Ce rp se déroule en Janvier.

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Cela faisait quelques jours que j’avais revu Kyu sur Freeland. J’avais été content de le revoir mais je n’avais pas pu apprécier cette rencontre à sa juste valeur. Mon esprit était trop focalisé sur la disparition de Wissel pour se concentrer sur autre chose. Cela avait beau remonter à neuf mois maintenant, je ne m’en remettais toujours pas. J’avais accepté que je ne la reverrais sans doute pas mais je n’acceptais toujours pas que cela soit de ma faute.

Cela ne servait à rien de ressasser le passé mais si seulement je n’avais pas proposé cette idée stupide de séparation. Ma sœur serait encore à mes côtés aujourd’hui et nous serions ailleurs qu’en ce lieu vide d’âmes. Enfin, j’avais délibérément choisi de venir ici justement pour ne croiser personne. Le fils de Banguko m’avait parlé de cet endroit où peu de gens venaient et c’était exactement ce qu’il me fallait. Un endroit où je pourrais laisser libre court à ma déprime sans que je ne subisse les foudres de mes proches.

Car oui, hors de question de retourner auprès de ma famille pour leur dire que j’avais complètement failli à mon devoir et que je n’étais pas digne de leur confiance. C’était mauvais de ma part mais je m’étais dit que si je ne revenais pas sur Prideland, alors ils penseraient tous que nous allions bien et ne s’inquiéteraient pas.

A la suite de la conversation avec Kyu, j’avais donc pris le temps de réfléchir avant de prendre la décision de quitter Freeland. J’avais passé neuf mois sur les terres du Roi Haki et malgré mes recherches, je n’avais pas trouvé la moindre trace de ma sœur. Elle ne s’y trouvait donc plus et il n’était pas nécessaire que je l’y attende.

J’avais ensuite pris la route pour venir sur la Lande des Sans-Terre en prenant bien soin de me faire tout petit lorsque j’avais traversé Prideland. Heureusement pour moi, je n’avais croisé personne. A croire que tout le peuple pridelander se trouvait ailleurs mais c’était tant mieux pour moi. Je n’avais pas envie que l’on me pose des questions à ce sujet et j’avais été soulagé de trouver un territoire quasiment mort pour ainsi dire.

Mes pas avaient enfin fini par me conduire où je le souhaitais. Je ne m’étais pas arrêté à l’orée du territoire qui servait de frontière avec le glorieux royaume, là où tout le monde pourrait me voir et j’avais continué, dépassant le grand Baobab et m’enfonçant plus loin au cœur du territoire n’appartenant à personne. Mes pattes avaient finies par s’enfoncer dans le sol et c’est seulement là que je m’étais stoppé. J’avais fait demi-tour afin de rester sur un sol sec et stable et je m’étais allongé là, me morfondant en attendant que le temps passe et m’oublie.

J’attendais donc, laissant le temps s’écouler tandis que je soupirais une nouvelle fois. Que pouvais-je bien faire maintenant à part rien ? Ma vie avait pris un tournant auquel je ne me serais jamais attendu et que je n’aurais jamais imaginé. Perdre ma sœur de vue à cause de l’une de mes décisions et me retrouver seul pour continuer mon périple, ce n’était pas du tout un choix d’avenir que j’aurais imaginé être le mien.

Je soupirais de nouveau avant de prendre une grande inspiration. Et de plisser le nez, dérangé par l’odeur du marais proche. En plus de tout ça, je n’avais pas choisi le meilleur endroit pour déprimer. Je me relevais donc afin de m’éloigner de l’endroit. Je me souvenais avoir dépassé un endroit qui pourrait me servir d’abri et où mon nez ne serait pas agressé par la senteur pas très agréable du marais voisin.

Je fis donc demi-tour mais ne fit pas un pas de plus. Mon regard venait de se poser sur une silhouette un peu éloignée. Elle semblait me regarder et j’en fis de même, la détaillant par la même occasion. Je pouvais distinguer un pelage brun-rouge et des plantes dans sa gueule et pas grand-chose de plus.

Je n’avais pas vraiment envie de discuter alors j’arrêtais là mon observation et entrepris de marcher afin de rejoindre l’endroit qui me servirait de repère pour quelques temps mais une étrange sensation m’envahit. Comme si je ne devais pas m’éloigner de cette personne. Je haussais les épaules, décidant d’ignorer mon ressenti car je n’étais pas très fiable ces derniers temps.

