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feat tahani & kuzali

Les Gorges de Prideland étaient vides de toute forme animale. Pas un seul mulot, pas une antilope perdue. Pas même un Pridelander en patrouille. Tahani avancait doucement, au aguets. Elle paraissait si petite à côté des immenses murs de pierre qui formaient ce lieu emblématique de la Terre des Lions ! La dernière fois qu'elle était venue ici, elle avait rencontré Kumpa, le Prince de Prideland et l'un de ses meilleurs amis, pour la deuxième fois. Elle lui avait appris l'existence d'Azari, et d'autres choses encore.Tahani traversait donc les Gorges à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Certes, ce n'était pas l'endroit idéal, mais elle avait déjà trouvé ici de gouteux lézards. La faim lui tordait le ventre, et apparement les lézards n'étaient pas de sortie aujourd'hui. Fatiguée, elle s'étira langoureusement et alla s'allonger à l'ombre des parois des Gorges. Bientôt, le sommeil la gagna et elle se laissa tomber dans les bras de Morphée.

Elle rêva, durant son somme, de Trône et de succession, comme souvent en ce moment. Trop de choses se bousculaient dans sa tête. Il y avait Massempo qui ne dévoilait pas qui il nommerait à sa suite. Il fallait qu'elle en parle à son père, mais quand, comment ? Et puis Tahani avait rencontré ce mâle, Samekh l'Exilé, qui avait tout chamboulé dans ses pensées et dans son coeur.

Son sommeil fut interromput par un bruit de pas. Tahani sursauta et s'empressa de se remettre la fourrure en place. Face à elle se trouvait une lionne magnifique, couleur du soleil. La femelle était dorée aux yeux jaunes. Elle arborait, tout la jeune Outlander, une mèche de poils sur le haut du front. Son regard était déterminé et intriguant. Elle rayonnait de beauté, c'était un vrai soleil à elle tout seule. Tahani porta sur elle un regard ensomeillé admiratif.

« Bonjour. »

L'air est doux et le ciel clément, signes d'une journée bien tranquille. Je marchais d'un air désinvolte, comme perdue dans mes pensées. Je n'étais plus seule, j'avais un mentor. Quelqu'un pour me tirer vers le haut quand lentement, je glissais vers un gouffre. Le temps passait et nous ne cessions d'être proches, comme si un lien invisible nous unissait et j'espérais de tout cœur voir cela perdurait. Peu attentive au monde qui m'entourait et à ses dangers, je m'aventurais dans les gorges malgré les nombreuses mis en garde mon mentor. Après tout, il n'était pas là pour me sermonner alors autant dire que la voie était libre.

Bien des pensées continuait de s'agiter, je trouvais néanmoins le temps d'observer les hautes parois des gorges. C'était impressionnant et peu importe l'idée que l'on avait de soi, on ne pouvait que se sentir minuscule à côté d'elles. Quand on était en hauteur des gorges, on se sentait dominant et incroyablement puissant. Mais lorsque l'on se trouvait au fin fond du gouffre, c'était une sensation de dominé qui nous accablait et on se sentait minuscule voir insignifiant.

Mes pas continuaient de s'aligner les uns après les autres tandis que je m'engouffrais dans les gorges sans avoir idée de ce qu'il pouvait s'y terrer. Après une bonne trotte et quelques fausses alertes, mon regard se déposa sur une forme animale qui dormait paisiblement à l'ombre d'une paroi de pierre. En voilà un pas très futée... Intriguée par cet inconscient, je me dirigeais à sa rencontre, un peu méfiante. Mais alors que je pensais découvrir un adulte ou bien sage, mes yeux me révélèrent une jeune adolescente au pelage prune. Alertée par mon approche, la lionne sursauta de petite frayeur et sortant de son sommeil, elle leva un regard intrigué en ma direction pour m'observer. Elle semblait encore dans le coaltar et son regard brumeux en témoignait.

