Le vent était calme, et une douce brise caressait le poil soyeux d'un lion blanc, plus petit et plus maigre que les grands et puissants lion du clan des montagnes, les Nordiques. Ce lion peut banal, aux yeux couleur saumon, était couché près du Cristalac, un lac gigantesque et très impressionnant, aussi clair et transparent qu'on puisse rêver. Iqhwa -car tel était son nom- était tranquillement installé près de celui-ci. C'était très tôt le matin, le soleil commençait à peine à se lever, et il faisait assez fraie. Iqhwa était très tourmenté, sa sœur Idéha était tellement haineuse, en colère contre leur nouveau Roi, Késhia ; mais que pouvait-il faire ? Il n'était qu'un simple lion, et pire ! Il n'était qu'un soumis, un lion peureux qui se soumettrait même à un lion venu d'ailleurs, alors que les Nordiques sont censés garder leurs montagnes contre tout étranger mal intentionné !

Si seulement il n'avait ne serrait-ce qu'un ami, sa vie serrait-elle peut-être plus douce, malheureusement pour lui, Iqhwa n'en avait pas. Dans ces pensées, le lion n'entendit pas ce qui se passait derrière lui. Puis, de son oreille qui bougeait frénétiquement, Iqhwa comprit, il sortit d'un coup de ces pensées puis tourna la tête, regardant par-dessus son épaule, un buisson gigotait … Un buisson ?! Iqhwa se leva, la queue entre les pattes, et recula d'au moins 5 bons gros pas.

-Qui … Qui est là ? S'il vous plaît, je n'ai rien fais.-

Dit-il en un souffle, il n'était pas rassuré, et cela se voyait. Il huma l'air, espérant y découvrir l'odeur de sa sœur bien-aimé, ou même, au pire, celle d'Utapau et d'Amakhaza, mais non, cette odeur ne lui était pas familière … Que faire ? QUE FAIRE ?! Iqhwa n'en savait strictement rien, il se contenta d'attendre son heure, et pensa « Si je dois mourir maintenant, c'est que cela doit être mon destin, les Grands esprits ont décidé, sa y'est, mon heure est arrivée … » Les yeux fermés, il répétait cette phrase en boucle dans sa tête.

Iqhwa attendit … Encore un peu … Le regard fixé, cette fois sur le buisson, tremblant sur ces pattes, d'une allure peu impressionnante. Un peu plus encore … Et BOOM ! Une ombre blanche sauta sur Ota, le lion aux rêves étranges, en criant un « YAAAAAA » qui aurait fait fuir plus d'un lapin ! Tombant sur son arrière-train, Iqhwa passa ces pattes sur sa tête, et il sentit une masse. Le temps que l'information monte au cerveau, la chose, désormais sur la tête du lion blanc, lui mordillait l'oreille, la chose ajouta « Le terrible chasseur va abattre sa proie ! ». Iqhwa se coucha doucement pour ne pas faire tomber cette chose -qui ne l'avait ni égorgé, ni tué pour l'instant- puis il baissa la tête et vit apparaître un lionceau, ouf ! Quel soulagement ! Le regard désormais bienveillant et sage, il sourit timidement.

-Qui es-tu toi ? Et que fais-tu debout à une heure si avancée?-

Iqhwa le regarda, posé devant lui, le reflet de leurs pelages se mélangeant aux reflets de l'eau du Cristalac, des reflets bleu clair, blanc, argenté … Le soleil qui donnait une couleur rose orangé rendait le résultat encore plus superbe. Le vent souffla sur les deux félins, Iqhwa pensa que les Grands Esprits étaient heureux de cette rencontre entre eux deux. Confiant avec les enfants, Iqhwa se détendit, et laissa la queue vagabonder comme bon lui semblait sur la neige fraîchement tombé de la nuit. Il croisa ces pattes avant, la tête penché en attendant la réponse du lionceau. C'est vrais ça, qu'est-ce qu'un lionceau fait, d'une, seul et à cette heure du matin ? Les lionceaux sont généralement collé à leurs mères à cette heure-ci, rêvant de poursuite de lapin, de chamois ou quel qu’autres animal des montagnes suffisamment petit pour ne pas leurs faire trop de mal.

Le regard du lionceau des neiges bifurqua bien vite sur la queue du lion plus âgé qui ondulait sur la neige nouvelle. Iqhwa remarqua l'envie de jouer du lionceau, et bougeait sa queue telle que le lionceau essaye de l'attraper. Et c'est ce qui arriva, le lionceau bondit vers l'arrière du lion qui le regarda par-dessus son épaule, un sourire vrai aux babines. A droite, au gauche, par-dessus entre les pattes ! Iqhwa s'amusait certainement autant que le lionceau, puis à un moment, il abaissa sa queue, et le petit blanc plaqua ces pattes avant dessus, tel un lionceau coinçant une petite marmotte à la sortie de son terrier.

«J'm'appelle Fedha ! J'voulais voir les lumières du-» Commença le dénommé Fedha, cependant il se stoppa avant même d'avoir fini sa phrase, le regard rivé sur le Cristalac, les yeux émerveillé, et les pattes toujours sur la queue du lion aux yeux saumon.

«Ça ! J'étais venu voir ça !» Dit-il, enjoué et tout heureux, c'est vrai que les couleurs des reflets du lac étaient magnifiques, et Iqhwa les admiraient aussi ; pour lui, si les couleurs du lac étaient aussi claires, et le ciel rosé lorsque le soleil se levait, c'était qu'une bonne journée s'annonçait !

