plusieurs secondes avant de pouvoir reprendre, je m’arrêtais quelques instants. J’avais débité pas mal d’informations et je préférais laisser le temps à mon neveu de tout assimiler avant de continuer.

L’émotion était toujours présente lorsque j’évoquais la disparition de Wissel. A coup sûr, ma gorge se nouait et il me fallait quelques secondes avant de pouvoir de nouveau parler avec une voix qui ne tremblait pas. Grâce à l’aide de Khalaki, j’avais réussi à me remettre du fait que je ne la reverrais jamais mais je me sentais toujours coupable. Cela faisait partie de moi et ne s’en irait jamais, peu importe le temps qui passerait.

Et tandis que ma gorge se desserrait lentement, Minei en profita pour intégrer ces informations. Je me demandais si je n’en avais pas trop dit car il semblait vraiment touché. Preuve en était qu’il ne sut pas vraiment quoi me répondre.

Oh… C’est triste...

Ne souhaitant pas plomber son moral, j’entrepris de rebondir bien vite.

Ne t’en fais pas. C’est là ce que l’Esprit du Feu a choisi pour moi mais grâce à Khalaki, j’ai réussi à m’en remettre.

Repenser à l’aide que m’avais apportée Khalaki me procurait le plus grand bien. Elle avait vraiment réussi quelque chose que je croyais impossible et – maintenant que j’étais plus âgé, je pouvais m’en rendre compte – l’amour que je lui portais avait démarré de là. A la pensée de ma compagne, un sourire avait fleuri sur mon visage et c’est donc souriant que je reprenais.

Et puis, je me dis que si je n’avais pas été séparé de Wissel, je ne serais sans doute pas allé sur la Lande des Sans-Terre, Tadewi ne m’y aurait pas vu et n’aurait pas pu me conduire à la Combe où se cachait celle que je considérais toujours comme ma Reine ainsi que Khalaki. Et si je n’avais pas été là-bas et que je n’y avais pas retrouvé Khalaki, Lenora, Sikhà et Usiku n’auraient sans doute jamais vus le jour.

J’étais convaincu par ce que je disais et cela s’entendait dans le ton que j’employais et se voyait dans mon regard.

Alors tu vois, même si j’ai perdu un être cher, cela m’a aussi amené à retrouver celle qui est devenu ma compagne et à avoir des enfants. Certes, j’aurais préféré ne pas perdre ma sœur mais malgré sa disparition, il y a tout de même des bonnes choses qui en sont ressorties.

Certes j’avais perdu une personne mais cela m’en avait apporté quatre et, si je devais choisir entre retrouver Wissel et perdre ma compagne et mes enfants ou garder la vie que j’avais actuellement, je m’excusais auprès de ma sœur de portée mais le choix était tout vu. D’autant que j’étais persuadé qu’elle était en vie quelque part et qu’elle allait bien. Si elle n’était pas revenue, c’était qu’elle avait ses raisons.

Au fur et à mesure que je parlais, je pouvais voir que je ne parvenais pas à convaincre mon jeune neveu. Il ne parvenait sous doute pas à comprendre comment je pouvais accepter la disparition de ma sœur aussi facilement. Cela n'avait pas été le cas mais j'avais volontairement laissé de côté toute la période sombre par laquelle j'étais passé et de laquelle j'avais eu le plus grand mal à sortir. Ce n'était pas quelque chose qui était facile à dire, encore plus à un enfant. Tant pis si cela pouvait faire croire que je voyais ça de façon simpliste.

En tout cas, je ne voudrai pas vivre ce genre de choses. Tu sais, j'aime trop Sahaas et Adva pour m'en séparer. C'est pas le genre de truc que je peux imaginer ! Ah ! Ah ! Mais bon, j'espère que j'aurai quand même l'occasion de voir tata Wissel. Qui sait ? On peut avoir de mauvaises surprises...Mais les bonnes surprises existent aussi ! Pas vrai ?

Voilà qui était tout à fait compréhensible. A son âge, moi non plus je ne pensais pas pouvoir me séparer de ma fratrie. Et aujourd'hui, je n'avais plus de contact avec Janan, Ranà avait trouvé son bonheur sur Prideland mais je ne l'avais pas vu non plus depuis des années. Quant à Wissel, j'ignorais ce qui avait pu advenir d'elle, bien que je sentais au plus profond de mon cœur qu'elle était toujours en vie. Au final, seule Kira était restée à mes côtés, même si je ne l'aurais pas parié.