La dominant du haut de mes quatre pattes, je l'observais sous tout les angles sans scrupules. Mis à part son pelage prune, des marques sans doute héréditaires ponctuait son regard émeraude et une touffe de poils plus prononcée lui tombait sur le haut du crâne. Elle était plutôt jolie pour son âge. Portant attention à l'odeur qu'elle dégageait, je compris rapidement qu'il s'agissait là d'une Outlander égarée. Quand bien même je ne portais pas ces lions dans mon cœur, cette dernière n'était responsable de rien aussi n'avais-je pas à la blâmer pour des commises dont elle n'avait sans doute pas idée. J'étais trop tolérante et docile avec les jeunes, cela pourrait me jouer un tour un de ces jours...

« Bonjour. »

Répondis-je alors à l'adolescente tandis que j'observais cette lueur dans son regard. Toujours intriguée, je me mis à observer les alentours pendant de longues secondes à la recherche d'un quelconque signe prouvant la présence d'un de ses congénères mais rien. Elle était seule. Mon regard se posa à nouveau sur elle, observateur. Qu'est-ce qui avait bien pu amener une lionne de cet âge à venir s'assoupir dans les gorges ? Je me souvenais avoir eu écho de l’embuscade des hyènes ainsi que leur prise de pouvoir mais tout de même, ce n'était pas un lieu pour une lionne telle qu'elle. Surtout à son âge, c'était presque du suicide. Avait-il seulement conscience de sa chance de ne pas être tombée sur un Pridelander en patrouille...

« N'est-ce pas imprudent pour un Outlander de venir s'assoupir si loin de ses terres ? »

Lui demandais-je alors d'un ton un tantinet amusé. Soit cette gamine avec du cran, soit elle n'avait pas une once de bon sens...

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Lorsque la femelle dorée lui posa sa question avec ironie, Tahani lui répondit, encore un peu ensommeillée :

« C'est vrai, je ne devrait pas être là... Mais les règles sont faites pour être transgressées, parfois. Tu es une Exilée n'est ce pas ? »

En effet, elle n'avait détecté aucune odeur bien distincte de Clan sur elle. Juste un léget fumet de Prideland, mais sans doutes étais-ce dut à son passage ici. A moins qu'elle ne vienne d'un Clan lointain qui lui était inconnu ? Ces fameux lions du Désert par exemple, on lui avait raconté des histoires à leurs propos, comme il étaient de la couleur du sable et très agressifs, mais la jeune princesse ne savait quoi en penser.
Tahani afficha un joli sourire et se releva rapidement. Elle s'étira puis s'assit en face de la belle femelle au pelage couleur du soleil. Elle lança alors :

« Moi c'est Tahani ! »

Elle était heureuse de rencontrer une autre femelle, qui plus est, avec une mèche, comme elle ! Elle était très amusée par cette similitude, et flattée, car la lionne dorée était très belle. Plus tard, est-ce qu'elle serait aussi belle qu'elle ? Elle l'espérait !

Sa voix encore ensommeillée et ses grands yeux vert frémissant à l'éclat du soleil la rendait terriblement innocente. C'était encore une jeune lionne après tout. Le belle endormie m'avoua alors avoir conscience sa faute mais par la suite de ses propos plus rebelle, elle fit apparaître un léger rictus sur mes babines. Peu sotte pour son âge, elle mit rapidement la griffe sur mon statut social. Après tout, elle était d'Outlander aussi savait-elle reconnaître ses semblables bien que je n'aimais pas être assimilée à ces lions. Néanmoins, elle n'avait pas à porter le poids de mon dédain. Ce n'était qu'une adolescente. Sans prendre la peine de lui répondre par des mots, un nouveau sourire légèrement sournois suffit à lui faire comprendre qu'elle avait vu juste.

Se remettant doucement mais sûrement de son sommeil abrégé, la jeune lionne finit par se redresser et s'installa face à moi, un sourire aux babines. En voilà une qui ne prenait pas mal le fait d'être interrompue dans sa sieste... Dire que dans les mêmes conditions, j'avais laissé éclater ma colère face à Malkia. Sa sieste ne lui tenait peut-être pas tant à cœur.

« Kuzali. » répondis-je après que la belle endormie se soit présentée.

