Voila des semaines que son fils était parti, avec le reste du groupe d’Elite. Et… Il n’y avait toujours pas la moindre trace d’eux. Pourtant, Kishi continuait d’espérer, restant droite et fière malgré son âge, et la faiblesse de son corps. Elle avait déjà perdu son aimé, et maintenant, serais-ce son fils ?… Non. Elle ne pouvait pas le croire. Elle le savait au fond d’elle qu’il était encore en vie, là, quelque part, à faire un travail noble pour le clan. Alors oui. Elle était fière. Elle était si fière de lui, de ce qu’il était devenue. Mais… Plus le temps passait, et plus elle se disait qu’elle ne pourrait plus le revoir.
La lionne vieillissait au file des jours, et l’appel du désert semblait se faire plus pressant au file des jours. Sa fille prenait le temps de s’occuper d’elle, et elle l’en remerciait. Silencieusement. Elle appréciait les gestes qu’elle lui offrait. Même si elle ne lui dirait jamais. Mais qu’importe. De toute façon, Shwari s’en doutait, n’est-ce pas ?

Kishi continuait de lutter. Même s’il n’y avait plus vraiment de raison de penser qu’elle s’en sortirait. Elle trainait la patte lors des déplacements, mais tenait bon. Toujours. Pourtant… Pourtant ce soir là, elle avait cette impression, que tout était terminé pour elle, que son chemin s’arrêterait là, qu’elle ne quitterait pas l’Oasis.
Alors, lorsque la nuit fut tombée, et que tous semblaient perdue dans leurs rêves les plus profond, la vieille lionne qui ne trouvait pas le sommeil, finit par se lever, difficilement. Bon sang… Que ses muscles la faisaient souffrir… Chaque parcelle de son corps semblaient hurler vouloir le repos. Tout son corps souhaitaient s’arrêter là… Mais son esprit, lui, ne semblait pas encore prêt. Pourtant… Elle savait qu’elle devait se résigner à présent. Son regard passa en revue chacun de ses camarades de clans. Autant ceux qu’elle appréciait que ceux qu’elle avait toujours haït. Mais ils restaient sa famille, son univers… Son clan… N’est-ce pas ?… Son regard s’arrêta d’ailleurs sur Kaya, puis Hatasa. Ces deux lionnes qui avaient tant brillé dernièrement… Avec elles, le futur du clan ne craignait rien, n’est-ce pas ?… Elles étaient forte. Elles étaient une fierté pour elle. Et… Elle était fière d’avoir pus les connaitre, même de loin…
Puis, ses yeux terminèrent leur voyage sur sa fille. Sa si jolie enfant… Shwari, l’incomprise. Même si parfois, elle la trouvait un peu trop… Gentillette, elle ne se faisait pas de soucis pour elle. Elle espérait juste qu’un jour, la fratrie puisse se réconcilier. Qu’ils ne restent pas chacun de leur côté… Mais bon. De toute façon, a présent, elle ne pouvait plus rien faire pour eux, n’est-ce pas ?…

La lionne laissa alors échapper un soupire léger, avant de détourner le regard. Elle se mit en marche, faisant craquer ses vieux os, s’éloignant de tout ce monde, à la fraicheur de l’oasis. Ainsi elle termina son périple sur une hauteur, qui surplombait l’eau qui coulait à flot. D’ici elle pouvait avoir une vue magnifique, le tout sous ce ciel étoilé…

- C’est une nuit magnifique, n’est-ce pas ?

Elle avait beau sentir cette fatigue plus pesante encore, ses sens n’avaient pas faiblie. De ce fait, elle n’avait pas eut trop de mal à entendre les pas qui approchait… Et une odeur qu’elle ne pensait pas sentir en cet instant présent…

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Le regard toujours rivé sur ce ciel magnifique, la lionne ne put retenir un sourire léger, lorsque la jeunette vint lui poser cette question. Faisait-elle pitié au point que l’on pourrait penser qu’elle n’était plus apte à remarquer ce genre de chose ? Doucement, elle tourna la tête en direction de sa… Et bien, belle-fille, posant son regard fatiguée sur elle…

- Mon corps faibli, mais je ne suis pas encore handicapé jeune fille.

