L'EAU TROUBLE ET CLAIRVOYANTE

ft. Igazi

Il y avait de ça quelques jours, Kuvira avait été inhumée. L'alerte avait retentie, plongeant toute la savane dans un état de vigilance. Personne ne savait qui était responsable de ce massacre, mais chacun soupçonnait l'autre. Sikio avait tenté de rester en marge de cette tourmente, mais il sentait le poids oppressant du regard de Machweo sur ses épaules. Le bourreau, dans toute sa morgue arrogante, n'avait pas oublié l'affront que Sikio avait osé lui infliger lors de cette patrouille aux côtés de Koliya. Le métis, quant à lui, ne se demandait plus s'il allait subir sa punition, mais plutôt quand le joug de cette vengeance s'abattrait sur lui.

Ce matin-là, Sikio s'échappa dans les vastes Terres Libres, se dirigeant vers Vurugu pour leur entraînement habituel ou simplement pour échanger avec son unique ami, de quoi souffler un coup face à la tension qui flottait dans l'air chez les Freelanders. Sur le chemin, Sikio croisa les trajectoires de Machweo et de Riyo. D'une soumission résignée, le métis avait simplement baissé la tête, acceptant passivement le sort qui l'attendait. Ainsi, il ne put opposer aucune résistance lorsqu'il fut violemment plaqué au sol, se retrouvant à la merci des coups déchaînés des deux mâles.

Ses agresseurs étaient suffisamment astucieux pour ne pas laisser de blessures visibles ; les griffures et morsures étaient exclues de leur châtiment. C'était simplement de la pure brutalité, dans ses côtes, dans son cou, dans son dos. Mais il y était habitué. Ayant déjà été abandonné sur le sol poussiéreux lorsque les deux mâles se lassaient de leur petit jeu, le mâle resta allongé. Étendu là, il se perdit dans ses pensées. Sa mère lui avait dit que s'il ne réagissait pas, ses harceleurs finiraient par se fatiguer. Pourtant, cela n'arriva jamais. Mais peut-être, espérait-il, que demain leur ennui les guiderait vers une autre proie.

Après un quart d'heure éprouvant, il se redressa avec difficulté, cherchant à retrouver son équilibre. Chaque partie de son corps lui faisait mal. Son visage était enflé au-dessus de son œil droit, juste au-dessus de la large cicatrice infligée par sa mère. Il s'assit là, reprenant ses esprits, passant sa patte sur son visage enflammé, puis décida finalement de se rendre à l'étang pour se rafraîchir, Vurugu pouvait bien attendre.

Sikio s'approcha de l'étang sans attirer l'attention des autres animaux présents, s'installant entre deux hippotragues qui le regardaient avec méfiance. Les récits de Chuja sur l'arrivée des Pridelanders sur les Terres Libres, suite à un incendie orchestré par les autres habitants de la savane, n'avaient jamais suscité un véritable intérêt chez Sikio. Enfin, il se hâta de laper la surface de l'eau de plusieurs coups de langue. Sa gorge lui faisait mal, chaque déglutition était une torture, mais sentir l'eau fraîche glisser dans sa gorge brûlante était un soulagement.

C'est à ce moment-là qu'il réalisa la chaleur étouffante de la journée. Son corps semblait brûler des coups qu'il avait reçus, mais la température de la savane n'était d'aucun secours. Le lion brun resta là de longues minutes, réticent à bouger face à la douleur qui parcourait ses muscles, soupirant bruyamment.

Finalement, les herbivores à ses côtés s'écartèrent. D'un coup d'œil, il remarqua qu'un autre prédateur approchait. Un guépard, qu'il reconnaissait vaguement comme faisant partie d'une des rares familles de guépards de Freeland. L'un des frères du guépard estropié, de celui qui ne pouvait plus courir. L'animal semblait sur ses gardes, mais ne semblait pas remarquer Sikio parmi les herbivores.

Sikio fixait son voisin, non par irrespect, mais simplement parce que sa vision était trop trouble pour le voir clairement. Et à vrai dire, les innombrables points parsemant le pelage de son camarade ne lui facilitaient pas la tâche.

658 mots.