J'étais amusée par notre ressemblance. En plus de cette mèche commune, la lionne semblait posséder un esprit rebelle qui me plaisait. Mais étrangement, les faits ne s'arrêtaient pas là. Comme une impression de déjà-vu. Mais d'où ? Avoir cette sensation sans en connaître la provenance m’agaçait. Nous étions-nous déjà rencontrés par le passé ? Je me mis à farfouiller ma mémoire, persuader que ce n'était pas là notre première rencontre. Plongée dans cette intense réflexion, je fixais avidement son regard émeraude tout en tentant d'y trouver une quelconque réponse. Tahani... Alors comme une évidence, je me souvins du jour précis où ma route avait croisé celle de la princesse pour la première.

Ce fut donc sous un tout autre regard que j'observais dorénavant la lionne. Tahani... Un petit sourire vint se déposer sur mes babines. Elle avait bien grandi depuis cette époque et non sans surprise, elle s'était également embellie. Se souvenait-elle de moi ? Peut-être que oui, peut-être que non. Bien du temps s'était écouler et j'avais moi-même mis un certain temps avant de me souvenir. Mais plutôt que de me le demander à moi-même, autant interroger directement l'intéressée :

« C'est un plaisir de te revoir princesse. » informais-je tout en souriant espièglement. « J'ignore si tu souviens de moi, notre première rencontre date de plusieurs années. Tu étais encore un lionceau à cette époque mais je vois que ton imprudence n'a pas changé. »

Cela avait été bref mais les souvenirs étaient toujours présents. Quel présomptueux hasard que de la revoir en ces bas lieux. Si mon animosité pour les Outlanders n'avaient de cesse de grandir, je n'avais pas oublié l'éclat de ces yeux verdoyants et ce doux sourire. Unique souvenir positif d'une période si sombre et troublante de mon passé.

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La voix de la lionne dorée parut soudainement familière à la petite Princesse. Tahani était persuadée de l'avoir déjà vu quelque part en effet. C'est alors que des images lui revinrent en mémoire. Il y a un an, lorsqu'elle était très jeune, une hyène l'avait attaquée. Une femelle, grosse et couturée de cicatrices. L'Outlander revoyait encore ses dents jaunes et ses pupilles rouges injectées de sang. La chienne l'avait attrapée quand Kuzali était intervenue héroïquement et avait fait fuir l'agresseur. C'est ainsi que les deux femelles s'étaient rencontrés pour la première fois, et que Tahani se mit à admirer Kuzali et à la considérer comme une grande soeur. En repensant à sa petite enfance, la jeune lionne brune se rendit compte que Kuzali était la première lionne qu'elle aie jamais connu, en dehors des Outlanders. Elle sourit à cette pensée, légèrement mélancolique. Elle ne se souvenait pas de comment et quand Kuzali avait quittés les Outlanders, elle était trop petite, mais un certain mystère planait autour de cette époque de la vie de la belle lionne dorée.

« Kuzali ! Je me souvient maintenenant, que deviens-tu ? »

Tahani, qui était désormais parfaitement réveillée, s'était joyeusement rapprochée de son interlocutrice et était passée au tutoiement. Elle sautillait autour de Kuzali en ronronnant, en continuant :

« Pourquoi es-tu redevenue une Solitaire ? »

Elle s'arrêta à ces mots et posa un regard perplexe sur Kuzali. Les Outlanders avait-ils fait quelque chose de mal qui l'avait poussé à s'en aller ?

Les souvenirs faisaient surface et comme je m'étais moi-même souvenu de cette petite lionne brune, la voilà qui se rappelait également de notre rencontre. Un petit sourire amusé vint se glisser sur mes babines. Elle avait bien grandi depuis notre rencontre et ce n'était plus un lionceau mais une belle jeune lionne qui se tenait à mes côtés. La nature l'avait bien gâté. Après tout son père n'était pas un lion déplaisant à regarder.

« Oh tu sais, je vadrouille sur la terre des lions. » répondis-je d'un ton détaché tout en souriant.

C'était là la vie d'un exilé après tout. Les propos de la jeune lionne délogèrent mon sourire pour laisser place à une expression plus distante et mélancolique. A l'époque de notre rencontre, je n'étais pas seule mais accompagnant un petit groupe d'Outlanders de mon âge. Je n'avais jamais pris la peine de prévenir quiconque de mon départ aussi la lionne était-elle restée dans l'ignorance.

