La discussion avec ses deux lieutenants c'était achevée et aucun ne semblait approuvé l'idée de leur meneur. Mais qu'importe. Si cette idée s'avérait mauvaise, Mapinduzi le saurait bien assez tôt et serait le premier à en souffrir. Sa tête restait droit alors qu'il s'éloignait au galop de son troupeau, non sans une certaine inquiétude à l'idée de laisser Imani et le reste de siens seuls... Néanmoins, il fallait qu'il se montre confiant : Nirakay et Wappepo étaient là. Ils sauraient parfaitement gérer la situation en son absence. Après tout, n'était-ce pas pour celà qu'il les avait formé ?

Mapinduzi ralenti sa course en arrivant à la frontière du territoire des rieuses. Il renâcla bruyamment avant 'y pénétrer. S'il savait le danger que pouvait représenter ces charognarde, il n'en restait pas moins digne et fier. La tête haute, aucune peur ne se lisait dans son regard. Des prédateurs, il en affrontait tout les jours. Les charognards n'étaient donc pas un danger. Du moins, Mapinduzi le pensait-il.

Le bruit de ses sabots sur le sol produisait un écho, seul son qu'il parvenait à entendre dans ce lieu désolé. L'hippotrague tapa fortement sur le sol. Qu'était-ce donc que cela ?! Les hyènes devait bien avoir des sentinelles ?! Certes, il était encore aux abords du territoire, mais tout de même ! Alors que Mapinduzi maugréait sur place, des bruit de pas vinrent chatouiller ses oreilles. Le grand mâle observa les alentours. Dans la brume, une silhouette rayée se dessina, ne lui adressant aucun intérêt.

Le grand mâle se cabra et se dirigea au galop vers la bête en question. Il stoppa net sa course à quelques mètres de l'animal, faisant virevolter quelques cailloux au passage.

- Toi.

Son ton était neutre bien qu'autoritaire.

- Je souhaiterai rencontrer ton chef. Pourrais-tu me conduire jusqu'à lui ?

Jamais, dans l'esprit de Mapinduzi, une femelle ne pouvait être à la tête d'un... Comment disait les hyènes au juste ? Un troupeau ? Un clan ? Bah, ça n'avait guère d'importance ! Quoi qu'il en soit, il ne fallait pas y voir un quelconque machisme de la part de l’hippotrague. Plutôt... Un manque de connaissance concernant les structure social des autres espèces que la sienne.

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La hyène ne fut pas décontenancé par l'arrivée soudaine de Mapinduzi, pas plus qu'elle ne semblait apprécier son comportement. Bien vite, la bête, qui s'avéra être un mâle, se permit de rabrouer le chef de troupeau. L'hippotrague renâcla, le charognard avait beau être dans son droit au vue de la manière dont il avait été accosté, mais quelque chose dans sa manière de parler dérangeait particulièrement le cornu.

- Si je vous présente mes excuses pour mon comportement, je vous demanderai de laisser ma mère en dehors de cette histoire.

C'était pourtant une règle tacite dans la savane : on ne s'attaque pas aux Mamans. L'hippotrague secoua doucement la tête, agitant de la sorte ses imposante cornes. Il se redressa et prit le temps de saluer le charognard avec un léger mouvement de tête avant de reprendre :

- Toutes mes excuses, donc. Je suis pressé et il est vrai que je me suis quelques peu emporté.

Après tout, l'inconnu n'avait pas tort. Mapinduzi n'était pas chez lui et c'était lui qui avait une demande à faire, pas l'inverse. Nul doute que si on l'avait abordé de la sorte, il aurait eu la même réaction que la hyène.

- J'ai une proposition a faire à votre chef, en personne. Est-ce possible de le rencontrer ?

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Une fois les excuses faites, les deux animaux semblèrent repartir sur de meilleures bases et la tension était moindre. Tant mieux. Mapinduzi n'était guère venu en ces lieux pour se faire des ennemis, bien au contraire. Ce qu'il cherchait, c'était des alliés, des alliés de confiance. Et si on n peut faire confiance à la bonne foi, on peut toujours faire confiance à la haine, n'est-ce pas ? Les hyènes devait haïr les lions au moins autant que lui.

- J’suis Zar’roc, Lieut’nant d’Shasta. Si vous pouviez m’dire plus précisément d’quoi i’s’agit, j’serais ravi d’vous conduir’à elle, ou pas.