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Sikio soupire en #83350E.

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Finalement, on le remarqua. Le guépard se redressa entre deux gorgées, observant les environs avec l'attention d'un fugitif en quête d'échappatoire, avant de s'arrêter sur le lion. Ses mouvements étaient empreints d'une certaine agilité, une grâce naturelle qui capturait l'attention de Sikio. Leur rencontre au bord de l'étang se métamorphosa en une confrontation silencieuse, une chorégraphie visuelle où chaque regard, chaque mouvement, était une partition révélant des significations profondes.

Sikio, bien que portant les stigmates de sa récente épreuve, se laissa absorber par l'observation du guépard. La nature craintive de ces félins, axée sur la vitesse, était palpable dans la manière dont le guépard scrutait les environs avec une certaine appréhension. Les yeux de Sikio, embués par la douleur, s'ancrèrent intensément sur son interlocuteur, cherchant à percer les mystères dissimulés derrière les taches dorées du guépard.

Une pointe aiguë de douleur émergea dans son visage, faisant crisser légèrement ses crocs. Le guépard, bien que potentiellement plus frêle, aurait sans doute l'avantage sur lui. Son corps meurtri et malmené par les épreuves récentes laissait planer un doute quant à la victoire qu'il aurait pu remporter en cas de confrontation directe. Cependant, la crainte qui tenta de s'insinuer dans son esprit s'évanouit presque instantanément. Sikio n'était pas hanté par la peur de la mort, et cela se reflétait dans son regard désabusé.

Le guépard, avec une précaution presque craintive, s'éloigna du bord de l'étang, ses yeux demeurant solidement fixés sur Sikio. Malgré ses blessures, Sikio s'efforça de suivre le guépard du regard. Lorsque ce dernier était en mouvement, sa fourrure étourdissait le lion, semblant créer une illusion visuelle presque envoûtante. Le geste du guépard saisit l'attention de l'ensemble des autres animaux qui les entouraient, déclenchant une réaction en chaîne. Un frisson électrique parcourut l'assemblée, provoquant une fuite précipitée de leurs voisins.

Les deux félins se retrouvèrent face à face, accompagnés de quelques spectateurs audacieux restés en arrière. Les hippotragues, qui avaient encerclé Sikio un instant auparavant, avaient déjà pris la fuite, laissant les deux prédateurs dans une atmosphère tendue. Le guépard, dans sa retraite prudente, n'avait pas brisé son contact visuel persistant avec Sikio. Celui-ci, bravant la douleur qui pulsait dans son visage tuméfié, détourna son regard de son vis-à-vis. Son attention se perdit dans le reflet miroitant de l'eau, cherchant peut-être une échappatoire dans les profondeurs tranquilles de l'étang.

« - J'vais pas t'bouffer, guépard. »

Son soupir bruyant se fondit dans la symphonie de la savane, révélant une compréhension tacite entre les deux prédateurs partageant le même camp. Sa patte plongea dans l'eau fraîche, qu'il ramena ensuite à son visage dans l'espoir d'apaiser la douleur et d'atténuer la chaleur qui l'accablait. Sikio aspirait à ce que ses gestes et ses paroles adoucissent la tension palpable entre eux. Il envisageait peut-être une discussion, un échange qui transcenderait les barrières entre leurs espèces, offrant l'opportunité d'en apprendre davantage sur son mystérieux voisin et sur sa famille.

519 mots.

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Son camarade tâtonnait prudemment le terrain, adoptant une posture de chasseur, son corps flottant près du sol, l'œil alerte. Sa fourrure ondulait harmonieusement avec les herbes sauvages, créant une scène de quiétude. L'endroit dégageait une tranquillité apaisante. Chaque goutte d'eau fraîche sur son visage meurtri semblait un baume réparateur, bien que cette sensation s'accompagnât de la violence de poignards sur ses joues enflées. Il ressentait le battement de son sang pulsant à travers chaque partie de sa tête, orchestrant une migraine étourdissante, comme les tambours de guerre d'une bataille intérieure. La séance de brutalité qu'il venait de subir avait atteint une intensité nouvelle, chaque inspiration déformant sa cage thoracique, tandis que ses côtes criaient de douleur à chaque mouvement. Son corps entier était engourdi, rendant difficile la vision de son voisin qui semblait se fondre dans le paysage. Cependant, il maintenait son regard fixé sur lui du mieux qu'il pouvait.

