La lionne se reposait au bord de l’étang tranquillement. Le crépuscule était sur le point de tomber et elle irait sans doute chasser en compagnie de quelques camarades avant d’aller se coucher. La brune avait eu un pincement au coeur lorsqu’elle avait aperçut sa mère, sa tante, et sa cousine en train de manger toutes les trois ensemble, discutant de bon coeur. Depuis plusieurs semaines, Kuvira ne leur avait plus adressé la parole. La dispute avec sa mère avait été si intense qu’elle avait l’impression que leur lien s’était brisé à tout jamais. Peut-être qu’elles ne se reparleraient plus jamais … c’était ainsi. La lionne ne supportait pas qu’on lui ait menti tout ce temps alors que tout le monde savait que son père n’était pas mort durant un combat contre les Rebelles mais qu’il avait quitté le clan pour les rejoindre. Il faudrait qu’elle interroge Kashe à l’occasion. Leur première rencontre après la guerre avait été éprouvante, difficile mais il fallait bien avancer. Si quelqu’un en savait plus sur le sujet c’était bien lui !

Elle était en train de réfléchir à la façon dont elle aborderait le sujet lorsque la guerrière sentit une drôle d’odeur : l’effluve du Désert. Ses poils se hérissèrent sur son échine tandis qu’elle scrutait l’horizon à la recherche de celui qui avait osé franchir la frontière, mais rien, elle n’aperçut que le lycaon qui trottinait dans la savane. La lionne se redressa lentement se souvenant de la dernière fois qu’ils s’étaient croisés. Elle s’en voulait encore de la façon dont ça s’était fini, avec un peu de chance il n’y avait eu que plus de peur que de mal, et Hadithi avait pu se détendre une fois qu’il se soit assuré que tout allait bien.

« Coucou monsieur le lycaon ! Comment va le meilleur dramaturge de Prideland aujourd’hui ? »

Demanda-t-elle après l’avoir interpellé et invité à la rejoindre d’un geste de patte.

Je trottinais, ravi, à travers la savane de Prideland. Cette rencontre avec Jesaja avait été des plus... surprenante ? Oui, c'était le mot. Surprenante et intéressante ! Non seulement le félin c'était montré bien plus agréable que je n'aurais cru un Jangowas capable mais surtout, j'avais eu l'occasion d'en apprendre plus sur les siens et son "esprit du Désert". ... Bon, j'avais aussi apprit que c'était un fanatique religieux, mais ça, c'était une autre histoire.

La gorge un peu sèche après avoir trainé un peu trop près de cette terre aride, mes pas m'avaient dirigés vers l'étang où je fus accueillis par une voix des plus agréable.

- Dame Kuvira !

Un sourire illumina mon visage.

- Le meilleur dramaturge de Prideland, hein ? Quel honneur vous me faites avec un tel titre, Ma Dame.

Fis-je avec un petit rire avant de me pencher pour laper quelques gorgés d'eau. Puis, d'un pas guilleret, je vins m'installer près de la lionne. C'était juste moi ou ces discussions allongées côte à côte devenaient une habitude ?

- Je vais bien. Mieux que lorsqu'on nous nous sommes quitté en tout cas, encore toute mes excuses pour être parti si précipitamment !

Et pour rien en plus.. J'avais été incapable de remettre la patte sur Itawuma. M'enfin, je n'avais pas eu de nouvelles, mauvaise ou bonne. Pas de nouvelle, bonne nouvelle à priori ? Je soupirais, les oreilles basses, avant de secouer la tête et de reprendre un air plus enjoué.

- Et la plus noble guerrière de Prideland, alors ? Comment se porte-t-elle ?

Ajoutais-je avec un clin d’œil.

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Kuvira commença par des excuses, excuses que je balayais d'un revers de patte. De mon point de vue, elle n'avait rien à se faire pardonner. La lionne avait simplement essayé de me mettre en garde et je lui en était reconnaissant. Avec un sourire qui se voulait rassurant je la repris bien vite :

- Bah ! Tu n'as pas à t'excuser, tu n'y es pour rien. Pour être honnête, je n'ai pas réussit à mettre la patte sur Itawuma depuis... Mais je n'ai pas eu de remarque de qui que ce soit sur le sujet. Je préfère me dire que c'est une bonne nouvelle.

