[Hors rp : Ce rp se déroule quelques temps avant le retour des Nordiques dans leurs Montagnes]

Je regardais mon environnement et je soupirais. D'ici peu, il faudrait de nouveau quitter la diversité qu'offrait les Terres d'en Bas pour retourner chez nous. Je ne dirais pas que je n'aimais pas les Terres Nordiques mais il fallait bien avouer que l'on s'y ennuyait quasiment tout le temps. J'avais beau avoir grandie depuis que j'en avais discuté avec Rukkia, mon avis était toujours le même.

Je comprenais désormais pourquoi nous vivions un temps dans les montagnes et un temps sur les territoires de nos alliés mais je devais avouer qu'il y avait beaucoup plus de choses à découvrir, à faire et tellement plus de monde à rencontrer ici que c'était comme si, pendant le temps où nous nous trouvions chez nous, la vie était mise en suspens.

J'étais donc plutôt attristée de devoir partir une nouvelle fois de ces endroits bien plus intéressants à mes yeux que la Vallée Blanche. Oh bien sûr, il y aurait au moins un évènement à célébrer : le passage à l'âge adulte de Rukkia et de son frère. Nous ne pourrions pas pénétrer à l'intérieur de la grotte mais lorsque ce serait leur tour, cela voudrait dire que le mien ainsi que celui de ma fratrie ne tarderait pas. Je ne doutais pas que ce serait un moment fort mais d'ici là.... Le temps serait encore long.

Je soupirais une nouvelle fois, tentant toujours de me faire à l'idée que notre temps En Bas se rapprochait de sa fin. Je m'étais éloignée de mes parents et de ma fratrie dans le but de faire une rencontre mais jusqu'à maintenant, je n'avais vu personne. Je regardais une nouvelle fois aux alentours et en dehors d'un pelage crémeux, il ne semblait y avoir aucun félin dans le coin.

Plissant les yeux, j'essayais de déterminer à quel membre de mon clan j'avais affaire. La silhouette était féminine, il n'y avait pas de doute. Toutefois, je ne voyais aucun signe distinctif qui m'aurait permis de la reconnaitre à cette distance. Je haussais les épaules : puisqu'il n'y avait pas de nouvelle rencontre à faire, autant passer du temps avec une camarade.

J'approchais en prenant soin de ne pas surprendre la lionne tout en me forçant à la reconnaitre. Une fois assez proche d'elle, je reconnus l'un des membres de ma famille. Si je me souvenais bien, elle était la fille d'un cousin de papa. Je n'avais jamais vraiment discuté longuement avec elle mais il y avait un début à tout.

Puisqu'elle faisait partie de la famille, je partais du principe que je pouvais la tutoyer et si jamais elle ne le souhaitais pas, je n'aurais qu'à m'excuser. Lorsque je ne fus plus qu'à quelques pas, je pris la parole. Bonjour Amefungwa. Comment vas-tu ? C'était relativement banal comme entrée en matière mais bon, il fallait bien entamer la conversation et autant que cela soit fait de manière polie.

Tandis que j'approchais, la femelle de cinq ans mon aînée semblait déjà en train de parler. Je m'arrêtais un instant pour regarder autour de nous mais je ne voyais personne. Y avait-il quelqu'un face à elle que je n'apercevais pas ? J'utilisais ma truffe mais aucune autre odeur que celle de ma cousine éloignée ne me parvenait. Est-ce qu'elle parlait toute seule ? Je tendais l'oreille tout en me rapprochant pour comprendre ce qu'elle disait. Elle était en train de... se présenter ?

Etonnée, je m'arrêtais juste avant qu'elle ne s'adresse à moi. Répondant à ma question, elle me disait aller bien avant de me retourner la politesse pour s'enquérir de mon état ainsi que de celui de mon frère et de ma sœur. Elle ajouta que je ressemblais fortement à ma mère, Taygha et cette remarque me fit sourire. J'aimais mes parents de manière égale mais je trouvais ma mère tellement jolie et gracieuse que j'étais fière de lui ressembler.

Amefungwa continua en disant que nous grandissions trop vite, ce qui ne les rajeunissaient pas sa sœur et elle. Sœur qui ressemblait à leur mère, d'après les dires de la lionne couleur crème. N'ayant pas connu leur mère, je ne pouvait appuyer ses dires mais je la croyais sur parole.