Au moment où le métis laissa échapper quelques mots, l'animal en face de lui sembla geler sur place. Avait-il suscité la crainte ? Sikio, bien que dans un état précaire, n'avait pas peur de devenir la proie d'un opportuniste. Il se déplaçait avec peine à travers la savane, un animal vulnérable, un repas chaud qui tentait péniblement de survivre. Une proie à l'agonie. Dans l'ensemble, il préférait succomber aux griffes d'un autre plutôt qu'à celles de Machweo. Il ne voulait pas lui offrir ce plaisir. Cependant, il sembla que ce ne serait pas son dernier jour. Son camarade retint un rire, et Sikio ressentit un relâchement de la tension ambiante. Malgré tout, le guépard ne s'avança pas davantage. Il restait vigilant, et cela avait du sens. Sikio ne représentait peut-être pas une menace imminente, mais dans son état actuel, il pouvait infliger des dégâts considérables, surtout à un guépard dont le corps était plus fragile.

Cependant, l'inconnu finit par s'approcher, métamorphosant complètement son comportement. Il avançait désormais la tête haute, les yeux perçants. Il s'assit à quelques longueurs de queue du lion défiguré, qui l'observa d'un regard désintéressé. Le félin tacheté se tenait fièrement, enroulant sa queue autour de ses pattes élancées, tandis que le métis se tenait voûté, la tête basse et la queue traînante. Les deux prédateurs se scrutaient, se jugeaient, comme s'ils tentaient de décrypter l'âme de l'autre. Sikio eut même l'impression que le visage de son voisin reflétait de la pitié, un sentiment qu'il confirma en prenant la parole.

Pathétique ? Sikio aurait presque laissé s'échapper un rire s'il n'était pas mort à l'intérieur. Il le fixa intensément, essayant de déchiffrer le sens caché derrière ses paroles. Se moquait-il de lui ou cherchait-il à exprimer un soutien maladroit ? Le brun aurait vraiment préféré que ces moments ne soient pas monnaie courante. Bien que les actes de malveillance aient ralenti récemment, la nouvelle de la mort de Kuvira avait ravivé la haine viscérale de Machweo envers le fils de la jungle. Les deux mâles se lancèrent un regard qui semblait durer une éternité, avant que Sikio ne réponde par un haussement d'épaules, comme s'il n'avait aucun avis sur la question. Apparemment, cette réponse suffisait au tacheté, car il enchaîna pour lui rappeler quelque chose que le métis savait déjà.

L'idée de consulter une guérisseuse fut exprimée par le guépard, mais Sawa était généralement très occupée. Ces jours-ci, c'était surtout Junun qui prenait en charge les premiers soins des lions de Freeland. Sawa, étant proche de Ysera, était concentrée sur la situation de Kuvira. Cette lionne commençait à ressentir le poids des années, et elle avait déjà initié sa succession. Il était évident que Junun prendrait bientôt les rênes. Malgré cela, Sikio ne pouvait se permettre de se rendre dans son antre. Personne ne devait connaître la vérité sur son état. Si jamais l'identité de ses agresseurs venait à être révélée, il ne voulait même pas imaginer l'enfer qui s'abattrait sur lui. Même si Machweo était exilé, il mettrait tout en œuvre pour faire payer cher au métis.

« - C'rien d'assez grave pour aller déranger Sawa ou Junun, ça dégonflera d'ici les prochaines heures. »

Entre-autre que d'éviter de s'attirer davantage d'ennuis avec Machweo et sa clique, Sikio ressentait un profond dégoût pour l'antre du guérisseur. Cet endroit avait été le théâtre de la majeure partie de son adolescence, marquée par l'attaque de sa mère qui l'avait laissé défiguré. Les souvenirs s'entremêlaient avec les longs mois passés là en tant que jeune adulte, conséquence des violences infligées par Machweo et ses acolytes. Après avoir subi une épaule meurtrie, il avait été cloué au lit pendant plusieurs jours, puis muet pendant des semaines. Les premières et seules blessures infligées par la cohorte avaient attiré tant d'attention sur Sikio qu'ils avaient décidé de ne plus laisser de marques visibles sur leur "jouet". Au final, il préférait les coups aux griffures et morsures, car au moins, ils ne laissaient pas de cicatrices supplémentaires sur son corps déjà bien trop marqué.