Elle laissa échapper un léger rire, avant de reporter son regard sur ce ciel, qui lui paraissait tellement plus… Attirant… Magnifique… Que d’habitude. Etais-ce parce que l’appel du grand désert ce faisait de plus en plus fort, qu’elle voyait les choses… Différemment ? En tout cas, elle écouta à peine la réponse de la lionne qui venait de s’approcher, bien qu’elle perçut le côté « je sais pas trop quoi répondre ».
Enfin… c’était fou… Elle se doutait qu’elle ne reverrait plus le soleil. Qu’elle ne verrait pas le jour se lever. Elle se sentait tellement… Faible en cet instant… Elle avait l’impression de perdre un peu plus de sa vie à chaque expiration… Et pourtant… Le seul regret qui alourdissait son cœur était de ne pas pouvoir dire au revoir à son fils. Autrement elle se sentait bien. Elle se sentait calme. Est-ce qu’elle allait le revoir ?… Lusio… Ce lion si fier qui avait marché à ces côtés si longtemps…

Puis il y eut cette question. Si elle allait bien ?… Détachant son regard du ciel, elle laissa ses iris parcourir le paysage de l’Oasis, un instant avant de regarder finalement ces pattes…

- J’ignore ce qu’il faut que je réponde à cette question Lewa. Tout ce que je sais, c’est que cette nuit sera la dernière. Je le sens. Je l’entend. L’appel du grand désert… Cet appel qui se fait toujours plus fort… Il raisonne dans mon esprit depuis plusieurs jours déjà, mais…

… Ce n’est plus pareil, c’est plus fort, plus pesant… Ces derniers mots ne sortirent pas de sa gueule. Ils restèrent bloqué dans le fond de sa gorge, par fierté peut-être ?… Non. Maintenant que les mots étaient en parti sortie, cette finalité ne lui plaisait pas. Mais avait-elle le choix ?… Non. Ses pattes avant tremblait légèrement, par le simple fait de la maintenir assise. Si elle eut envie de s’allonger dans un premier temps, elle s’en refusa. Elle voulait rester droite, et digne. Alors elle poussa un instant sur ses pattes pour se redresser, cachant la douleur que ça lui causait.

- Peut-être pourrions nous parler toute les deux, Lewa. Profiter de cette nuit pour apprendre à nous connaitre un peu, qu’en dis-tu ?

Si elle pensait qu’elle passerait ces derniers instant seule, la présence de Lewa sonna à ses oreilles comme une dernière faveur que lui accordait le désert. Pourquoi étais-ce cette lionne en particulier avait suivit ces pas ? Pourquoi pas quelqu’un d’autre ?

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La jeune lionne semblait perplexe devant la demande de l’ancienne. Et celle-ci trouva la situation assez amusante. Non. Elle ne voulait pas s’énerver ce soir. Elle avait bien plus important à faire. Alors elle continuait de sourire, assise là, le regard rivé sur le paysage qui s’offrait à elles. Elle sentait ses pattes faiblir, sa condition continuer de sombrer, et son esprit rêver de son aimé, parti bien avant elle. Lusio lui manquait terriblement, même si elle ne l’avait jamais dis à personne…

- Oh ne t’en fais pas pour Dyami. Ce n’est pas pour lui que je m’inquiète, mais plutôt pour ma fille. Shwari à hérité de la marque du traitre, mais elle n’a pas la force nécessaire pour la soutenir. Dyami lui, a prouvé le contraire, voit donc où il est en est.- Elle tourna les yeux vers Lewa et reprit - Mais il est aussi bête que Lusio sur certain point. Lui aussi racontait des histoires, et inventait des sottises simplement pour avoir une excuse d’être avec moi. Sauf que mon compagnon était quand même plus doué là dedans.

Contrairement à Dyami qui n’avait que réussi à s’éloigner de Lewa, Lusio lui, avait put s’approcher bien plus de la lionne tacheté. Mais peut-être… Peut-être que c’était la raison pour laquelle le désert avait permis à Lewa de suivre l’ancienne ? De la voir avant son grand départ ?…

- Et tu me parles de quoi au juste ? Les sujets que j’ai en tête, ne pourront pas être traité par d’autre lion que toi. Si le désert à jugé bon de t’envoyer à moi, c’est qu’il y a forcément une raison, tu ne crois pas ?

Elle finit par relever la tête, détaillant Lewa de ses prunelles rougeoyante, comme pour tenter de percer son âme et découvrir ses pensés…

- C’est l’appel du désert qui te met aussi mal à l’aise ?

