Le temps d'un instant, j'essayais de tout oublier, ne plus penser à rien et chasser de mon esprit tous ces troubles qui m'agitaient. Samekh, ses révélations, la guerre qui approchait, mon prochain départ pour le Nord... Mon esprit n'avait guère été épargné et je me torturais sans cesse à coup d’hypothèses et d'angoisses. Il fallait tout oublier le temps d'un instant.

Après avoir longuement clos mes paupières, je les rouvris en espérant y voir un monde nouveau mais il n'en était rien. Un soupir s'échappa d'entre mes crocs et je repris ma route. Il me fallait retrouver Rono et ainsi tenir ma promesse faite à Samekh mais... comment le rencontrer dans une telle angoisse ? Je devais tout d'abord me calmer et m'apaiser. Rien de bon ne pouvait être tiré d'un esprit un ébullition. Alors comme je ne l'avais pas fait depuis un bon moment, je laissa simplement mes pattes me guider le long d'un chemin inconnu. Bien que cela pouvait m'amener à me retrouver en territoire hostile, cette manie avait le don de m'apaiser et j'en avais grandement besoin.

Je ne faisais guère attention à mes pas, me focalisant sur mes pensées, tâchant de les trier avec soin et alléger mon esprit endolori. Il fallait oublier le temps d'un instant. Mais comment ? Après tant de peine et de désillusion, voilà que Samekh m'offrait une promesse de bonheur durable à ses côtés et la simple idée de pouvoir le perdre me terrifiait. J'avais besoin de lui mais quand au juste étais-je devenue aussi dépendante de lui ? Je ne m'en étais même pas rendu compte. Tout était venu si vite... La noirceur du ciel ne laissait transparaître nul rayon solaire et je me sentais délaissée. C'est alors que mon regard se posa sur des empreintes de pas peu commune. Quel genre d'animal pouvait bien laisser de telles empreintes ? Comme en réponse à ma requête, ma curiosité prit le dessus face à mon esprit et ma tête se vida de tous questionnements sur l'avenir, ne se focalisant plus que sur ces traces de pas.

A l’œil et au flair, je pistais l'inconnu qui s'était engagé vers les terres d'Outland. Malgré mes réticences quant à ce territoire, je continuais ma route. La curiosité était plus forte et par ce jeu de piste, je voyais là un moyen d'oublier ce qui devait l'être. Pas après pas, j'en vins à franchir la rivière des crocodiles sans accrochages particulier. Bien qu’inhabituel, l'endroit semblait plutôt calme. Une fois le pont de bois franchit, de fines gouttelettes de pluie vinrent se déposer sur mon pelage et ce jusqu'à ce qu'il prenne une teinte plus foncée. Mon éclat avait cesser de briller. Cela m'attristait toujours, c'était comme perdre une partie de moi. Mais alors que je m'attristais de ma perte d'identité si particulière à mes terres natales, l'odeur subitement plus forte de ma proie me fit cesser tout mouvement. Il s'était stoppé. Bien qu'hésitante dans un premier pas, je finis par m'engager en direction de la termitière et là où m'attendait ce mystérieux inconnu.

Dos à moi, il était difficile de donner une description de l'individu mais bien ressemblant à mes semblables, il ne semblait pas être un lion comme en témoignait sa queue bien trop dense pour être celle d'un lion. Sa courte crinière en brosse ne faisait que confirmer mes soupçons. D'étranges tâches semblaient se dessiner sur son corps et son pelage n'était guère uniforme. Quelle sorte d'animal était-il ? Bien qu'ignorant tout de lui, sa seule apparence suffisait à me fasciner. Il dégageait une sorte de force mystique et bien que je ne saurais expliquer pourquoi, cela m'attirait vers lui. D'un pas calme et doux, je m'avançais vers l'animal tout en restant caché derrière son dos bien que ma présence ne devait plus lui être inconnu depuis un moment. M'arrêtant à une certaine distance de sécurité, je perdis mon mordant habituel et restais muette, aucun son ne voulant se mêler au chant de la pluie. Peut-être par peur de briser l'enchantement de cet instant ?

