Le Roi Tangawi avait ouvert l’œil tôt ce jour-là. Loin de lui les longues matinées à somnoler et lézarder sur les roches du Repère des Lions. Il avait un devoir à accomplir. Comme chaque matin, il avait une patrouille à faire, plus le temps passait, moins il voyait de contrariété dans le regard de ses sujets, chose qui le rassurait plus ou moins.


Contrairement à ce que la plupart pouvait s’imaginer, Tangawi ne souhaitait pas voir de l’adoration dans les yeux des siens, juste une certaine acceptation. Il ne voulait pas recevoir tous les honneurs et encore moins figurer comme un sauveteur. Il voulait juste rendre service. Faire sa part, dirait-on. Il savait qu’il n’était qu’à moitié accepté au sein des siens, encore plus avec les descendants de Naba qui, à l’exception d’Eadala, semblait lui vouer une haine farouche. Car oui, Tangawi n’était pas stupide, il n’y avait qu’à voir comment Adda se comportait pour comprendre qu’il ne lui prêterait jamais allégeance, bien au contraire. Et si Jahl ne disait rien publiquement, il était clair que s’il venait à être renversé, elle serait une des premières à être de la partie. Pour autant, il n’éprouvait pas de rancœur envers les descendants de l’ancien couple royal. Après tout, leur famille baignait dans le pouvoir depuis si longtemps, ils devaient sûrement attendre leur tour.


Même si à vrai dire, Tangawi pensait qu’ils en voulaient à la mauvaise cible. Il n’avait jamais eu que pour seul objectif que de servir la famille royale. Et personne n’aurait pensé à se rebeller si Naba n’avait pas été aussi… Maladroit. Car il fallait bien le reconnaître, Kama était arrivé dans un véritable chaos. Le peuple s’était soulevé et personne ne pouvait prédire ce qu’il serait arrivé si Kama n’était pas revenu ce jour-là.


En conclusion, Tangawi avait juste su prouver sa valeur, là où Naba n’avait pas réussi. Mais cela, les enfants ne pouvaient possiblement le comprendre et il l’entendait. Sa patrouille semblait durer plus longtemps qu’à l’habitude, mais il savait qu’il n’avait pas besoin de rendre de compte à qui que ce soit à une heure pareille. Personne ne l’attendait avant midi. Il avait la matinée pour lui. Très vite, il s’aperçu qu’il se rapprochait de la Jungle des Gorilles, nul doute qu’il avait dû marcher longtemps pour arriver en ces lieux. Il ne se souvenait plus de la dernière fois qu’il avait foulé cet endroit. Et à bien y réfléchir, c’était mieux ainsi.


Tangawi n’était pas particulièrement fan des grands arbres, il se sentait vulnérable dans la jungle pour la simple et bonne raison qu’il n’avait pas une vue particulièrement perçante. Si ses oreilles et ses pattes étaient en bon état, il savait qu’il était un bien piètre grimpeur, et que de ce fait, être dans une jungle l’handicapait plus qu’autre chose. Alors qu’il s’apprêtait à faire demi-tour, il réalisa qu’il croyait voir deux yeux l’observer au loin. Il ne semblait pas s’agir d’un gorille mais d’un félin, à en déduire par le regard perçant de celui qui semblait le fixer inlassablement. Ce n’était certainement pas une menace, mais il était venu pour une patrouille, alors… Il s’approcha.


Droit, il marchait la tête haute, ne laissant en aucun cas la peur le gagner, il n’y avait d’ailleurs aucune raison, il était sur son territoire. Enfin, plus ou moins. Les Gorilles étaient plus détenteurs de ce territoire que lui. Mais il demeurait le chef des royalistes et de ce fait, il devait s’assurer que tout se passait pour le mieux sur Freeland. Lorsqu’il s’avança plus près, il vit quel animal le détaillait avec acharnement. Un léopard, jeune sûrement. Malgré la méfiance naturelle que les lions et les léopards se vouaient, Tangawi savait qu’il n’avait rien à craindre d’un tel spécimen. Il était bien trop jeune et petit pour le heurter.


Néanmoins, il était sa mission de savoir ce qui poussait le jeune félin tacheté à agir de la sorte. Levant le museau, il s’adressa au félin :


- Puis-je t’aider ? Je suis Tangawi, Roi de Freeland. Je te vois m’observer depuis quelques minutes, tout va bien ?

