Désormais, les Chafayas séjournaient au repère des lions, là-bas même où le roi et ses proches vivaient. Une surprise générale pour les trois léopons, qui avaient encore du mal avec cette notion de " provisoire " mais qui pourtant, ne cessaient de profiter de ce nouveau terrain de jeu. Ils n'étaient plus seuls, là-haut dans leurs montagnes, et fin prêts à rencontrer des lionceaux de leur âge.
Le voyage avait certes été difficile pour des enfants comme eux, mais ils avaient rapidement repris en force et ainsi, commencé à investiguer ce vaste territoire.

Adva avait donc pu rencontrer un tas de nouvelles personnes, comme l'ancienne famille royale et même le roi Tangawi qui les accueillaient à pattes ouvertes. De tous, il fut bien celui qui soulevait un tas de questions en elle. Une soif de connaissance qu'elle ne pourrait évidemment pas étancher seule, mais il lui arrivait d'y réfléchir, l'air concentré. Comme actuellement. Un moment propice pour effrayer la petite, ce que Wanda, sa mère, n'hésita nullement à faire. « Bouh ! » fut le seul mot prononcé, mais suffisant à lui coller la frousse. Ayant sursauté comme jamais, elle se retrouvait désormais avec le poil hérissé, ressemblant d'avantage à une boule qu'à un être vivant. « Maman ! Tu m'as fait super peur !! » s'écria-t-elle avant de s'approcher de ses pattes, histoire de s'y frotter un peu en ronronnant. Lui exprimant à quel point elle était heureuse de la voir malgré cette belle frayeur.

Mais une fois que ce moment de douceur et de tendresse fut passé, la femelle à mèche n'en attendit pas plus longtemps pour questionner sa mère, comme elle en avait l'habitude. Après tout, c'était une adulte et un adulte, ça sait un tas de choses qu'un enfant ignore. « Dis maman, monsieur Tangawi est un roi ? Il fait quoi le roi ? » dit-elle avec une moue pensive, encore bien ignorante sur cette définition, bien qu'elle avait pu entendre ce mot à de multiples reprises. Le fait est qu'en connaître un pour de vrai, la titillait désormais sur ses origines.

Wanda annonça sans hésiter à son enfant de quoi s'agissait un roi. Celui-ci semblait assurer la sécurité de ses sujets, tout en veillant à la bonne application des lois en vigueur. Pensive, la petite Adva sembla presque immédiatement faire un lien avec son oncle, Koda, qui avait ce rôle-là aux yeux de tous les Chafayas. Pourtant jamais son nom n'avait été accompagné d'un tel titre. « Alors pourquoi Koda c'est pas le roi ? » demanda-t-elle après coup, ne saisissant pas toute la différence entre les deux. Il faut dire que ces histoires de gouvernance n'étaient pas aisées à comprendre pour un si jeune être.

En tout cas, la jeune mère avait visé juste en lui demandant pourquoi de telles questions, persuadée que la femelle tachetée avait quelque chose derrière la tête. Comme quoi, l'intuition féminine n'était pas à prendre trop à la légère.
Penchant sa bouille sur le côté, la léopon ne se cacha pas de dire la vérité. « Bah, c'est pas ton tonton qui est roi, maman ? », plissant les yeux toujours plus, elle faisait comprendre à la lionne qu'elle ne comprenait pas tout entièrement. « Ça veut dire que monsieur Tangawi est ton tonton ? » dit-elle innocemment, pensant tout bonnement qu'il ne pouvait y avoir qu'un seul dirigeant de sang royal. Elle était, de toute évidence, consciente qu'il y avait plusieurs clans sur la Terre des Lions, mais voilà. Elle n'avait jamais pensé que tous ces clans avaient des meneurs différents, avec de nombreuses variations d'appellations.

Koda n'était pas le roi. Il n'était qu'un petit chef et ne dirigeait qu'un petit bout de Freeland. Cette annonce avait le don de laisser Adva perplexe ... Ne saisissant toujours pas le principe. « Ça veut dire que monsieur le roi Tangawi, c'est le chef de tonton Koda ? Trop bizarre... » clama-t-elle, un peu en détresse. Sûrement comprendrait-elle mieux ces rôles et leur hiérarchie dans le futur. Elle en avait encore bien le temps, que son esprit critique se développe toujours plus.

Quoiqu'il en soit, sa curiosité l'avait piqué avec sa multitude de questions sur les rois, Tangawi et enfin l'oncle de Wanda. Celle-ci, très amusée par la réflexion de sa chère fille, lui expliqua que Tangawi était un roi, certes, mais pas son oncle. Il existait plusieurs roi, et celui qui avait pu exercer cette fonction dans leur famille semblait appartenir à un autre royaume. « Wow... Prideland ! On ira voir un jour ? » demanda-t-elle, curieuse de savoir à quoi cela pouvait ressembler. D'autant plus que Minei serait ravi de visiter un autre endroit, si jamais cela se faisait. « J'aimerais trop voir ton tonton, maman ! » continua-t-elle, plus intriguée par cette famille inconnue que cette mention de sang royal. Forcément, à part la famille rouge, le reste restait une véritable énigme : surtout du côté de Kwilu. Alors, la seule solution se retrouvait du côté de la lionne à mèche, qui saurait assouvir toute cette soif de découverte dont la léopon savait faire preuve.

Face aux demandes de sa fille, Wanda sembla adresser un regard au ciel, une action dont la petite n'arrivait pas à comprendre toutes les raisons. Cependant, elle n'eut pas à se tracasser bien longtemps, croyant l'avoir froissée alors que sa mère semblait plutôt enjouée par l'idée. Car elle lui promit qu'un jour, ils iraient tous découvrir Prideland, lorsque le temps serait plus frais. Sûrement que cela trottait déjà dans la tête de la lionne, puisqu'il s'agissait de ses terres natales et qu'elle avait avoué vouloir les présenter à Kwilu.

Evidemment, la léopon avait hoché la tête à toute vitesse, pressée de découvrir ces territoires ... Mais moins de rencontrer de totals étrangers. Elle ne craignait pas spécialement les membres de sa famille, mais rencontrer le reste, soit un autre peuple, restait une épreuve en soit.
Et à en croire les paroles de la femelle à mèche, le roi n'était plus et il ne restait plus que sa fille. À cette annonce, un frisson parcourut le dos de la féline. « Mais c'est trop triste ! Et on fera pas bobo au cœur à Moha en venant la voir, alors que son papa est plus là ? » demanda-t-elle dans un couinement, submergée par une peine qu'on ne lui connaissait pas.

Et presque instantanément, elle alla se blottir contre sa mère. « Moi je serais trooop triste ! Je veux pas que toi et papa ne soyez plus avec moi. Dis-moi que vous resterez pour toujours ! » continua-t-elle de plus belle, définitivement trop jeune pour se faire à l'idée que la vieillesse gagnait chaque personne, et donc la mort elle aussi.