La lionne aborda également le sujet de Vilayan et je gardais mon sourire, contrairement à elle, je n'avais pas d'inquiétude. Kuvira me semblait quelqu'un de parfaitement responsable, aucune raison que et entrainement se passe mal si ce jeune lion y mettait aussi du sien. Ceci dit, je lui avait déjà dit ça et la rabrouer davantage ne serait pas utile. Sans parler du fait, qu'apparemment, mes derniers mots sur le sujet avaient déjà fait leur effet. Ah ! Kuvira, quelle flatteuse ! Pas que cela me déplaise me direz-vous. Quand vint le moment de lui raconter ma journée, je n'eus pas une once d'hésitation :

- Oh ! Je reviens de la frontière avec le Désert en fait. J'y suis allé pour en apprendre un peu plus sur le Jangowas, au delà des rumeurs à leur sujet je veux dire. C'était une sortie pour le moins instructive.

... Bah quoi ? Prideland et les Jangowas étaient alliés, non ? Je n'avais pas spécialement de raison de cacher que j'allais rendre visite à des alliés. Même si les alliés en question avaient un certain pète au casque.

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... C'était juste une impression ou bien Kuvira était-elle plus tendue d'un coup ? Je haussais un sourcil interrogateur mais repris bien vite une expression plus neutre lorsque la lionne se mit à me questionner. Silencieux, je portais une griffe à mon menton le tapotant l'air pensif.

- J'en ai rencontré un, oui. Ma foi, je m'attendais à bien pire vu ce que j'avais entendu à leur sujet...

Comme le faisait remarqué Kuvira, le lions du Désert n'étaient pas connu pour leur hospitalité. Autant dire que la courtoisie de Jesaja avait été une surprise. Une bonne surprise, évidemment, mais une surprise tout de même.

- Celui-ci avait plutôt l'air curieux à mon égard et ne m'a pas pris pour une menace envers son Désert, donc la conversation est restée cordiale. Les chose aurais sans doute été différentes si j'avais été un lion.

Ajoutais-je le regard porté sur l'horizon, en direction du Désert. Finalement, mes yeux revinrent doucement vers la lionne brune et un petit sourire s'afficha sur mes babines.

- Mais je n'en suis pas un et avec le "si" on referait le monde. Peut-être était-il aussi simplement flatté que je veuille en savoir plus sur son esprit du Grand Désert.

Oui, vous savez, celui dont il souhaitait devenir la griffe qui s'abattra sur toute la terre des Lions et qui un jour recouvrerait le monde entier de sable, tout ça. La partie un peu flippante de l'histoire quoi. Je déglutis rien que d'y repenser. Les fanatiques religieux ça ne me mettait vraiment pas à l'aise. Ces animaux là avaient vraiment le don de plomber l'ambiance. En plus, ils restaient enfermés dans leur carcan de pensée, n'étaient pas très curieux... Bref, c'étaient pas forcement les plus amusant à inviter pour un repas.

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Ah ! Donc ce n'était pas moi ! Kuvira était effectivement plus tendue suite à la mention des Jangowas. Je ne pus m'empêcher de déglutir lorsqu'elle m'en expliqua la raison. Les oreilles basse et l'air penaud, je lâchais :

- Oh. Navré. Je ... Erhm. Je l'ignorais.

Si j'étais curieux dans savoir plus, vu la tension dans l'air, je doutais que ce soit le moment... Sans parler du fait que ce devait être un souvenir douloureux. Ravalant ma curiosité, je me mis à regarder mes pattes le temps que Kuvira brise de nouveau le silence. Je sautais rapidement sur l'occasion de changer de sujet. Plus ou moins.

- Oui sans doute !

Je fis une courte pause. Je brulais d'ajouter quelque chose mais Kuvira me semblait déjà tendue et je ne souhaitais pas vraiment me retrouver au milieu d'un incident diplomatique. Mais en même temps, les propos pour assez extrémiste de Jesaja tournaient dans ma tête. J'ouvris plusieurs fois la gueule sans parvenir à en faire sortir un seul son avant de me décider en choisissant prudemment mes mots.

- Il l'aime peut-être même un peu trop leur désert... Comme je l'ai dit, la conversation est resté cordial mais certains des propos qu'a lâché mon interlocuteur semblaient parfois un peu... Fanatique ? Pas que je pense qu'il constitue une menace ! Et je ne veux vraiment pas exacerber une quelconque tension ! Mais...

Encore une fois, une pause.

- Disons que j'aurais tendance à me méfier de quelqu'un un peu trop accroché à sa foi.