Cela faisait maintenant un peu plus d'un an que son père, avait perdu la vie, du fait d'une santé qui, au fil des mois et des années, n'avait eu de cesse de s'affaiblir d'avantage. Dans sa joie de vivre, commune à beaucoup d'enfants de son âge, Iya n'avait pas vu la dégradation de la santé de son père, estimant que ce dernier était assez fort pour tenir encore deux ou trois années supplémentaires. Néanmoins, l'histoire avait montré que le jeune descendant du grand Tchaku, avait fait preuve de naïveté.

Malgré cette tragédie encore toute récente, Iya avait réussi à faire un trait sur cet épisode. Un phénomène qui, sans grandes surprises, était intimement lié à son entrée dans l'adolscence et aussi, la sécurité de sa mère qui, en raison de sa vulnérabilité grandissante, était devenue une priorité absolue.

Trop fière pour vivre dans une entière dépendance vis-à-vis de son fils, Nakiya n'hésitait pas à faire comprendre à ce dernier, qu'il était important pour lui de s'habituer à une vie sans elle. Une vie de léopard normal, confronté aux dures réalités de la vie en solitaire. Une situation pour laquelle, le jeune descendant du grand Tchaku se préparait petit à petit.

Ainsi, sans même que sa mère ne le pousse à prendre du temps pour lui, le fils de Moyindo se leva à l'aube, toujours dans l'optique de se préparer à sa nouvelle vie de léopard indépendant. Un moment rêvé pour se lancer à la recherche de son oncle disparu depuis presque deux ans.

Après plusieurs heures de déplacement d'arbres en arbres, Iya s'arrêta, perturbé par l'odeur d'un lion. Surpris et curieux à la fois, le descendant du grand Tchaku se laissa guider par l'odeur de l'intru, avant de le voir de ses propres yeux.

Un lion couleur fauve, avec des reflets tirant vers le roux qui, sans craintes, marchait dans la jungle des gorilles. Silencieux, Iya fixa le grand félin à crinière pendant quelques instants, avant de se rendre compte à sa grand surprise, qu'il avait été repéré.

Le visage détendu, le lion inconnu lui adressa la parole, en se présentant sous le nom de Tangawi. Il s'agissait du souverain du vaste territoire de Freeland.

Iya n'en revenait pas. En plus d'avoir eu la chance de croiser un lion, après plusieurs mois de vies isolé du reste du monde, le descendant du grand Tchaku avait la chance de rencontrer le souverain de ce vaste territoire qui l'avait vu naître et grandir.

-Le roi de Freeland ? Woaw ! Mais quelle surprise ! C'est un honneur de vous rencontrer ! Mon nom est Iya ! Je suis un résident de la jungle des gorilles !

Dans son excitation, Iya ne savait pas par où commencer. Même si son père n'était plus là pour le voir mener son enquête au sujet des lions quant à leur véritable nature, le jeune félin tacheté au regard bleu ciel, était déterminé à trouver une réponse à chacune de ses questions.

-Le roi de Freeland ? Woaw ! Mais quelle surprise ! C'est un honneur de vous rencontrer ! Mon nom est Iya ! Je suis un résident de la jungle des gorilles !


Tangawi ne se voilait pas la face, le jeune félin n'était pas une menace. Pourtant, il avait jugé bon de vérifier l'identité de ce dernier pour s'en assurer. Mais s'il ne s'imaginait pas rencontrer un vil antagoniste prêt à le dévorer, il ne s'était pas préparé à être autant encensé. Mais après tout, il était le roi, n'était ce pas normal pour la plupart des félins qu'on le traite de la sorte ? Tangawi n'était pas certain de la réponse. Il avait beau être roi de Freeland, il avait encore beaucoup à apprendre et surtout, beaucoup à prouver pour espérer égaler son prédécesseur.


Toutefois, le jeune félin était visiblement ravi de le rencontrer, et Tangawi laissa un sourire heureux se peindre sur son visage avant de répondre au jeune tacheté :

- Je suis ravi de te rencontrer également Iya, désolé, je suis un peu sur le qui-vive ces derniers temps. Tu résides donc en ces lieux ? Pas étonnant. Vous, nos frères léopards, préférez la fraicheur des arbres, à la chaleur écrasante du soleil, n'est-ce pas ?

