hey sister

do you still believe in one another

Même que Mateso, il a une jolie couleur rousse que personne au repère n'a. Mateso, c'est mon ami, c'est un des orphelins. Quand je me fâche avec eux, les nourrices, elles me disent toujours que les orphelins c'est un peu tous mes frères et que c'est vraiment très vilain de se fâcher avec ses frères. Alors Mateso, c'est un peu comme mon frère. Mateso, il a bientôt un an, il est très grand, mais il a même pas encore de mèche comme les autres grands lionceaux qui ont un an, alors ça le fait un peu bouder mais c'est tellement drôle quand il boude. Mateso, c'est mon ami, c'est notre frère à tous, mais il est un peu pénible, des fois, alors on se dispute. Ce matin, on a failli se disputer parce qu'il m'a réveillée très tôt quand le soleil commençait juste à se lever, et même qu'il m'a dit qu'on partait à l'aventure. Moi j'ai pas voulu, je voulais rester avec Limau, les nourrices et les autres, et puis je voulais surtout me remettre à dormir. Alors il a grogné et il est parti tout seul, comme ça. J'ai eu peur pour lui alors je l'ai suivi. J'aurai jamais dû le laisser partir. On a marché pendant longtemps, jusqu'aux montagnes humides de l'autre jour, et puis il a voulu aller voir derrière les grandes montagnes. Je savais, moi, qu'il faut pas y aller. C'est dangereux.

« Reviens... Aller, reviens... Il faut rentrer. Je le suivais même si j'hésitais un peu. Il marchait vite devant moi. Maman me disait toujours qu'il fallait jamais venir jouer ici, c'est dangereux... Il disait rien, alors j'ai continué. Tu sais à quoi ça ressemble, une hyène ? Même qu'il a fait non de la tête et qu'il s'est arrêté pour me regarder. Moi non plus, mais je peux te dire que c'est très moche et donc que c'est forcément très vilain. Il faut rentrer... »

Il m'a dit qu'il voulait voir les hyènes et les serpents, et puis même les crocodiles. Il m'a dit qu'il voulait plus être un orphelins de Freeland, qu'il voulait pas être guerrier mais qu'il voulait être un grand aventurier et que les grands aventuriers doivent connaître tous les endroits de la terre des lions, et même tout le monde entier. Il m'a dit qu'il voulait partir très loin, qu'il voulait voyager jusqu'à l'horizon et plus jamais revenir, et il m'a même dit que son voyage allait commencer ici. Et moi je l'écoutais, je le suivais, j'essayais à chaque fois de le faire rentrer à la maison, et plus il parlait, plus c'était effrayant autour de nous. C'était tout gris, tout sombre et poussiéreux. Il y avait de la poussière dans nos pelages alors que les nourrices nous avaient donné un bain juste hier, et de la terre entre nos doigts et sur nos coussinets. Même que marcher, ça faisait mal aux pattes et qu'il faisait froid ici. On n'était même plus à Freeland, j'en suis sûre. Peut-être même qu'on était très, très loin du Repère et qu'on pourrait jamais revenir. Il y avait des os partout et ça faisait peur, et je tremblais. Mateso, lui, il était tout content, il voulait tout explorer, alors je me suis assise et j'ai plus bougé, et quand il m'a dit de venir je l'ai même plus écouté.

« Oh, et puis zut, tu m'ennuies ! Fais ce que tu veux, moi je m'arrête ici. Je crois bien que je vais rentrer, et que je vais te laisser tout seul. Je n'aime pas les endroits qui font peur ! Tu peux bien pleurer ou te perdre, ne plus jamais revenir ou bien même mourir, je m'en fiche ! Je ne réponds plus de rien. Même que je reprends mon souffle. Va, ça m'est égal, tu peux bien mourir, je t'ai prévenu ! »

