Le soleil commençait à mourir qu’Adérès sortait de sa tanière. Encore groggy du sommeil sans rêve qu’il venait d’avoir, il ouvrit grand la gueule pour laisser s’échapper un long baillement. La bouche pateuse, il se dirigea d’un pas chancelant vers la petite source qui coulait à droite du repère des lions tardant ses prunelles écarlates sur les lions qui se regroupait après leur journée. Certains avaient encore les poils du dos encore humide de la pluie qui s’était déchaînée dans l’après-midi. Avec un peu de chance, la petite source sera plus gonfler que d’habitude et le gros lion sombre pourra humidifier cette gueule pateuse autant qu’il le voudrait. Comme quoi, les moissons avaient bien un avantage.

Adérès détestait la pluie. Outre la sensation d’humidité constante, l’eau se glissait entre les poils de sa crinière et lui donnait l’impression d’avoir un poids constant sur sa nuque. Le reste de son corps, pourtant, était habitué aux marais de son pays natal et il pouvait marquer dans les eaux boueuses sans problème. Mais la crinière, c’était sacrée.

Glougloutant à l’ombre du repère, la source débordait de son nid. Adérès s’y approcha, se pencha et but de longue gorgée d’eau fraîche jusqu’à ce que la présence d’un autre lion, beaucoup trop proche à son goût, ne lui fasse tourner la tête.

- Oh, Bosi ce n’est que toi.

La belle lionne brune avait un nom beaucoup plus long, mais la flemmardise intellectuelle d’Adérès l'empêchait de se souvenir du nom complet. Bosi, c’était très bien pour lui.

- Tu n’es pas avec une troupe de lionceaux aujourd’hui.

Elle faisait quoi déjà cette lionne ? Impossible de s’en souvenir ! Une chose était sûre, Adérès ne travaillait pas avec elle.

C’était lequel déjà Vumbi ?

- Je ne suis plus nourrice, puis à cette heure les lionceaux sont coucher normalement j'ai garder une cicatrice que ma grand-mère m'a faite puis sa dernière phrase, reste dans ma mémoire - Adérès leva les yeux au ciel, demandant pitié à ses ancêtres. - Elle a dit qu'elle maudits tout les mâles de ma famille mon compagnon me demande de ne pas y penser. Désolée de t'ennuyer avec mes histoires mais tu crois aux malédictions ?

Adérès avait une sainte horreur de jouer les confidents. Il n’était pas doué pour ça et, pire encore, avait tendance à s’endormir quand il ne s'agissait pas de suite.

- Oh oh … - fit-il en chassant les mots de Bosimamiwe. - J’ai pas besoin de connaître tes problèmes de famille.

Pour une fois qu’il voulait être sympathique. C’était raté. Il allait sûrement encore entendre parler de Koliya dans les jours à venir, mais c’était plus fort que lui.

- Et qu’est-ce que ta grand-mère a à voir la dedans ?

Si cela se trouve, sa grand-mère était une sorte de marabout avec une verrue sur le museau et les yeux vitreux qui passait son temps à la coller pour la maudire de toutes les maladies possibles. Ah, ça expliquerait pourquoi elle aurait perdu son poste avec une sorcière qui fait peur aux lionceaux.

En baissant les yeux sur la balafre rosée qu’elle portrait encore, Adérès se demanda ce que la vieille mégère avait put faire à Bosimamiwe pour qu’elle en perde son rôle. Adérès ne la connaissait pas très bien, mais il savait qu’il n’avait jamais été déranger durant son sommeil quand elle était avec les vermisseaux. Il poussa un long soupir.

- T’as besoin de parler, pas vrai ?

Par ses ancêtres, il allait le regretter…

- Je t'ai présentée mes excuses pourtant ça ne t'ai, pas arrivé de t'emporter à des moments aussi douloureux ? Si tu veux savoir cette lionne est un monstre comme sa famille avant elle je porte le sang d'une meurtrière je suis une descendante Boqoradas.

La voix de la lionne était chevrottante, pleine d’inquiétude et de remords. Ses derniers jours, elle devait vivre quelque chose de très difficile pour la mettre dans cet état. Adérès se lécha le nez pour essayer de ne pas la secouer dans tout les sens.

- Et ça implique quoi d’être Boqodaras…hm ... Boqoradas ?

Visiblement quelque chose de dramatique comme une maladie héréditaire, parce que plus Bosimamiwe s’ouvrait à lui, plus son visage se décomposait. Sa voix se pinçait, elle grimaçait de douleur tout en portant une patte vers son ventre et se coucha devant la source d’eau qui lui renvoya la pathétique image d’elle-même.