Se présenta la hyène. Les oreilles du l'hippotrague s'agitèrent. Il ne faisait donc pas face à un quelconque membre du groupe de charognard mais bien à un lieutenant ? Les hyènes étaient-elles organisées de la même manière que son troupeau ? Formait-on les plus jeune au combat ? Voilà qui aurait ravi Mapinduzi ! S'il parvenait à ses fins du moins. Pour leur, il retint l'information la plus utile à ses yeux : Shasta. Leur chef s'appelait Shasta.

D'abord réticent à l'idée de dévoiler ses attentions à un autre que le chef des hyènes, l'hippotrague hocha la tête. Il n'arriverait à rien s'il ne se montrait pas un minimum coopérateur.

- Mon nom est Mapinduzi, chef des Hippotragues de Prideland et ennemi mortel des lions.

Il ignorait si c'était bien nécessaire de préciser cela ou non, mais ça ne coutait rien.

- Il fut une époque où je me contentais d'abattre ceux qui s'approchait trop près de mon troupeau... mais cela ne suffit plus à présent. Je veux les exterminer. Tous. Jusqu'au dernier.

Mapinduzi se mit à souffler tel un buffle, le regard emplit de détermination.

- Je crois savoir que votre espèce n'apprécie guère ces prédateurs non plus. Voilà la raison de ma présence ici, Lieutenant. J'espère pouvoir rencontrer votre chef et passer une alliance avec lui.

Maintenant, le tout était de savoir si c'était possible.

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Ce fut avec une grande satisfaction que Mapinduzi reçu la réponse du lieutenant hyène. Un léger sourire se mit à apparaitre sur son visage. Parfait ! Peut être allait-il pouvoir enfin rencontrer ce chef hyène. Néanmoins, la rencontre avec ce Zar'roc fut interrompue par l'arriver de ses camarades de clan. Ne sachant pas trop comment réagir, Mapinduzi se contenta de froncer légèrement les sourcils, perplexe, observant la scène. Le lieutenant fit par des raisons de la présence du cornu à ses camarade avant de l'escorter en personne. Le chef de troupeau fut tenté de sourire en voyant l'animal se faire obéir d'une patte de fer. Ce clan était de toute évidence parfaitement organisé... Et cela lui plaisait beaucoup. Il y voyait presque son propre troupeau. Lorsque Zar'roc suggéra de se mettre en route, le cornu suivit sans broncher.

- Par kontre, nos cheffes sont des f’melles d’puis la nuit des temps. Autant vous prévenir, parce qu’i’y’a qu’la taille qui fait la différence entre les deux.

Les oreilles de Mapinduzi s'agitèrent. Pardon ? Une femelle à la tête d'un troupeau ? Pas qu'il pensait les femelles inférieures, loin de là, il savait parfaitement qu'Imani était tout aussi capable que lui de prendre des bonnes décisions. Voir même des meilleurs ! Mais là d'où il venait, c'était au mâle de diriger, parce qu'un chef était avant tout un protecteur. Et les femelles n'avaient guère les même capacité physique que les mâles chez les hippotragues. Mais donc... Chez les hyènes, ce rapport de force était inversé ? Curieux. Très curieux même. Mapinduzi hocha cependant la tête.

- Je vois, je vous remercie de m'en informer. Je l'ignorais.

Il ignorait beaucoup de chose sur les hyènes à vrai dire. Pour lui, elles étaient des charognardes de la même manière que pouvait l'être des vautours. Mais en plus féroces et dangereuses. Ce qui en faisait de bonnes alliées, à n'en pas douter. Pour le reste de la marche, Mapinduzi resta silencieux, se contentant d'observer les horizon avec une certaine curiosité. Lui qui n'avait jamais connu que les vastes étendues d'herbes de Prideland, il était bien dépaysé !

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La suite des évènements ne fut pas pour déplaire à l'hippotrague. Outre cette organisation quasi-militaire des hyènes qui le mettait dans d'excellente disposition vis à vis des charognarde, lui et le Lieutenant ne tardèrent pas à croiser le... heu... La cheffe de groupe. Mapinduzi fut surpris en voyant la bête approcher. Une hyène plus grande que ce qu'il n'avait jamais vu. Cependant, il se reprit bien vite. L'avantage de la taille, il l'avait toujours. Si bien qu'il n'était pas particulièrement effrayé... Plutôt, impressionné. Le grand mâle ignorait en effet que les habitantes du cimetière pouvait atteindre une telle taille. La cheffe ne prononça pas un mot, ce fut le lieutenant qui le présenta. Le regard doré de Mapinduzi alla du lieutenant jusqu'à sa chef et il se tint fièrement face à elle.

