Allongé sur la Colline du Peponi, je broyais du noir, fixant d'un regard peu intéressé le bout d'écorce que Msanii remplissait peut à peu d'ingrédient pour peinture. Le singe à la barbe blanche s'arrêta un instant, fixant son élève. Moi, en l’occurrence.

- Allez garçon ! Un peu de nerf, on dirait que tu bouffe la terre depuis le passage sur le gros cailloux !

Elle n'avait pas tort... Lors de ma visite chez la Reine, j'avais apprit le décès de Kuvira. La nouvelle m'était tombé dessus comme un coup de maillet. Pire encore ! J'étais tellement pris dans mes études, que j'avais à peine remarquer son absence... Kuvira était une amie. Une des rare que je m'étais faite sur ce satané cailloux de la fierté. Et elle était morte. Partie. Je n'avais même pas passé tant que temps que ça avec elle. Pas autant que j'aurais dû. J'aurais dû profiter de sa présence lorsque je le pouvais encore. Mais à présent, c'était trop tard...

- Tsss. Une lionne est morte. Et alors ? Okay, c'tait ton amie, blablabla, c'est triste tout ça, tout ça. Mais tu crois qu'elle serait contente de te voir te rouler dans la poussière comme un phacochère sous prétexte que tu déprime ?

Je préférais ne rien répondre et détourner les yeux. Msanii ne comprenait pas. Pour une raison que je n'arrivais pas à saisir, elle n'avait aucune notion d'attachement envers autrui. Mais alors que j'espérais pouvoir rester tranquille, la palatine saisit la peau de ma nuque pour me forcer à la regarder avant de me mettre une gifle. Qu'est-ce que... ?!

- Ça s'ffit maintenant ! S'tu dois déprimé, fais le comme un artiste, exprime le, fais en quequ'chose !

Et sur ces mots, elle me ramena une large feuille d'arbre et un peu de peinture.

- Là. Je vais faire un petit tour. Et quand j'reviens, j'veux que y ait un truc de peint sur cette s'tanée feuille !

Et sur ce, elle s"éloigna en trottinant. Je la regardais partir, incrédule. Faute d'autres termes, je me permis des paroles d'une certaine familiarité.

- Elle est complètement pétée celle là.

Sans davantage me pencher sur la question, j'écartais la feuille et la peinture d'un geste de la patte. Navré Msanii mais j'étais bien décidé à rester rouler en boule toute la journée. Si décidé, en fait, que je ne fis même pas attention au rire et bruit de pas qui se rapproche en trombe.

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Hein ? En entendant une petite voix, j'ai à peine le temps de me retourner que déjà quelqu'un se jetais sur moi. AAAAAAAAAAH ! Avec un hurlement, je me mis à le rouler par terre pour faire lâcher l'assaillant... Mais c'est qu'il résistait l'animal ! Rapidement gagné par la peur, je repensais à ce lion qui avait faillit me dévorer. ... Et il n'y avait plus personne pour me défendre ou m'aider maintenant. C'était la fin ? Maintenant ? Comme ça ? Non... Non ! Pas question ! Mon cœur s’accéléra brutalement et dans un élan de panique, je parvins à me libérer de mon attaquant pour l'envoyer valser sur les ingrédients colorés de Msanii.

J'aurais aimé dire que j'eus le courage de faire bouger mes pattes pour fuir, mais je restais tétanisé, la queue entres les pattes, les oreilles plaquée en arrière, le poil hérissé... Tout recroquevillé que j'étais, j'étais au mieux pitoyable au pire ridicule. Mais yeux se posèrent sur l'assaillant, celui qui allait laissé mon cadavre sans vie dans son silla... Mais ! Mais c'était un lionceau ?!

- Mais !

Je me redressais d'un coup. Un lionceau ?!

- Mais t'es complètement ch'tarbée ?!

Je n'avais pas souvenir d'avoir autant crié de colère sur quelqu'un. Sur un enfant qui plus est. Mais c'était qu'elle m'avait fait passer à un poil de la crise cardiaque cette saleté ! Sans parlé de mon oreille douloureuse. Par tout les esprits, où était la mère de ce démon ?! C'était irresponsable de la laisser sans surveillance, elle allait finir par blesser quelqu'un !