Alors Mateso, il s'est mit à bouder comme il le fait bien toujours quand on le gronde. Parce que je l'avais grondé, il faut gronder ceux qui sont désobéissants. Il a gonflé ses joues, et même hérissé son pelage roux tout plein de poussière. Il m'a dit de venir, il m'a même dit qu'il serait plus mon ami si je venais pas avec lui, et qu'il serait même plus mon frère. Alors je lui ai répondu que je m'en fichais et que je voulais pas de frère têtu comme lui. Il avait les yeux tout plein de larmes, il est parti en courant. Quand il a couru, il m'a fait tousser et éternuer parce qu'il a mit plein de poussière avec ses pattes, et quand j'ai rouvert les yeux il était même plus là. Peut-être qu'il était déjà très loin et qu'il pensait même plus à moi, ou peut-être bien qu'il pleurait. C'est de sa faute, et un peu de la mienne aussi. Alors je me suis retournée avec l'air toute triste, en baissant la tête et les oreilles, et puis c'est là que j'ai commencé à avoir peur parce que je voulais retourner en arrière mais je savais même plus par où on était arrivés. Alors je me suis mise à couiner, comme ça, pour que quelqu'un vienne me chercher, et je me suis toute recroquevillée en boule contre un os creux. Même qu'ici, c'est pas beau comme à Freeland, y'a même pas d'herbe, il fait froid et la poussière pique le nez et fait éternuer. Je veux rentrer à la maison.

[H.S: Ne t'en fais pas, c'est super. :3]

hey sister

do you still believe in one another

Moi j'aime pas la poussière. Ça irrite les yeux et puis ça donne des allergies. Et ici, de la poussière, il y en avait tout plein. Je suis même plus sûre qu'on était encore à Freeland, parce que Freeland c'est vraiment très joli et qu'ici c'est très moche. A Freeland, la poussière sent bon parce que c'est celle qu'on respire, dans le Repère, quand on fait notre sieste l'après-midi. Et c'est si doux de faire la sieste tous ensemble l'après-midi, parce qu'après on sait que c'est l'heure du goûter et je crois que l'heure du goûter c'est toujours le meilleur moment de la journée. Je crois bien même que c'est le seul moment où personne se dispute parce que personne voudrait gâcher le goûter. Et puis il faut dire aussi qu'à l'heure du goûter on est encore tous un peu endormis. Et c'est tellement doux. Alors je me dis que Mateso, s'il devient un grand aventurier, il aura plus d'heure du goûter avec les autres orphelins, et ça me rend si triste que mes oreilles se baissent toutes seules comme quand je fais une très grosse bêtise. Et puis, d'un coup, comme ça, j'ai sursauté très fort quand j'ai entendu quelqu'un. Alors j'ai hérissé un peu mon poil et j'ai sorti les griffes, parce qu'on sait jamais, mais je suis quand même restée très polie parce que les nourrices disent toujours que c'est important d'être poli.

« Bonjour... Il faut toujours commencer par dire Bonjour, sinon c'est malpoli. Ça sent très mauvais, ici. C'est toujours comme ça chez toi ? J'ai un peu baissé les oreilles et j'ai rougi. Je l'ai peut-être vexé. Tu sais, un jour j'ai vu de l'herbe jaune qui piquait le ventre et puis j'ai vu des montagnes où il faisait tellement chaud qu'on étouffait... C'était désagréable. »

J'avais un peu peur parce que j'étais très loin du Repère et que je pourrais pas rentrer à la maison très vite si elle m'attaquait. Alors je la regardais comme ça, du coin de l’œil, et puis je baissais les yeux parfois comme quand on est timide. C'était une lionne mais j'osais pas trop la regarder. Elle avait des yeux verts très beaux et une mèche comme les garçons, c'était rigolo. Et puis j'ai moins eu peur tout à coup, parce qu'elle était encore toute petite et que c'était pas encore une adulte. Les nourrices disent que c'est quand on est plus un bébé mais qu'on est pas tout à fait une grande-personne. Elles disent que ça s'appelle l'adolescence et que, à cet âge-là, les mâles sont tous stupides juste parce qu'ils commencent à avoir de la crinière. Moi je dis que même avant, les garçons c'est toujours stupide. Même que la lionne, devant moi, elle était même pas adulte et puis c'était une femelle alors elle pouvait pas être trop dangereuse. Les nourrices disent que les adolescents sont bêtes, mais qu'ils sont jamais méchants. Moi je trouve qu'ils sont toujours rigolos quand ils veulent bien jouer avec nous. Et puis après ils deviennent des grandes-personnes et alors c'est beaucoup moins drôle.

