C’est avec amertume que tu quittais le Désert. Tu aurais adoré faire la peau à cette vipère, mais Chombo Hiki en avait décidé autrement. Il t’avait donné une bonne leçon en commandant à la lionne de te lancer cet avertissement physique. Ainsi il voulait que tu te renforces encore plus afin que tu puisses battre n’importe quel Jangowa. Car oui, les Jangowas étaient les guerriers les plus renommés de la Terre des lions. Chombo Hiki te prévenait : tu étais trop faible pour affronter Soto maintenant. Tu étais vraiment mécontente, comment faire pour maximiser tes compétences au combat ? Toutes ces années de sacrifice n’avaient donc servies à rien ? Non, c’était impossible que Chombo Hiki te passe ce message. Il connaissait les progrès que tu avais fait, il voulait simplement te tester.

C’est donc en ruminant que tu entras dans les Gorges, frontière entre le Désert et le royaume de Prideland. Un léger sourire mauvais se dessina sur tes babines. De nombreux défis t’attendait là-bas, tu en étais sûre car ce territoire était le plus peuplé de toute la Terre des lions. Nombreuses allaient sûrement être tes rencontres et donc, tes obstacles. Tu menais ta carcasse, grondant à chacun de tes pas. Tu avais faim, peut-être était-ce pour cela que Chombo Hiki avait voulu te donner cette leçon. Il voulait que tu prennes des forces. Tu ne pouvais, cependant, concilier chasse et entraînement, c’était soi l’un, soi l’autre. C’est pour cela que tu te nourrissais souvent de charognes, comme ces abruties de hyènes. Or, les charognes étaient rares. Tu t’attaquais, également, de temps en temps, aux charognards, bien plus accessible avec un appât. C’est ce qu’il se passa dans les gorges. Tandis que quelques vautours étaient rassemblés, dévorant goulûment la carcasse d’un vieux zèbre, tu profitas de l’effet de surprise pour bondir sur l’un d’eux. Tous s’envolèrent, paniqués, sauf un. Un dont l’aile se trouvait, à présent, bloquée sous tes griffes. Il piaillait, piaillait si fort que tu laissas échapper un rire fou. Tu aimais ce cri de souffrance, de détresse. Tu aimais tellement cela que tu voulais faire durer le plaisir, imaginant Soto à la place.

Susceptible de choquer les plus jeunes (-16):

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Tandis que ta folie ne te laissait aucun répit, quelque chose vint te percuter. Redressant vivement la tête, tu te retournas et tu croisas le regard apeuré d’un petit être au pelage sablé. Pelage que tu distinguais malgré le ciel qui s’assombrissait au fur et à mesure. Tu fis immédiatement le lien. Ce jeune lion ressemblait assurément à ton cousin, Fahari. Comment était-ce possible ? Qu’est-ce que Chombo Hiki voulait te faire comprendre en t’envoyant cet enfant ? Enfant qui, par ailleurs, détala à toute vitesse en hurlant.

Tu t’élanças alors à sa poursuite, lui criant de revenir. Ta voix n’était pas menaçante, au contraire, elle était pleine de désespoir. Ton esprit se remplissait de tristes souvenirs que tu gardais au plus profond de toi même et qui remontèrent malgré toi. Bien entendu, tu étais bien plus rapide que le jeune lion et tu ne tardas pas à le rattraper, lui barrant la route.

«N-n’aies crainte, jeune lion. Qui es-tu ? Réponds ! Un fils du Désert ? Comment est-ce possible ? Fahari est mort ! Où est-il ?!»

Tu tremblais. Tu regardas rapidement tes pattes, comprenant ce qui effrayait le petit sablé. Tu te contentas de ramasser tes griffes, ne pouvant rien faire contre le sang qui souillait ton pelage.

«J-je ne voulais pas te faire peur. Je suis désolée… Je t’en prie, restes quelques instants avec moi, sang de mon sang.»

Tu t’allongeas alors pour te mettre à la hauteur du petit bonhomme. Tu étais émue… qu’il était beau ! Un digne descendant des Hiki, tu en étais persuadée.