- Madame.

Commença-t-il avec un léger mouvement de tête en guise de salut. L'hippotrague ignorait comment les cheffe hyènes s'adressaient les unes au autres. S'il avait su leur us et coutume, il aurait prit soin de s'y plier : en tant qu'inviter, c'était à lui de s'adapter, non l'inverse. Néanmoins, n'ayant aucun connaissance de ce genre de chose, Mapinduzi s'adressa à la hyène de la même manière que l'on s'adressait à lui. Monsieur. Madame. Autant aller au plus simple.

- Je suis venu vous rencontrer dans l'espoir de mettre au point une alliance entre nos deux... groupes.

Le mâle hésita. Les hyènes ne disaient pas troupeaux, n'est-ce pas ?

- Je crois savoir que votre espèce n'apprécie guère les lions. Tout comme la mienne.

Mapinduzi se mit à souffler tel un buffle.

- Leur existence est autant une menace qu'une aberration et je souhaiterai y mettre un terme avec l'aide des vôtres.

Puis, il se tut. Il ne voulait pas parler plus que nécessaire et encore moins en dire trop avant de pouvoir jauger la réaction de la dominante.

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Uasi n'était pas tranquille depuis quelques jours ... En effet, Shasta l'avait mise face à ses actes vis-à-vis de Jaherys. Heureusement pour elle, la dominante avait été clémente. Une tape sur la patte. Mais elle était maintenant sous surveillance, ce qui en soit ne la dérangeait pas maintenant que le secret était découvert, et elle devait trouver des remèdes aux poisons de son son associer. C'était ça qui lui causait le plus de trouble. Il fallait qu'elle mette tout en oeuvre pour y arriver. Et ce n'était pas simple. Rien que d'un point de vue logistique, elle devait trouver des sujets d'expériences, les maintenir captifs, leur administrer le poison et un prototype de remède ... Bref, un casse tête qui lui demanderait du temps pour être mis en place.

Marchant tout en réfléchissant à comment elle allait bien pouvoir s'y prendre, la guérisseuse fut attirée par un bruit. Une voix et des bruits de pas dont un plutôt étonnant. Elle s'approcha pour constater que Zar'roc était en compagnie d'un Hyppotrague, le menant à Shasta, en pleine réunion de guerre au vu de ceux qui l'entouraient. La femelle vint se placer juste assez en retrait pour ne pas pénétrer le cercle des guerriers mais pour être suffisamment visible. Les petits tours de passe passe avec la nouvelle dominante, c'était fini. Autant se montrer quitte à ce qu'on lui demande de partir.

L'animal, qu'il était curieux de voir en ces lieux mais qui était aussi un ennemis redoutable, proposa une alliance à Shasta contre les lions. Les yeux de la femelle s'ouvrirent grands et elle chercha quelqu'un du regard pour voir si elle avait bien entendu. Elle eut sa réponse au nombre de chuchotements qui ressortirent ... Les animaux voulaient rarement faire alliance avec les hyènes, ne nous en cachons pas, mais une proie ? Enfin proie ... Difficile de dire qu'un adulte était souvent au menu chez les rieuses tant ils étaient dangereux.

Même si la proposition était alléchante, la dominante la déclina, pour l'instant. Uasi se montra un peu déçue ... Une alliance avec les hyppotragues était pourtant une très bonne idée. Ils étaient presque invincible et même les lions avaient peur d'eux! Mais Shasta posa d'autres question à l'animal, peut-être allait-il tout de même se passer quelque chose, après tout ...

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Comme toujours, je me retrouvais à l’écart des autres. Grâce à Shasta cependant, ce n’était plus un problème. J’avais une occupation importante maintenant, je n’avais plus peur de la solitude, je ne la ressentais plus vraiment. J’étais heureux et fier de pouvoir rendre service à la dominante.