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Sans que je sache pourquoi, le rire de la braillarde m'agaça plus que de raison. Peut-être juste parce que je n'étais pas d'humeur. Peut-être aussi parce qu'elle se moquait de moi. Dans tout les cas je sentis mes poils se hérisser alors qu'elle approchait. Oreilles plaquée en arrière, je reculais... Avant de réalisé quelque chose, c'était moi l'adulte ici ! Si une devait être effrayé, c'était elle, pas moi ! Allez Hadithi, du courage et de l'autorité ! Je me mis à gronder avant de lui aboyer dessus en me dressant de toute ma hauteur.

- Oh non ! Tu restes loin, jeune fille !

Bon, ça aurait sans doute été plus crédible si ma voix n'était pas parti complétement dans les aigües à la fin... Mais je faisais ce que je pouvais moi ! L'autorité, c'était clairement pas mon fort.

- Et tu apprendras que je ne suis pas tout seul !

... Un silence gênant s'installa. Je jetais un coup d'oeil aux alentours. C'est vrai que Msanii était parti... Ah.

- Enfin, là, oui, un peu mais normalement non ! C'est... c'est temporaire d'accord ?!

Je déglutis. Allez, je pouvais le faire.

- Et toi, pourquoi es-tu seule ?

Ta mère en à eut marre de te supporter et t'as abandonné dans la savane en espérant qu'un prédateur saurait fermer ton agaçant clapet ? Ce serait irresponsable, le pauvre prédateur.

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La saleté ne semblait pas convaincue par mon semblant d'autorité. Elle me ria à la truffe. Mais ! Quel manque de savoir vivre ! Au moins prit-elle le temps de répondre à ma question. Semer le chaos dans le rocher, hein ? Pourquoi n'étais-je pas surpris... ? ... Question stupide. Il suffisait de regarder la pimbêche pour se rendre compte qu'elle n'apportait que des ennuis.

- Tsss. Casse pieds et fuyarde. Tout pour plaire.

A croire que mon agacement me donnait du courage. Ignorant royalement le petit félin, je m'avançais vers le matériel contre lequel je l'avais envoyé. ... Elle avait renversé beaucoup de peinture et de poudre. Je soupirais, Msanii n'allait pas aimer ça. Comme si je n'avais pas assez de problème comme ça. Je suppose qu'au moins j'allais arrêter de broyer du noir... J'allais avoir l'esprit occupé en essayant de trouver une excuse pour expliquer ça. Je jetais un coup d'oeil à la gamine.

- Va embêter quelqu'un d'autres. Je suis occupé.

Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir dire au primate ? Je me tournais vers la feuille et la peinture qu'elle m'avait laissé, les deux étaient intacts. ... Hé. Finalement ce n'était pas plus mal que je n'ai pas le cœur à peindre quoi que ce soit : elle pourrait au moins ramener ça.

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Mais ! Mais c'était qu'elle faisait tout pour me mettre hors de moi cette saleté ! Comme si être une petite ordure était un jeu ou un sport ! Pas étonnant que les Pridelanders n'aient pas l'air de la supporter. Je sentis mon poils se hérisser et un grondement se mit à sortir de ma gorge.

- Au cas où tu n'aurais pas remarqué, petite maligne, je ne faisais rien, parce que je n'avais rien à faire jusqu'à ce que tu débarque et détruise mon travail !

... Bon, pour être tout à fait honnête, je l'avais détruit tout seul en la lançant dessus. Mais ça restait sa faute ! Qu'elle idée d'attaquer les gens comme ça ?!

- Mais puisque tu veux l'entendre, je vais te faire ce plaisir. Oui, tu es insupportable et oui, je préfèrerai que tu ailles te faire bouffer par un crocodile plutôt que de rester me casser les pattes !

C'était qu'elle réussissait à me faire sortir de mes gongs. J'étais presque à deux doigt de la chopper par une oreille pour la traine jusqu'au rocher ! ... Presque. Je crains que je serais toujours plus un chien qui aboie qu'un chien qui mord. Aaah... Que voulez-vous ? On ne se refait pas. Et c'était d'un frustrant ! Cette gamine méritait une bonne raclée si vous voulez mon avis.