« J'ai toujours été une solitaire. Je n'avais pas vraiment rejoins les rangs des Outlanders, je traînais avec quelques uns de ses membres, voilà tout. »

Des lions que, naïvement, j'avais pensé être mes amis. Ou du moins, ce jusqu'à leur trahison. On disait souvent que l'expérience de la vie nous rendait plus fort et forger notre caractère. Je n'avais pas échappé à ce dicton. Quand bien même ces souvenirs me laissaient un goût amer en bouche, ils m'avaient appris à être méfiante envers les inconnus et surtout, ne plus accorder ma confiance à quiconque.

« Mais ne nous préoccupons pas des détails du passé. Parle moi de toi un peu, bien des choses ont du changé depuis le temps. »

Le regard plongé dans celui la lionne, j'attendais avec hâte son histoire. Tahani était l'une des rares femelles que je portais dans mon cœur et dont le souvenir ne m'arrachait pas une mine de dégoût. Étrangement, je m'étais toujours mieux entendu avec les mâles qu'avec les femelles. Mais il existait néanmoins des exceptions comme partout ailleurs et Tahani en faisait parti.

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« Oh tu sais, je vadrouille sur la terre des lions. »

Kuzali sembla perdue dans ses souvenirs, légèrement mélancolique.

« J'ai toujours été une solitaire. Je n'avais pas vraiment rejoins les rangs des Outlanders, je traînais avec quelques uns de ses membres, voilà tout. »

Tahani resta perplexe à ces révélations. De qui s'agissait-il ? Et qu'avaient-ils donc fait pour avoir fait fuir Kuzali ainsi ? Tahani afficha une mine attristée. Elle avait été séparée de son amie à cause des erreurs des Outlanders d'autrefois. Elles auraient put grandir ensemble et combler cette période passée sans pouvoir se voir. Que ça faisait du bien de se retrouver après tout ce temps ! Mais cela aurait put se passer autrement, cela aurait du se passer autrement. La jeune femelle n'eut pas le temps de réfléchir plus à tout cela car Kuzali reprit avec un agréable sourire :

« Mais ne nous préoccupons pas des détails du passé. Parle moi de toi un peu, bien des choses ont du changé depuis le temps. »

Tahani hocha doucement la tête et . Elle voulait tout raconter à Kuzali, les moments heureux comme les moments tristes, elle voulait tout lui dire. Elle inspira doucement elle commença son récit :

« Hé bien... Lorsque je n'était encore qu'un lionceau, Outland s'est fait attaqué par les hyènes. Nous avons dû céder nos terres à ces chiennes. Depuis nous vivons reculés, cachés, dans l'espoir qu'un jour nous retrouverons notre territoire. J'ai rencontré les Princes de Prideland, Kumpa et Damu, et je suis devenue leur amie. J'ai rencontré des tas de lions, Kigeni, un Exilé assez froid et distant, Kisa, une petite Freelander que j'ai rencontrée chez les hyènes. Il y a aussi Hofu, un banni de Prideland, et Haramu, roi des Mositus. Mon père refuse de me laisser le trône car je suis une femelle et que je suis amie avec trop d'autres lions. »

Tahani termina en souriant.

Se pliant avec une joie non dissimulée à ma demande, la jeune lionne entreprit dès lors le récit de ces dernières années pendant lesquelles je n'avais pu être à ses côtés. J'étais fière de voir ce petit lionceau que j'avais sauvé devenir une ravissante jeune lionne. Un léger sourire aux babines, je m'assis sur le sol poussiéreux des gorges pour prêter toute mon attention aux paroles de la belle lionne prune.