« Chez moi, c'est le meilleur endroit du monde... Alors je me demande bien pourquoi il a voulu partir. Je suis restée un peu silencieuse et puis j'ai dit. Tu es une aventurière, toi aussi ? »

J'ai levé les yeux vers elle parce qu'elle était beaucoup plus grande que moi même si elle était plus petite que les adultes. Et puis j'ai un peu éternué et j'ai toussé encore une fois à cause de la poussière. Même que mes yeux étaient tous mouillés et plein de larmes à force d'éternuer. C'était nul, ici, et c'était tellement mieux au Repère avec tous les autres. Les adolescents sont gentils, je suis sûre qu'elle peut me dire par où aller pour rentrer à la maison. Ici, ça sent très mauvais, et puis il fait un peu froid, et ça fait très peur aussi. Ici, on a toujours l'impression que quelque chose nous regarde, ça fait hérisser le poil et ça rend nerveux. Je veux rentrer à la maison. Avec Mateso. Peut-être que si je l'attends encore un peu ici il va se rendre compte qu'il est bête, qu'on n'est jamais mieux ailleurs que chez soi et qu'il faut rentrer, maintenant. Alors peut-être qu'il va faire demi-tour et qu'il va revenir. Peut-être qu'il va réapparaître, comme ça, et me dire qu'il avait eu tort, que j'avais raison et que c'est tellement mieux de rester au Repère avec tout le monde.

hey sister

do you still believe in one another

Maman, elle disait que les hyènes sont vraiment très affreuses. Elle me disait même qu'elles mangent les petits enfants et qu'elles peuvent attaquer à plusieurs un lion pour le tuer. Et quand on attaque à plusieurs c'est bien la preuve qu'on est vraiment très lâche. Maman disait que les hyènes sentent vraiment très, très mauvais, comme cet endroit, elle disait qu'elles sont sauvages et bêtes, et puis qu'elles sont toujours très méchantes. Maman, elle disait que les hyènes rient toujours comme des bécasses et qu'elles rient de tout et de rien, parce que tout les amuse. C'est gai de rire de tout et de rien, même que ça nous arrive souvent avec Limau. Même que les nourrices disent qu'il vaut mieux nous voir rire que pleurer. Mais les hyènes, quand elles rient, c'est toujours méchant, elles se moquent tout le temps, elles sont vraiment très vilaines. Moi j'aime pas les hyènes, même si je sais même pas à quoi elles peuvent bien ressembler et je crois que j'ai même pas envie de savoir. Maman les aimait pas non plus et je sais qu'elle a bien raison. Elle m'a dit que les hyènes étaient vraiment très, très moches et qu'elles mangeaient des animaux morts depuis longtemps comme les vautours. Et elle a toujours raison, ma Maman. Quand la lionne devant moi a parlé du Grand Nord, je me suis rappelée de ce que disait Maman.

« C'est pas vrai... Ils ne sont pas tous comme ça. Je pensais à mon papa. Est-ce que tu as vu mon copain en venant ici ? Il est roux comme l'argile et il est peut-être en danger à cause de tes hyènes. Elle m'avait un peu inquiété. Je me disais bien qu'ici c'était trop moche pour qu'on soit encore à Freeland. »

Mon Papa n'était pas sage. Maman disait que c'était toujours un grand enfant. Maman disait aussi qu'il était têtu et capricieux, mais qu'il était doux et candide. Il était simple et naïf, elle me disait qu'il était tellement différent des grands sages du Royaume du Nord. Mon papa n'a jamais été sage. Il n'en faisait toujours qu'à sa tête et il n'écoutait jamais personne. Il était pas turbulent, mais c'était un étourdi et il ne faisait jamais attention à rien. Il désespérait tout le monde et personne n'avait d'espoir en lui. Mon Papa, il faisait rougir de honte ses parents alors que ma Maman faisait gonfler d'orgueil les siens. Ma Maman, c'était une Reine, et lui, c'était le vilain petit canard de son clan. Et pourtant, Maman avait toujours les yeux qui brillaient et le cœur qui battait très fort quand elle me parlait de Papa. Elle souriait rien qu'en pensant à lui alors je me dis que ça doit être vraiment très beau et très doux d'être amoureux. Et même que je suis très fière de mon Papa quand je me dis que, parmi des millions et des millions d'autres lions, c'est le seul dont ma Maman est tombée amoureuse. Quand la lionne devant moi s'est assise, j'ai un peu reculé parce que j'aime pas être trop près des inconnus, c'est pas prudent. Même quand c'est juste des adolescents.

