Combien de temps cela fait maintenant que je n'ai revu cet endroit ? Pour tout dire, je ne sais plus, mais j'étais bien plus jeune. Le grand désert, cette endroit rempli de sable et de terres sèches. La chaleur y est presque insurmontable a la longue sans un coin d'ombre. La première fois où j'étais venu, je venais tout juste de quitter mes terres natales, les grandes montagnes du nord pour cet enfer de flammes. Du moins les premiers jours, je surnommais cet endroit ainsi. Quelle curiosité de la nature que de faire voisines ces deux terres parfaitement opposées, non ? Un espace mortel qu'était la limite des deux territoires, car la différence de température entre les deux pouvait amené bien des dangers au lion qui s'y aventure.
L'une de mes pattes avant se posa sur la terre craquelée de sécheresse, tandis qu'un nuage de poussières sèches et jaunâtres s'éleva. La chaleur dans le sol, accumulée depuis les premières heures du soleil traversèrent lentement mes coussinets pour enveloppé mes doigts de patte d'une douce mais hardeuse chaleur. L'horizon n'était que terre craquelée, puis au loin des dunes de sable. Cependant, ce n'est pas cet endroit qui m'intéressait pour l'instant, mais bien un autre, dans une direction différente. Près de l'Oasis oubliée, il y avait un marais où la chaleur y était moins étouffante et plus humide. Je voulais me rendre là-bas, pour y voir le paysage, tout simplement. Pourquoi ne pas vivre en découvrant le monde, tant qu'à faire ? J'avais toujours apprécié ça, et le fait que je sois en dehors des terres de mon clan ne me fera pas changer d'avis.

Mon regard violet, aux reflets de lumières jaunâtres scrutait la direction que je devais prendre, avant de commencer ma course vers cet horizon. Ma crinière accompagnait le vent procuré par la vitesse de mes longues foulées, brillant de reflets. Le chemin n'était pas assez long pour y mettre tant d'efforts, mais j'aimais ça. La vitesse, le souffle contre mon visage et dans ma crinière. Ce ne fut qu'après quelques longues minutes que je ralentis mes foulées, jusqu'à reprendre le pas. Mes oreilles se redressèrent au moment où j'entendis des cris de volatiles au dessus de moi, mes yeux rivés sur cette petite colonie d'oiseaux blancs. Des migrateurs surement.
Mon attention fut de nouveau sur ma route quand je sentis sur mes coussinets le sol se faire un peu plus humide, et les points d'eaux se multipliaient autour de moi. Le climat y était plus supportable mais la chaleur y était toujours présente. Que dire du paysage ? Il était plus sombre que le grand désert, ça c'était sûr et c'était un point positif pour moi. Même si mon pelage était clair dans l'ensemble, ma crinière était bel et bien noire. De toute façon, je doute qu'il y est grand monde ici alors qu'il y a un oasis a côté. Mes oreilles rondes se redressèrent cependant de nouveau, tandis que mes pupilles se rétrécirent. Ma carrure, bien que plus petite que mes congénères dans les montagnes m'empêchaient d'être plus a l'aise que d'autres lions en terme de camouflage, et c'est pourquoi je ne me couchais pas, comme les autres. Mais la prudence avant tout : je regardais autour de moi attentivement, sans bouger, toujours près a parer une quelconque menace.

Mes yeux scrutaient cette herbe qui sans aucun doute, pouvait bien abriter un ou plusieurs lions. A cette idée, mon dos frissonnait de méfiance. Cette dérangeante impression d'être observer ne faisait que davantage m'agacer, ne lâchant pas la terre lointaine du regard. J'avais eu raison, car voilà que de la végétation humide déboule un lion clair, mes muscles se tendant de surprise en reculant d'un pas. Naturellement, son attention était sur moi, seul lion aux entourages.
Il m'aborda, sans plus de cérémonie. Qui êtes vous ? dit-il tout en m'observant. Il venait de se mettre devant moi, barrant ma route de tout son corps. Corps que j'avais reconnu : clair. Les seuls a être a peu près aussi clair ici étaient .. les Jangowas. A ma connaissance, c'était donc les lions du désert. N'étais-je pas sur le territoire des Mositus .. ? Droit, je ne perdais en aucun cas mon sang-froid devant ce lion.

Je pourrais vous retourner la question. lui répondis-je, mes yeux rivés dans les siens. Un regard vert gazon, si je puis-dire.

Méfiant, je gardais ma posture tout en surveillant ses gestes. Quelque part, il avait l'air vieux. Serais-je tombé sur un patriarche ? ou même pire encore... Je ne savais réellement pas a qui m'adresser, mais maintenant que j'avais rencontré Haki, je m'attendais a plus de surprise quant a l'identité des personnes que je croisais.

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Mes yeux se plissèrent a la réponse du lion, qui j'en suis certain ne m'avait dit que la moitié des choses.
Cela n'est pas si important je pense, mais je me nomme tout simplement Akili. Puis-je vous demandez de quel clan appartenez vous ? Si je n'avais pas un semblant de politesse, j'aurais passé mon chemin sans un mot. Sur Pridelande, les rumeurs couraient et les vérités affluaient, je savais très bien quel clan était en désaccord avec quel clan... En revanche, celui des Jangowas et Mositus étaient en querelle. Je décidais alors de mentir, du moins de moitié.

Je viens des Terres Nordiques.