Tangawi observa un instant le spécimen, sans trop le fixer, pour ne pas paraître menaçant. Il est vrai qu'il était particulièrement imposant et qu'il ne voulait brusquer personne. Encore moins un des seuls animaux à ne pas le tenir pour responsable de la "décadence de Freeland".

Une fois de plus, Iya ne s'attendait pas à faire la rencontre du roi de Freeland dans la jungle des gorilles. Le simple fait de le rencontrer, constituait d'ores et déjà une sacrée surprise. Une surprise qui, tout naturellement, était encore plus grande au sein de la jungle des gorilles. Un territoire qui, malgré sa localisation au sein du vaste royaume de Freeland, restait habité par des gorilles relativement fermés à la présence de grand félin à crinière sur une longue durée.

La deuxième surprise, fut l'évocation du mot "frère" par le lion roux. C'était incroyable. Iya ne s'attendait pas à ce que son interlocuteur considère un léopard comme un "frère". Le fils de Moyindo, avait l'impression d'être dans un rêve. Pourtant, tout ce qu'il avait entendu n'était rien de plus que la réalité. Décidément, son père ratait quelque chose d'absolument extraordinaire.

-Il y a la fraicheur mais aussi, toute une question de sécurité derrière l'intérêt que nous léopard, portons pour les arbres et les espaces boisés en général. Etant plus petit qu'un bon nombre de prédateurs, nous nous réfugions dans les arbres.

La question qui se posait tout naturellement, était de savoir ce qui avait poussé le roi de Freeland à venir au sein de la jungle des gorilles. Un territoire au sein duquel, les lions n'étaient que "tolérés".

-Si je puis me permettre votre majesté, quel bon vent vous amène en ces lieux ?

Peut-être que la raison de sa présence en ces lieux, avait un lien avec le fait d'être sur le qui-vive. Une rébellion ? Non. C'était peu probable. Si tel était le cas, Tangawi serait sûrement venu avec une garde rapprochée...

Lorsque le monarque commença à s'intéresser à la situation du léopard, il put lire de la surprise dans ses yeux. Il ne devait pas avoir eu affaire à beaucoup de félins à crinière intéressés par les léopards, et c'était compréhensible. Les léopards et les lions étaient rivaux naturels. Mais en tant que roi et qu'animal civilisé, Tangawi savait passer au dessus de cela.

-Si je puis me permettre votre majesté, quel bon vent vous amène en ces lieux ?

Tangawi ne répondit pas de suite, il se contenta de lever le museau avant de désigner le Repère des Lions du bout de la queue :

- Le bon vent qui m'amène est celui de la lassitude, mon cher Iya, vois-tu, à force de patrouiller et d'accomplir mes devoirs, j'oublie parfois que j'ai également des devoirs envers ma propre personne. J'ai donc décidé de me balader sur les Terres Libres, tout en ne m'éloignant pas trop.

Surtout depuis que les hyènes n'étaient pas très fiables, Tangawi s'avérait plus alerte que jamais. Il devait être prêt en cas de problèmes, même si le second jugement ne s'était pas trop mal passé, il craignait un revirement de situation.

Il se garda néanmoins de dire à Iya qu'il était arrivé là par erreur, le but n'était pas d'irriter le félin tacheté, lui qui semblait si enthousiaste à l'idée de le rencontrer... Il se demandait d'ailleurs pourquoi autant d'intérêt à son égard. Peut-être le grade de roi avait-il un certain attrait pour eux ?

D'après Tangawi, la raison de sa présence au sein de la jungle des gorilles, s'expliquait purement et simplement par le fait qu'il ressentait aussi le besoin, de prendre du temps pour lui en se baladant. Quelque chose de compréhensible. Néanmoins, le jeune félin tacheté n'aurait jamais imaginer que ce genre de balade, puisse se faire sur une telle distance. Sans compter le fait qu'il s'agissait tout de même d'un roi...Par conséquent, il aurait peut-être été plus pertinent de se déplacer avec une sorte de garde rapprochée.