« Tu me fais même pas peur. Et tu n'es même pas importante pour tout le monde. Sinon tu ne serais pas toute seule. On ne laisse pas tout seul ceux qui sont importants pour nous. D'ailleurs il y a mes copains, au Repère, qui m'attendent, parce que je suis importante pour eux. Et il faut que je rentre parce qu'ils sont importants pour moi. J'ai soupiré et puis je l'ai regardé. Il y a des gens qui t'attendent, chez toi ? »

Son clan, il pouvait pas être craint et redouté parce que même moi j'en avais même pas peur, d'abord. Il y a des choses bien plus effrayantes, comme les serpents par exemple. Un clan peu connu, c'est si faible. Et elle est faible aussi, toute seule. Chez moi, au Repère, il y a les nourrices qui doivent être mortes d'inquiétude, et puis il y a les autres orphelins qui m'attendent pour jouer à la bagarre comme on fait tout le temps. Il y a surtout Limau, peut-être qu'il a très peur pour moi. Je sais, moi, qu'à sa place, j'aurais très peur pour lui mais je sais aussi que Limau il serait même pas parti sans moi...je crois. Et puis au Repère, il y a peut-être aussi Monseigneur le Roi Sharkan. Ou peut-être qu'il est parti. C'est très occupé, un Roi, ça doit s'absenter très souvent pour faire plein de trucs de rois mais je sais pas vraiment très bien ce qu'ils font. Quand je demande aux nourrices ce que fait Sa Majesté, elles veulent jamais me répondre. Je suis sûre qu'elles ne savent pas. C'est tellement mystérieux, un Roi...

hey sister

do you still believe in one another

La lionne devant moi, elle avait l'air un peu triste quand elle a dit qu'elle avait tout perdu. Même que je connais, moi, une Reine qui a tout perdu, comme elle. C'est Maman. Et c'est utile de tout perdre, ça rend fort. Maman, quand elle a tout perdu, elle a tout reconstruit, sans pleurer, sans baisser les yeux. Ma Maman, elle a toujours su rester digne. Ou bien peut-être qu'elle a juste jamais apprit à pleurer. C'est comme ça que je veux être quand je serais une grande-personne, moi aussi. Son papa, il lui disait toujours qu'une Reine ne pleure pas. Une Reine affronte les malheurs sans bouger d'un poil. Alors Maman faisait ce que lui disait son papa. Il était très dur, le papa de Maman. Et puis on a entendu quelqu'un rigoler, d'un seul coup, comme ça, et ça faisait vraiment très, très peur. Alors j'ai baissé les oreilles et je me suis plaquée au sol, avec le cœur qui bat très fort comme s'il voulait s'échapper et le souffle coupé tellement c'était effrayant. Il y avait une silhouette très loin et j'ai même pas pu voir à quoi ça ressemblait, une hyène, parce qu'il y avait plein de poussière et que la lionne m'a prise, comme ça, dans sa gueule, et qu'elle s'est mise à courir très vite. Quand elle m'a posé, j'ai bondit sur mes pattes, comme ça, et puis j'ai commencé à courir vers là où on a vu la hyène.

« Je dois pas m'en aller. Je dois rester ici. Mon copain... Il est parti par là-bas, mais il va rentrer j'en suis sûre, parce qu'on revient toujours d'où on vient. J'ai regardé derrière moi et puis j'ai dit. Si on s'en va, comment il va pouvoir retrouver son chemin ? Il faut que je reste. »

Je me suis arrêté et puis je me suis retournée vers la lionne, puis je me suis retournée encore vers là où il y avait la hyène. Et puis je me suis dit que peut-être Mateso était en danger. Peut-être même bien qu'il était déjà mort. Je sais pas vraiment très bien ce que c'est la mort, mais je sais qu'on peut mourir si les hyènes nous voient et que Mateso a une couleur toute rousse alors c'est si facile de le repérer. Il faut que je le sauve, les hyènes vont le tuer et le manger s'il reste tout seul. Si on est deux, on peut se protéger, parce que si je suis là il pourra rien lui arriver. Je protégerai toujours les autres orphelins. Parce que ce sont comme mes frères et mes sœurs. Et puis, quand je serais grande, je serais une guerrière. Et même que les guerriers, leur devoir, c'est de protéger Son Altesse et le Royaume, c'est les grands qui le disent. Quand on sera grands, on deviendra des héros. Alors comment je peux faire, moi, pour protéger tout un Royaume si je peux même pas protéger un de mes frères ? Il faut que je le sauve, c'est mon ami. Il a besoin de moi et même qu'il faut jamais laisser tomber ses amis.