Je n'avais pas dit Pridelander, parce que je savais que je n'étais pas dans leur territoire et qu'il m'aurait chasser. Les Terres Nordiques, quand a elle ... C'est autre chose, encore. C'est un territoire, mais plus. Une terre inconnue, jamais visité par sa température mortelle pour les lions d'ici.
Sans quitter des yeux le lion, je fis un pas sur le côté, pour avancer dans une autre direction que celle que je souhaitais prendre. Je fis quelques pas, puis m'arrêter, de profil. Je ne devais pas tourner le dos a cet individu, qui sait ce qui lui passer par la tête a ce moment. Mes pensées étaient sur lui, tout comme mes yeux. Chaque mouvement, de tête, de regard ou autres ne m'échappaient. J'étais comme en montagne, les jours de neige : si je devais chasser, rien ne devait m'échapper. Ni la proie, ni ce qui m'entourait. C'était dur, mais a la fin cette prudence nous récompense toujours.
Si je n'avais pas retourner la question, c'est parce que je ne doutais pas de la fourrure de celui que j'avais devant moi. Si il voulait prouver le contraire, j'aurais bien du mal a le croire.

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AKILI - Empereur des Jangowas (7 ans et 3 mois)

Akili observa longuement l’étranger, car sa réponse ne lui plaisait pas vraiment … les terres nordiques … avec une crinière pareille … pour qui le prenait-il ? Les nordiques n’avaient pas de crinière noire. Tout était blanc chez eux, c’était bien connu, n’importe qui le savait. Et puis, les nordiques n’étaient pas assez stupides pour s’aventurer dans le désert. Cinq minutes dans cette fournaise, et s’en était finis de leur majestueuse démarche qui ne cassait pas trois pattes à un flamand rose.

— Les Terres du Nord ? répéta Akili, suspicieux. Les lions de la montagne sont blancs. Ne me prenez pas pour un idiot.

L’Empereur n’aimait pas les étrangers, et encore plus lorsqu’il s’agissait de menteurs. Akili en était persuadé maintenant, ce mâle n’était pas un Mositu … par contre, il se demandait bien comment ce lion avait réussi à traverser le désert seul. S’il ne venait pas de l’Oasis, il venait forcément de l’extérieur … long et périlleux était la traversée du Grand Désert et rare était ceux qui y parvenaient. L’Empereur voyait cela d’un mauvais œil … et s’il s’agissait d’un espion venu d’un autre royaume ?

— Vous n’avez rien à faire ici … déclara-t-il simplement, froid comme la glace.

Le ton qu’il avait employé était sans équivoque : l’étranger devait partir. Ce monde n’était pas le sien, et le conflit qui y faisait rage ne le concernait pas. Les Jangowas n’avaient besoin de personne et n’en n’auraient jamais besoin. Ce vagabond devait retourner d’où il venait … ou payer de sa vie son intrusion dans le Grand Désert, car tel était le prix de ceux qui y entrait sans en être invité. Akili n’avait pas peur d’en arriver à là, il l’avait déjà fait et le referait si tel était son devoir.

— Je vous conseille de quitter ce désert sur le champ avant que je ne change d‘avis.

Un sourire discret étira mes babines, au moment où il me répondit d'un air suspicieux : Les Terres du Nord ? Les lions de la montagne sont blancs. Ne me prenez pas pour un idiot. Pour un idiot ? Oh, loin de là. Seulement ... Comment pouvait-il oser dire ceci, alors que nous étions tous deux de parfaits étrangers ? Entre le silence qui s'était interposé, bien que court, je le fixais de mon regard pourpre qui se fit indifférent, tout comme les traits de mon visage. Je ne vous prends pas pour un idiot ... Mais vous ne savez que le quart de l'histoire, Akili. Sur ça, il ne pouvait rien négliger. Certes, j'étais un "bâtard" mais ma seule et unique famille, pour moi mon seul et unique sang était celui d'un Nordique. J'avais grandi, agis et vécu parmi eux. J'étais simplement né avec ces différences que je n'avais cependant pas demander.

Vous n’avez rien à faire ici … me déclara-t-il, en se faisant froid comme glace. Si je devais comparé la neige qui m'avait accompagné toute mon enfance, les paroles de ce lion n'était rien comparé a elle. La froideur des deux n'étaient même pas comparable. Je vous conseille de quitter ce désert sur le champ avant que je ne change d‘avis. Mes yeux se plissèrent. Hé bien voilà qui m'en disais bien plus. Je commençais a comprendre. Comme quoi mes intuitions étaient bonnes. Il avait beau être Roi, ce n'était pas le mien et ça quoi qu'il dise. Mais en bon lion loyal, je n'allais pas rajouter en plus que ce territoire était bien plus proche de celui des Mositus que celui des Jangowas. Aussi je fis quelques pas plus loin, commençant mon début de marche pour m'éloigner d'ici.

Comme vous vous voudrez, votre ... majesté. dis-je, avec un soupçon de malice. Ce n'était en rien pour le provoquer, mais j'avais encore du mal a voir un roi ainsi. Enfin, m'avait-on prévenu que les Jangowas étaient ... étranges.

Cessant de regarder cet individu, je me mis a marcher pour m'éloigner. Je retournais vers les Pridelands. Mais ce n'était pas ma première visite ici, loin de là. J'irais par ce chemin pénétrer dans l'Oasis oublié, puis revenir sur mes pas pour passer a la frontière du désert. Et sans ce roi a mes pattes. Mon caractère lunatique avait retourner mon côté sage face cachée, même si mon visage restait de pierre, comme mon attitude.

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