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Le lionceau avait clairement la trouille. L’effroi se lisait dans ses yeux embués de larmes et dans sa posture tremblotante. Tu ouvris la bouche, puis la referma, ne sachant vraiment que faire pour le calmer. Malgré sa peur, le petit répondit à tes paroles. Il te signala difficilement qu’il ne connaissait guère ton cousin. Comment était-ce possible ? Il était son portrait craché, il le connaissait forcément ! Tu lâchas une sorte de rire nerveux, essayant de te calmer. Le lionceau t’avait donné une réponse que tu ne voulais pas entendre et tu ne souhaitais surtout pas que cela se reproduise.

Tu regardas rapidement les étoiles qui commençaient à peupler le ciel, interrogeant silencieusement Chombo Hiki en continuant de laisser échapper un rire qui ressemblait plus à des étranges gémissements. Tu reportas alors ton attention sur la petite boule de poils sablée et le questionna sur son identité :

«Qu-qu-quel est ton nom, mon enfant ?»

Sincèrement, tu ne souhaitais absolument pas lui faire du mal. Cependant, tes réactions étaient tellement imprévisible qu’il était impossible de savoir encore à quelle sauce allait être manger le petit lion, surtout dans cet état de nervosité. Ta queue balayait le sol sans cesse depuis un moment, traduisant l’état électrique dans lequel tu te trouvais.

N’en pouvant plus d’attendre des réponses, tu décidas, une nouvelle fois de la questionner tout en lui apportant un semblant de réponse. Après tout, le lionceau avait peut-être été kidnappé à sa naissance et ne se souvenait plus de rien… ou alors il était peut-être une réincarnation de Fahari qui ne se rappelait plus de sa vie antérieure… Comment découvrir de telles choses ? Le petit lion ne pouvait guère s’en souvenir. Le seul moyen d’en tirer quelque chose était qu’il te mène à ses parents, eux-seuls pouvaient te raconter l’histoire du sablé… que ce soit ou non sous la contrainte.

«F-f-fahari… tu lui ressembles tellement mon garçon. Mon regretté cousin… plus que cela, un frère ! T-tu fais parti de notre lignée, impossible qu’il en soit autrement.» Tu fis une pause, regardant le petit encore plus intensément. «T-t-tu es sans doute trop petit pour t’en souvenir… MENES-MOI A CES IMPOSTEURS QUE TU APPELLES ‘PAPA’ ET ‘MAMAN’ !»

Oui, clairement cette situation te mettait mal-à-l’aise et en colère contre ces lions qui estimaient être les parents de ce petit ange. Il fallait que tu les rencontres, que tu les tortures si il fallait ! Mais il fallait qu’ils te comptent ce qu’ils savaient sur Fahari et, éventuellement, tu reprendrais le petit afin qu’il vive avec sa vraie famille.

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Qu’elles étaient donc ces inepties que le petit sablé te racontait ? Ainsi, la vermine qui l’avait kidnappé était un sans crinière et une Pridelander. Mais quelle honte ! Ton père t’avait donc mené à lui pour cette raison : il fallait que tu récupères le lionceau et, éventuellement, que tu donnes une bonne leçon à ces imbéciles qui se croyaient tout permis. Toute cette histoire te mettait hors de toi et tu te mis à trembler en grognant, sortant tes griffes.

Cependant, tu t’adoucis considérablement lorsque le fils des sables posa sa petite patte sur la tienne. Tu étais bouche-bée, lui qui avait si peur l’instant d’avant risquait un contact avec toi. Alors tu le regardas, des étoiles plein les yeux, tu te surpris même à ronronner, chose qui n’était pas arrivé depuis des lustres !

«Mon petit, je te promet de te sortir de là ! Jamais ils n’auraient du te kidnapper, regardes dans quel état tu es… dans quel état ils t’ont mis !» Tu fis une pause, te redressant légèrement afin de lui caresser la tête de ta patte. «Mais je reconnais bien en toi le courage de notre famille. Tu as toutes les raisons d’avoir peur… de moi. Mais n’aies crainte, il ne t’arrivera rien, je te protégerai au péril de ma vie.»