Après mes travails éreintants, je m’étais installé à l’ombre d’un rocher, m’y adossant, commençant bien vite à pointer de la truffe. C’est l’arrivée d’un convoi bien étrange qui me sortit de mon état second. Le regard encore endormi, je regardais l’hippotrague et Zar’roc passait devant moi. L’imposant herbivore me donnait des frissons sans pour autant me donner envie de prendre mes pattes à mon cou. Le lieutenant et l’herbivore allaient à la rencontre de la dominante. Bien vite, un groupe s’était formé autour d’eux trois. L’herbivore semblait vouloir faire alliance avec les hyènes pour éradiquer les lions. Je souriais doucement, n’étant pas contre l’idée.. Les lions étaient des êtres vilains, foncièrement mauvais et enclin à la torture autant physique que psychologique. Ces bêtes étaient immondes. C’était des monstres. Je considérais l’herbivore comme un potentiel allié, lui aussi n’aimait pas les félidés après tout. La discussion se poursuivait. Je ne comprenais pas tout, mais je voyais où l’herbivore voulait en venir. Pour Shasta, je ne savais pas trop ce qu’elle comptait faire. Après tout, la meute se préparait à la guerre contre les félins. Peut être que des alliés ne feraient pas de mal ?

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Du rififi chez les hyènes? Nombreux étaient celles et ceux qui s'amassaient autour de Shasta, et la raison devint bien vite évidente dès lors que l'on apercevait la haute silhouette d'un hyppotrague. De par sa taille, jamais un tel spécimen n'aurait tenu bien longtemps s'il s'agissait de quelqu'un s'étant simplement égaré. L'individu s'était donc présenté en toute connaissance de cause dans la gueule du loup, au sein d'un territoire peuplé de prédateurs malgré son statut de proie (au détail près qu'un adulte en pleine forme était un défi que personne n'oserait relever).

Empli de curiosité comme la plupart de ses congénères, Roah profita de son profil plus souple pour se frayer un chemin sans trop de difficulté parmi la foule. Inutile de bousculer, les espaces vides étaient bien suffisants. En une poignée de secondes, Roah atteignit une distance suffisante pour pouvoir comprendre de quoi il était question. Un frisson lui parcourut l'échine. Il n'avait aucune idée de qui les deux dirigeants parlaient, mais la simple idée d'une alliance entre deux parties avait de quoi effrayer n'importe qui. Les événements prenaient une tournure inquiétante si même les proies se mettaient à avoir des ressentiments envers les lions, comme quoi ceux-ci devaient bien avoir leurs torts pour se mettre tellement de monde à dos! Mais tout ça allait beaucoup trop vite. Le hyène songea au refus de Shasta, et d'une réflexion rapide, se dit qu'il s'agissait là d'une réaction aussi prudente que logique: se lancer dans un conflit ouvert maintenant n'était pas une priorité, les préparatifs n'étaient pas terminés, et qu'en pouvait-il être de tels alliés, des herbivores? Que pouvaient-ils proposer, de les fournir en viande?

Sans avoir besoin de tendre particulièrement l'oreille, Roah sentit l'étonnement de la plupart de ses camarades vis à vis de cette proposition. Déjà, aucun d'entre eux n'avait fait mine de s'attaquer à l'émissaire, témoignage de la récente discipline trouvée au sein des rangs des hyènes.


_Tout ça ne me dit rien qui vaille... Murmura-t-il pour lui même. Car le hyène en était convaincu, la proie avait prit soin d'étudier ses arguments pour convaincre du bien fondé de son entreprise. Un émissaire ne se choisit pas n'importe comment, il se doit de maîtriser son sujet sur le bout des pattes, ne serait-ce que pour éviter de finir en pâture parmi les crocs des hyènes...

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Un groupe de hyènes se forma autours des deux leaders et Zar'roc se plaça aux côtés de sa cheffe. Mapinduzi n'accorda que peu d'importance à la foule qui se mit à murmurer lorsqu'il fit sa proposition. Il se doutait bien que ce n'était pas le genre de chose que les rieuses étaient habitué à entendre... Mais pour l'heure, il restait concentré sur Shasta. Il l'écouta sans l'interrompre du début à la fin et s'il fut déçu lorsqu'elle déclina sa proposition, il ne laissa rien paraitre. A vrai dire, l'hippotrague se préparait même à simplement hocher la tête et tourner les talons. Si cela n'avait pas fonctionné ici, tant pis, il trouverait une autre solution pour arriver à son but. Mapinduzi était du genre butté. Néanmoins, la question de la dominante le maintint en place, prit au dépourvu. Le cornu secoua doucement la tête pour se remettre les idées en place.

- Avez vous des enfants, Madame ?

Son ton était posé. En temps normal, il n'aurait jamais consenti à répondre à une telle question... Mais si cela pouvait l'aider à convaincre cette Shasta, l'ongulé s'y risquerait. Il espérait néanmoins ne pas laisser paraitre une trop grande faiblesse.

