A l'aube, au levé du soleil notre voyage commença. Depuis les grands plaines du Baobab, nous nous somme dirigés jusqu'aux gigantesques territoires d'Apelands, la terre des singes. Ce fut en longeant la rivière de Prideland que nous nous repérions, et arriver là-bas ce fut le moment de remettre en ordre nos esprits et nos corps : eau, nourriture. Ces terres abondantes n'en manqué pas, mais l'eau est surtout la plus importante. Pourtant ... Bien des nombreuses fois, sans alerter Kuzali je me retournais, un violent frisson parcourant mon dos. Je regardais parmi les fourrées, mais n'était-ce que mon imagination ? Ce sentiment d'être observer, épier m'avait assailli, bien que je me montrais discret et tranquille. Me faisais-je juste trop de soucis ? Je n'en savais rien. Après passer un peu de temps là-bas, ce fut sur la route en plein Nord que nous nous élancions. Si nous nous arrêtions en chemin maintenant, ce n'était plus que pour le repos et nos besoins quotidiens. Il faut le dire, la lionne dorée qui en plus de l'excitation qui montait en cran depuis notre départ, était endurante. Comme quoi ... J'avais eu raison de partir voyager, en même temps découvrir de nouveaux paysages mais aussi pousser mon endurance autant que je le pouvais. Dans la course vers notre destination, je pouvais sentir au loin la montagne appeler les fibres de mon être. Pour moi, la route était déjà toute tracée, Kuzali n'avait plus qu'à suivre mes pas. Avec celle-ci, pendant notre voyage, la relation que j'avais commença a se préciser au fil des heures. Si ce n'était qu'une connaissance a la base, l'amitié naissante grandit grâce a notre cohabitation.
Le premier jour passé, le deuxième s'entama sur bien des surprises. La lionne, pourtant visiblement réservé me taquina a plusieurs reprises. Ce fut quelque chose de nouveau pour moi, d'abord surpris puis amusé. La confiance s'installait donc ! C'était une bonne chose, et de toute façon cette jeune femelle me faisait le plus souvent rire, bien que cela restait pour moi un petit secret intérieur. La troisième journée fini de nous rapprocher, tissant maintenant des liens bien plus fort que je ne le pensais. Kuzali semblait s'ouvrir a moi, m'accorder une confiance que peu avait osé tenter jusqu'à là. Cela réveilla en moi un nouveau jour plus souriant et ouvert, mais aussi une crainte. J'avais beau le faire croire, mon mental n'était pas stable. Lunatique jusqu'aux bouts des griffes, cette particularité me rendait anxieux par rapport a la lionne. Enfin, j'espérais qu'elle puisse comprendre peut-être un jour.

Nous passions les Montagnes sombres, alors que mes yeux se recouvrirent d'un voile d'excitation et de nostalgie. Cela fait longtemps, tellement longtemps ! Une éternité, j'avais l'impression. La température baissait, je me sentais mieux. Mes origines commençaient a reprendre le dessus, frissonnant d'intense pression. D'une minute a l'autre, nous allions revoir la neige. Mes pas s'accélérèrent sans que je m'en rende compte, mes griffes griffant la terre a laquelle elles avaient été forgées. Je retrouvais la sensation de cette roche froide sous mes coussinets, montant jusqu'à mes épaules pour envahir mon corps. Enfin, ce que j'attendais le plus me revenu. Des flocons tombés lentement du ciel, alors que la lionne dorée bien plus surprise et intriguée que moi prit les devants. Le sourire d'antan étira mes babines doucement, alors que je ne me fis pas prier pour la suivre. Une fois bien en dessous de cette pluie gelée, je vus un flocon venir se poser sur le museau de Kuzali, qui ne pût retenir un : C'est froid ! Froid ? Pour moi, c'était froideur était la chaleur de mon foyer, mes terres natales. Cependant, je fus amusé de la voir s'aplatir au sol en levant les yeux au ciel. Il neigeait ! C'était un jour parfait pour Kuzali. Elle s'allongea sur la couche de neige qui craqua doucement sous son poids, avant que celle-ci ne se redresse. J'avais déjà avancé, laissant la sensation de la douce couche compacte me faire partagé les souvenirs qu'elle avait gardé pour moi. Celle de mon enfance, et des épreuves du climat malgré mes différences.

