Enfer Mositu

Tout avait commencé par une espèce de grondement venu de la terre, suivi par le cri alerté des singes et l'envol des oiseaux.

Le clan vaquait à ses occupations. Les lionceaux jouaient et se chamaillaient sous le regard de leurs parents. Rien ne laissait présager le chaos qui s'abattit en un instant sur eux, et qui allait bouleverser tout un écosystème.

Le sol se mit à trembler, comme si une horse de gnous enragés martelait la terre. Les arbres tanguèrent, se déchirèrent, émettant un son de craquement semblable à celui d'os croquant sous la dent d'une hyène. Si le sol ne s'était pas mis à bouger, on aurait pu croire que les arbres luttaient contre un ouragan. Mais ce n'était pas le cas. Les tempêtes, la jungle en avait déjà affronté. Ce qui se déroulait ne ressemblait en rien à tout ce que ses habitants avait pu rencontrer.

Très vite, la panique s'installa parmi les membres du clan. Il fut ordonné à tous de se regrouper, afin que l'on puisse recompter leur nombre. Des guerriers furent envoyés chercher les lions les plus isolés, ceux partis chassés. Ce qu'ils devinrent, nous n'en saurons rien.

Des fissures se créaient au sol. La jungle s'ouvrait littéralement, en deux, en trois. Les arbres les plus larges se déracinaient, certains disparaissant dans les abysses; d'autres manquant d'écraser les membres du clan, impuissants face à un tel désastre.

"Nous devons rester groupés! Faites attention où vous mettez les pattes! Veillez les uns sur les autres!"

lança une voix forte, qui était celle de Nywele. Le chef des guerriers bouscula une lionne qui manqua de peu de se retrouver écrasée sous un arbre. Son coeur battait à cent à l'heure tandis qu'il cherchait du regard Makosa. Elle ne faisait pas partie du groupe. Au loin, des cris. Le guerrier du se retenir de courir en direction de ceux-ci. Il ne pouvait pas laisser le gros du clan le voir paniquer. Son rang l'obligeait à avoir l'air le plus sur de lui possible durant les situations de crise. Mais jamais il n'avait été préparé à l'éventualité d'un tremblement de terre!

S'éloigner de l'épicentre. Faire sortir le clan de cet enfer. Il fallait les mettre à l'abris.

Un autre cri. Du coin de l'oeil, il aperçut un jeune sur le point de tomber dans une fissure. Il vit sa mère lui hurler de faire attention, se précipiter pour le rattraper ; trop tard hélas.

La terre ne cessait de trembler. Ce n'était que le début de cette journée.

____

Une fois le tremblement de terre terminé, le cratère fut plongé dans un silence de mort, avant d'être brisé au bout de quelques minutes par Nywele.

-C'est une catastrophe...

Avant même que le guerrier brun puisse avoir le temps de poursuivre, une autre voix se fit entendre :

-Après plusieurs mois d'errance, nous avions enfin réussi à trouver un territoire pour nous et nous seuls...Plusieurs mois et années de recherches pour...Pour...

Complètement abattue, une lionne du clan fondit en larme. Nywele de son côté ferma les yeux, ne sachant pas quoi dire dans un tout premier temps. Compte tenu de la situation actuelle, rester sur place n'avait rien de particulièrement pertinent.

Soudain, un jeune mâle pris la parole en disant :

-Qu'est-ce qu'on fait ? À mon humble avis, il faudrait trouver un endroit où nous serions en sécurité.

-Je suis tout-à-fait d'accord avec toi. Mais où ? Compte tenu de l'ampleur de ce séisme, nous sommes malheureusement dans l'obligation de quitter le Kasoto.

-En effet. Et..Où irons-nous ?

-Je ne vois qu'une seule destination viable pour le moment, à savoir, la Lande des sans terres. Je suis parfaitement conscient du fait qu'un tel choix, reviendrai à faire demi-tour. Tout ceci reviendrai à revivre cette vie d'errance...Une vie de créatures victimes de l'histoire. Néanmoins, nous n'avons pas le choix. Nous allons quitter le Kasoto en essayant de voir s'il n'y a pas autres survivants sur notre chemin.

Sans un mot, les premiers survivants du tremblement de terre se contentèrent d'un simple hochement de tête les uns après les autres, avant de suivre Nywele en direction de la sortie du cratère. En très peu de temps, cette vie d'errance considérée comme terminée, venait de reprendre d'une manière violente et inattendue.