« - J'm'appelle Sikio. T'es le frère de l'Estropié, non? » Dit-il, sans une once de méchanceté mais sans aucun tact.

893 mots.

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Le guépard fixait Sikio avec un mélange de curiosité et d'incompréhension, ses yeux ambrés brillant d'une lueur d'interrogation. Les paroles du métis semblaient flotter dans l'air, comme des feuilles emportées par le vent. Alors que Sikio exposait les raisons de son refus obstiné de consulter les guérisseurs, le guépard inclina lentement la tête sur le côté, comme s'il cherchait à déchiffrer un puzzle complexe. Il était étrange qu'un lion, membre d'un clan aussi solidaire, refuse les soins prodigués par leurs guérisseurs. Ces derniers étaient les gardiens de la santé et du bien-être des membres de leur communauté. Pourtant, Sikio gardait farouchement ses secrets, convaincu que chaque potion et chaque pansement se transformeraient en interrogatoire. Mentir ou dire la vérité ? Les deux options semblaient aussi dangereuses l'une que l'autre. Si Machweo et ses complices étaient exposés et bannis, serait-ce une libération ou une nouvelle menace ? Sikio redoutait la colère brûlante de son camarade à la fourrure dorée, préférant endurer les souffrances physiques à une vendetta qui pourrait signer sa fin.

Sa remarque fut accueillie par un grognement sourd émanant de son voisin, dont le visage se crispa dans une expression de mécontentement palpable. Pourtant, Sikio ne s'attarda pas sur cette réaction hostile. Il avait prononcé les mots tels qu'ils se présentaient à lui, sans filtre ni détour, aussi bruts que les cicatrices qui constellaient son propre corps. Pourquoi se formaliser d'une vérité énoncée avec autant de simplicité ? Un chat était un chat. Après tout, ce n'était pas la faute du fils Boqorada si le visage du frère du guépard avait été défiguré. Les années avaient inscrit en lui une conviction inébranlable : toute blessure était le fruit d'une provocation méritée. Jamais il n'avait été victime de blessures accidentelles ; chaque cicatrice qui marquait sa peau était le résultat d'une confrontation délibérée. Il avait forcé sa mère à le blesser, il avait visiblement entraîné Machweo et ses comparses à l'attaquer. Pour Sikio, chaque stigmate était un rappel brutal de sa propre responsabilité dans sa souffrance. Ainsi, il n'était pas inconcevable que le guépard ait lui aussi suscité sa propre punition.

Le tacheté redressa lentement sa patte pour la poser avec précaution sur l'immense cicatrice qui zébrait son torse, s'étirant tel un ravin jusqu'à sa gorge. Sikio observa discrètement ce geste, son regard glissant sur le côté avec une expression feinte d'indifférence. Il semblait comprendre que le même bourreau qui avait marqué l'estropié avait également affecté son compagnon de conversation. Après un bref silence, le guépard se redressa, bombant le torse avec une arrogance presque défensive, tel un coq paré pour une parade de défi. Son regard, fier et dédaigneux, croisa celui de Sikio, mais ce dernier demeura immuable, campé sur ses appuis. Même sans relever la tête, il dominait son voisin de plusieurs centimètres. Finalement, le guépard détourna les yeux, fixant le bassin d'eau derrière eux d'un regard brûlant, comme s'il cherchait refuge dans les profondeurs mouvantes pour échapper à la réalité qui les enveloppait.