« Il faut pas que tu t'inquiète. Je suis petite, je peux me cacher dans un petit trou si elles me chassent. Et elles pourront pas m'atteindre pour me manger. Puis je l'ai regardé des pattes à la tête. Mais toi tu es trop grande pour te cacher dans un trou. Rentre chez toi. Ta Maman doit s'inquiéter. Il faut pas inquiéter les Mamans, elles se font tellement de soucis pour nous. »

Même que ma queue fouettait l'air pour bien montrer que j'étais sûre de moi et que j'étais très sérieuse, et même qu'il fallait qu'elle m'écoute parce qu'il faut toujours écouter ceux qui sont très sérieux. J'avais les sourcils froncés pour qu'elle voie bien que j'étais pas en train de rigoler, c'est important. Si je me cache en plein milieu de ces millions et ces millions de petits os partout, alors les hyènes auront du mal à sentir mon odeur et même qu'elle me verront presque pas. Il y a tellement de poussière sur mon pelage que même mes poils blancs sont devenus gris et si je ferme mes yeux on peut plus voir à quel point ils sont vilains. Je peux survivre, moi, parce que je suis petite. Mais elle, elle est trop grande pour se cacher, et son odeur est trop forte pour la masquer, elle se ferait si vite repérer. Il faut qu'elle s'en aille, sa Maman doit avoir très peur pour elle. Elle a tellement de chance d'avoir une Maman. Même que si ma Maman à moi était même pas exilée, je la laisserais jamais toute seule. J'aurais trop peur de la perdre encore une fois. Si la lionne meurt, alors sa Maman sera tellement triste qu'elle va pleurer. Et il faut jamais, jamais faire pleurer les Mamans...

hey sister

do you still believe in one another

Quand la lionne elle a mit sa patte devant moi, je me suis arrêtée d'un coup et puis j'ai posé mes petites fesses sur le sol, comme ça, et même que je me suis écroulée tellement fort que j'ai fait s'envoler un peu de poussière, parce que même que je commence à être une grande fille et que je deviens un peu lourde. Mais juste un peu parce que les grandes-personnes elles disent que je suis un bébé encore. J'aimerais bien être très lourde comme les adultes, comme ça les nourrices elles pourront même plus me porter par la peau du cou pour m'obliger à les suivre ou à aller au coin quand je veux pas obéir. Quand je serai grande et lourde, je pourrai poser mes fesses sur le sol et plus bouger du tout et même que personne pourra m'obliger à aller quelque part quand j'aurai pas envie. J'ai un peu baissé mes oreilles et alors j'ai levé les yeux vers la grande fille qui m'empêchait d'aller où je veux. J'ai un peu couiné et puis j'ai gonflé les joues comme quand on boude, en fronçant les sourcils pour montrer qu'on est pas trop content. Et puis comme ça, d'un seul coup, on a entendu les hyènes qui se moquaient et même que je suis sûre qu'elles se disaient qu'on était des lâches à force de fuir tout le temps. Elles criaient et ça faisait mal aux oreilles. Alors j'ai hérissé mon poil en regardant par où venaient les cris parce que j'étais vraiment super pas contente.

« Tu entends, tu entends ? Elles rigolent ! C'est peut-être pas trop tard ! Il faut que j'aille sauver mon copain, c'est mon devoir et il a besoin de moi. Si elles le trouvent, elles vont l'tuer et le manger ! Tu sais, j'ai été très vilaine avec lui, je lui ai dit que je m'en fichais s'il mourait mais c'était même pas vrai. Puis j'ai regardé encore une fois la lionne. Et tu sais, quand je serai grande, si mon Royaume est à la guerre il faudra que j'y aille, c'est mon rôle, et je sauverai des tas de gens ! Alors je peux bien sauver un tout petit lionceau de rien du tout. Parce que je suis pas une lâche. »