- J'ai eu une fille, il y a longtemps. Je n'ai jamais pu la voir grandir, ni même la voir marcher... Le jour de sa naissance, une lionne a attaqué ma compagne alors qu'elle mettait bas.

Mapinduzi fit une légère pause, continuant de fixer la dominante dans les yeux. S'il ne voulait laisser paraitre aucune faiblesse, il sentait bien que sa voix avait commencée à flancher.

- Ma compagne a survécu bien que marquée autant physiquement que mentalement. Mais ma fille... Lorsque je l'ai retrouvé elle.... Son corps était trainé par cette... Ce monstre. Mon bébé n'a pas passé la nuit. Et cette lionne non plus.

L'hippotrague frappa férocement le sol d'un de ses sabots. Un peu comme s'il revoyait le crâne de cette lionne qu'il désirait briser de nouveau. Encore, et encore, et encore... Jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Néanmoins, il se contenta d'un coup face aux charognard.

- Et aujourd'hui, ma compagne attend un nouveau petit et je... Je ne laisserai pas cette histoire se répéter.

Imani ne s'en remettrait jamais... Et à vrai dire, lui non plus. Non... Ce petit là, il le protègerai. Peu importe qu'il faille mettre la savane à feu à sang. Peu importe si l'hippotrague devait se faire plus d'ennemis que d'amis. Cet enfant, il se le jurait, survivrai.

Mapinduzi se racla la gorge, décidé à reprendre contenance. Il lui restait une question à laquelle répondre.

- Quant à Matsukan... S'il est censé être le porte parole des troupeaux, il n'en est pas le dirigeant. Par ailleurs, il s'entend trop avec les lions à mon gout. A ce demander si ce n'est pas le bien être de ces bêtes qui le préoccupe plus que celui des herbivores.

Le grand cornu n'avait jamais eu une haute estime du zèbre. En même temps, celui-ci n'avait jamais agit pour les troupeaux. Même l'hippotrague que beaucoup croyait fou avait réussi à se faire entendre. Ce n'était pas à Matsukan que le devait la loi sur la protection des jeunes, mais bien à Mapinduzi. Que cette loi soit appliqué ou non par ces traitres de félins, elle était bien la preuve que l'hippotrague faisait bien plus bouger les choses que ce zèbre inutile.

- Si c'est une preuve de bonne foi que vous voulez, je suis parfaitement disposé à la ramener. Que désirez-vous, Madame ?

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Le conseil des guerriers se transforma rapidement en attroupement de hyènes. Uasi vit s'ajouter aux nouveaux arrivants Djal et son frère, Roah. En le voyant arriver, la femelle se fraya un chemin vers lui et vint s'asseoir à ses cotés. Celui-ci semblait ne pas trop apprécier la situation. Mais la guérisseuse savait à quel point frère pouvait se montrer posé face à la haine des lions. Elle approcha de son oreille et lui murmura.

" Tu crois que Shasta va finir par accepter ? Ca serait quand même pas mal d'avoir du monde avec nous au cas ou ... "

Elle regarda ensuite la scène, attendant une réponse de son frère mais sans vouloir en louper une miette. L'hippotrague repris la parole, demandant à la dominante si elle avait des enfants. Instantanément, le regard de Uasi se porta sur Shasta. Elle avait en effet deux rejetons, nés il y avait peu temps. Deux rejetons qui annonçaient un futur radieux pour la meute. Uasi se demandait où il voulait bien en venir. Il expliqua son histoire : sa fille avait été attaquée à peine avait-elle vu le jour. La lionne qui avait fait ça y avait laissé la vie. Avant cela, la guérisseuse n'aurait pas vu de problème à attaquer un enfant. Mais voir la réaction de l'animal en face d'elle lui montra à quel point les prédateurs pouvaient être des bêtes cruelles aux yeux de leurs proies. Sa gorge se serra et elle eut du mal à déglutir.

La dominante semblait réfléchir. Uasi imaginait très bien ce qui devait lui passer par la tête. Elle devait se poser des questions par rapport à sa propre famille. L'animal avait joué sur la corde sensible. Mais dans les rangs des hyènes, on sentait que le ton était devenu grave. La sorcière du vaudou chercha le regard de frère, voir comment il réagissait. Le temps semblait figé. La foule attendait que quelqu'un réponde ...