Passant à un autre sujet, elle me disait ne pas comprendre que notre père ne nous parlait pas de son père à elle étant donné qu'ils se considéraient comme des frères. Un peu perdue par tant de sujets de conversation en si peu de temps, j'adressais tout de même un sourire poli à Amefungwa avant de répondre à la question qu'elle m'avait posée en premier lieu. Ca va très bien. Et ce matin, Taqqiq et Bhor allaient bien également. C'est gentil de demander, merci.

Un silence s'installa pendant lequel ma camarade de clan secoua plusieurs fois la tête. Cette attitude me faisait me demander si elle allait réellement bien mais avant que j'ai pu lui reposer la question, elle reprit la parole. Elle supposait que je l'avais entendue parler seule, ce à quoi je répondis en hochant la tête. Elle m'expliqua que c'était sa mère qui lui avait dit de faire ça dans un rêve qu'elle avait fait et que je n'avais pas à m'inquiéter. Elle ajouta ensuite avec une pointe de tristesse dans la voix que j'avais bien de la chance d'avoir encore mes parents. Ce n'était plus son cas et sa propre sœur avait vécu le terrible drame de voir mourir leurs parents devant ses yeux. C'était vraiment affreux et je ne voulais même pas imaginer à quel point ça avait pu l'affecter... Je suis désolée pour Vizuri, ce qu'elle a vécu est horrible...

Je laissais quelques secondes de silence s'égrener avant de reprendre. Mais tu sais, pour revenir au fait que tu parlais seule... Ce n'est pas si grave. Je connais d'autres personnes qui se parlent à elle-même. Et moi aussi des fois je parle toute seule, surtout quand je fais quelque chose de bête : je me dis à quel point je suis idiote ou des trucs du genre. Je lui offrais un petit sourire, histoire de lui montrer qu'elle n'était pas la première à qui ça arrivait.

Un silence suivit mes paroles. J’avais dit quelque chose de mal ? Peut être qu’elle ne me croyait pas quand je disais que c’était pas grave qu’elle parle toute seule. Pourtant j’étais vraiment sincère quand je disais que certaine personne le faisait. Je les avais déjà entendue…

Apparemment, elle voulait passer à autre chose puisqu’elle ne revient pas sur le sujet. Si c’était ce qu’elle voulait, soit. Je me concentrais donc sur ce qu’elle disait. Quoi ? Comment ça, ça a failli mal finir avec Bhor ? Qu’est-ce qu’il c’était passé ? Ignorante à ce sujet puisqu’il n’en avait rien dit, je continuais d’écouter Amefungwa, les yeux grands ouverts. Des paroles pas très gentilles avaient semble t-il étaient prononcées. Etant de notre famille, bien qu’éloignée, elle nous aimait et elle souhaitait repartir de zéro avec mon frère. Sauf que pour cela, elle avait besoin de mon aide pour touver un moyen de l’aborder ? J’allais y réfléchir mais comme je n’avais pas besoin de ça pour parler avec lui, ça n’allait pas être simple…

Tandis que je réfléchissais à ce qui pourrait permettre à Amefungwa de discuter de nouveau avec Bhor sur une base saine, elle revint sur le sujet de la santé de nos proches respectifs. Ca allait bien de son côté aussi, ce qui était une bonne chose. Elle m’avoua que sa fille souhaitait devenir la prochaine guérisseuse du clan et cela piqua mon intérêt.

Je ne m’étais certes pas encore décidée mais la voie de la guérison était bien celle qui m’attirait le plus et dans laquelle j’étais certaine de me sentir à l’aise. Si je prenais la décision d’aller voir Kidonda pour lui demander de m’expliquer ses missions, peut être que je ne serais pas la seule en lice pour devenir son apprentie. C’est marrant que tu me parles de l’envie de Hutania de devenir la prochaine Guérisseuse. A vrai dire, c’est également le chemin que je souhaite suivre. Je n’ai pas encore demandé à Kidonda de m’expliquer ce qu’elle fait pour voir si c’est vraiment ce que je veux faire dans l’avenir mais je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre. Seule cette voie m’intéresse et j’ai l’impression que c’est celle qui me correspond le mieux.

J’y avais un peu réfléchi et vraiment, les autres possibilités ne me semblaient pas être pour moi. Et si nous étions deux apprenties, cela ne serait certainement pas une de trop. Au contraire, je pensais que c’était même une bonne chose qu’il y ait potentiellement deux futures guérisseuses. Comme ça, si l’une des deux devait s’absenter, l’autre pourrait rester avec le clan et ce dernier ne se retrouverait pas sans soigneur.