Alors j'ai sauté par dessus sa patte. C'était pas très dur parce qu'elle avait encore une petite patte, pas comme les grandes personnes. Même que c'est joli les petites pattes. Quand je suis retombée sur la terre, après avoir sauté, je me suis écroulée parce que j'ai pas encore trop l'habitude de sauter comme ça très haut et que mes pattes à moi, des fois, elles font pas tout comme je veux. Alors je me suis relevée très vite pour pas que la lionne elle m'empêche de m'en aller et j'ai couru aussi vite que je pouvais vers là où j'avais quitté Mateso. Même que j'étais sûre qu'il était revenu parce que je sentais un peu son odeur malgré que ça sentait mauvais partout, ici. C'était facile de sentir son odeur parce que Mateso, c'était le seul à sentir bon avec l'autre lionne. L'autre lionne, elle sentait tout bizarre une odeur que je connaissais même pas. Mateso, il sentait bon comme au Repère, et je le sentais alors je courais encore plus vite pour le retrouver et lui dire que j'étais désolée d'avoir été vilaine. Et puis je suis retournée là où on était, alors j'ai cherché partout, comme ça, et puis je l'ai vu par terre. J'ai eu très peur, au début, alors j'ai couru vers lui, et puis je l'ai vu. J'ai senti, surtout, parce qu'on voyait pas très bien. Il y avait plein de sang. C'était pas beau. Et il bougeait pas. Il respirait même pas. Alors j'ai tourné la tête vers la lionne qui m'avait suivi. J'avais très peur.

« Que... Qu'est-ce que... A l'aide ! Il... Il faut pas le laisser ici... Alors je me suis faufilée en courant entre les pattes de la lionne parce que les grands ils savent toujours comment faire, et j'ai un peu pleuré aussi. S'il te plaît... Fais quelque chose... Sauve-le ! C'est... c'est pas trop tard. Je suis sûre que... Que... C'est jamais trop tard ! Pas vrai ? S'il te plaît... On... On peut encore le sauver ! Il... Il faut pas le laisser ici ! »

Même que j'avais mes larmes qui coulaient toutes seules sur mes joues et que j'avais du mal à parler à cause que je pleurais un peu. Je savais même pas pourquoi. Même que je pleurais jamais d'habitude. J'ai posé ma petite patte sur la patte un peu plus grosse de la lionne et puis j'ai tourné ma tête vers Mateso. Il avait l'air d'avoir mal. Il avait l'air de mourir. C'était affreux, j'avais peur et j'avais mal dans mon cœur. Ça faisait mal au dedans comme quand Maman a été exilée à cause de sa bêtise. Même que j'avais tellement mal au dedans que j'avais envie de vomir. Et puis ça sentait pas bon. Même que c'était encore pire que l'odeur des hyènes. C'était l'odeur du sang, je l'avais sentie l'autre jour, quand le lion s'était battu avec l'espèce de lionne pleine de tâches bizarres. Mateso, il avait plein de griffures partout, même que c'était encore pire que quand on joue à la bagarre et qu'on se blesse sans faire exprès. Et puis il avait un peu l'odeur de quand on a peur, aussi. Du sang, même que j'en avais jamais vu autant, juste un tout petit peu quand on se fait des gros bobos. Mais là, c'était tout rouge, et ça coulait de partout, c'était très moche. J'avais même pas envie de regarder plus près, alors j'ai enfoui mon museau contre l'autre lionne et j'ai fermé très fort les yeux pour pas trop voir.

[H.S: Non, ne dis pas ça, c'était bien. x3]

hey sister

do you still believe in one another

Après mes larmes, elles ont séché, comme de la magie, parce qu'on se console toujours après qu'on ait pleuré. Et puis je les ai un peu essuyées comme ça, en frottant mon museau dans mes pattes. Il faisait froid, ça faisait hérisser le poil et même que ça donnait des frissons. C'était un peu comme le vent, sauf que le vent c'est doux et puis c'est gentil. Ça, c'était du froid qui faisait glacé, et même que ça faisait froid jusqu'au dedans, là où il y a le cœur. J'ai regardé une toute dernière fois Mateso. Il y avait le vent très froid qui faisait danser ses poils et même que ça séchait le sang. C'était joli mais ça faisait un peu peur, quand même. Quand la lionne s'est levée, je me suis levée aussi parce que c'est nul d'être assis quand tout le monde part, et puis j'ai commencé à marcher parce qu'elle a dit qu'il faut pas rester là. Peut-être même que c'est un peu de ma faute, que j'ai laissé Mateso tout seul et que je lui ai dit que je m'en fichais s'il mourait. Peut-être que les hyènes m'ont entendu. Mais je le pensais même pas. Je voulais pas qu'il soit mort. C'est nul d'être mort, on peut même plus jouer quand on est mort. Et c'est tellement triste de plus jouer. Quand on est mort ça fait froid, comme ça, et on reste froid pour toujours. Et ça fait très mal au dedans, ça donne même plus envie de parler. Il y avait un grand silence, on entendait même plus les méchantes hyènes. Alors j'ai quand même parlé, même si je voulais pas.