Ainsi, tu regardas autour de toi afin d’être sûre de n’être guère dérangée. Tu te redressas alors pleinement, le toisant de toute ta hauteur, avant de le prendre délicatement dans ta gueule sanglante et te mettre en marche. Tu avais enfin retrouvé un membre de ta famille, un espoir… .

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Le lionceau gigotait fortement dans ta gueule, mais tu n’en avais cure. Bientôt, il aurait totalement oublié ces imposteurs qui l’avait kidnappé. Tu prendrais grand soin de ce petit ange tombé du ciel et tu retrouverais le restant de ta famille. Une fois Soto assassiné de ta patte, vous pourrez tous vivre heureux pour toujours. Il aurait toujours du en être ainsi et cela faisait bien longtemps que l’espoir n’avait pas été aussi fort dans ton cœur. La lignée perdurait et perdurerait, ce petit lion en était la preuve.

Tandis que tu continuais à avancer tout en étant dans tes pensées, la petite boule de poils que tu tenais par la peau du coup t’interpella en te reconnaissant comme un membre de sa famille, pour la première fois. Tu étais attendrie, il avait enfin compris la méprise dans laquelle il avait sûrement vécu depuis tout petit et cela te ravissait au plus haut point.

Cependant, l’idée que t’exposa le lionceau te déplut. En effet, tu ne pouvais guère risquer d’aller rencontrer ces « faux parents » pour les remercier. Cette suggestion était très louable de la part du lionceau qui estimait ne pas avoir été maltraité par eux, mais tu ne pouvais accéder à sa requête.

«Che suis décholée, ch’est impochible. Ils 'ont 'ouloir te reprendre à moi et chela est inconche'able… comprends-tu ? Che comprend que tu te crois rede'able en'ers eux, mais che ne leur fait pas confianche et Chombo Hiki non plus… che chont des 'oleurs de lioncheaux !»

Après cette difficile élocution due au transport du petit lion sablé, tu accéléras le pas. Voyager de nuit serait plus facile pour amener le jeune en sécurité.

«Dors mon petit, il faut que tu chois en forme, nous a'ons du chemin à faire.»

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Ce que le lionceau te confia te sidéra, ainsi, il y avait un second lionceau de la lignée de Valaka ! Tu t’arrêtas net, posant le sablé à terre et te plaquant sur le sol pour te mettre à sa hauteur. Disait-il la vérité ? Oui, certainement ! Une petite fille semblable à ce petit ange… oh mais quel bonheur ! La lignée de la sœur de ton père avait perduré pleinement, quelle joie !

«U-une petite sablée ? C-comme toi et… moi ? Oh, mais c’est merveilleux ! Si… merveilleux ! …» Eh mais… tu ne connaissais pas encore le nom du lionceau et c’était l’occasion de demander celui de sa sœur également ! «Comment t’appelles-tu mon garçon ? Tu ne m’as toujours pas répondu… et ta sœur ?» Tu décidas alors de te présenter toi aussi, il devait savoir qui tu étais après tout ! «Je suis Dhalahi, mais ne te dérange pas, appelles-moi ‘Tata Dhala’. Oh ! Chombo Hiki doit être si fier de moi ! Hein père que tu es fier de moi ?»

Tu regardas un instant le ciel étoilé en souriant. Tu étais si émue, la famille allait bientôt être réunie et tu en avais les larmes aux yeux. Tu reportas alors ton attention sur le petit sablé, comment faire pour reprendre la petite ? Il fallait absolument que tu ailles au front, oui… mais comment faire avec son frère dans les pattes qui risquait probablement de se faire, une nouvelle fois, kidnapper par ces imposteurs ?

«Ecoutes-moi, il faut que tu m’indiques le chemin. Lorsque nous serons là-bas, il faut que tu me promettes de rester cacher pendant que je vais chercher ta sœur, compris ?»

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