Kuzali se mit a sautiller, gambadant autour de moi parmi la neige. Elle avait l'air heureuse de voir ce nouveau paysage, ressentir ces nouvelles sensations. Enfin, ce fut interrompu au moment où je la voyais disparaître dans la masse blanche, mes sourcils se haussant. Elle venait de tomber dans une pente ! De quelques foulées étonnement rapides pour ce milieu, je m'arrêtais au sommet. Heureusement, elle avait l'air de ne rien avoir, si ce n'est que les fesses en l'air et le nez servant de support a une petite montagne de neige. Ce fut a ce moment là que de nouveau relevé, elle me fit signe que tout allait bien. Un sourire étira mes babines, tandis que de quelques bonds je descendis la colline. La lionne avait dû mal a avancer, parmi toutes ses couches qui cédait sous nos poids. Je me retrouvais alors comme dans un second état. Cette neige m'avait tellement manqué ! Je m'allongeais a plat ventre dedans, disparaissant presque dans le trou que j'avais formé. Puis je me redressais sur mes pattes doucement, pour venir me poster a quelques mètres derrière la lionne immobile.

Le paysage était magnifique, comme il l'était depuis toujours. La découverte de cet endroit bien plus nostalgique que tout les autres me fit l'effet d'un baume sur mes inquiétudes. Je me revoyais courir avec assurance et amusement parmi les flocons tombant et les étendues blanches, bondissant. je revins a la réalité en voyant la lionne bondir, galopant vers moi des étoiles plein les yeux. Regarde Rono comme c'est beau ! Un beau sourire illumina mon visage, tout en approuvant ces dires. C'était magnifique. Dis Rono, qu'est-ce ce que c'est cette étrange pluie blanche ? Ah, la curiosité ! Je pouvais parler, j'étais en soif de découverte depuis tout petit. Cependant, j'eus a peine le temps de mettre en ordre ma réponse que la jeune femelle dorée se rapprocha de moi, donnant un coup d'épaule dans la mienne. Le ton doux qu'elle employa m'amusa davantage, mes yeux pourpres tourner vers elle. Alors, ça fait quoi d'être chez soi ?

Honnêtement, j'en avais vraiment besoin, répondis-je en prenant une bouffée d'air. Puis ce fut a mon tour de répondre a ses envies, cette curiosité présente dans son regard. Cette pluie blanche, ce sont des flocons, et ces couches par terre, de la neige. C'est disons, une autre forme de la glace qui tombe du ciel jusqu'à former ses grandes plaines... dis-je, expliquant.

Une idée taquine me vint a l'idée, alors que d'un bond je sautais dans cette couche presque poudreuse de tout mon poids. La couche alors se décomposa en poussières blanches, telle une petite explosion comme des millier de flocons et venir se déposer sur Kuzali comme une brise. J'avais cru un instant que son pelage allait tourner blanc ! Un rire amusé sortit de ma gorge, redresser pour aller faire quelques bonds plus loin. Je me retournais alors vers la féline, de profil en souriant. Je n'étais presque plus cendré, mais blanc ! Avec mes bonds, la neige m'avait presque entièrement recouvert. Le froid pourrait être mordant a ce moment là, mais il n'en était rien.