Igazi. Le nom résonnait dans l'air chaud, chargé de mystère et de récits oubliés. Moja. Voilà comment se nommait l'Estropié. À cette révélation, Sikio inclina doucement la tête en signe d'approbation, ses pensées tourbillonnant dans les méandres de l'histoire qui pouvaient être gravées dans les cicatrices de Moja. Il n'éprouvait aucun regret d'avoir qualifié ainsi l'estropié, bien conscient que le terme pouvait blesser. Pourtant, il ignorait tout de ces félins, de leur passé tourmenté, des cicatrices que la vie leur avait infligées. Un silence s'étira lentement, ponctué seulement par le doux murmure des sabots sur la terre et les roucoulements lointains des oiseaux qui s'approchaient à nouveau de la mare pour étancher leur soif. La chaleur pesait, enveloppant les lieux d'un voile moite et suffocant. L'instinct des proies auraient dû les pousser à fuir leurs prédateurs en ces heures chaudes, mais sur la Terre des Lions, les lois de la jungle dictaient une trêve sacrée : interdiction de chasser une créature qui cherchait simplement à apaiser sa soif.

Finalement, Igazi abaissa son regard, le plongeant dans celui du métis, et Sikio soutint son regard sans animosité réelle. Il sentit le poids de l'observation minutieuse de son voisin, comme si chaque détail de sa plaie était scruté sous un faisceau de lumière. Mais Sikio garda le silence, car il n'y avait rien à dire. Ils étaient toujours dans cette phase délicate de l'évaluation mutuelle, cherchant à déterminer qui représentait la menace et qui était la proie. Puis, comme un changement de marée, le guépard détourna soudainement son attention, et avec elle, son regard, vers des banalités météorologiques. Oui, il faisait chaud. Chaud comme le regard d'Igazi, qui s'était à nouveau détourné pour contempler le pelage sombre du lion. Cette chaleur, si saisissante, contrastait grandement avec l'attitude glaciale de son interlocuteur.

Igazi reprit la parole, cherchant à briser la glace avec un ton plus chaleureux que son attitude précédente. Sikio leva légèrement un sourcil en entendant les paroles de son voisin. La remarque sur la couleur de son pelage ne le surprenait guère ; il était bien connu que les tons sombres attiraient davantage la chaleur du soleil. Un phénomène qui pouvait expliquer en partie pourquoi les Jangowas étaient si pâles, c'était une caractéristique inhérente aux terres arides où ils vivaient. Mais cela l'amena à réfléchir à quelque chose de plus profond. Il se demanda si cette évolution avait été une réponse à l'environnement ou si elle était le résultat des tragédies qui avaient frappé leur clan. Les pelages sombres, voire même les crinières de jais, semblaient presque avoir disparu du patrimoine génétique des Jangowas. Était-ce le fruit de l'évolution, une adaptation naturelle pour survivre dans ces contrées impitoyables ? Ou était-ce plutôt le triste résultat des massacres perpétrés contre ceux dont la couleur était un peu trop foncée ?

« - Heh, j'suis pas à plaindre. Mais l'tien a l'air bien plus agréable à supporter, » dit-il avec un court rire. « - Même si j'dois l'avouer.. Bordel, qu'tes tâches m'foutent la migraine quand j'essaye de m'concentrer dessus. » Dit-il en plissant ses paupières, cherchant à focaliser son regard sur le pelage de son voisin. « - Ça doit être foutrement pratique, pour la chasse, non? »

Pour Sikio, les guépards étaient des créatures énigmatiques et fascinantes, des nouveaux venus dans le monde de Freeland, dont il avait peu d'expérience. Il n'avait jamais eu l'occasion de fréquenter ces félins élancés au pelage tacheté au cours de sa brève existence. Les récits qui circulaient à leur sujet étaient nombreux : on les disait des maîtres de la vitesse, capables de courir aussi rapidement que le vent, presque assez vite pour rattraper le soleil lui-même. Cependant, Sikio ignorait tout de leurs méthodes de chasse. Il se demandait s'ils pratiquaient la chasse en embuscade, s'ils traquaient leurs proies, ou s'ils les pourchassaient jusqu'à l'épuisement ?

« - C'est une proie qui t'as fait ça, à toi et ton frère? » dit-il en pointant de la griffe la large cicatrice de son voisin, le regard intéressé mais sans une once de moquerie ou de sournoiserie.

1226 mots.

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Sikio soupire en #83350E.