Après tout, on ne pouvais jamais savoir lorsque cette foi allait le pousser à commettre des atrocité... Dans tout les cas, je me sentais plus à l'aise de prévenir Kuvira. Prideland avait, en soit, bien peu de valeur à mes yeux. Perdre les peinture serait certes déchirant mais bien moins que perdre ma vie ! Tant que je parvenais à fuir, la savane pouvait bien se transformer en Désert, ça ne me posait pas beaucoup de problème. Malgré tout, je trouvais certains Pridelanders attachant et Kuvira en faisait partie... Cela ne coutait rien de la mettre en garde au cas où les choses venaient à dégénérer avec leurs voisins.

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En dépit de ce que pouvait dire Kuvira, je restais quelque peu embêter de lui avoir rappelé des souvenir douloureux. Vieille histoires ou non, elles avaient laissé des traces. Littéralement. Ceci dit, le sujet se recentra rapidement sur les Jangowas. Quelque peu flatté de l'inquiétude de la cheffe de guerre à mon égard, je ne pus retenir un sourire taquin.

- Mmh, je m'en voudrais d'inquiéter une Dame de la sorte.

Reprenant un air plus charmeur, je me permis de revenir à notre jeu de théâtre, espérant allégé la conversation. Je me relevais calmement, posant une patte sur mon cœur.

- Soit Ma Dame, calmez vos inquiétudes, votre serviteur tâchera de garder ses pattes loin du Désert.

Et sur ses mots, je m'inclinais respectueusement, non sans un sourire en coin et un clin d'oeil à l'intention de la lionne. Les Jangowas me rendait curieux, oui, mais sans doute pas au point de mettre ma vie en danger, et certainement pas au point de me mettre Kependwa à dos et prendre le risque de ne plus jamais voir les peinture de Prideland ! Et puis, qui sait ? Peut-être aurais-je l'occasion d'en savoir plus sur les lions du Désert plus tard, une fois les tensions apaisées. Je n'avais pas l'intention de renoncer à mes études, mais je pouvais les repousser, faire preuve de patience. J'y étais habitué après tout.

- Du moins, jusqu'à ce qu'il soit certain que ma vie ne sera pas menacé si je me rend là-bas. Je crains de ne pas pouvoir contrôler ma curiosité davantage.

Ajoutais-je avec un petit rire nerveux.

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Ravi de voir que mon numéro avait allégé l'ambiance, je ne pus retenir un rire devant la réponse de Kuvira. Je partirais de nouveau explorer le Désert un jour. Mais pas tout de suite. Pour l'heure, j'avais une promesse à tenir envers une dame. Une dame qui de toute évidence était inquiète pour ma sécurité. C'était... Définitivement flatteur. L'humeur étant moins à l'inquiétude et plus à la détente, j'autorisais un sourire attristé à s'afficher sur mes babines. Les oreilles basses, je me mis à fixer mes pattes, traçant le contour de mes coussinets d'une de mes griffes.

- Tu sais...

Une fois n'étant pas coutume, je ne savais pas vraiment comment exprimer ma pensée.

- C'est peut-être un peu égoïste de ma part mais... Ça me fait plaisir que tu t'inquiète pour moi, Kuvira.

Je fis une courte pause.

- Ce n'est pas quelque chose que j'ai vécu depuis que j'ai quitté ma meute...

Je ne savais pas trop ce qui me prenais de parler à cœur ouvert comme ça. Peut-être le trop plein d'émotion avec cette histoire de Jangowas, peut-être la fatigue d'avoir fait le voyage jusqu'au désert... Peut-être juste qu'il était simple de parler avec Kuvira parce qu'elle n'était pas prise de tête ou peut-être juste que ma famille me manquait plus que je ne voulais l'admettre. Les Pridelanders étaient sympathique et accueillant, mais on ne pouvait pas dire que je pensais réellement pouvoir compter sur eux. En ça, ils n'avaient rien d'une famille.

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De toute évidence, Kuvira ne s'attendait pas à une tel déclaration. Elle semblait chercher les mots justes pour me répondre et je ne pus retenir un petit gloussement amusé. C'était toujours amusant pour une brindille comme moi de réussir à faire perdre une partie de ses moyens à un animal qui devait faire le double, voir le triple, de mon poids en muscle. Mais en digne chef de Guerre, la lionne brune repris vite ses moyens, m'interrogeant sur ma famille. Je restais silencieux un instant, mon regard passa de mes pattes à l'horizon.

- Je ne sais pas.

Je me tournais vers la lionne.

- A part ma grand-mère, il n'y avait que les chiots qui étaient intéressé par mes histoires. Je n'étais pas vraiment d'une grande utilité aux yeux de la meute et ils me le faisaient comprendre.