Des gouttes d'eau cacophoniques tombaient de ma mèche blonde et venaient terminer leur course le long de mes joues. Mes yeux étaient rivés sur l'inconnu et je ne voyais rien d'autre. Le temps d'un instant, j'avais tout oublié.

Aussi doux que le vent caressant les feuilles, l'animal se retourna et me fit face.Il semblait surpris, peut-être n'avait-il pas senti mon odeur. Malgré les temps troubles qui hantaient toute la Terre des Lions, aucun signe d'hostilité n'émanait de nos deux corps. Nous étions simplement là, l'un face à l'autre, à nous regarder dans le blanc des yeux. Brisant alors ce silence devenu presque religieux, une voix aussi calme que hypnotisante s'échappa du tréfonds des entrailles du mâle. Bien que flattée, aucun sourire ne vint égayer mon visage pourtant assombrit par la pluie. J'étais bien trop intriguée par cet étrange lion. Des plumes ornaient sa crinière en brosse comme l'on décorait un objet de culte. De toute ma vie je n'avais vu de créature plus intriguante que celle qui se dressait face à moi.

Bien que cela me paraissait être notre première rencontre, l'étranger semblait quant à lui me connaître. Mon visage trahit ma surprise tandis que mes sourcils se fronçaient très légèrement et que mes babines dessinaient un petit o de surprise. Il me semblait improbable d'avoir pu oublier ce lion. Quel étrange mystère nous entourait ? Faisant appel à mes sens, j'humais longuement l'odeur de ce lion, espérant y mêler un souvenir mais rien. Seul l'odeur d'Outland régnait et étrangement, le mâle semblait s'y fondre malgré quelques effluves de Prideland. Serait-il originaire de ces terres ? Dans un tel cas, ses souvenirs seraient peut-être mêler à mon premier temps passé sur ces contrées.

« Navrée mais je n'arrive pas à porter de nom sur visage. Vous-êtes... ? »

Avant approfondir cette discussion, je devais savoir à qui je faisais face. Un ami.... ou un ennemi ? Par ces temps dangereux, mieux valait-il se montrer prudent. Mon passé avec les Outlanders n'étaient guère reluisant et pourtant, aucune haine ne semblait avoir été éveillée par l'approche de ce lion, juste une fascination. Oui, une étrange fascination que je ne saurais expliquée mais qui me poussait à ne pas fuir cet étranger qui semblait bien en plus en savoir sur moi que l'inverse. Qui était-il et d'où datait notre rencontre que je semblais avoir oubliée ?

Au nom d'Outland, un vague soupçon de colère parcourut mon regard. Voilà donc la raison pour laquelle son odeur se mêlait tant à celle de ces lieux. Ma curiosité fut rapidement remplacé par la méfiance. Quand bien même je pouvais croiser des lions ne ressemblant en rien à ceux que j'avais fréquenté, cette simple similitude suffisait à me faire reculer. Mais bien que je gardais un souvenir amer de cette période, je ne devais pas oublier que ce lion n'était en rien responsable de mes mésaventures, ma naïveté était la seule coupable. Observant plus attentivement ce dénommé Killik, je pensais qu'être guérisseur lui correspondait bien. Sans doute son allure si particulière en était la raison.

« Oui, il fut un temps où je côtoyais vos semblables. » répondis-je, légèrement sur la réserve.

Néanmoins, il me semblait étonnant qu'il puisse se souvenir de moi sans pouvoir lui rendre la pareille. Je n'aurais jamais oublié un tel lion. M'avait-il observé à mon insu ? Croisant à nouveau son regard, je me perdis dans ses prunelles ambres. C'était étrange... malgré mon aversion pour les siens, il me fascinait.