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| Anciennement Rono |

Rono ! l'avais-je entendu crier, précédé par un rire amusé et indigné. Et oui, quand je savais que la lionne pouvait découvrir les joies de la neige, je ne me privais pas pour le lui montrer ! Quand je me stoppais, de profil elle me dévisagea alors, comme si elle aurait vu un fantôme presque. Rono tu te transformes en neige ! Oh vraiment ? Toujours un sourire aux babines je tournais la tête vers mon dos, qui était véritable blanc de tout les flocons restant accrochés, parmi ma fourrure chaleureuse. Hé bien voilà je n'avais plus de problème pour me cacher parmi la neige ! Quand je fus occuper ailleurs, Kuzali s'élança alors vers moi, bondissant avec un mauvais équilibre. Ce fut au moment où je la regardais de nouveau surpris que je reçus son poids, m'écroulant sur la neige en poussant une petite exclamation. La masse de flocon qui s'éleva fut grandiose, comme un véritable ras de marée nous retombant dessus. Moi ... On peut dire que j'avais un peu disparu dans la neige, poussant un rire léger davantage amusé. Quelle cascade ! Et dire que j'avais manqué ça pendant plus d'un mois... Le retour a l'état "sauvage" m'avait manqué, bien plus que je ne puisse le dire.
Kuzali se retira alors, me laissant a nouveau libre. Je regardais le ciel blanc, les flocons tombant avec lenteur et légèreté vers moi. Ce ciel... Je repensais au passé, aussi bon que mauvais. Ma mère, Thejuli et les autres membres du clan. Mes saignants entraînements, plus dur que les jeunes de mon groupe par ma petite résistance au froid. Je n'avais pas encore ma crinière, ni cette fourrure plus épaisse qui me protégeait maintenant. Mes pattes étaient repliées sur mon torse, mes oreilles dressées a l'écoute. J'entendais la neige craquée autour de moi, mais ce fut comme le silence complet a partir d'un instant. Juste moi et la neige, le vent sifflant gracieusement a mes oreilles. Je me revoyais ici, étendu a regarder le ciel que j'allais devoir quitter. J'étais encore jeune a ce moment là, et je n'avais qu'une touffe noire en haut du crâne. Soudain, une voix m'appela. La voix de ma mère. Je me redressais sur mes petites pattes doucement, sortant du trou de neige d'un bond. Je regardais autour, avant de voir la silhouette fine et élancée de ma maternelle. Mon sourire se fit radieux, alors que de quelques bonds et foulées j'allais la rejoindre. Elle était bien plus grande et robuste que moi, trépignant sur place. Maman, quand je partirais je pourrais revenir vous voir un jour ? Un sourire doux sur ses babines, elle me répondit : Tu seras toujours l'enfant de ses neiges, Rono. Ma mère me donna un petit coup de museau sur mon arrière train afin que j'aille gambader en direction de mon clan, sautillant parmi les arbres.

Soudainement, une éclaboussure de neige me vint en pleine figure. Mes paupières clignèrent, revenant a la réalité. C'était la voix de Kuzali qui ria, fière de sa revanche. Un sourire alors étira mes babines, me redressant sur mes pattes rapidement pour secouer ma tête de droite a gauche. Dis-moi Rono, combien de merveille cache ces terres ? Mon regard pourpre se posa sur la lionne, alors qu'un sourire mystérieux étira mes babines. Ma tête se tourna vers la Montagne blanche, soupirant doucement.

Bien plus que nous imaginons ...

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| Anciennement Rono |

Allons-y. Rono allons dans la montagne. Tu veux bien ? Son regard était pétillant d'excitation et d'envie, alors que mon visage reprit doucement son expression calme. Pouvais-je la conduire au coeur de la montagne ... ? Là où mon clan, ma famille vivait ? Ne se vantera pas après d'avoir découvert le territoire et révélera a n'importe qui ce qu'elle y a découvert ? J'espérais que non. Kuzali n'avait pas l'air d'une lionne comme ça, mais les apparences peuvent être trompeuses. Si tu me promet que tout ce que tu verras, tu le garderas uniquement pour tes souvenirs. Avec les récentes attaques, je ne prendrais aucun risque ... Je la regardais, avant d'afficher un léger sourire. Mais j'ai confiance en toi. Allons-y. lui répondis-je.
D'un bond je m'élançais rapidement parmi la neige, droit vers la montagne qui m'appelait depuis ses trois jours de voyage.