De nouveau, quelques secondes de silence alors que je me plongeais dans de vieux souvenirs. Des petite remarque ici et là sur ma feignantise ou mon manque d'entrain pour la chasse... Pas que je pouvais leur donner tort sur ces points précis. La seul chose à laquelle je pouvais servir, c'était distraire les plus jeunes. Même mes connaissance en plante acquise auprès de ma grand-mère n'étaient pas suffisante pour que puisse être considéré comme un soigneur. Je poussais un soupir.

- Ce n'était pas méchant, ils voulaient bien faire, je le sais, mais je n'aimais pas ça. Quand je suis parti, j'étais certain qu'ils ne me manqueraient pas, bien au contraire ! Je me disais même que je serais soulagé. ... J'avais tort. En soit, c'est plaisant de pouvoir faire ce que je veux sans que personne ne me fasse de remarques mais... Je ne sais pas. Même les commentaires de ma mère concernant mon comportement avec les jeunes filles me manquent !

Et pourtant, les esprits savent qu'elle m'avait cassé les pattes avec ça ! Je secouais doucement la tête rien qu'en y repensant. ... En y réfléchissant, c'est vrai que rien ne m'empêchait de retourner sur Freeland le temps de dire bonjour : l'entente entre ce territoire et Prideland était cordial et les peinture de l'antre des Gardiens n'allaient pas prendre leur pattes à leur cou pendant mon absence.

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Kuvira se montrait compatissante et je lui en était reconnaissant. Un sourire timide apparut sur mes babines. Ça faisait du bien d'avoir ce genre de discussion. Mais... C'était un peu gênant aussi. Je devais avouer que j'avais un poil hâte de retrouver mon charme et mon assurance habituel. La remarque du Kuvira m'amusa et un léger rire m'échappa.

- Surpris, c'est sûr ! Pas certain qu'ils approuvent ceci dit, j'ai été élevé dans l'idée qu'il valait mieux ne pas trainer près de lions après tout.

Et pourtant, pour le moment, ça me réussissait plutôt bien ! Je m'entendais avec la plupart d'entre eux mieux qu'avec certains membres de mon ancienne meute. Et avec Kuvira à mes côtés, je pouvais même affirmé que je m'étais fait au moins une amie ! La lionne brune avait raison d'ailleurs... Rien ne m'empêcher d'un jour retourner les revoir... Mais pas tout de suite.

- Je penserai à aller les saluer un de ses jours. Merci Kuvira.

Je me raclais pour reprendre un peu de contenance. Allez Hadithi, un petit effort ! Mon sourire habituel repris sa place sur ma truffe. Le moment était venu de terminer l’apitoiement !

- Bon ! Cette conversation m'a fait du bien mais je t'avoue que je n'ai pas plus envie que ça de continuer à m'apitoyer sur mon sort !

Fis-je sur un ton qui se voulait plus enjoué.

- Mais je te remercie pour tes encouragement. Et si un jour tu as besoin de parler, n'hésite pas, je serais ravi de te rendre la pareille !

Enfin, "ravi" oui et non. Parce que quelque part, si je devais la lui rendre, c'était que Kuvira n'allait pas bien et je n'avais pas envie qu'elle aille mal et... Bref ! Vous avez compris !

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Heureusement pour moi, Kuvira se montra des plus compréhensive et laissa la conversation à propos de ma famille s'éteindre paisiblement. Le tout pour aborder une sujet bien plus enthousiasment, la prochaine histoire contée au clan ! Je ris légèrement. Oh, j'avais bien ma petite idée. Sans doute raconterais-je la légende du lion Orion et de son dangereux orgueil... Alors que j'étais plongé dans mes pensées, je redressais le regard vers Kuvira juste à temps pour la voir jouer de ses muscles. Mmh... Cela faisait plusieurs lunes que je connaissait la lionne brune maintenant, mais c'était toujours un spectacle des plus agréable à regarder. Ahem. Bref. La lionne m'accorda encore quelques mots avant de me saluer et de s'éloigner.

- A une prochaine fois, Kuvira !

Fis-je simplement avant de la regarder s'éloigner dans le silence. Lorsqu'elle fut hors de portée de mes yeux, je m'étirais à mon tour et secouai légèrement mon pelage. Bon. Ce n'était pas tout, mais il fallait que je rentre au Rocher. C'était qu'il commençait à faire faim. Je me demandais bien si le groupe de chasse était rentré au rocher tiens... Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir ! Un sourire malicieux apparut sur mes babines et je me remis en route.

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