Son père avait annoncé il y a deux mois à tout le clan que les jeunes Mositus allaient réaliser un service militaire chez les Gardiens. Depuis, Kukomo avait nourrit une certaine impatience d'y aller. En effet, apprendre à se battre et se défendre auprès des lions du grand baobab lui semblait être une bonne chose pour lui. Enfin, il n'aurait pas grand chose à apprendre, bien sûr, mais il pourrait montrer ses tactiques à ses professeurs, il aurait surement de belles récompenses de leur part pour ses prouesses. Mais deux choses l'embêtaient ... D'une part l'attente qui était longue puisqu'il faudrait encore attendre de longs mois avant d'y être. Et d'autre part, un petit soucis propre au fils du consul : sa crinière ne semblait pas pousser.

A presque deux ans, le jeune Mositus était l'un des seuls de ses amis à n'avoir aucune crinière naissante. Certains avaient déjà une mèche de crins, comme Liliko ou encore Alba, d'autres avaient les poils qui devenaient plus longs. Mais lui avait encore son poils de lionceau et pas une once de début d'adolescence ne se pointait. C'était un problème qui commençait à lui valoir quelques moqueries, bien qu'assez isolées pour l'instant. Mais Kukomo détestait qu'on le rabaisse. Il devait en parler à son père !

Il avait finit par trouver un instant ou le Consul avait un peu de temps libre et l'avait emmené à la rivière. Il aimait ce lieu car ici, personne ne grimpaient aux arbres. Et si s'était le cas, ce n'était pas très haut et pour se lancer dans l'eau. Donc Kukomo n'était pas confronté à sa peur. Le lionceau s'assis au bord de l'eau avec son père et prit finalement son courage à deux pattes après avoir regardé autour de lui que personne ne regardait.

" Papa ... J'ai une question ... de mâle... "

C'était très gênant d'en parler pour lui. Parce qu'il se devait d'admettre qu'il y avait un soucis pour en parler. Et ça, c'était difficile pour un petit garçon qui était persuadé d'être le meilleur dans tout les domaines. Sauf qu'il était impossible de mentir sur son physique, contrairement à ses capacités.

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Depuis les discussions et la conclusion d’un pacte avec les Gardiens, rien de bien important n’était venu perturber le mandat de Wimbo. Les sentinelles n’avaient pas vu la moindre trace de jangowa depuis des lustres, aucun incident n’avait été à déplorer à l’intérieur même du cratère, chacun des Mositu mangeait à sa faim. Le seul détail rendant la vie du Consul un peu difficile était l’état de ses articulations : son corps lui faisait payer petit à petit ses années de voyage. Comme les petits vieux qu’il moquait dans son enfance, le petit lion se surprenait à parler assis voire couché en fin de journée.

Si Wimbo s’était rendu à la Kuzikwa aujourd’hui, c’était à la demande de son fils. Apparemment, Kukomo voulait l’entretenir d’un problème, et la rivière semblait être devenue son endroit préféré depuis sa chute du Nyekundu. Cependant, aucun indice n’avait fuité de la gueule du lionceau durant, ni depuis sa demande. Le petit lion ne pouvant rien refuser à ses enfants, il avait bien entendu accepté la requête de son fils et l’avait suivi. A bonne distance de toute civilisation, et après avoir scruté les alentours une bonne paire de fois, Kukomo se lança enfin.

« … »

Du brun foncé, le teint de Wimbo passa au brun un peu moins foncé. Une question de mâle ? Déjà à son âge ? Le père désemparé retourna la question même pas encore posée dans tous les sens. Comment répondre ? Ou refuser de répondre ? Et puis… qui était-elle ? Wimbo cligna de ses grands yeux ronds avant de toussoter.

« Ahem qu’est-ce que tu veux euh… savoir ? »

Nous sommes la somme des erreurs de nos pères.

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Wimbo négocie en #990000

Le jeune mositu pouvait déceler dans la façon de parler de son père qu'il semblait un peu bizarre. Il ne parvenait pas à dire que c'était de la gène, mais il ne parlait pas comme d'habitude. Il baissa un peu les oreilles et détourna le regard vers la rivière. Kukomo était un peu penaud et il se mordit la lèvre sans savoir comment en parler à son géniteur. Lui qui avait une crinière si fournie, si soyeuse ... Comment devait-il se sentir face au peu de poils présents sur le crâne de son fils ? Etait-il une déception pour le Consul ?

Il fallait qu'il y arrive. Il prit son courage à deux pattes, déglutit et regarda son père en parlant relativement vite.

" Comment ça se fait que j'ai pas encore de crinière ? "

Le fiston regardait son papa avec un regard triste teinté d'une pointe de colère.

" Tous mes copains ils ont une mèche ... "

Dit-il, un peu boudeur. Ce n'était pas juste ... Et en plus de se sentir en retard sur les autres, il finissait par craindre de rester comme ça toute sa vie ! Si il avait un problème et qu'il ne développait jamais sa toison ? Ca serait horrible ! Liliko se moquerait de lui à tout jamais ... Et les autres aussi d'ailleurs. Il ne pourrait pas survivre à une telle humiliation.

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