Naturellement, j'étais plus rapide que la jeune lionne parmi cette neige et ses pentes glissantes. Je l'attendais parfois avant de repartir, faisant attention a ses pas. Ici, tomber pouvait être lourd de conséquence. Surtout en se foulant les pattes ou en cognant une partie du corps sensible, qui pour nous était le dos. Mes muscles tendus et roulant sous mon pelage chaud par tout ses efforts, les souvenirs de mes parties de chasses et d'entraînements affluèrent a mon cerveau, tandis que j'avançais vers le centre de la montagne. Les roches commencèrent a apparaître, de type "tundra" ainsi que quelques arbres tenant toute l'année ici. Dans ce type de paysage, je commençais a me fondre parmi la masse tandis que la lionne dorée semblait un peu moins libre. C'était comique qu'une lionne du Soleil voyage ici, avec comme guide un ... demi-nordique. Pourtant, on m'avait toujours considéré, parmi le clan, comme un des leurs. J'avais grandi, prit les gestes et les habitudes de ceux-ci.

Alors que j'avais avancé de quelques mètres rapides, je m'arrêtais soudainement. Le vent "face" a moi, de profil presque, m'apportait une nouvelle odeur. Mes pupilles se rétrécirent de surprise. Cette odeur. Combien de temps ne l'avais-je pas senti ? Cela me semblait faire une éternité, alors que l'image d'un lion blanc comme neige, au regard cristallin me parvint en mémoire. Bien sûr, quand je l'avais connu il était bien plus jeune que maintenant, et pendant toute mes années où j'attendais de pouvoir participer a la vie active du clan, je l'avais admiré. Combien de fois ais-je essayé de l'imiter ? Grâce a ça et a divers raisons, j'avais réussi a forger mon caractère avec une maturité avancé par rapport aux autres... Mais se souvenait-il de moi ? Jeune lion rêveur et voyageur, téméraire et solidaire que j'avais été. Pourtant .. Un "bâtard" parmi une terre de lions pur-sang, au seul regard pourpre, unique donné par ma chère et tendre mère. Je l'espérais tellement.

Sans plus attendre, de multiples bonds puissants et de grandes foulées tout aussi rapide je suivais la direction de cette odeur sans m'arrêter, sachant que la lionne si elle moins rapide, arriverait a venir sur mes pas. Les poussières de neige volaient. J'étais bien trop occupé a l'idée de revoir Theluji, mon seul et unique Roi, pour penser a quoi que ce soit d'autres ...
Je débouchais dans un espace aéré, un cercle de neige alors que devant moi se dressait cette silhouette. Mais quelle silhouette. Son pelage était toujours aussi blanc, son regard et son expression toujours aussi sage et posé. Seul ses iris d'un bleu glace ressortaient dans une harmonie égale a sa nature. Je m'étais arrêter presque face a lui, mon regard pourpre croisant celui du lion mâle, maintenant vieil adulte. J'en étais presque intimidé, de le revoir après tant de temps et dans toute sa splendeur d'adulte.

Theluji ...

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| Anciennement Rono |

Bonjour Rono. Je t'attendais. Quelle fut ma joie t'entendre ses simples mots parcourir mes oreilles. Non seulement il se rappelait de moi, mais aussi avait-il espérait/attendu ma nouvelle venue ? Je savais que les lions nordiques ne comptait pas l'oublier, mais j'en était surpris, agréablement. Qu'il est bon de revoir la neige après une longue absence, n'est-ce pas ? Un sourire chaleureux étira ses babines, moi-même souriant plus d'un air nostalgique. Ah s'il savait ... Alors qu'il s'approchait de moi lentement, je gardais mes yeux vers lui tout en prononçant un : Bien plus que je ne pouvais imaginer. Il posa alors sa patte sur mon épaule, sentant la vague sensation de chaleur sous cet épais pelage blanc. Il avait tellement grandi ... et il était toujours rester d'une tête plus grand que moi d'ailleurs. En tant que roi, je me devais de te souhaiter un bon retour chez toi. Un sourire toujours au visage, je lui glissais un : Merci.