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Urrrrrrrgh... Et la voilà qui se remettait à parler. Blablabla, c'est toi qui a commencé, tu m'as même pas demandé comment j'allais. Parce qu'elle me l'avait demandé elle, après m'avoir quasiment arracher l'oreille ? Non ! Elle s'en fichait pas mal ! Pourquoi je devrais avoir la moindre once de compassion pour quelqu'un qui n'en avait aucune ?! Elle n'avait qu'à pas agresser les gens sans raison, peut-être qu'alors les gens s’intéresserait un minimum à son bien être ! En plus, elle ne voulait pas la fermer ! Finalement, je me mis à aboyer, pour une fois sans ciller :

- Je n'ai pas été bannis !

Et voilà, maintenant, mon poil était tout ébouriffé !

- Je suis parti de moi-même ! Contrairement à toi, ma famille est capable de me supporter et je n'ai pas à trainer tout seul comme une pathétique boule de poil !

Okay, bon, c'était peut-être un peu méchant mais elle l'avait cherché.

- Voilà, tu es contente !?

Après tout, elle avait l'air de vouloir savoir ce que je fabriquais ici. Maintenant que sa curiosité était assouvis, allait-elle enfin arrêter de trainer dans mes pattes et foutre le camp ?!

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Sa mère l'aimait comme ça ? Tss. C'était bien un mensonge de parents ça ! De toute façon, ça n'avait pas d'importance. Je continuais de vérifier l'était de mes différentes mixtures, redressant les carapaces renversé ou les plantes tombées au sol... Faisant une note mentale de ce qu'il faudrait aller chercher plus tard. Un grondement quitte ma gorge lorsque je vois la petite lionne commencer à mettre ses pattes dans mes affaires. Mais elle ne semble pas avoir de mauvaises intentions donc je me contente de l'ignorer. Du moins, jusqu'à ce qu'elle me pose de nouvelle question. J'hésite un instant à lui répondre que puisqu'elle n'aime pas les hypocrites, je vais être honnête et lui dire d'aller voir ailleurs si j'y suis... Mais elle semble faire preuve de bonne volonté en m'aidant alors je prend sur moi et soupire. ... Encore quelques secondes à me demander si je ne ferais pas mieux de rester silencieux. Puis finalement, quelques mots s'échappent.

- Ma famille est originaire de Prideland. Un de mes ancêtre à fait de grande chose ici.

Grand-mère Upya avait toujours été très fier de son grand-père, ça se voyait lorsqu'elle en parlait.

- Je voulais savoir si c'était vrai. Et puis, j'aime bien la peinture et l'histoire. Il y a les deux à Prideland.

Je reste silencieux un instant, zyeutant la lionne.

- Je racontais des légendes et des histoires aux lionceaux du clan lorsque je suis arrivé. Mais c'est vrai que je n'ai pas souvenir de t'y avoir vu, gamine.

Après, depuis que j'avais commencé ma formation avec Msanii, je n'avais plus trop le loisir de jouer les conteurs. ... Un peu à regret à vrai dire. Autant, lorsque j'avais commencé, ça ne me plaisait pas mais maintenant que je ne le faisait plus... Étrangement, ça me manquait.

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Alors que j'essayais de me concentrer pour terminer silencieusement mon travail, mes oreilles tiquèrent en entendant la voix de la petite lionne. Errgh... Elle ne se taisait donc jamais ? Mmpff. Une chance pour elle, au moins elle posait des questions sur des sujets passionnants ! Avant que j'ai le temps de répondre, elle m'explique un peu plus sa situation. Mmh. Une enfant de voyageur hein ? C'était pour ça qu'on ne lui avait pas apprit la politesse ? Enfin bref... La petite Asali proposa ensuite de m'aider à faire plus de peinture. Je soupirais.

- Je ne pense pas qu'on pourra tout rattraper. Il faudrait qu'on s'éloigne trop pour récupérer certains pigment et Msanii sera revenu avant qu'on ait finis.

Pendant un instant, je restais silencieux avant d'ajouter un peu hésitant.

- ... Si ça t'intéresse vraiment, je pourrais te montrer. Une autre fois, lorsqu'on aura le temps de récolter tous les ingrédients. Et aussi... Te raconter des légendes. Tu... Tu aimes quel genre d'histoire en particulier ?