L’hippotrague voulait montrer patte blanche. Il demanda comment il pouvait prouver sa bonne foi. Qu'est-ce que Shasta pourrait bien lui demander de plus ? Au vu de son récit, du lion, il en bouffait au petit déjeuné rien que pour sa vengeance personnelle ... Qu'est-ce que la dominante allait exiger pour qu'il puisse lui montrer sa volonté d'alliance ? Le sang du Uasi était en ébullition, entre l'excitation et l'inquiétude.

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Je ne faisais pas parti des guerriers, mais je savais les essentiels, avoir des alliés garantissaient un impact plus puissant en cas de conflit et de combat. Et c'est ce qui allait se passer. Mes voisins murmuraient, se demandant ce qu'allait bien pouvoir faire la dominante si nous allions nous allier aux herbivores ou si nous allions garder notre « honneur » et combattre seul sans les mangeurs d'herbe. Zar'roc comme Shasta restait silencieux. Le chef des hippotragues reprenait donc, demandant à la dominante si elle avait des enfants. Je voyais Shasta se raidir sans pour autant répondre. L'herbivore continuait, racontant son histoire. Autrefois, il avait un enfant, une fille mais il n'a pu la voir gambader et jouer gaiement. Ni l'a voir s'épanouir et pourquoi à votre avis ? Et oui, à cause des monstrueux lions. Une lionne avait volé l'enfance et la vie de sa fille. Sa compagne avait failli y passer et garderait des cicatrices physiques jusqu'à la fin de sa vie. Il concluait son histoire par le présent. Sa compagne attendait un nouvel enfant et il ne voulait pas voir ce scénario se reproduire. Je tremblais de colère et de peur en imaginant un lion avec ses crocs bruyant et couverts de sang s'attaquer au pauvre chef des hippotragues.

Le chef herbivore crachait ouvertement sur Matsukan, ne le considérant pas comme son « chef » ou celui en charge. Une fois la tirade de l'herbivore terminé, Shasta se tournait vers son lieutenant, Zar'roc. Le silence s'était installé et donné une ambiance assez pesante. Ce qui n'était pas pour me plaire.

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Que de rebondissements. Où ai-je mis mon popcorn? Les événements s'éclairaient un peu plus au fur et à mesure que l'hippotrague en dévoilait plus sur ses motivations. Perdre son enfant... Roah avait la stupidité de croire qu'une telle chose devait être monnaie courante chez les herbivores, tant les prédateurs étaient souvent sur leur dos. A priori, il existait certaines règles régissant ces relations, celles-ci venaient d'être bafouées, et la victime réclamait justice. Roah sentait déjà mal cette alliance. Il n'appartenait pas aux hyènes de s'embarquer dans un conflit qui n'était pas le leur, surtout pas maintenant, alors qu'elles cherchaient encore à mettre en place une défense efficace.

Savoir sa soeur à ses côtés lui rendit de la sérénité. Elle-même semblait curieuse de savoir où tout ça pouvait bien les mener.

_Nos motivations et les leurs sont très différentes, murmura t-il à Uasi. On se bat pour ce qui est nôtre, eux se battent par vengeance. La guerre qu'ils souhaitent est en dehors du territoire, nous n'avons aucune raison valable de nous mêler de leurs affaires. Ils veulent de l'attaque, nous voulons de la défense. On ne peut pas fonctionner.

Autrement dit, Roah ne croyait pas au bien fondé d'une telle entreprise entre leurs espèces. Et ce, malgré la justesse des motivations de Mapinduzi, et la conséquence logique qu'il avait de se chercher des alliés. Les hyènes n'avaient rien à lui offrir, ni à lui devoir, de même que les hippotragues n'étaient pas en mesure d'offrir quelque chose de satisfaisant aux hyénidés. Ce n'était qu'une impasse. A moins que Shasta n'ait une autre idée derrière la tête, même si son silence et le fait qu'elle se tourne vers ses généraux présageait le contraire. A moins qu'elle ne craigne que l'évocation de la perte de ses enfants n'affecte son jugement. Jouer sur la corde sensible avait quelque chose de puéril, en cela Roah eut moins de sympathie qu'auparavant concernant leur visiteur.

_Je ne sais pas... Je n'ai pas confiance en lui. Rajouta t-il à sa soeur. Il me paraît trop intelligent pour qu'on puisse le croire comme ça.