Cependant, sa tête se tourna dans une autre direction, celle d'où je venais. C'est vrai que Kuzali devrait venir d'un instant a l'autre... et je l'entendais déjà râler d'ici ! Bougre d'idiot qu'est-ce qui t'as prit de par... Elle nous apparut, mi-blanche mi-dorée. Pour venir ainsi elle avait dû forcer un peu la cadence. Quelque part, ça m'amuser, comme j'en étais désolé. Mais la surprise et la joie de revoir Thejuli avait surpassé le moment. Elle recula, méfiante et surprise. C'est vrai qu'à première vu, notre Roi du Nord avait tout pour intimidé. La carrure, le pelage, l'expression. Un sourire fin ne quittait ma gueule, voyant la lionne m'observer avant de se détendre. Elle voulait s'être assuré que la présence du lion n'était pas mauvaise, certainement.
Enfin, elle observa Theluji, puis se rapprocha de nous en lâchant un "Bonjour" calme. Je reconnaissais bien là Kuzali ! Mon sourire ne disparu pas entièrement, mais se laissa a demi recouvrir par un nouveau calme qui m'envahit peu a peu. Ce fut a ce moment-là que la lionne me glissa a l'oreille une question, a laquelle je m'attendais parfaitement. Qui est-ce ?

Kuzali, je te présente Theluji, le Roi du Nord, répondis-je, le moment des présentations venu. Je tournais de nouveau la tête vers le grand fauve blanc. Kuzali est une lionne qui vient d'un clan lointain, nous nous sommes rencontrés il y a un ou deux mois de cela. affirmais-je, dévoilant un sourire léger de nouveau.

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| Anciennement Rono |

Merci d'avoir pris la peine de nous présenter Rono. Je suis honoré par cette rencontre, Kuzali. Croiser une Prideland dans les terres du nord reste un privilège rare. Et je constate une fois de plus que ce qu'on raconte sur les femelles de ton clan est juste, vous êtes bien parmi les plus séduisantes qu'on peut trouver sur la terre des lions... Mes sourcils se froncèrent légèrement. Pridelanders ? ... Je voulais bien croire qu'elle portait plusieurs odeurs a cause de ses nombreuses marches, mais cela pouvait être compréhensible. Le dernier endroit où nous étions restés durant un moment était bien le territoire des Pridelanders. Peut-être était-ce a cause de ça ? Certainement. Kuzali le fit d'ailleurs remarquer a Theluji : Navrée de vous décevoir mais vous vous trompez Theluji, je suis pas une Pridelander. Je n'appartiens à aucun clan. Sa voix fut neutre, pour moi elle parlait naturellement. Enfin encore, elle aurait bien pût râler !

Ne t'en fais pas Rono, je ne compte nullement te faire concurrence auprès d'elle. De toute manière, mon âge ne me le permettrais pas. Cette fois, mon visage laissa un léger signe de surprise l'envahir doucement, levant les sourcils. Il m'adressa même un clin d'oeil, comme si j'étais complice a cette "révélation". Tournant mon regard vers Kuzali, celle-ci fit de même en m'interrogeant silencieusement. Comment !? Elle croyait véritablement que j'étais complice de cette plaisanterie ? J'entrouvris légèrement ma gueule dans une expression quelque peu surprise et vexée. Enfin, elle ne me connaissait pas bien encore, mais je n'étais pas vraiment de ce genre. Heureusement, la lionne dorée resta d'un calme impartial, répondant a cette blague pris au premier degré par celle-ci. Il me semble que vous faites erreur Roi du Nord, Rono et moi-même n'entretenons en aucun cas ce genre de relation. Ah, voilà bien un trait du caractère de Kuzali, elle savait remettre les choses a leur place.

Un sourire légèrement gêné étira mes babines. Ah... Notre Roi pouvait être blagueur des fois, mais malheureusement il n'était pas tomber sur la personne la plus détendue, cela était compréhensible. Dans ce milieu, la jeune lionne ne devait pas s'y retrouver. Bon, hé bien maintenant qu'allions-nous faire ? J'aurais voulu parler a Theluji, mais je ne voulais en aucun cas écarter Kuzali...
Mes paupières clignèrent. Nous nous rendions au sommet, pratiquement, de la montagne, ou du moins je voulais l'emmener découvrir cette vue magnifique. Peut-être pourrions-nous continuer notre montée en compagnie du monarque ?