Confirmant la rumeur qui s'était étendu sur toute la Terre des Lions comme une traînée de poudre, Tahani me fit part de l'invasion des hyènes sur leur territoire impliquant l'errance des Outlanders. Si je m'étais autrefois réjoui de cette nouvelle peu favorable à ceux pour qui je n'avais que du dégoût, je ne réalisais qu’aujourd’hui que cela avait également atteint Tahani, celle pour qui je n'avais que sourire et douceur. Je ne pouvais étendre ma haine pour quelques Outlanders à tout leur clan, ce n'était pas juste. Sûrement que des jeunes lions de la génération de Tahani avait également été touché par ce malheur sans pour autant qu'ils ne soient responsables du mien. Mais malheureusement, je ne pouvais m'empêcher de généraliser les faits. Quand on rencontrait un certain type d'individu et que les choses tournaient mal, on ne pouvait s'empêcher par la suite de catégoriser tout ses semblables.

Continuant alors son récit, Tahani m'apprit son étonnante amitié avec les princes de Prideland, Kumpa et Damu. Tiens donc, voilà un fait surprenant et pourtant ma surprise n'était pas totale. Dans le fond, ce n'était pas irréaliste de voir Tahani se lier d'amitié avec ces lions-là. Bien que née sur Outlander et fille de leur dirigeant, elle n'était pas une lionne amer rongée par la haine mais plutôt vouée à la joie. Néanmoins, je ne pus dissimuler ma surprise lorsque la lionne me fit part de ses rencontres avec Kisa, Hofu et Haramu. Le monde était incroyablement petit et cela m'arracha un léger rictus d'amusement. Pourtant, mon sourire disparut lorsque Tahani me révéla les circonstances défaillantes de son futur accès au trône d'Outland. Derrière son sourire, je ne pouvais que me douter de sa blessure que ce refus avait engendré.

« La vie est pleine de surprise petite princesse. » concluais-je avec un demi-sourire. « Aussi étonnant que cela puisse sembler, j'ai moi aussi rencontrer bon nombres de ces lions comme Kisa et Hofu. Quant à Haramu, tu ferais mieux de ne plus t'en approcher, ce lion est sérieusement dérangé... » dis-je, le regard rendu amer par ce souvenir. Nul doute que si Fleck n'avait pas été présent à l'Oasis, nous en serions venus aux pattes. « Ton amitié avec les princes Pridelanders est quelque peu surprenante et bien que ton père doit voir cela d'un mauvais regard, il devrait aussi songer aux opportunités que cela pourrait vous offrir comme un temps de paix entre vos deux royaumes. »

Les générations évoluaient et chaque règne différait du précédent. Si Massempo et Farao avait laissé planer un climat de tension entre leur clan respectifs, Tahani et Kumpa changeraient probablement les choses de part leur amitié. Mais la socialisation de sa fille avec d'autres lions n'était pas le seul facteur remettant en cause sa légitimité selon Massempo. Tahani était une femelle et cela ne semblait guère convenir au régent. Quel imbécile... Pourquoi une femelle serait-elle moins apte à diriger qu'un mâle ? Ces suppositions avaient le don de m'agacer.

« Ton sexe ne définit pas ton courage ni même ton aptitude à régner. Si ton père ne comprend pas cela, c'est qu'il est stupide. Prouve lui que tu es aussi apte à régner qu'un mâle pourrait l'être. » ajoutais-je dans un sourire d'encouragement.

Le petit lionceau avait bien grandit et laisser place à une jeune lionne d'une remarquable beauté. Nul doute que les mâles la regardaient d'un œil différent au jour d'aujourd'hui.

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« La vie est pleine de surprise petite princesse. Aussi étonnant que cela puisse sembler, j'ai moi aussi rencontrer bon nombres de ces lions comme Kisa et Hofu. Quant à Haramu, tu ferais mieux de ne plus t'en approcher, ce lion est sérieusement dérangé... Ton amitié avec les princes Pridelanders est quelque peu surprenante et bien que ton père doit voir cela d'un mauvais regard, il devrait aussi songer aux opportunités que cela pourrait vous offrir comme un temps de paix entre vos deux royaumes. »

Tahani était parfaitement d'accord concernant son amitié avec Kumpa et Damu. Une alliance entre Outland et Prideland serait plus que bénéfique aux deux royaumes, et la Terre des Lions pourrait enfin connaître la paix. Mais pour le moment Massempo l'empêchait, ce serait un terrible outrage à sa fierté. Quand à Haramu, cela surprit la jeune lionne brune. Il lui avait pourtant semblé très sage et sympathique lors de leur rencontre ! Kuzali était une lionne adorable, mais elle avait tout de même son caractère. Cela fit sourire la princesse.

