Récemment, j'avais beaucoup réfléchi à ce que je souhaitais faire pour être utile au Clan. Cela me travaillait depuis ma discussion d'il y a quelques temps avec Rukkia en fait. Bien que j'avais dit à ma camarade que j'irai voir Kidonda pour voir en quoi consistait son poste de guérisseuse, je n'y étais pas allée.

Ce n'était pas parce que je n'en avais pas envie mais d'autres choses s'étaient passées et, au fur et à mesure des jours qui passaient, j'avais décidé de prendre le temps de me poser et de réfléchir sérieusement avant de me lancer.

J'avais donc étudié les différentes options qui s'offraient à moi et pour chacune, j'avais pesé le pour et le contre. Naturellement, la première voie à laquelle j'avais pensé était celle de la chasse pour faire comme ma mère. Je l'avais donc accompagnée plusieurs fois mais, bien que j'avais fini par réussir à débusquer des proies sans les effrayer, je n'avais pas eu plus d'affinité que ça avec la chose.

Le combat était une autre voie possible mais avec ma mentalité de ne pas vouloir blesser les autres, c'était tout simplement hors de question. Je pouvais aussi devenir Conseillère pour, à terme, devenir leader des Nordiques mais gérer le clan ne m'intéressais pas plus que ça.

La voie de la Guérison était celle que je n'avais pas encore explorée et avec mon tempérament, il était possible que cela me plaise. Aider les autres à se sentir mieux était quelque chose que j'aimais et c'était bien la raison principale pour laquelle quelqu'un venait voir un guérisseur. De plus, Kidonda participait activement aux différentes cérémonies de passage à l'âge adulte et ça, c'était vraiment génial.

En cette matinée plutôt fraiche, je me dirigeais donc vers Kidonda et, lorsque je ne fus plus qu'à quelques pas d'elle, je me raclais la gorge pour qu'elle me remarque. J'attendais que son regard se pose sur moi avant de parler. Bonjour Kidonda, comment vas-tu ? Je commençais par une salutation polie avant de présenter ma requête. Depuis quelques temps, je me demande ce que je pourrais faire de mon avenir. J'y ai beaucoup réfléchi et je sais que j'aime aider les autres à se sentir mieux. Si tu es d'accord, j'aimerais savoir ce que tu fais en tant que Guérisseuse et pourquoi pas voir comment tu soignes quelqu'un. Je me dis que c'est peut-être la voie qui est faite pour moi.

Je n'étais pas très sûre de moi et pourtant, ma voix n'avait pas flanché un seul instant. J'étais déterminée à en savoir plus, même si au final, cela n'était peut être pas fait pour moi. Seules les réponses de Kidonda sauraient m'amener à devenir son apprentie. Ou pas.

La Guérisseuse des Nordiques m'écouta sans jamais m'interrompre. Seul un léger sourire venant étirer ses babines me prouva qu'elle avait bien entendu ce que je venais de lui dire. Elle semblait plongée dans ses pensées et je me demandais ce qui allait en sortir. Me jugeait elle digne du poste ou, au contraire, pensait elle que je ne serais pas à ma place si je choisissais cette voie ?

Ses paroles eurent tôt fait de m'éclairer. En effet, la jeune mère me complimentait et elle se sentait honorée que j'ai fait la démarche pour devenir son apprentie. Si je ne savais toujours pas si c'était ce que je voulais, j'étais néanmoins touchée par ses propos et un sourire timide vint orner mon visage.

Kidonda commença par m'expliquer qu'être Guérisseur, ce n'était pas seulement soigner les blessures physiques. L'on pouvait aussi apaiser les tourments ou encore soutenir les autres sans faille. Je buvais ses paroles et, lorsqu'elle se rapprocha de moi pour venir poser sa patte sur mon épaule, j'étais captivée. Elle croyait en moi et était prête à s'investir à fond pour que je devienne son égale. La décision était mienne et il ne me restait plus qu'à la prendre. Est-ce que je voulais vraiment apprendre cet art ? Je ne voulais pas suivre cette voie par dépit car je ne savais pas quoi faire d'autre.

Mon regard se focalisa alors sur deux petites boules de poils lovées l'une contre l'autre. Je comprenais tout de suite qu'il s'agissait des filles de Kidonda et pendant un instant, le temps fut comme suspendu. J'étais heureuse qu'elle me laisse l'opportunité de les voir. Puisqu'elles étaient encore jeunes, elles ne pouvaient pas se mêler au reste du clan, j'étais donc sans doute l'une des premières à les apercevoir. Elles étaient tellement mignonnes qu'il était impossible de vouloir autre chose que leur bonheur et qu'elles soient en bonne santé.

C'est à ce moment-là que je pris ma décision. Je voulais que les gens soient en bonne santé et, si je savais que ce n'était pas toujours possible pour tout le monde, je voulais pouvoir faire en sorte que ce soit le cas. Résolue, je regardais donc Kidonda avec une toute nouvelle intensité. Merci pour tes paroles, c'est gentil à toi de déjà croire en moi. Je n'avais pas parlé très fort pour ne pas réveiller les jumelles mais au vu de notre proximité, nul doute que ma camarade m'avait entendue. De mon côté, je te promets que je ferai tout ce que je peux pour être la plus appliquée et la plus travailleuse possible. Je te jure que tu ne regretteras pas de me prendre comme Apprentie. Je croyais dur comme fer à ce que je disais et mon regard brillait de détermination. Désormais, j'avais hâte de commencer mon apprentissage.