Nous allons grimper jusqu'aux plateaux de neiges, vous seriez partant pour nous accompagner Theluji ?

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| Anciennement Rono |

Je regardais sans parvenir a m'en détacher le fin fond du regard de Theluji. Autant inquiet ... Notre clan avait toujours été fort et uni, une attaque pouvait-il autant attirer de mauvaises nouvelles au point que le Monarque des montagnes s'en inquiète ? J'étais septique et confus, mais maintenant je redoutais que mes propres craintes se voient fondées. Malgré son sourire bienveillant qui avait le don de calmer les plus énervés, mes traits redevinrent contre moi d'une neutralité parfaite pour cacher cette lueur d'interrogation, ne faisant que grandir dans mon être.
Ce serait un honneur de vous accompagner sur mes terres. Mais veillez à ne pas vous aventurer trop loin. Cela vaut pour toi aussi Rono. Certains lieux sont devenus instables, beaucoup plus qu'avant. Mes oreilles s'agitèrent a l'entente de mon nom, écoutant attentivement le monarque avant d'hocher la tête silencieusement. La montagne avait toujours été instable, mais il était possible qu'en ce laps de temps la terre se serait quelque peu bouger. Alors allons-y. Ma tête se tourna vers Kuzali qui semblait avoir délaissé cette tension pour afficher un sourire espiègle, prête pour partir a la conquête de ses montagnes qu'elle voulait tellement découvrir.

A ma surprise intérieure, elle prit les devants. Pressée ? Peut-être, je pouvais le comprendre par cette soif de découverte. En tout cas, pour une lionne qui ne connaissait pas le lieu, elle semblait sûr d'elle. Cependant, par cet instant d'intimité entre moi et le monarque, plus en arrière mais marchant a sa suite, je décidais de laisser franchir cette question qui me brûlait les babines.

L'avenir était-il a redouter ? ... Je gardais mes yeux sur la silhouette de Kuzali, a quelques mètres devant nous. J'observais ses gestes maladroits, tout en prêtant attention aux miens. Seul le vent qui secouait ma crinière de jais venait perturbé mon calme. Et Héra ? C'est elle qui avait dû mener la défense. Je me demandais où était-elle, comment elle avait vécu ceci. Et le clan, les combattants, les jeunes, les ancêtres ? Tellement de questions fusaient dans mon esprit.

HRP:

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Spoiler:

Theluji s'était arrêté, tandis que je fis encore quelques pas en avant. L'avenir est plus capricieux encore que le climat du Nord, mon garçon. Personne ne peut espérer en maîtriser les innombrables fils que le compose. Et ce même avec toute la sagesse de cette terre... Ma tête se tourna vers lui, juste avant qu'il ne pose son regard cristallin sur moi, d'une manière bienveillante. Toujours il nous faut redouter l'avenir, car il est incontrôlable. Nous autres, ceux qui vivent et qui meurent, essayons tant bien que mal de lutter, mais c'est un combat perdu d'avance. Toutefois nous le livrons quand même. Sans espoir de réussite. C'est ce qui importe. Mes paupières clignèrent, tandis que mon monarque reprit la marche. Je le précédais rapidement, tout de même pensif. Il me restait bien encore des questions, des appréhensions. Je me gardais bien de toutes les laisser franchir la barrière de mes babines, pourtant celle de savoir que mon clan natal avait été viser, ne me quittait pas.

L'avenir, c'est toi et cette lionne. C'est vous, les jeunes générations, qui construirez vos propres clans, qui forgerez vos propres lois. Où chacun trouvera la place à laquelle il sera le mieux. Sans empiéter sur le territoire des autres. N'oublie pas que la guerre est le plus terrible des crimes, Rono, et que rien ne peux la justifier. Absolument rien. J'hochais la tête silencieusement, écoutant Theluji avec une oreille attentive. L'avenir ... On pouvait le prévoir, mais jamais le deviner.