« Ton sexe ne définit pas ton courage ni même ton aptitude à régner. Si ton père ne comprend pas cela, c'est qu'il est stupide. Prouve lui que tu es aussi apte à régner qu'un mâle pourrait l'être. »

« Merci. Je vais faire de mon mieux ! Tahani lui lança un regard plein d'admiration et d'affection. Puis elle se plaça face à elle et l'étreignit avec bonheur. Elle rit un peu, puis continua. Je suis si heureuse de te revoir après tout ce temps ! Tu m'a manquée... »

Tahani considérait Kuzali comme sa sœur, son amie proche. Elle l'adorait, l'admirait, et elle était plus excitée que jamais de la retrouver.

[C'est court mais j'avais hâte de te répondre ♥]

Pour un Exilé, il était commun d'avoir plus d'ennemis que d'alliés. Notre rang faisait de nous des rejetés de la société et rares étaient ceux qui nous accueillaient avec le sourire. Tous ignoraient notre passé mais cela ne les empêchaient pas de nous juger. Les Outlanders pensaient différemment puisqu'ils étaient eux aussi des parias mais, ce regard que m'offrait en toute sincérité la petite lionne était unique. Un éclat singulier y brillait et je m'en sentais quelque peu déstabilisée. Voilà combien de temps que l'on ne m'avait pas regardé de la sorte ? Devant une telle sincérité, je sentais les paroisses de glace entourant mon cœur se réchauffer.

Dans cette même sincérité qui me déstabilisait étrangement, Tahani vint m'entourer de ses pattes pour m'enlacer dans un élan de bonheur. Pourtant peu habituée à de telle démonstration, je me laissa docilement faire, un doux sourire aux babines, comme apaisée. Peut-être était-ce parce que je l'avais connu lionceau et peu de temps après mon arrivée sur la Terre des Lions qu'elle parvenait à abaisser les barrières dont je m'entourais.

« Toi aussi tu m'as manqué, petite princesse. » murmurais-je dans l'oreille de la lionne.

Laissant de côté cette lionne que j'avais appris à être, je contemplais la lionne d'un regard doux, voir protecteur. Cet enfant que j'avais sauvé des griffes d'une hyène avait bien changé... Pourtant, le changement était davantage physique que psychique. Son sourire ne s'était pas dissipé et c'était la même chaleur qu'autrefois qui s'émanait d'elle.

« Je suis contente que ton sourire n'ait pas disparu. »

Étrangement, Tahani me rappelait mon ancien moi et j'en venais même à l'envier. Je l'enviais de rire si innocemment et de sourire avec une telle facilité. Alors que je m'étais laisser aller dans l'ombre, cette petite lionne continuait de sourire à la vie. Mais plus fort que l'envie, je voulais aussi la protéger et que jamais elle ne perde son si beau sourire.

« Je sais bien que les récents événements n'ont pas été cléments avec toi mais n'oublie jamais de sourire, d'accord ? C'est important. »

Avançant d'un pas vers la lionne, je vins frotter affectueusement ma tête contre la sienne. Je me montrais rarement affectueuse avec autrui mais en compagnie de Tahani, j'avais véritablement l'impression de voir mes barrières s'envoler. Comme si ce souvenir qu'elle entretenait de ma personne me poussait à agir différemment, plus docilement. J'avais beau ne pas l'avoir côtoyer longuement, elle était probablement ce qui se rapprochait le plus d'une image de petite sœur.

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Tahani se serra fort contre Kuzali. Le contact de sa fourrure dorée était si agréable pour la petite qu'elle aurait put s'y endormir. Elle se sentait revenue à l'époque où elle était assez petite pour pouvoir enfouir sa tête dans les fourrures des gens qu'elle aimait. Un temps où les deux mécheuses s'entendaient si bien qu'elles se considéraient comme des soeurs. La femelle couleur du soleil demanda à Tahani de ne jamais perdre son sourire. La lionne brune fut très émue par la manière dont son amie avait dit cela. Elle redressa la tête et se recula d'un pas.