Émerveillé le petit ne quittait plus le lac des yeux, Iqhwa en profita pour glisser, en chuchotant

–Tu sais Fedha, je pense que les Grands Esprits nous annoncent qu'une belle journée s'offre à nous, le ciel est rosé et dégagé, tu vas pouvoir jouer jusqu'à tard ce soir avec les autres lionceaux, avec un ciel aussi beau ! - Le lion lui sourit.

Puis un souvenir fit apparition dans la cervelle du lionceau, il se tourna vers son aîné, tout sourire, et les yeux brillants, puis lui demanda s’il faisait réellement des rêves. Si les rêves d'Iqhwa étaient réels. Cette demande fit comme un électrochoc au lion. Il regarda le sol, les yeux embué, le regard vague et perdu. Un flash lui revint en mémoire

* Des regards fuyants, quelque rire, des mères qui ramenaient leur progéniture chez eux. Iqhwa venait de révéler aux lions et lionnes du clan qu'il faisait des rêves étranges, qui lui prédisaient, en quelque sorte l'avenir. Aux yeux d'Iqhwa, personne ne le crût. Rares étaient les félins qui ne le prenaient pas pour un fou, et ils se faisaient discrets pour ne pas être « l'ami du fou ». Le lion blanc posa une patte en avant, plaqua ces oreilles en arrière et cacha sa queue entre ces pattes arrière ; les yeux pleins de larmes, le regard implorant, il cria presque

-Mais … Mais je vous le jure ! Ils sont réels ! Mes rêves sont réels, aussi étrange cela puisse paraitre, ils le sont ! Je vous le promets, les Grands Esprits me parlent en rêves, ils me montrent des choses ! C’est... Ce n’est pas clair, il n’y a jamais de visages, ou de nom, c’est … C’est comme une énigme ! Il faut le déchiffrer, croyez-moi ! Je vous en supplie ! Croyez-moi … Croyez-moi …*

Du bruit, des paroles sortirent Iqhwa de son état second. Il secoua sa tête, ferma et ouvrit les yeux quelquefois d’affiler.

-Nyé … Ahem.- Il regarda le lionceau, et prit une voix douce.

-Fedha. Tu sais, ces rêves, je ne peux pas les prouver, et encore moins les expliquer … Je suppose que tu as entendu pas mal de choses différentes à mon sujet au clan, n’est-ce pas ? C’est pour ça que tu ne m’as jamais réellement vu parmi les autres lions.- Dit-il en baissant les yeux, il prit une bouffée d’air fraie, puis continua, regardant le lionceau tantôt dans les yeux, tantôt à terre et sur le lac. – Je préfère être à l’écart, mais, si tu veux une réponse concrète, oui je pense qu’ils sont vrais, je l’espère car sinon ça voudrait dire que je ne suis pas totalement sain d’esprit… -Il se reprit, il ne voulait pas faire peur au lionceau et dit sur le ton de la rigolade- Mais ça je ne pense pas haha ! Pourquoi voudrais-tu savoir ça, Fedha ? Me penses-tu fou ? –

A ces mots, Iqhwa se retourna, pour être face au lionceau, et se coucha, les pattes croisé et le regard bienveillant sur le petit être devant lui.

Fedha se mit à sourire, un tel sourire qu'Iqhwa se dit qu'il n'avait jamais vu un être aussi heureux que cette petite poule de poil gris. Heureux d'avoir pu faire naître une telle expression sur le visage du jeune mi-Nordique, Iqhwa sourit à son tour, bougeant les oreilles au gré des sons qu'il pouvait percevoir. Fedha heureux, répondit tout enjouer.

"Mercii ! Je ferais de mon mieux ! Je suis sûr que j'y arriverai !"

-Oui haha, moi aussi je suis sûr que tu y arriveras!- Répondit Iqhwa le sourire aux babines.

Le lionceau à nouveau plein de confiance en lui avait les yeux remplis d'étoiles, et cela faisait extrêmement plaisir au lion adulte, qui n'en demandait pas plus pour illuminer sa journée qui allait paraître bien morose pour un lion seul et fou. Soupirant, Iqhwa regarda le p'tit, les yeux pleins de tendresse et de joie, il aimait bien ce petit. Lorsque le lion blanc se coucha et fit volter des flocons autour de lui, Fedha n'attendit pas pour essayer de les attraper, c'était extrêmement mignon, il n'en fallait pas moins pour faire sourire Iqhwa. Alors que le lion nordique pensait continuer à parler avec le jeune, celui-ci vint ce coucher contre Iqhwa, assez surpris, Iqhwa redressa la tête et fixa le petit, puis, entendant le ronronnement de Fedha, il respira plus lentement -de sa nature craintive, il respirait vite lorsqu'il paniquait, et il paniquait très vite et pour un rien- et pencha la tête sur le côter, le sourire illuminant son visage d'habitude si crispé par l’inquiétude.

Fedha roula, et se fourra dans la crinière du lion, il bailla, ronronna, puis ferma les yeux, comme le petit lionceau qu'il était, c'était un exploit qu'il se soit levé aussi tôt, tout en sachant qu'a cette heure, les autres dormaient encore près de leurs mères. Rapidement, Fedha se laissa emporté par de doux rêves, vu son expression douce qui ornait son visage.

-Repose-toi bien Fedha, je serrais là à ton réveille.-

Heureux, Iqhwa se laissa lui aussi emporter doucement, la tête lourde, les paupières qui s'abaissaient, il posa sa tête au sol, contre le corps du petit et lui aussi s'endormit paisiblement auprès seuls personnes en qui il avait confiance, les lionceaux.