Mes oreilles se dressèrent, au moment où j'entendis un cri venir d'entre les neiges. Cette voix, c'était celle de Kuzali, dont je prononçais le nom par réflexe. Ma tête se redressa vers les sommets des montagnes, où résonna faiblement le cri de la lionne. Instable instable ... Mais a quel point maintenant ? Mon attention se retourna vers la lionne, effectuant quelques bonds rapides et espacés pour me permettre de me retrouver a côté de là où la neige avait croulé sous, ou même sur Kuzali. Hum... Rono ? Ma tête se tourna vers l'endroit où j'avais perçu cette voix familière, grattant la neige de mes pattes doucement pour créer un espace plus stable et plus écarté. Un passage, en outre. Theluji ne devait pas être loin, mais au moment où j'allais me retourner je retrouvas enfin le pelage doré de la jeune lionne, écartant la neige qui s'était creusé. Hé bien, elle s'était bien enfoncé tout de même ! Avec tout ça, j'aidais enfin le soleil a sortir de cet amas neigeux présent autant tout le long des trois saisons autre que l'hiver. J'avais pris garde a ne pas faire plus de bruits, où même a perturber un peu plus le sol blanc.

M'écartant de quelques pas, ma crinière était de nouveau assaillit de flocons minuscules, rendant ma fourrure pointillée de points blancs et humides. C'est fou comme j'aurais eu du mal a ne pas trembler de froid si j'avais eu l'âge de mes premières expéditions en montagne. Maintenant ... Cette crinière me préservait d'un contact direct avec la froideur de cette couche poudreuse, presque aussi bien que si j'étais entouré de celle-ci. M'ébrouant doucement, je finis par regarder aux alentours. Nous y étions presque, encore quelques sommets a atteindre et la vue se dévoilera naturellement dans toute sa splendeur.

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Merci. Le regard reconnaissant de Kuzali ne m'échappa pas, alors qu'un sourire léger étira mes babines. J'avais deviné que quelque chose allait arriver, mais pas aussi vite. Enfin, maintenant j'étais sûr qu'elle fera encore bien plus attention qu'auparavant. Vous allez bien mademoiselle ? La voix de notre cher Monarque s'éleva alors, apparaissant. Kuzali se retourna et je la suivis dans son mouvement, faisant face au grand lion blanc.

Une simple frayeur. Ce ne fut qu'après une petite pause qu'elle déclara : Messieurs, je vous laisse prendre les devants, cela évitera de nouveaux incidents. L'une des mes oreilles félines tiqua légèrement. Visiblement, cette situation quelque peu grotesque lui était resté en travers de la gorge, mais je ne décidais de ne pas en tenir compte, simplement d'hocher la tête. Le fait qu'elle se retrouve derrière ne me plaisait pas forcément, mais allons bon.. Nous ferions que plus attention.

Accordant un regard a Theluji, je repris notre marche avec autant d'attention d'auparavant, en particulier a la présence derrière nous, un peu en retrait. Heureusement, les sommets n'étaient plus bien loin. Cependant, une question me traversa l'esprit, la même qui m'était venu lors de notre échange précédent. Cependant, je n'avais pas noté celle-ci... Même si elle était essentielle. Alors que mes pas se firent prudent, ma conscience partagé en deux, je repris la parole, avec le même timbre de voix. Comment se porte Héra ? Après tout, elle était le bras droit de Theluji, la commandante de la troupe combative. Elle avait dû être là au moment de l'attaque.