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La hyène resta muette lorsque le chef de troupeau conclu son histoire. Lui n'ajouta rien de plus. Il se contenta de la fixer, attendant une réaction... Qu'il s'agisse d'une approbation ou d'un refus. Il avait put néanmoins constaté que son récit ne l'avait pas laissé indifférente. Bien. Contrairement aux lions, les hyènes avaient bien un cœur. Le silence fut brusquement brisé par le lieutenant qui avait accompagné Mapinduzi jusqu'ici. ... De la nourriture... L'hippotrague reporta son attention sur Shasta, ignorant royalement la remarque de la seconde hyène. Lorsque la dominante donna son accord, le chef de troupeau hocha la tête.

- Je reviendrais dès que j'aurais ce que vous désirez.

Fit-il avant de tourner les talons. Son pas d'abord calme se fit plus pressant alors qu'il s'éloignait de la tanière des charognards, jusqu'à finir au par galoper. De la nourriture... L'ongulé se refusait à rapporter l'un des siens au charognard... L'un des siens ou un herbivore tout court. Non. Il n'irait jamais aussi loin. S'il se battait, c'était pour le bien des troupeaux. Il ne pouvait se permettre d'aller aussi loin... Ce serait franchir un seuil qu'il ne voulait pas dépasser.

Lorsqu'il revint du territoire hostile, ses lieutenants furent les premiers à l’accueillir. Il leur raconta sa discussion avec les hyènes et ce qui en était ressorti. Les deux lieutenants restèrent silencieux... Mais leur silence était leur moyen de montrer leur désapprobation face à cette alliance. Mapinduzi n'y fit pas attention. Où trouver la nourriture ?

Le reste de la journée fut calme, il le passa au côté de sa compagne. Imani le trouva plus pensif que d'habitude mais il se contentait de lui répéter de ne pas s'inquiéter. Que tout allait bien. Mais il soupirait... Beaucoup. Puis la nuit vint... Et alors que Mainduzi espérait s'endormir paisiblement, il sursauta, sautant brusquement sur ses pattes en entendant un cri de panique. Une attaque ! L'hippotrague se cabra.

- Nirakay ! Wappepo ! Rassemblez tout le monde ! Vigo ! Je veux un rapport depuis les airs, maintenant !

Ordonna-t-il, plus par réflexe que par besoin. Le troupeau était habitué à ce genre de comportement depuis le temps. L'attaquant ne tarda pas à être repéré. Une lionne dans la force de l'âge. Mais seule. Qu'elle stupide idée ! Elle avait prit pour cible une hippotrague âgée trainant un peu la patte. Qu'elle surprise pour la chasseresse qui croyait pouvoir abattre sa cible tranquille de croiser le chemin d'un ongulé adulte en plaine possession de ses moyens.

*Crack !*

Fit son crâne au premier coup de sabot. Puis un autre craquement, une patte brisée, puis un cri d'agonie... Qui s'éteignait petit à petit, bercé par le bruit de côtes qu'on brise, de vertèbres qu'on broie.