« Tu sais... J'ai été vilaine avec Mateso. Je lui ai dit qu'il pouvait bien mourir et que ça m'était égal... J'ai baissé les yeux vers mes pattes. Mais je le pensais pas, hein... Je voulais pas, moi... »

Peut-être que c'est ma faute. Peut-être que c'est à cause de moi qu'il est mort, Mateso. Si j'étais restée avec lui et si j'avais pas dit qu'il pouvait mourir, peut-être bien même qu'il serait encore vivant. Alors j'ai baissé ma tête et mes oreilles, comme ça, et puis j'ai regardé par terre pendant que je marchais. Si ça se trouve, maintenant, je suis une criminelle et plus personne voudra bien jouer avec moi. Quand je vais rentrer, moi, les autres ils vont me demander il est où Mateso. Et moi je vais pas pouvoir leur répondre parce que je serai trop triste et même que j'aurai honte, aussi. Alors j'irai me cacher et je resterai toute seule. Ou bien avec Limau, peut-être. Il est gentil, Limau, il comprend tout même si personne le comprend, lui. Même si je suis une vilaine criminelle, Limau, il sera toujours mon meilleur copain, même que c'est lui qui l'a dit. On a promit qu'on serait toujours amis et les promesses c'est même pas possible de pas les tenir. Même que, comme je regardais même pas où j'allais, je me suis cognée très fort la tête contre un rocher très, très gros. Tellement qu'il était gros, il me dépassait. Alors j'ai levé la tête pour mieux voir et puis j'ai reculé un peu et puis j'ai vu plein de gros rochers tous pareils. Même que ça faisait comme un grand mur et qu'on pouvait même pas passer. C'était bloqué. Les nourrices disent qu'on appelle ça un éboulement, mais là, je suis sûre que c'était fait exprès rien que pour nous embêter.

« Regarde ! C'était un piège ! Puis je l'ai regardé des pattes à la tête. On peut pas passer par là, c'est bouché ! On est enfermée... Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? »

J'ai plaqué très fort mes oreilles contre ma tête quand j'ai entendu les hyènes. Même qu'elles s'étaient remises à rire comme des bécasses et qu'elle faisaient mal aux oreilles alors j'ai grogné très fort pour qu'elles m'entendent comme j'étais pas contente. C'était sûr qu'elles avaient fait tomber les pierres pendant qu'on est allés voir Mateso, c'était juste pour nous piéger et maintenant on pouvait même plus sortir. Peut-être même qu'elles vont attendre qu'on soit toutes mortes de faim pour nous manger après. Alors j'ai froncé très fort les sourcils et j'ai marché tout le long du gros mur plein de rochers pour voir une ouverture. Je suis sûre qu'il y a une ouverture. Même que les hyènes elles sont bêtes alors elles ont même pas pu faire attention s'il y en a une ou pas. Et j'en ai vu, une toute petite, alors je me suis mise devant et j'ai gratté la terre toute pleine de poussière avec mes griffes pour agrandir le passage et pouvoir passer. Sauf que l'autre lionne, elle était trop grande pour passer. Alors je me suis retournée et je l'ai regardé avec mes yeux que je prend quand je boude un peu, pour lui montrer que je la laisserai pas toute seule ici, même si je peux sortir. Quand j'ai laissé Mateso tout seul, il est mort, alors même que je veux plus jamais laisser quelqu'un tout seul.