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Héra se porte à merveille, et assume son rôle avec compétence. Elle est restée toujours aussi inflexible qu'auparavant. Encore plus solide que le Mont Blanc et aussi froide que la neige elle-même. Un sourire s'empara discrètement de mes babines. Héra... Je me demandais si elle avait changé, depuis que j'étais parti. Peut-être. Theluji me rendit un sourire bienveillant, avant de sembler revenir a une réalité. Il se tourna vers Kuzali, tandis que mes pattes s'arrêtèrent, perdu au milieu de cette neige. Demoiselle Kuzali, pensez-vous pouvoir supporter le froid encore longtemps? Si tel n'est pas le cas, je peux vous mener en un endroit avec des températures plus acceptables. Il ne faudra qu'un léger détour sur notre chemin pour y parvenir. Maintenant que j'y pensais aussi, la lionne dorée allait-elle tenir la route ? Celle-ci sembla contrarié, même en désaccord cependant avec le Monarque. Je l'observais. Ses sourcils se froncèrent, donnant un air étonnement naturel a son visage. C'était amusant de voir que cette frimousse lui allait tellement bien. Un détour ? reprit-elle. Non il en est hors de question, nous devrions bientôt arriver au sommet du Mont, n'est-ce pas ? C'est pour quoi je suis ici, c'est ce dont Rono m'a parlé avec tant de mélancolie, je veux pouvoir à mon tour admirer ces paysages. Cette fois, ce fut mes sourcils qui se haussèrent dans un léger ton surpris, avec un sourire étiré au coin de mes babines. Elle était sûr d'elle, et je la comprenais. Je peux encore supporter ce froid quelques temps. J'avais confiance en les paroles de Kuzali, aussi je laissais glisser un regard entendu a Theluji, avant de reprendre ma marche vers les grands monts neigeux. J'étais impatient. Impatient de revoir toute l'étendue de cette vue sur le paysage de neige.

Enfin, nous y étions. Après encore quelques minutes de marche, le mont se découvrait dans son intégralité. Le bord n'était pas loin, le vide non plus mais les falaises rocheuses de la montagne était plus solide que la neige. Je m'arrêtais a une distance sécurisée, tout de même assez pour voir le merveilleux paysage qui s'étendaient enfin sous nos yeux.
Les montagnes nous encerclaient, a semi-couvert d'un duveté de neige blanche, encore jamais foulée. Semi-noires grâce a sa nature rocheuse, semi-blanches sous les neiges de flocons, elles se laissaient doucement éclairé par le soleil d'une caresse orangée et chaude, faisant brillé tel des milliers de poussières de diamants cette neige fraîche, avec candeur. Ici, nous croyions presque que les nuagess étaient a portés de pattes, tant le ciel semblait s'être rapproché. Un vent balayait quelques parterres de neiges, laissant voltigé les flocons dans le vide avec grâce. Un paysage magnifique, berçait par le silence intact des montagnes. Cet endroit procurait une sensation de liberté et de grandeur jamais espéré auparavant. Tel que je l'avais découvert la première fois, lionceau, ou même presque adolescent.
Mes petites pattes enfoncées dans la neige, j'avais admiré sans ciller pendant longtemps ce paysage féerique. Mes oreilles tendues, la queue immobile, mes membres n'étaient pas paralysés par le froid, mais bien par cette impression rare, l'immensité de la liberté, et la beauté rayonnante, secrète de ses montagnes. Mes yeux brillaient de mille feux, donnant a mes iris améthystes une toute nouvelle couleur vive et passionnée. La mèche sur ma tête, noire, se laissait soulevé agréablement par la caresse du vent. J'en avais oublié le froid de la neige, tant mon coeur s'enflammait. Mon pelage grisé frissonna de toutes ces nouvelles émotions, alors que des flammes montèrent dans mes poumons. A ce moment là, les montagnes n'étaient pas encore si susceptibles, la neige fermement accrochées aux parois. Dans un grand souffle, je poussais mon premier rugissement, avec puissance et vivacité, vers le soleil, a travers les étendues blanches de mes terres natales.
Mes iris brillaient de nostalgie, au moment où je restais fixé sur ce paysage. Cela faisait tellement longtemps. Mes traits indifférents délaissèrent leur rôle pour me permettre d'afficher une frimousse douce, tant j'avais attendu ce moment. Puis avec discrétion, mon regard se posa sur Kuzali, sourire aux babines.

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