A nouveau, sa voix suave s'éleva pour m'interpeller sur mon passé. Je ne pouvais m'empêcher d'être méfiante. Seul Samekh connaissait les causes de mon exil et il était hors de question qu'un Outlander découvre la vérité. Néanmoins et ce malgré son assurance, le mâle faisait fausse route. Je n'avais pas quitté délibérément mon clan mais en avait été bannie bien qu'avec Sheru nous avions songé à nous enfuir... Et nulle place n'avait été prise. Malgré la colère de mon père qui conduisit à mon exil, je savais bien que je resterai toujours la Princesse du Soleil dans le cœur des habitants de la Terre du Soleil. Mais, cela restait uniquement honorifique... Si je retournais sur ma terre natale, pourrais-je m'accorder le pardon de mon père et reprendre mon ancienne vie ? Non, cela était impossible. Je ne pouvais oublier la trahison que j'avais ressentie en étant exilée par ma propre famille ni même celle de mon frère. Tout était de sa faute après tout...

« Vous semblez bien curieux, Killik... » finis-je par répondre dans un petit rire faussement amusé.

Mais malgré quelques erreurs dans son raisonnement, le jeune lion n'avait pas totalement tort. Je ne pensais pas être une meneuse mais mon éducation avait été telle et ce malgré moi. Quand bien même je n'avais pas été appelée à régner, l'éducation d'une princesse restait stricte qui plus est lorsqu'il avait été décidé que j'épaulerai mon frère durant son règne. Le temps d'un instant, j'en vins à m'inquiéter pour lui et le poids de la gouvernance qui l'attendait mais rapidement la colère prit le dessus sur l'inquiétude. Le temps passait mais mon ressenti à son égard était toujours aussi controversé. Parfois, il m'arrivait de songer à un jour où nos chemins se croiseraient à nouveau, peut-être cela nous permettrait-il de comprendre comment nous avions pu en arriver à un tel point et qui sait, peut-être que mes émotions cesseraient d'être tant tourmentées... Je ne demandais que ça.

Une erreur... pouvions-nous réellement parler d'une erreur ? Si tel était le cas alors celle-ci avait été de donner mon cœur. Le fait d'avoir levé la patte sur mon frère n'avait été qu'un prétexte supplémentaire, mon père m'aurait banni dans tous les cas pour avoir aimé un étranger. L'amour m'avait tout fait perdre... ma famille, mon statut, mes amis, mon clan... Il m'avait déposséder de tout et j'en gardais encore un goût amer en bouche.

« Pourquoi souhaitez-vous faire ressurgir de tels souvenirs... Ne vous a-ton jamais dit qu'il n'était guère convenable de poser de telles question à une demoiselle ? »

Un semblant de sourire étira mes babines tandis que je dévisageais le mâle. Malgré sa curiosité tenace, il ne semblait guère être quelqu'un de mauvais. Après tout, un guérisseur se devait d'être à l'écoute des autres. Un tas d'histoires tragiques devaient d'ores et déjà emplir son répertoire, la mienne ne serait qu'un objet de collection supplémentaire.

« Mais puisqu'il semble tant vous intéresser je vous en prie, laissez parler vos théories et je vous écouterai. Peut-être trouverez une part de vérité dans votre imagination... »

La méfiance s'était envolé et laissait place à un regard pétillant. Bien que je n'avais guère l'intention de répondre à la curiosité du lion, je pourrais éventuellement lui céder quelques vérités en fonction de ses hypothèses mais, je devais prendre garde à ne pas me laisser emporter par ce jeu qui pouvait se révéler être dangereux. J'avais tiré de nombreuses leçons du passé et l'une d'entre elles était de ne jamais se fier aux Outlanders.

Il n'était pas là question de privilège mais d'indiscrétion mais, préférant garder cette remarque pour moi, je me tus. Le karma... qu'était-ce au juste, parlait-il d'une sorte de spiritisme ? C'était étrange mais également intriguant. Son souffle se fit plus intense et ses paupières se fermèrent doucement sur ses pupilles ambrées. Il semblait en pleine transe... Intriguée mais respectueuse, je ne dis mots afin de ne pas gêner le chaman.

Le silence était maître et j'observais le lion durant sa méditation. Cela allait-il vraiment marcher, parviendrait-il à déceler les recoins oubliés de mon passé ? Tout comme j'étais curieuse de voir si ses intuitions cosmiques le mèneraient sur la bonne voie, je redoutais qu'il n'en découvre que trop sur mon passé. C'était quelque chose de profondément enfoui et surtout d'intime que je ne souhaitais guère partager avec un inconnu. Après quelques minutes de silence, la créature ouvrit ses prunelles couleur ambre et me dévisagea de nouveau, sa méditation semblant être achevée.