Souriant à la grande-cousine de mon père, je me penchais sur la question de comment aborder mon frère. Il était un peu introverti alors ce n’était pas facile de l’approcher. Ce serait d’autant plus compliqué qu’il y avait un passif entre les deux et que Bhor était méfiant mais j’étais certaine que je pouvais trouver quelque chose. Mon frère était aussi avide de connaissance alors c’était peut être le moyen ? J’ai réfléchi à ce qui pourrait te permettre de retenter ta chance avec mon frère. Il aime apprendre des choses alors s’il y a des choses que tu connais, tu pourrais sans doute attirer son attention. Je marquais une petite pause avant de reprendre. Par exemple, nous étions très jeunes lorsque nous étions sur Freeland et nous n’y sommes pas restés très longtemps. Et depuis, nous n’y sommes pas encore retournés alors tu pourrais peut être lui décrire les paysages qu’il y a là-bas et les personnes que tu y as rencontré. Il y a une chance que ça l’intéresse. Encore une fois, j’offrais un sourire à ma camarade. J’espérais que mon idée l’aiderait.

Ma camarade écoutait avec attention ce que je lui expliquais au sujet de mon frère. Impossible de deviner ses pensées mais qu'elles quelles soient, j'espérais que cela pourrait l'aider. Pas tant parce que je voulais ardemment qu'ils se "réconcilient" mais plutôt parce que c'était dans ma nature. Tout le monde ne pouvait pas s'entendre, c'était normal car il fallait bien de tout pour faire un monde mais Bhor n'était pas une mauvaise patte et j'étais sure que ça pouvait s'arranger avec le temps si Amefungwa voulait bien s'en donner la peine.

Alors que je pensais à cela, une nouvelle odeur féline me parvint. Elle ressemblait à celle de mon interlocutrice et, lorsque je tournait la tête dans la direction prise par le regard d'Amefungwa, je ne fus pas surprise de reconnaitre sa fille qui arrivait. Mes oreilles se plaquèrent légèrement contre mon crane tout en se tournant vers l'arrière. Autant je pouvais comprendre pourquoi elle souhaitait savoir ce qui m'intéressait dans la voie de la guérison, autant la question sur la potentielle dépression de l'un des membres de ma famille m'énervait. Premièrement, cela ne la regardait absolument pas et ensuite, c'était sacrément déplacé.

Sur le coup de l'émotion, je ne répondis pas de suite et la mère de la nouvelle venue s'empressa de s'excuser pour elle. Mouais... Je savais quel effet pouvait faire la curiosité mais tout de même... Amefungwa souhaitait nous laisser entre jeunes mais Hutania entreprit de s'excuser à son tour pour ses manières. Magnanime, j'accordais un bref mouvement de tête à la jeune féline pour lui indiquer que je la pardonnais.

La suite de la conversation me perdit un peu. Je me demandais comment on en était revenues là car je devais avouer que je n'avais pas tout suivi. Je tentais tout de même de reprendre le fil de la discussion, ignorant l'attitude protectrice de Hutania envers sa mère. Ce n'est pas comme si j'allais lui sauter dessus, c'était bien mal me connaitre et puis de toute façon, je n'avais aucune raison d'être agressive. Ma voix était donc posée lorsque je repris la parole. Tu n'aimes peut être pas les voyages mais tu étais quand même là. Tu as donc du rencontrer quelques personnes et, contrairement à ma fratrie, tu dois te rappeler de bien plus de choses que tu as vu lors de ce voyage que nous qui n'étions que des lionceaux d'à peine quelques semaines. Je suis certaine que cela plairait à Bhor qu'on lui parle de cette expérience.

Je lui avais donné mon avis, à elle maintenant de voir si elle voulait tenter sa chance. Mon regard délaissa celui d'Amefungwa pour venir rencontrer celui de sa fille. Je serai ravie de discuter avec toi de mon attrait pour la voie de la guérison, peut être qu'on pourrait le faire en se baladant ? Nous étions sur Prideland et cela faisait longtemps que j'avais envie de découvrir ses paysages alors pourquoi ne pas le faire tout en discutant d'un sujet agréable ? Ca ne pouvait que donner un moment sympa.