Sa voix restait douce et calme, malgré la situation. De toute façon, elle avait finit par se rendre à l’évidence qu’elle ne pourrait pas lutter plus longtemps. Elle ne ferait que ralentir le clan, et n’avait pas envie de s’en retrouver séparé. Même si sa vie n’avait pas été bien chouette au sein de ses lions, qu’elle avait dut montrer à tous qu’elle n’était pas une faible, ils restaient sa famille. Une famille forte qu’elle avait toujours admiré malgré tout. Bien plus intéressante de sa fratrie qui n’avait jamais dépassé la première année. Sa sœur avait été bien trop faible, il fallait croire.

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Oh qu’elle remerciait le désert de lui permettre cette dernière conversation. Au moins, elle se disait qu’elle pourrait partir le cœur léger. Même si elle n’avait jamais parlé avec la jeune lionne, elle l’avait toujours observée. Comme elle avait toujours observée l’ensemble du clan. Ainsi elle connaissait chacun d’entre eux, sans qu’aucun ne puisse en dire autant pour elle. De toute façon, a part Lusio, qui donc aurait put aimer l’héritière du traitre ? Alors avec le temps, elle avait apprit à déchiffrer les expressions faciales, elle avait sut comprendre les autres simplement en les regardant, même si certain restaient parfois un peu trop mystérieux à ses yeux. Kishi avait aussi ses préférés dans tout ce petit monde. Comme Hassun, Kaya, Hatasa, Lahira… Et Lewa. Mais Lewa avait une place plus particulière dans son cœur, puisqu’elle avait été la seule à jouer avec son fils, la seule à ne pas le juger pour ce qu’il portait comme fardeau. Elle avait vue aussi le comportement de son fils, et le regard qu’il avait posé sur elle lorsqu’il était revenue d’exil. Elle lui avait manquée, ça ne faisait aucun doute. Mais il n’était pas plus intelligent que la plupart des mâles à ce sujet. Et ça l’avait assez amusé sur le coup. Pendant un temps, elle avait pensée qu’elle pourrait les voir se rapprocher, mais… Finalement le temps jouait contre elle.

La vieille lionne fatiguée laissa échapper un rire aux paroles de Lewa, la quittant des yeux un instant, comme pour faire disparaitre sa faiblesse. Elle était bien décidé à garder la tête haute, et la fierté du clan, jusqu’au bout. Elle avait été forte, elle le serait jusqu’à la fin. Et elle irait vaincre les obstacle que le désert mettrait sur sa route lorsqu’elle irait le rejoindre, pour retrouver son aimé. Oui…

- Tout lion à un rôle à jouer Lewa. Aussi minime soit-il. Le grand désert à toujours quelque chose de prévu.

Même Daren, bien que la lionne tacheté était certaine qu’il était surtout là pour mettre à l’épreuve l’impératrice. Il suffisait de voir ce qu’il avait fait pour le comprendre. Enfin…

- Mais là n’est pas la question. Ne fermes pas les yeux sur l’évidence. J’ai passé toute ma vie à observer les gens, à comprendre leur ressenti par le biais de leur réaction, aussi infime soit-elle. Je vois beaucoup de chose que peu d’entre nous n’arrive à décrypter. J’ai beaucoup d’estime pour toi d’ailleurs, tu sais ? Pour ce que tu as fais pour lui. Grace à toi, il n’a jamais été seul. Il a put s’endurcir comme il le devrait. Et je suis sûre que tu fais partie des raisons pour lesquels il c’est battu durant l’exil. - Elle laissa passer quelques secondes de silence puis reprit - Tu es bien plus qu’une amie pour lui. Même s’il doit se voiler la face, nier l’évidence, tout autant que toi. Soit plus Maligne que lui Lewa. C‘est un idiot, pas toi.