- Enfin, si ça à un lien avec ta grand-mère explique moi.
- Parler d'elle ? Non elle ne mérite pas ça je comprends maintenant pourquoi mon père éviter mon regard je lui rappeler celle qui l'avait humilié et insulter, toute sa vie mon pauvre grand-père il l'a vraiment aimé et il a rejoint les esprits.

Ok, s’il comprenait bien les lionnes de son coté paternelle était toutes des ratels… Il y avait un truc qui ne connais pas dans ce qu’elle disait, parce que Bosi était loin de la créature hargneuse que sa grand-mère avait l’air d’être.

- Bon, ça a l’air d’être dramatique, mais pourquoi tu n’es plus nourrice alors ? Non parce que … euh … eh bien… Tu faisais un bon boulot, non ?

En repassera pour la fluidité des compliment.

La lionne lui expliqua avec véhémence ce qu'étaient les Boqodaras. Adérès se demanda, de surcroît, ce que ce clan avant de particulier avant de se rappeler que, contrairement aux royaume des marais où les lionnes avaient une place toute particulière - notamment dans le conseil qui entourait le souverain - la souveraineté matriarcale n’était pas le cas de la majorité des troupes.

Au souvenir de son clan d’origine, son coeur se contracta d’une drole de façon.

- Tu sais, si on laisse les petits vieux décidé de ce que sera notre vie alors on ne vivra jamais.

Le Goliath haussa les épaules et détourna les yeux vers l’eau miroitante. Il y vit sa propre image et celle de Bosimamiwe et, quelques part derrière la lumière, l’ombre titanesque d’un ancêtre sanctifier. Un petit sourire incurva ses lèvres.

- A ce qu’il paraît, mon grand-père était une sale con aussi. Chez moi, enfin dans les marais, on a un poste particulier pour les lions comme moi. ça s’appelle “ le bouclier”. Paraît que son arrière-arrière grand père l’aurait créé parce qu’il avait peur que sang de Nyeusis qu’il portait dévaste le royaume qui l’avait accueillit. Enfin, ça a pas suffit à ce que mon imbécile de grand-mère ne considère pas ma propre mère comme apte au poste.

S’il avait éprouvé une gène à l’idée de consoler la lionne - C’était bien la première fois qu’il se pliait à l’exercice - Adérès se laissait aller à expliquer l’histoire de sa lignée dont il n’était pas peu fier. Il avait compris, avec regret, que les Nyeusis n’était pas bien vu part ici, mais d’un autre côté il n’était pas d’avis de cacher sa généalogie. Les siens avaient fait tant de choses incroyables !

- Et puis, pour ce qui est de ta cicatrice … bah … les lionceaux apprendront à se tenir à carreau plus rapidement. - Dit-il en bouffant de rire.

Il riait, le coeur étrangement léger - est-ce que ça faisait ça à chaque fois qu’on essayer d’aider quelqu’un d’autre ? - puis il vit l’horreur peindre les traits de Bosimamiwe. C’était comme si tout s'était ralenti : Sa bouche s’entrouvrit, ses yeux s’agrandir en proie à un sentiment d’horreur, les ridules de son visage se plisèrent et elle hurlait à l’aide.

- [...] Ne me fais pas de mal AU SECOURS VUMBI !

Adérès savait qu’il était un cauchemar ambulant pour la terre des lions. Il en jouait beaucoup, surtout quand il avait envie de quelque chose sans se fouler ou juste par plaisir de voir la crainte se mêler au respect dans les yeux de ses camarades. Mais la réaction de la lionne lui semblait disproportionnée. Il dut encaisser le choc, voir le compagnon de la femelle se ruer vers elle pour lui lécher le dos avant de réaliser que le feu de son coeur c’était ravivé et menaçait par une colère sourde de détruire toutes les paroles gentilles.

- Tu te fou de moi ?

Sa voix grave et sourde se ruait aux premières lignes d’une menace bien réelle.

- Ohé, j’essaye d’être sympas depuis tout à l’heure et voilà comment tu me remercie. Sale chialeuse.

Son compagnon lui adressa un regard courroucé, mais le feu présent dans le corps d’Adérès lui hérisser le poil, briller ses prunelles écarlate d’un sombre éclat et grogner sa voix tel que, combiné à sa taille imposante, le rendait terrifiant.

- Ouai, dégage avec ton jouet, espèce de raciste. J’espère que l’autre sorcière t’as vraiment maudit.

Et puis, parce qu’il devait faire quelque chose pour ne pas provoquer une esclandre dans le repère et sauter sur le dos de la petit lionne fragile, il acheva la conversation

- Tu m’étonnes que tu sois incapable de tenir un poste !

Il fit volte face en grognant et se pressa vers la sortie avant de se défouler sur n’importe quel congénère qui croiserait sa route.