Lorsqu'il fut certain de sa mort, Mapinduzi laissa redescendre la pression, fébrile. Déjà, le troupeau se remettait en ordre pour se reposer... Malgré cette frayeur, tous semblait de nouveau se sentir en sécurité. La menace avait été géré, vite et bien. ... Où trouver cette nourriture ? Le regard de l'hippotrague s'attarda sur la carcasse broyé. De la viande reste de la viande...

~~~~

Le reste de la nuit fut calme... Et au première lueur de l'aube, le cadavre du félin fut ramasser par Mapinduzi qui le plaça sur son dos, à l'abri des regards, avec l'aide de ses lieutenants. Et sans perdre d'avantage de temps, il retourna vers ses possibles alliés au galop. Sa route croisa bien vite celle d'un éclaireur et il fut conduit au même endroit que la veille. Il ne fit pas attention à qui se trouvait dans les parages, si la chef de meute était là ou si on était parti la chercher. L'hippotrague se contenta simplement de laisser tomber le cadavre fracturé au sol, attendant un verdict.

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Roah semblait un peu réticent à cette alliance. Enfin, un peu ? Non, totalement réticent! Pour lui, les motivations des deux clans étaient très différentes. L'un voulait qu'on lui foute la paix, l'autres voulait la vengeance. Autant Uasi comprenait son point de vue, autant vu les entraînements que Shasta faisait subir à la meute n'était pas dans le but de la paix non plus. Mais qui voudrait réellement la guerre pour la guerre ? La femelle ne répondit pas à son frère et observa ce qu'il se passait. Son frère avait clairement prit position, mais elle faisait confiance au jugement de Shasta. Et pour l'instant, elle se disait que cette alliance serait surement bénéfique.

Finalement, le choix fut fait. L'hippotrague devrait ramener à manger à la meute. Le sous entendu voulait que se soit de la chair de lion au menu. Et de toute façon ... L'herbivore aurait-il prit la vie de l'un des siens pour nourrir la meute ? Certainement pas. Quoi qu'il en soit, l'animal prit congé et peu à peu, les hyènes qui n'étaient pas conviés au conseil s'en allèrent aussi. Ainsi, Uasi s'en alla, après avoir tapoter l'épaule de son frère pour qu'il la suive.

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Ce matin-là, Uasi était déjà réveillé depuis longtemps ... en fait, autant dire que sa nuit avait été très courte. Elle avait dû se rendre à la frontière avec prideland pour chercher des herbes. Et elle ne pouvait se permettre de le faire que la nuit, histoire d'éviter les problèmes. Avant, elle s'éloignait un peu plus sur le territoire, mais à présent, après l'avertissement de Shasta, elle devait se contenter de traîner très proche de la frontière pour éviter les problèmes. Elle avait d'ailleurs commencé à planter des graines de ses fameuses plantes sur leur territoire en espérant ne plus devoir traverser. Mais il était encore trop tôt pour savoir si ça avait fonctionné.

Traînant sa branche remplie d'herbe, Uasi remarqua une activité étrange à la frontière. Des hyènes se pressaient vers un hippotrague. Alors comme ça il avait réussi? Elle pressa le pas et abandonna son chargement à quelque pas du cercle qui se formait pour venir voir elle-même. Le résultat aurait pu lui donner la nausée tellement il était désastreux. Une lionne avait passé un très sale quart d'heure sous ses pattes. Elle baissa les oreilles en le regardant, apeurée. Si il savait défoncer un lion de la sorte, il pourrait en faire autant avec eux!

Elle redressa vite ses oreilles en entendant Shasta arriver. Elle semblait au courant que le cadeau serait livré aujourd'hui. Et elle était satisfaite de sa qualité. Mais elle aussi semblait penser que la rage de l'herbivore pourrait être dangereuse. Uasi chercha son frère du regard dans l'assistance pour constater qu'il n'était pas loin d'elle. Comme quoi, il n'avait peut-être pas si tord de se faire du soucis au sujet de cet animal. Shasta pensait de même!

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Je pensais manquer une partie du dialogue et m'était décidé à avancer un peu dans la foule. Je me faufilais comme je pouvais pour m'approcher du premier rang. Plusieurs hyènes me jetait des regards outragés avant de se détourner et de fixer à nouveau leur attention sur « l'action » se déroulant dans le cercle formés par les curieux. Je me trouvais non loin d'Uasi et son frère, Roah. Il était tout les deux en pleine conversation sur la possible alliance. Roah ne semblait pas très convaincu par l'utilité ou le bien fondé d'une alliance avec les hippotragues.

Mon regard revenait sur les hauts gradés quand Zar'roc répondait au signe visuel de Shasta. Il semblait vouloir un lien en offrande. Le deuxième lieutenant semblait aller dans le sens de Zar'roc mais avec des mots plus élaborés. Il y avait comme un accord conclu. L'hippotrague allait revenir une fois qu'il aurait en patte ce que nous attentions. Ce que Zar'roc et Shasta voulait, un p'tit lion. Sur ces mots, il faisait demi tour et parti d'abord lentement avant de finir au galop. Par la suite, progressivement, l'assemblée s'était dissoute. Je retournais à mes gravures pendant que certains se moquait de moi ou m'ignorer simplement. Je commençais à m'en accommoder.

Le lendemain matin, le chef des hippotragues était de retour. Il transportait un lion mort qu'il se déchargea bien vite. Plusieurs hyènes, l'eau à la bouche, se mettait tout autour prête à y croquer un morceau. Je restais bien à l'écart, ayant peur que le monstre félidé se réveille de sa sieste. On ne sait jamais.. Tout était possible.

Je détournais bien vite mon regard de la carcasse du lion, plus intéressé par l'arrivée de la dominante. Shasta semblait très ravie par l'offrande de l'herbivore. L'accord allait sûrement être conclu et nous entraîner dans une alliance à long terme. Avant d'accepter l'accord, Shasta demandait plus ample informations sur les intentions de son interlocuteur.

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