hey sister

do you still believe in one another

Quand la lionne elle m'a aidé, j'ai commencé à gratter de plus en plus et encore plus fort comme une grande qui a plein de force, mais moi ça faisait que des petites marques. L'autre lionne, même si c'était qu'une adolescente, elle faisait des grandes marques dans le sol et ça faisait un plus grand trou. Alors même que j'ai inspiré très fort, comme ça, et puis que j'ai essayé de creuser comme elle, mais j'y arrivais pas trop alors j'ai un peu arrêté parce que j'étais toute fatiguée. Et ça se voit quand on est fatigué parce qu'on a fait un effort, on est tout essoufflé et ça fait le cœur qui bat très, très vite comme quand on court pendant longtemps avec Limau et puis comme quand on a peur, aussi. Maman elle dit qu'on a le cœur qui bat très, très vite aussi quand on est amoureux, et puis même qu'on bégaie comme un des orphelins même qu'il s'appelle Lugha, même qu'on sait pas trop quoi dire et que ça rend un peu bête d'être amoureux. Maman, elle m'a dit que ça s'était pas passé comme ça, avec Papa. Même qu'elle a dit que c'était rien que pour ça que leur amour c'était le plus beau de tous les amours du monde tout entier, parce qu'il est pas pareil de tous les autres. Quand le trou il a été assez grand pour faire passer l'autre lionne, j'ai couru dedans et je suis sortie et puis alors je me suis tournée vers la lionne et puis même que j'ai rigolé un peu parce que j'étais vraiment très contente.

« Regarde ! Regarde ! Tu peux sortir, aller, viens ! Fais un effort... Et puis je me suis retournée, comme ça, et même que j'ai commencé à sautiller partout comme on fait avec Limau quand on est très, très contents. On est libres ! On est libres ! On va même pas se faire manger ! »

Et puis même qu'alors je me suis mise à courir très vite partout. Même que je suis sûre que la lionne elle me suivait. Je crois. Je voulais pas trop regarder, en fait, parce que même que j'étais tellement contente. Alors j'ai sauté partout et même que le soleil il me faisait un peu mal aux yeux. C'était beau et même qu'il faisait chaud, et même que je savais qu'on était rentrés dedans chez moi parce que ça sentait bon partout et que j'avais envie de me rouler dans l'herbe. Dans le ciel, c'était le soleil qui se couche et ça faisait des belles couleurs partout. Les garçons ils disent que le rose et le orange c'est pour les filles mais moi je trouve que c'est des couleurs très jolies, pas comme le gris et le marron. Et là, le ciel, il était tout rose et orange alors il était joli et même que ça donne envie d'être content quand le ciel il est tout rose et orange. Alors j'avais mon sourire comme ça, celui qui est content. Des fois, j'ai mon sourire de quand je dis quelque chose de méchant et c'est très vilain. Les nourrices, elles disent que ça s'appelle être sacr...sarcat...sarcastique, mais je sais même pas ce que ça veut dire. Même que c'est quand on fait de l'éro...de l'iré...de l'ironie. Mais ça non plus je sais même pas ce que ça veut dire. Comme je courais très vite, j'étais un peu essoufflée mais j'ai quand même parlé très fort à l'autre lionne pour qu'elle m'entende quand même.

« C'était trop cool ! Elles doivent être pas contentes, les hyènes, on leur a donné une bonne leçon ! Ça leur apprendra, elles sont trop méchante. T'as vu, on est trop fortes ! Même que je suis sûre qu'on pourrait sauver le monde rien que toutes les deux même si on est que des filles, d'abord ! Tu sais, je m'appelle... Quand je me suis retournée, elle avait disparu. Hé...t'es passée où ? »

Je me suis arrêtée un peu et puis j'ai attendu parce que peut-être qu'elle était très, très loin derrière mais elle est même pas revenue. Alors j'ai un peu baissé les oreilles et puis j'ai fait une tête toute triste parce que je lui ai même pas dis Au Revoir et c'est tellement triste de ne pas dire Au Revoir. Même que ça rend le cœur tout mou et qu'on a un peu envie de pleurer. Et puis après j'ai un peu eu peur. Peut-être qu'elle est restée coincée après que je suis partie. Peut-être même qu'elle a été mangée par les hyènes comme Mateso. Alors j'ai eu tout plein de frissons parce que j'avais peur. Mais je suis sûre que c'est même pas possible parce qu'elle est trop forte et même que les hyènes, elles sont trop bêtes. Et puis derrière moi j'ai entendu une nourrice qui criait mon prénom alors j'ai fait un grand sourire et j'ai courut très vite jusqu'au Repère. C'est tellement doux de rentrer au Repère quand on a eu très peur dehors.

[H.S: Terminé, pour moi. Kisa a perdu Tahani de vue, je te laisse clore. C'était trop mignon, espérons qu'elles se retrouvent bientôt (à l'Évent, peut-être). ♥]