Marchant la tête basse, je la relevais quelques instants avant que la lionne ne sorte définitivement de mon champ de vision. J’avais l’intention de lui adresser un unique bonjour et de m’éclipser afin de la laisser tranquille mais lorsque mon regard croisa le sien, je me stoppais net. Ces yeux, et ces marques les soulignant, ce ne pouvait être que…

Tadewi ?

Un flashback me revint alors, me renvoyant un an et demi en arrière, lorsque ma vie n’était pas encore aussi catastrophique qu’elle ne l’était aujourd’hui. Surpris mais réellement ravi de la revoir, je lui offris le sourire le plus sincère que j’avais fait depuis des mois.

Que fais-tu dans un tel endroit ? Tout va bien ?

Autant la première question était due à de la curiosité et de l’étonnement, autant la deuxième était guidée par l’inquiétude. Je n’étais pas un pro en la matière mais ma mère en était une et lui ayant apporté mon aide par le passé, je savais reconnaître ces plantes qu’elle tenait. Et s’agissait immanquablement de plantes médicinales. En attendant sa réponse, je l’observais rapidement de la tête aux pattes mais aucune plaie n’était visible. Je me souvenais qu’elle m’avait dit voyager avec deux compagnons, alors peut être était-ce pour l’un d’eux ?

Semblant toute aussi surprise que moi, Tadewi marqua un temps d’arrêt après m’avoir reconnu. Si je ne m’attendais pas à la trouver dans un tel endroit, il devait en être de même pour elle !

Tandis que je lui posais des questions, elle déposa délicatement ses plantes afin de ne pas les abîmer avant de venir m’étreindre. Je n’avais pas été familier de ce genre de contact depuis bien longtemps et cela m’avait indéniablement manqué. J’en profitais donc et rendis sans hésitation son accolade à ma grande cousine.

Tout va très bien, ne t’en fais pas. Je fais juste quelques réserves pour… Peu importe ! Je suis si heureuse de te voir ! Comment es-tu arrivé ici ?!

Je laissais clairement le soulagement s’emparer de moi. Elle n’était donc pas blessé comme j’avais pu le voir mais il aurait pu s’agir d’un mal interne. Heureusement, ce n’était pas le cas et apparemment, ses compagnons de voyage allaient bien eux aussi. Ce qui était une très bonne chose.

J’avoue que je ne m’attendais pas à te trouver ici mais j’en suis très heureux. Il est bon de retrouver un membre de la famille !

Mon sourire était toujours présent grâce à la joie des retrouvailles mais il se fana quelque peu et un voile de tristesse s’empara de moi. Prenant mon courage à deux pattes, j’entrepris de lui expliquer mon périple.

C’est une histoire qui s’étale sur pas mal de temps à vrai dire. Il y a environ neuf mois, ma sœur Wissel et moi sommes partis de Prideland. Nous ne nous y sentions pas chez nous alors nous avons pris le parti de voyager afin de trouver une terre où l’on se sentirait bien et pourquoi pas trouver des informations concernant Waasi. Nos pas nous ont conduis sur Freeland où vivait notre père. Mais ce royaume est si vaste que nous avons longtemps marché sans croisé personne. J’ai fini par proposer que l’on se sépare afin de couvrir plus de territoire et cela a fonctionné. J’ai rencontré le futur roi et il m’a révélé que mon père avait quitté les lieux pour rejoindre Awena qui allait donner naissance à leurs enfants. Bref, j’ai voulu retrouver Wissel pour lui expliquer la situation mais un violent orage a éclaté et…. Mon coeur se serrait et je marquais une légère pause. Ce n’était pas facile de tout avouer mais il fallait que je continue. Je l’ai cherchée durant des mois et des mois mais je n’ai trouvé aucune trace ni aucune personne l’ayant aperçue. Au fil du temps, j’ai compris que je ne la reverrais sans doute jamais. Je suis donc venu ici pour cacher ma honte de ne pas avoir su protéger ma sœur malgré ma promesse….

Voilà, tout était dit. J’avais fui le regard de Tadewi sans m’en rendre compte et c’est avec un air penaud sur le visage que j’osais l’observer de nouveau. Elle était la première personne de ma famille à qui j’avouais ma faute alors qu’allait-elle penser de moi, elle qui vivait aussi pour sa famille ?