-Je comprend. Mais soyez prudent. Le repère des lions et la jungle des gorilles, ne sont pas juste à côté. Je comprend bien que vous ressentiez le besoin de souffler un peu, mais si il vous arrivais quelque chose, ce serait problématique.

Iya ne faisait qu'exposer son avis sur la question. Que le grand félin roux soit d'accord avec lui ou non, avait peu d'importance. Le simple fait de pouvoir échanger avec un lion sans être réprimandé par son père, était la seule chose qui comptait.

-Si je puis me permettre...Quel est votre opinion sur les léopards en général ? Si je vous pose cette question, c'est tout simplement parce que j'ai été élevé dans une méfiance constante des lions et...J'aimerai savoir si cette méfiance était fondée ou si au contraire, tout ceci relevait purement et simplement de la paranoïa.

Bien sûr, il n'était pas question ici, de remettre en cause l'existence de cette compétition naturelle entre les deux espèces pour certaines proies. Néanmoins, Iya avait toujours eu la sensation d'avoir été élevé comme une créature qui, au contact des lions, ne serait jamais en mesure de construire une amitié durable, en raison d'une persécution permanente exercée par les grands félins à crinières sur les léopards.

-Je comprend. Mais soyez prudent. Le repère des lions et la jungle des gorilles, ne sont pas juste à côté. Je comprend bien que vous ressentiez le besoin de souffler un peu, mais si il vous arrivais quelque chose, ce serait problématique.

Tangawi arqua un sourcil, surpris par la bienveillance du léopard à son égard. Mais il avait raison, si quelque chose venait à lui arriver, cela serait problématique pour l'intégralité des Freelanders royalistes. Hochant la tête, il n'eut néanmoins pas l'occasion de lui donner une réponse, puisque le félin tacheté avait d'ores et déjà reprit la parole :


-Si je puis me permettre...Quel est votre opinion sur les léopards en général ? Si je vous pose cette question, c'est tout simplement parce que j'ai été élevé dans une méfiance constante des lions et...J'aimerai savoir si cette méfiance était fondée ou si au contraire, tout ceci relevait purement et simplement de la paranoïa.

La surprise se dédoubla par rapport à la question qui venait de sortir de la bouche de son interlocuteur. Son avis sur les léopards ? Il n'en avait pas réellement. Il connaissait la rivalité naturelle qui liait les lions et les léopards mais ne s'en était jamais soucié. Pour lui, léopard ou non, ce n'était pas l'espèce qui définissait les actes d'autrui; mais leurs choix.

- Je ne suis personne pour décrédibiliser l'éducation que tu as reçu, Iya, je peux juste te donner mon propre opinion sur la question. Les léopards et lions ont toujours été dans une sorte de compétition naturelle, pourtant, sur certains points, ils se ressemblent, et sur d'autres, ils se séparent. C'est donc pour cela que je n'ai pas d'avis sur l'espèce en elle-même mais sur les individus qui la composent. Et je ne connais que des léopards bons pour l'instant, donc mon opinion est assez bon.

En effet, un membre du clan Chaffayas était un léopard, Kwilu de son nom. Un bon animal qui s'était trouvé compagne en la présence de Wanda, la soeur de Koda, chef de ce même clan.

Visiblement surpris de devoir répondre à ce genre de question, le roi de Freeland arqua un sourcil, avant de répondre en expliquant qu'il n'avait pas d'avis tranché sur la question. Ce dernier partait tout simplement du principe que son appréciation, dépendait essentiellement de ceux qu'il rencontrait. Sur ce point, Iya ne pouvait que comprendre le positionnement du lion. Comment avoir un avis clair sur la question si dans les faits, les interactions entre lions et léopards restaient rares ?

Tout portait à croire que sur Freeland, le territoire était assez vaste pour que les lions et léopards, puissent mener leurs vies tranquillement, sans crainte de se retrouver dans un cas de figure de confrontation.

Désireux d'en savoir davantage sur ces "bons léopards" mentionnés par le grand félin à crinière rousse, Iya repris la parole, l'air songeur.

-Je vois....Si je puis me permettre parmi ces bons léopard, connaitriez-vous un léopard du nom de Kwilu ? Je suis à sa recherche depuis plusieurs mois.

Iya se contenta d'exposer les choses simplement, sans tourner autour du pot dans un language relevant du politiquement correct. Il était toujours préférable pour lui d'en savoir d'avantage en allant au but, sans perdre un temps précieux.

