Malkia était tapie dans les hautes herbes, silencieuse et mortelle. Devant elle, une jeune antilope s'était éloignée du troupeau. Sottise que cette attitude, cette heure est connue pour être celle des prédateurs. Malkia jeta un regard autour d'elle. Même si elle ne les voyait pas, la lionne ressentait la présence de ses compagnes de chasse. Elle se ramassa, prête à bondir, donnant ainsi le sgnal d'alarme pour fondre sur la tendre et innocente proie... lorsqu'un petit se dressa hors des hautes herbes. La mère antilope se mit à lécher son bébé, qui, lui, têtait avidement. Malkia poussa un léger soupir. Les lois des Pridelanders sont claires : on ne tue pas une mère avec son petit tant qu'il n'est pas capable de survivre seul. La lionne fit demi-tour en silence, puis, assez loin de la jeune mère pour ne pas l'effrayer, poussa un rugissement d'appel. Ses lionnes revinrent à elle.

< Tant pis pour les antilopes. L'heure de chasse des grandes proies est presque passée ; on se sépare et on cherche des petites proies. Avec les restes d'hier, ça suffira. >

Une fois toutes les lionnes parties, Malkia se mit en chasse. Bien vite, elle trouva quelques mangoustes égarées. Parfait ! Ces bêtes-là, c'est goûteux, et puis ça amuse les lionceaux. Elle fondit sur les étourdies et arracha la vie de trois d'entre eux. Elle les mit dans sa gueule, les pendant par la queue, et elle s'apprêtait à partir, lorsqu'un bruit dans les fourrés lui fit dresser la tête. Son corps était en arrêt, tendu, prêt à se battre si besoin était.

Une fois ces trois petites proies en gueule, voilà que mes copines rappliquent illico, toutes avec un truc. Cool, on aura assez pour tout le monde avec ça ! Allez, c'est partit pour une petite balade.

Quoi de plus agréable qu'une balade avec ses amies dans la savane ? J'ai laissé mes deux petits monstres sous la surveillance de leur père pour parcourir les sentiers avec ma bande et aller inspecter de plus près la savane. Mais bon, autant l'admettre, on n'est pas très efficaces. En fait, en ce moment-même, on débat sur les nouveaux lions. Il y en a des fois des mignons qui passent par nos terres ! Je sais, je sais, je suis une lionne engagée. Ne soyez pas aussi rabat-joie, je peut regarder le menu sans manger ! Bref, on passait une après-midi plutôt sympathique entre copines lorsque j'entendis un bruit de brindille qui craque. Des brindilles qui craquent, dans la savane, c'est pas ce qui manque ; pas mal de proies se planquent encore quand un groupe de lionnes passe. Mais, tout de même, j'ai un job et je vais aller voir ce que c'est. Partez devant, les potes, je vous rejoindrais peut-être plus tard !

Une fois seule, j'avance vers la source du bruit, persuadée de voir soit une petite proie terrorisée, soit... ben, plus rien ! Et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis un petit lionceau, tout couvert de cicatrices ! Son odeur était étrange : un brin de Pridelander, mais vraiment très faible, mélangé à des tas d'odeurs de pleins de territoire différents. Ce pourrait être un bannis, un fils de bannis... où un lionceaux vagabond ayant passé trop de temps sur nos terres. Quoi qu'il en soit, ce n'est qu'un petit, et je ne compte pas l'effrayer. Aussitôt après l'avoir découvert, je lui fais un grand sourire, posant mes proies sur le sol.

< Tiens, tiens ! mais qu'est-ce qu'on a là ? Un petit lionceau ! T'es perdu, gamin ? T'inquiètes, je vais pas te manger ! >

Rien à faire, ce petit me rappelle quelqu'un, mais qui ? C'est ça le problème avec les lionceaux, ils grandissent tellement vite qu'en deux mois, on ne les reconnait plus ! Sérieusement, vous avez déjà essayé de dire qui est qui dans une portée où les petits ont la même robe ? C'est impossible ! Hofu... oui, je suis sûre d'avoir déjà entendu ce nom-là quelque part. Peut-être que sans les cicatrices... bon, j'ai pour ainsi dire quasiment jamais vu de lions autre que les Pridelanders, en tout cas jamais de petits. A croire qu'il n'y a de lionceaux qu'au rocher de la fierté ! la déduction n'est pas difficile à faire. Un petit qui, selon toute évidence, fut autrefois un Pridelander + je connais tous les petits + mais pas lui + il a peur de moi = exilé !

Exilé ou pas, il est terrorisé ce petiot ! Et tout seul ! Mais qui peut donc laisser son bébé tout seul sur une terre où il a été exilé ? C'est un bébé, je ne vais pas le tuer pour l'ooodieux crime... de quoi, au juste ? d'avoir voulu retourner sur des terres clémentes ? D'avoir suivi sa maman ? En plus d'être prêt à s'évanouir de peur, il me semble bien affamé, cet Hofu. Je prends une de mes proies et lui pose devant le bec. Il doit avoir le même âge que Kumpa et Duma, donc il peut manger de la viande. Je prit une voix très douce, agrémentée d'un grand sourire bienveillant pour lui dire :

< Hofu ? Joli nom. Moi, c'est Malkia. Tu m'as l'air affamé ! Mange un bout. Qui s'occupe de toi ? T'es tout seul, ici ? >