« Je souhaite que tu gardes aussi le sourire. Et plus que tout, promets moi de toujours tout faire pour être heureuse. Je ne veux plus jamais être séparée ainsi de toi Kuzali. Promets moi... Promets moi de rester en vie aussi longtemps que tu le pourras. Tahani avait trop peur des problèmes à venir pour ne pas mettre en garde Kuzali. Tu mérites tellement mieux que la Terre des Lion... Ma soeur. »

Tahani leva doucement sa patte vers Kuzali et effleura sa joue du bout des coussinets. Des larmes s'attroupaient aux coins de ses yeux et elle réprima un sanglot, gênée :

« J'ignore pourquoi cela me fait ça... Tahani plongea son regard émeraude dans celui de son interlocutrice. Elle pleurait, mais son sourire demeurait intact. Ça m'a toujours fait ça. Elle éclata d'un joli rire avant de ravaler ses larmes. Tu es forte, et belle. J'aimerais être comme toi. Tu ne pleures pas toi. »

Elle rejeta sa mèche en arrière et sourit de plus belle. Elle était si heureuse d'enfin retrouver son amie d'enfance, cette lionne qu'elle considérait comme sa soeur... Elle ne voulait plus jamais la quitter.

Des mots pouvaient réchauffer tout cœur aussi froid fut-il. Je m'étais battis des murs pour me protéger, avait appris à voiler mon regard ainsi que mes émotions et à devenir une autre lionne que celle que j'étais autrefois et tout cela dans le but de ne plus jamais souffrir à nouveau. Mais la souffrance était partout et à défaut de pouvoir la faire disparaître, on pouvait l'atténuer. Alors que j'avais mis en œuvre pour bâtir ces murs, je me retrouvais vulnérable devant cette lionne que j'avais connu alors qu'elle n'était encore qu'un lionceau insouciant et son sourire m'était fatal.

« On ne peut savoir de quoi demain sera fait. » répondis-je sur un ton doux, consciente des peurs de la jeune lionne. « Mais aussi longtemps que mes forces me le permettront, je me battrai. »

Une brise vint souffler sur nos deux pelages mais étrangement, aucun frisson ne parcourait mon corps. Peut-être était-ce dû à mon cœur qui venait de se réchauffer en entendant les derniers mots de la lionne. D'un geste lent mais empli de douceur, cette dernière leva une patte à mon visage pour effleurer avec tendresse ma joue. Bien qu'étrangère depuis de longues années à de telles marques d'affections, je ne m'écarta pas de cette patte tendue vers moi. Suite aux larmes qui montaient dans ses yeux, la jeune lionne réprima un sanglot. Inquiète, mes sourcils s'abaissèrent tandis que j'observais la lionne. Quelle était la cause de ces larmes que je ne souhaitais voir ?

« Tu as toujours eu le cœur trop gros. » soupirais-je doucement tout en essuyant ces grosses larmes.

Tandis que mes pattes s'humectaient des larmes de la petite lionne, je songeais à quel point il allait être difficile de la quitter. Quand bien même ce retrouvailles me réjouissaient, elle et moi n'appartenions plus au même monde. Ou du moins avais-je choisi une voie différente dans laquelle je ne pouvais la mener.

« Les sentiments sont aussi une force, Tahani. Et si ta beauté t'es invisible, saches que moi je la vois. »