Bien que gardant un calme apparent, mon cœur tambourinait dans ma poitrine tandis que j'écoutais les paroles du mâle. Mon karma me trahissait-il tant ? Je ne pus réprimer un froncement de sourcil lorsque Killik évoqua mon passé qui était un sujet bien houleux sur lequel je n'aimais guère me confier. Une simple méditation et le lion avait mis à jour ce que je m'étais efforcer de dissimuler sous mon air arrogant. Quant à ces deux lions dans mon cœur... comme une évidence, mon esprit fit défiler divers souvenirs de Samekh et Rono. Oui c'était bien eux qui étaient les plus chers à mon cœur.

« Vous n'êtes pas un charlatan messire Killik et vos dons ne vous ont pas trompé. Si certaines part sont incomplètes, ce qui se conçoit, votre faveur ne vous a pas trahi... »

Malgré mon agacement lié au fait que ce lion avait vu clair dans mon histoire, je ne pouvais réprimer un léger sourire sur mes babines. Lorsque tel était le cas, il fallait s'avouer vaincu.

« Je viens effectivement d'une contrée lointaine dénommée la Terre du Soleil. » lui révélais-je bien que ceci n'avait jamais été un problème. J'étais fière de mon héritage aussi ne prenais-je pas la peine de le cacher. « Quant à ces deux lions présents dans mon cœur, il s'agit là des seuls en qui j'ai une confiance aveugle. Ceux qui ne me trahiront jamais... » ajoutais-je dans un certain murmure, laissant planer l'affirmation du lion selon laquelle j'avais été bannie par ma famille tout en faisant une légère allusion à mon passé commun avec les Outlanders mais cela, Killik l'ignorait.

Comprenant que je n'avais rien à craindre de ce lion si ce n'était son étrange particularité, je pris une position plus confortable et m'assis face à lui.

« Dites moi Kilik, d'où vous viens ce don si particulier et fascinant ? Je n'avais encore jamais rencontré de lion tel que vous. »

Bien que toujours agacée dans mon fort intérieur par le fait que ce lion m'ait décrypté avec une telle aisance, j'étais curieuse à son propos aussi laissais-je mon ressenti négatif de côté pour me permettre d'en savoir plus à son sujet.

L'enfance de Killik se révélait aussi fascinante que son don puisqu'à défaut d'avoir reçu l'éducation d'un fauve, des primates l'avaient élevé. Je respectais énormément ces derniers et les tenais en haute estime. Ayant été à leur contact sur mes terres natales, je connaissais leur sagesse et tenais toujours en compte leur conseil. Kuamka, ce vieux vervet que j'avais rencontré vivant dans la savane était également un bon compagnon de réflexion que j'aimais le rejoindre de temps à autre pour tenir avec lui des conversations intéressantes.

Selon les dires du mâle, la méditation était ce qui lui permettait de rentrer en contact avec les Grands Esprits. Sûrement très calé niveau spiritisme, Killik devait être un fervent partisan des divers contes et légendes qui régissaient la Terre des Lions. J'avais moi-même été bercée par diverses fables dans mon enfance, les Terres du Soleil étant très liés aux Grands Esprits mais avec l'âge, j'avais appris à être plus terre à terre. Mon exil y était sans doute pour quelque chose et donc la raison de ma désillusion. Mais s'il persistait en moi une once de croyance en ces mystifications, je dirais alors que Samekh était un ange tombé du ciel venu me secourir de cette noirceur dans laquelle j'avais lentement sombré.

En même temps que ses mots, je fermais mes paupières et selon ses recommandations, tentais d'oublier tout son autour de moi, la voix suave du mâle ne résonnant bientôt plus que comme un écho lointain. Ma respiration s'intensifiait et je focalisais mon esprit sur cette dernière. C'était comme se retrouver seul, dans une bulle protectrice où personne ne pouvait nous atteindre. Mettant rapidement fin à cette expérience, je rouvris mes prunelles dorées et observa de nouveau le mâle tandis que ce dernier affirmait qu'un autre soleil m'offrirait sa lumière : le bonheur. Je resta muette plusieurs instants après sa confession puis émis un petit rire faussement amusé.