Les paroles de Kidonda étaient rassurantes. Je me lançais tout juste dans cette voie et celle qui s'apprêtait à devenir ma mentor endossait déjà son rôle à la perfection. Elle me disait que nous allions travailler ensemble et qu'il me fallait écouter, apprendre et ensuite pratiquer.

Je hochais la tête suite à ses dires. J'étais désormais prête et il y avait tant à apprendre que je ne voyais pas l'intérêt d'attendre une seconde de plus. J'allais demander à quel moment nous allions pouvoir commencer et par quoi lorsque quelque chose clocha.

Mon aînée voulu se lever mais la douleur crispa son visage au moment où elle s'appuya sur ses pattes. Elle en ramena d'ailleurs une contre elle tout en essayant de me rassurer par des paroles et un sourire mais ce dernier n'atteignait pas ses yeux et c'est pourquoi je ne la croyais pas. Et puis, je n'étais peut-être qu'une débutante mais jusqu'à preuve du contraire, il ne me semblait pas qu'un vertige puisse donner une telle douleur à une patte. Tu es sure ? Ma voix, tout comme mon expression étaient sceptiques.

Je regardais la jeune mère se diriger vers ses filles. Ces dernières l'appelaient en poussant de petits cris. Elles furent entendues et comprises par leur mère car Kidonda m'expliqua qu'elles avaient faim. J'allais les laisser tranquilles pour ce moment d'intimité mais elle m'indiqua de rester. Elle m'expliqua aussi que sa blessure ne devait pas être si grave car elle parvenait toujours à bouger la patte malgré la douleur. Inquiète, je ne pouvais m'empêcher de la questionner. Tu es certaine que je ne peux rien faire pour toi ? Mettre quelque chose sur ta patte n'aiderait pas ? Ou manger un truc pour atténuer la douleur ?

Je n'étais pas prête de la laisser dans cet état tant que je ne serais pas sure qu'il n'y avait vraiment rien que je puisse faire pour l'aider.

Dardant sur ma toute nouvelle mentor un regard sceptique, je la fixais encore plus intensément lorsqu’elle eut un rictus de douleur. « Ca allait ». Mon œil, oui. Ca n’allait pas du tout, vraisemblablement. Et même si ce n’était rien de grave, j’étais sure que je pouvais trouver un petit truc qui lui ferait du bien.

Sauf que je ne savais pas du tout ce qui pourrait lui être bénéfique justement. Je n’avais pas encore cette connaissance et même si elle avait ses petites avec elle, j’étais prête à ne pas la lâcher jusqu’à ce qu’elle m’indique comment l’aider.

Elle ne flanchait pas pour le moment, m’indiquant qu’elle avait simplement besoin de repos et que tout ce que je pouvais faire, c’était de rester à ses côtés. Bien. Si c’était ce qu’elle désirait. Je m’approchait d’elle tout en lui laissant l’espace nécessaire à son confort personnel et je m’allongeais face à elle.

J’attendais la suite, pensant qu’avec ses paroles elle allait me donner ma première leçon. Ce ne fut pourtant pas le cas. Devant mon insistance et peut être aussi parce que la douleur augmentait, Kidonda finit par me dire que je pouvais tenter de trouver de l’hibiscus. Elle me décrivit la plante ainsi qu’un endroit où chercher.

Après avoir assimilé les informations, je me relevais pour la réalisation de ma première tâche en tant qu’apprentie guérisseuse. Si je savais que j’aurais à m’occuper de mes camarades, j’étais loin d’avoir imaginé que ma première patiente serait justement celle qui m’enseignerait le métier !

Arrivée dans la zone où ma mentor rangeait ses différentes plantes et mixtures, je restais figée une seconde. Elle se servait vraiment de tout ça ? Et dire qu’il me faudrait apprendre à préparer ces concoctions et à quoi elles servaient. Il me faudrait aussi apprendre à reconnaître les plantes qui pourraient m’être utiles ainsi que leurs effets. Eh bien… je ne m’étais pas trompée en pensant que ce que j’avais à apprendre était aussi haut que le Mont Blanc lui-même.

Secouant la tête, je chassais cette pointe de découragement qui commençait à poindre pour me concentrer sur ma mission. Une plante bleue… Je laissais de côté les préparations déjà faites pour me concentrer sur les différentes piles de plantes. Je les passais en revue : une plante verte avec des petits picots sur le contour, des petites fleurs mauves que je n’avais jamais vues, une fleur bleue foncée qui virait presque sur le noir, tout un tas d’autres plantes et pour finir, une plante bleue.

J’hésitais. Il y avait deux types de plantes bleues. Laquelle était la bonne ? Je réfléchissais en les regardant tour à tour. L’une était beaucoup plus foncée que l’autre mais Kidonda ne m’avait pas précisé qu’il s’agissait d’un bleu foncé… Je prenais donc l’autre plante, qui ressemblait à une fleur refermée sur elle-même avant de rejoindre ma mentor. S’il ne s’agissait pas de la bonne plante, je ferais un aller-retour pour réparer mon erreur.

Partant du principe que j’avais choisi la bonne plante, je m’adressais à ma camarade lorsque je fus de retour près d’elle. Est-ce que je dois en faire quelque chose ? Ou tu vas la prendre comme ça ? M’allongeant de nouveau face à Kidonda, j’attendais qu’elle me donne les instructions pour la suite, s’il y en avait une.