Kuvira n’était pas retournée auprès des autres depuis quelques jours. Á vrai dire elle était dans un état végétatif inquiétant, si bien que plusieurs fois déjà les vautours avaient commencé à lui tourner autour avant de se rendre compte qu’elle était en fait toujours bien en vie. Mais ils prenaient leur mal en patience, à la voir dépérir, peut-être qu’ils avaient une chance de s’en faire un repas d’ici quelques jours ?

Elle n’avait parlé à personne, faisant semblant de dormir dès qu’un lion approchait pour tenter un contact. Manger ? Non très peu pour elle, c’était comme si elle n’avait plus aucun instinct de survie et que les actions basiques de maintient n’avaient plus aucune importance. Il n’y avait que boire qu’elle faisait encore de temps en temps, incapable de résister à la chaleur intense. Le reste du temps elle le passait couchée à l’ombre d’un arbuste ou roulé en boule entre des pierres.

Ce n’était pas la première fois qu’elle vivait un épisode pareil, toutefois c’était bien la première fois qu’elle ressentait cette lassitude d’être en vie. La lionne avait juste envie de s’endormir pour ne plus jamais se réveiller. La vie était trop compliquée à affronter dernièrement, elle ne se sentait plus capable de quoi que ce soit. Et pire encore elle avait terriblement honte de ne pas être allée voir Aya. La liarde avait pourtant veillé sur elle lorsqu’elle avait été gravement blessée alors pourquoi n’arrivait-elle pas à en faire de même ? En fait elle culpabilisait de ne pas s’y être rendue, et plus elle attendait plus elle avait honte de montrer sa figure, pensant que la liarde serait énervée contre elle face à son abandon silencieux.

Elle se tourna sur le flanc inverse et lâcha un long soupir tandis que son ventre gargouillait bruyamment. Un rire s’échappa de ses lèvres malgré elle lorsqu’elle pensa à la blague sur les tremblements de terre, et puis elle se recroquevilla sur elle même et commença à pleurer en silence. Est-ce que Aya allait vraiment devenir Gardienne ? Que lui resterait-il si son amie partait ? Ici elle n’avait plus de famille, plus d’honneur, plus rien.