Souriante, elle observait de nouveau le paysage… Elle remarquait aussi, que plus la conversation avançait, et plus elle se sentait sereine. Peut-être qu’au final, ce n’était pas le retour de son fils que le désert attendait, mais plutôt cette rencontre. Cette rencontre à l’abris des regards, sous la chaleur de la lune…

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Kishi restait très calme, et elle se sentait… Etrangement en paix. Malgré ce corps qui la lâchait au file des secondes… Elle ferma d’ailleurs les yeux, alors que Lewa reprenait la parole… Et eut un sourire lorsqu’elle voulut lui rappeler l’épisode des crocodiles. Mais ils n’étaient que des lionceaux. Des lionceaux joueurs, impétueux, qui n’avaient aucune conscience du danger. Comment pouvait-elle seulement leur en vouloir ? Alors oui, elle avait été furieuse. Autant que Lusio l’avait été. Mais c’était simplement parce qu’elle avait eut peur. Oh oui… Autant pour son fils, que pour Lewa d’ailleurs. Ils étaient si jeune… Mais ils avaient apprit de leurs erreurs. C’étaient ainsi que l’on parvenait à grandir, n’est-ce pas ? Elle-même avait déjà manqué de se faire piétiner par des oryx, en pensant être prêtre pour tenter une attaque, alors…

Enfin… La vieille lionne la laissa continuer, ne semblant guère réagir au rire nerveux. Puis, lorsqu’elle eut terminé, ses iris rouge retournèrent se poser sur elle. Il fallait qu’elle trouve ces mots, des mots justes qui pourront faire réagir Lewa un peu plus encore… Kishi savait que la conversation ne pourrait plus s’éterniser. Elle ne souhaitait pas s’effondrer sous les yeux de sa… Belle-fille. Oh non. Sous les yeux de personne d’ailleurs. Elle voulait partir en solitaire. Elle voulait juste… Disparaitre. De toute façon, Kishi n’était pas sûre qu’on la pleure. Enfin, sa fille surement. Son fils aussi. Mais les autres. Qui donc c’était intéressé à la fille aux tâches du traitre dans ce clan, a part Lusio ?… Personne. Et personne ne chercherait non plus à la retrouver.

- Les lionceaux font des bêtises. C’est ainsi qu’ils apprennent. Parfois les bêtises sont plus grosse que d’autre. Et cela forge un lion. Donc non, je n’ai pas oubliée cette épisode. - Comment une mère pouvait-elle oublier ça ? - Mais tu sous-estime ton impacte. Réfléchie à tout cela Lewa… Le temps passent vite. Trop vite… Et on en oublie l’essentiel. Lusio… Lusio et moi… - Elle dut reprendre un peu sa respiration, se rendant compte qu’elle c’était un peu surestimé sur ce coup - Lusio et moi n’avons pas compris tout cela. Résultat… Nous avons… Perdu beaucoup de temps… Oh oui… Comme je le regrette…

Ce temps si précieux. Ce temps qui montrait sa valeur seulement lorsqu’il vous filait entre les pattes… Elle s’en était rendu compte bien trop tard, lorsque son aimé c’était effondré ce jour là…

- Lewa… Je vais te demander de partir, si tu le veux bien. J’aimerais être seule. -Elle prit dans ses dernières forces pour se redresser et se montrer dans une forme bien supérieur à ce qu’elle avait - Mais ne soit pas triste, je t’en pris. Et surtout… Dis à mon fils que je suis fier de lui. Parce qu’il reviendra. J’en suis sûre…

Sa voix avait finit en un souffle, alors qu’elle laissait à présent son regard se perdre dans l’immensité de ce ciel étoilé, qu’elle pouvait voir entre les arbres…
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A l’entré du sentier que les deux lionnes avaient emprunté, se tenait Shwari. La lionne aux tâches asymétrique les avaient vue s’éloigner. Et pour sa mère, elle avait comprit. Oh oui. Elle avait vue celle-ci s’affaiblir de jour en jour. Et si elle c’était efforcé de nier la vérité, son estomac lui, c’était serré de jour en jour. Alors oui. Elle avait voulut rejoindre les deux femelles mais… Elle avait finit par se raviser au dernier moment, restant assise là, simplement. Sa mère lui avait interdit de la suivre, si ce jour arrivait… Alors elle avait prit sur elle. Seulement voila. L’idée même que Kishi ne referait pas ce chemin en sens inverse venait de lui briser le cœur, et cet espoir d’être un jour intégré au clan. La femelle avait été son seul soutient, son seul lien… Et aujourd’hui, elle était seule à présent…
Alors elle n’avait put retenir ses larmes. Shwari pleurait en silence, les oreilles plaqué contre sa nuque, la tête basse, la queue ramené contre elle. Elle laissait les larmes glisser sur ses joues, et venir mourir sur le sable, dans le silence de cette nuit qu’elle n’oublierait jamais…

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