Toutefois, au fil des années, ma fratrie s'était agrandie. Même s'il ne s'agissait pas de mes frères et sœurs de portée, ils partageaient mon sang et cela suffisait pour que je les considère comme ma famille. Etaient d'abord venus Kenan et Malika puis Tendaji et Wanda. Vivre tous ensemble me remplissait de joie et je m'en accommodais, même si un potentiel retour de Wissel, comme le suggérais Minei, serait une surprise des plus agréables.

Moi aussi. J'espère toujours au fond de moi que j'aurais l'occasion de la revoir et j'espère aussi qu'elle pourra rencontrer tous les membres de la famille qu'elle ne connait pas. Et qui sait, peut-être qu'elle aussi aura des personnes à nous présenter ?

Parfois, je tentais d'imaginer ce qu'elle avait pu devenir. A mon avis, elle avait trouvé le bonheur auprès d'un lion et c'était parce qu'elle avait trouvé son "chez elle" avec lui qu'elle n'était jamais revenue. Il était donc possible que depuis le temps, elle soit devenue mère et qu'elle ait perpétué la lignée des Enfants du Feu là où elle se trouvait.

Dis moi Minei, souhaites-tu que je te parles de ta tante ? Tu pourras ainsi te faire une idée d'elle en attendant de pouvoir la rencontrer.

Je ne voyais pas comment une telle rencontre pouvait avoir lieu mais il était toujours mieux d'imaginer un scénario positif que négatif. Et puis, évoquer ma sœur m'avait donné envie de parler d'elle et de la faire connaitre. Elle méritait tellement d'être connue que je regrettais qu'elle ne puisse le faire elle-même. Il en était donc de mon devoir et j'espérais que mon neveu accepterait d'être le premier de sa fratrie à découvrir la dernière née de Masika et Ishana.

Le jeune léopon m'écoutait attentivement et, dès lors que je lui eu fait ma proposition, sa réaction ne se fit pas attendre. Elle fut d'abord physique : sa queue battant l'air avec enthousiasme tandis que ses yeux se mirent à briller d'envie, avant d'être mise en paroles.

Oh mais oui ! Avec plaisir !

Le plaisir qu'annonçait Minei était partagé. J'étais ravi de pouvoir parler de Wissel mais une question demeurait. Par où commencer ? Il y avait tellement de choses à dire sur elle que le soleil pourrait se coucher sans que j'en ai terminé. Toutefois, afin de ne pas bourrer le crâne de mon neveu, mieux valait commencer doucement. Une description physique et mentale me paraissait un bon début. Et puis, si Minei souhaitait aborder un point particulier, il suffirait qu'il me pose la question pour que je lui réponde avec joie.

Pour te la représenter, je dirais que ma sœur a un pelage possédant une teinte qui se situerait entre celle de Tangawi et de Kenan, un joli brun éclatant faisant ressortir son côté d'Enfant du Feu. Elle a des yeux verts, plus clairs que les miens. Je dirais qu'ils se rapprochent de ceux de Malika étant donné qu'elles ont toutes les deux hérités des yeux de Masika. Elle a également des marques aux oreilles, semblables à celles d'Adva et possède une raie de mulet, comme Ashanti. Côté caractère, je dirais que Wissel est une lionne qui a un caractère similaire à celui de Adva : pas très sure d'elle et préférant observer plutôt que participer. Je me souviens d'un jeu qu'elle avait inventé et auquel elle m'avait fait participer pour une petite expérience...

Bien que cela remontait à pas mal d'années, parler de ma sœur avait fait remonter de lointains souvenirs, notamment ce fameux jeu où il fallait compter sur ses autres sens car nos yeux ne pouvait nous servir. Son imagination n'avait pas de limite et dès son plus jeune âge, elle avait toujours fait montre d'une finesse d'esprit remarquable. Aucun doute que, là où elle était, elle avait su s'intégrer afin de trouver ce "chez-soi" dont nous avions l'occasion de discuter.