« Le bonheur est un luxe dans ce bas-monde. »

Sans cesse préoccupé par notre survie, nous n'avions guère le temps de songer à être heureux. Quand bien même je pensais être un semblant heureux avec mon mentor, la guerre nous rattrapait et voilà que je me devais aller vers le Nord dans l'espoir d'y trouver un moyen de sauver les Pridelanders, chose que je n'aurais jamais cru possible. S'il n'y avait pas Samekh, Rono et Kumpa, je n'aurais probablement jamais accepté mais c'était également là un moyen de blanchir les crimes de Samekh et sans doute était-ce là ma première motivation, je ne me souciais que de ceux que je portais dans mon cœur et n'avais pas de place pour les autres. Une lueur d'hésitation dans le regard, j'observais le mâle qui se dressait face à moi.

« Diriez-vous que vous êtes heureux Killik ? Et si tel était le cas, quel conseil donnerez-vous à ceux qui ne peuvent l'être ? »

Il fut un temps où j'étais heureuse, aimante et aimée mais les semaines, les mois et les années avaient passé et tout cela n'était plus que des émotions oubliées. Je ne savais plus comment faire, tout cela semblait si lointain. Si Sheru m'avait appris l'amour, il me l'avait aussi arraché à sa mort. Néanmoins je ne cesserai jamais d'associer d'heureux souvenirs à sa personne.

« Pensez-vous qu'on nous observe de là-haut ? » demandais-je dans un murmure.

Et si tel était le cas, que pensait Sheru du chemin que j'avais parcouru ?

Le mâle n'avait pas tort puisqu'à s'accoutumer d'un sentiment, on en perdait le goût de sa saveur. Mais pouvait-on se lasser du bonheur ? Cela semblait presque fou, n'était-ce pas là le but de toute une vie : être heureux ? Cette quête semblait bien laborieuse. Accompagnant le regard du mâle, j'observais le ciel parsemé de nuages. S'il disait vrai, alors mes aïeux m'observaient de là-bas. Bien que loin de mes terres natales, nous partagions tous le même ciel aussi mes ancêtres devaient-ils se trouver au détour d'un de ces nuages. Du moins je l'espérais mais le ciel était si sombre que je ne trouvais nulle lumière réconfortante. M'avaient-ils délaissé pour en éclairer d'autres ? Peut-être les avais-je déçu d'une manière ou d'une autre et dans un tel cas, comment récupéré leur faveur ? Je ne voulais pas être sans leur lumière dans ces temps si sombres.

Malgré mon trouble, un souvenir réconfortant vont réchauffer mon cœur : Sheru. Quand bien même mes aïeux pouvaient m'abandonner, je savais pertinemment que lui serait toujours à mes côtés. C'était là notre promesse. Bien que mes yeux ne pourraient plus se poser sur sa si belle personne, je pourrais toujours sentir sa présence à mes côtés par un souffle chaleureux et même si je ne le voyais pas, il continuait d'être présent à mes côtés. Comment avais-je pu oublier... Croisant de nouveau le regard du mâle, je formulais un merci du bout des babines tandis qu'un sourire éclairait mon teint.

« Je me souviendrai de vos mots, Killik fils de la Terre. »

Me redressant face au liard, j'abaissais majestueusement ma croupe en signe d'adieu. Bien que j'avais abandonné depuis longtemps mes quelques manières princières, certains valaient la peine de les recevoir.

« Ce fut un plaisir d'avoir croisé votre chemin. Puissent les vents vous être généreux et vous apportez bon présage. »

Un sourire discret sur les babines, je lui adressais un dernier regard avant de m'éloigner des terres d'Outland d'un pas décidé. Malgré mon passé commun déroutant avec ses congénères, Killik avait su me montrer une autre facette des dénommés Outlanders. Si certains s'étaient montré vicieux et cruels, cela n'en empêchait pas pour autant d'autres d'êtres prévenants et de bons conseils. Il fallait savoir distinguer le bon du mauvais.