Argh. Il fallait vraiment que je sois désespéré pour lui proposer et demander ça. M'enfin, plutôt que de penser à ma pathétique détresse émotionnel, je préférais me concentrer sur un sujet bien plus intéressant.

- Mon ancêtre était un héros. En tout cas, c'est ce que disait ma grand-mère. C'était un espion, il a participé à la chute des Nyeusis, les lions noirs qui avaient pris possession de ces terres. Il a aidé le Roi légitime de Prideland à reprendre son trône il y a longtemps.

Yup ! Il y avait de quoi être fier ! Tout le monde n'avait pas un si beau pédigrée ! ... Bon, okay. Je n'avais sans doute pas hériter grand chose de lui. Mais, hé, ma jeune interlocutrice n'avait pas besoin de le savoir !

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Au moins la gamine n'était pas trop difficile. Peut-être que je pourrais lui conter la légende d'Orion ? Ou bien parler plus en détail des Nyeusis ? La petite avait l'air un peu perplexe face à ce nom. Bah. A voir. Si ça se trouve, je ne la recroiserai jamais et je n'aurais rien à lui raconter de toute manière. Problème réglé. Nous avions quasiment terminé le rangement quand la jeune lionne se remis à me questionner. Immédiatement, je lui répondis avec une grande exclamation :

- Moi ? Un Héros ? AH !

Je secouais la tête. Il fallait être un peu taré pour vouloir jouer les héros. Et j'étais pas taré, même pas un petit peu. Tout ce que je voulais, c'était avoir une longue et confortable vie en faisant ce que j'aimais. Et c'était marre !

- Nope. Non merci ! Ma petite vie bien tranquille me va. Je laisse les actes héroïques aux autres, moi je me contenterai de conter leur histoire, pour peu qu'elle en vaille la peine !

Et ils étaient pas des plus courant hein. J'avais déjà pas grand chose à raconter sur Prideland... L'Histoire d'un souverain parano, ça vendait pas particulièrement du rêve pour les générations futures. Nan. Décidément, y en avait pas des héros méritant que leur légende marque les siècles à notre époque. J'étais né trop tard pour ça.

- Mmmh. Voilà, ça devrait aller. Urgh... Msanii va être ravie.

Je l'entendais déjà se plaindre avec sa voix éraillé. .. Urgh... Oh, attendez ! Mes oreilles se redressèrent. Ah. Bon, bah c'était pas que mon imagination. Voilà qu'un singe se dirigeait vers nous en hurlant des trucs du style "qu'est-ce que c'est que ce bordel" et autre joyeuseté. ... Bon. Et bien c'en était finit de ma vie.

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Apparemment la jeune lionne n'étais pas décidé à prendre la fuite en entendant le primate. Du courage ou de la stupidité... Je ne saurais dire. Bon, au moins je n'affronterais le courroux de mon professeur seul. ... Pour peu, je pourrais presque la lancer sous le baobab... Mmmh. Nan. Ça ne suffirait à me sauver malheureusement. Allez, un peu de courage Hadithi... Au moins, tu n'affronteras pas la tempête tout seul.

Msanii arrive en trombe vers les ingrédients que nous avions "remis en place", se mettant à crier des choses. Incompréhensibles. Enfin, non, c'est compréhensible, c'est juste que j'ai tellement l'habitude de l'entendre se plaindre que les mots entre par une oreille et sort par l'autre. Mais... Orf, si je fais un effort et que je me force à l'écouter, je dirais que ça parle du fait que je suis un irresponsable avec quatre pattes gauches, qu'elle ne peut pas me laisser tout seul sans que ça parle en cacahuète... Bla, bla, bla... Et nous n'avons même pas le temps de lui expliquer la présence d'Asali que celle-ci se fait rapidement chasser par le singe à coup de "Zou ! Zou !". Avec un soupir, je fais un signe de tête à la petite lionne l'encourageant à décamper. Il n'y a aucun moyen de calmer Msanii lorsqu'elle est dans cette état, à part la laisser tranquille.

Et moi, de mon côté... Et bien je me tais, replongeant dans mes réflexions, laissant les mots de ma mentor couler sur moi comme la pluie.

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