Un sourire aux babines, je vins coller mon front contre celui de l'Outlander. Pourquoi devoir pleurer dans tel moment d'allégresse... Elle me pensait forte mais je ne l'étais pas. Elle pensait que je ne pleurais pas mais elle avait tort. Si les larmes ne coulaient plus de mes yeux, c'était parce que toutes les larmes de mon cœur avaient déjà été versé. Non, je n'étais pas celle qu'elle pensait. En grandissant et par les douleurs connues, on apprenait à ne plus souffrir. On se cachait derrières des murs, on s'enveloppait d'un voile que l'on pensait indestructible et l'on vivait caché derrière celui-ci. Je n'étais ni forte ni belle mais brisée et désespérément seule. Sans doute était-ce la raison pour laquelle j'avais demandé à Samekh de m'accompagner... il était comme une lumière me guidant dans la nuit la plus sombre. J'avais besoin de lui plus qu'il ne le croyait. Il était cette ancre qui avait stoppé ma descente aux enfers. Petit à petit, j'étais devenue dépendante de ce lion. Mais toutes ces choses que je gardais pour moi, je ne pouvais me permettre de les lui livrer. Non, je ne pouvais me permettre de lui prendre ce qu'il lui restait d'espoir.

« Ne doutes jamais de toi mon ange et ne perds jamais espoir. Même dans la nuit la plus sombre... Tu trouveras toujours la force de te relever car moi, je crois en toi. »

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« Je crois en toi. »
Les paroles de Kuzali touchèrent profondément Tahani. Elle était pour elle comme une grande soeur, et elle savait qu'elle pouvait compter sur elle, quoi qu'il arrive. Elle murmura :

« Oh, Kuzali ! elle réprima un sanglot et se serra encore plus fort contre elle. Je ne sais pas comment te remercier d'être revenue me voir. Tu m'a tellement manqué... »

Le soleil déclinait à l'horizon et Tahani le surveillait nerveusement, redoutant plus que tout le moment où il faudrait se dire "adieu". Adieu car elles ne se reverraient sans doutes pas avant que tout les problèmes de la Terre des Lions soient résolus. Si ils l'étaient un jour... Le moment était venu. Tahani releva la tête vers Kuzali, les yeux pleins de larmes, et vit dans ses yeux de la douceur, et de l'amour, pas l'amour d'un mâle, mais l'amour d'une soeur.

« Je... Je doit y aller. Adieu... »

Tahani sanglota doucement puis plongea une dernière fois son regard dans celui de la lionne dorée. Puis, elle fit volte-face, et jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus voir Kuzali, elle ne fit que se retourner pour la regarder, elle ne pouvait se résigner à la quitter ainsi, d'un coup. Elle ne voulait pas la laisser partir une seconde fois, mais elle n'avait pas le choix. Comme elle allait lui manquer !

[Fini pour moi On clos la-dessus ? :3]

La petite lionne prune m'avait également manqué et malgré la noirceur qui avait pris place dans mon cœur, elle semblait ramener une lumière d'espoir et ravivait des sentiments chaleureux bien trop oubliés. Tout comme elle, j'avais remarqué l'ascendance du soleil et l'arrivée sous peu de la nuit ce qui signifiait également notre séparation. La compagnie des anges n'était jamais éternelle. Elle semblait aussi attristée que moi mais, je cachais davantage mes émotions. Un exercice qui était aujourd'hui devenu une habitude.

« Va, nos chemins se recroiseront à l'avenir. »

Adressant un dernier regard rempli de bons sentiments à la jeune lionne, je l'observais tandis qu'elle prenait le large. Je voyais son hésitation dans ses pas troublés et cela me faisait sourire. Les séparations n'étaient jamais un moment heureux mais il fallait alors se laisser séduire par l'idée de belles retrouvailles.

Lorsque la jeune Outlander ne fut plus qu'un point à l'horizon, je soupira longuement. Qui aurait cru que les gorges me conduiraient à une telle trouvaille... Nous n'étions jamais à l'abri d'une surprise. Tandis que je m'éloignais suite au départ de la lionne, je songeais à mon temps passé avec les Outlanders. Malgré ces bons souvenirs que je gardais en compagnie de la demoiselle, je ne pouvais oublier les raisons qui m'avaient poussé à partir aussi peu importe le nombre de fois que la lionne me questionnera à ce sujet, je ne lui révélerai jamais la raison de mon départ. Elle aimait trop son clan pour que je vienne tâcher cet amour par mon amertume.

Le cœur néanmoins apaisé par ces heureuses retrouvailles, je m'en alla rejoindre mon mentor qui devait probablement m'attendre. Avec de la chance, je n'aurais le droit qu'à des sermons...

MAY WE MEET AGAIN