La question qui se posait tout naturellement ensuite, était de savoir comment Tangawi allait réagir. Avec un peu de chance, peut-être que ce dernier se contenterai d'une réponse aussi simple et claire que la question elle-même...Le cas de figure idéal !

Tangawi prêtait une oreille attentive au félin tacheté. En effet, lui qui n'avait jamais le temps de faire ne serait-ce qu'une petite pause dans sa situation royale, il avait enfin l'occasion rêvée de souffler. Pourtant, lorsqu'Iya aborda le sujet des "bons léopards" qu'il avait rencontré, Tangawi ne put s'empêcher de se méfier. Il connaissait le chaffayas ? C'était étonnant, lui qui ne semblait jamais entouré de ses congénères, si bien qu'il ne s'était pas tant que cela fait remarqué à son arrivée. Si sa race était différente, il était certain qu'il n'avait rien de différent d'un lion lambda.

Pourtant, il fallait se rendre à l'évidence, Iya et Kwilu se connaissaient au moins de loin, assez pour que le léopard ne prenne le temps de s'attarder sur sa situation. Calmement, Tangawi prit la décision de répondre vaguement, il aurait besoin de plus de détails si le léopard souhaitait la position exacte du Freelander.

- En effet, c'est bien de lui dont je parlais. Vous vous connaissez ?

Il n'avait donné aucune information et n'en donnerait en aucun cas, néanmoins, Tangawi était disposé à faire présenter les deux félins si la discussion venait à bien se dérouler. A la condition que le dénommé Kwilu accepte la visite de son congénère, bien entendu.

Attentif à la question de son jeune interlocuteur, Tangawi tendit l'oreille, avant de prendre la parole à son tour, en l'interrogeant sur sa relation avec Kwilu. Une question pour laquelle, mentir mettrait à mal le plan de retrouvaille. À partir du moment où Iya n'avait absolument rien à cacher, répondre avec honnêteté, restait la meilleure chose à faire.

-Oui je le connais. Il s'agit d'un oncle maternel dont j'ai perdu la trace. J'ai passé une partie de mon enfance à ses côtés et, pour des raisons que j'ignore encore aujourd'hui, il a mystérieusement disparu. Pourriez-vous me dire où il se trouve en ce moment ?

Un scénario d'opposition exprimé par le roi Tangawi, n'était pas concevable pour Iya. Pour la simple et bonne raison que son visage et le ton employé, laissaient comprendre qu'il n'avait rien à cacher. Toutes les question posées depuis le début de leurs conversation, ne se fondaient pas sur une arrière pensée malsaine à l'égard du grand félin à crinière. Le fils de Moyindo, exprimait simplement le besoin de revoir son oncle disparu.

Malgré sa position de roi, le fond de l'histoire entre Kwilu et son neveu ne le concernait pas. Par conséquent, chercher à en savoir d'avantage sur les raisons susceptibles de justifier le départ soudain du tacheté aux regard pêche, serait très mal venu. Le grand félin roux devait impérativement se contenter d'une réponse simple sans chercher plus loin.

Tangawi écoutait attentivement le jeune léopard; il semblait sincère et cela avait suffit à le convaincre lorsque le félin dit :


-Oui je le connais. Il s'agit d'un oncle maternel dont j'ai perdu la trace. J'ai passé une partie de mon enfance à ses côtés et, pour des raisons que j'ignore encore aujourd'hui, il a mystérieusement disparu. Pourriez-vous me dire où il se trouve en ce moment ?

Le roi n'était pas méfiant, mais il se voyait mal laisser le léopard errer seul près du Repère des Lions, ainsi, s'il voulait revoir son oncle, il devrait à priori le faire en la compagnie du roi, au moins au début. Néanmoins, s'il refusait cette offre, la confiance du lion serait sacrément mise à mal, et les chances du léopards d'arriver sur le repère serait quasiment nulles.

- Oui, je sais où il se trouve, il se trouve au Repère des Lions avec sa compagne et ses enfants. En revanche, pour votre sécurité, je préférerai vous y conduire moi-même, pour ne pas attiser la méfiance de mes sujets, je vous guiderai jusqu'à lui, et ensuite je vous laisserai. Cela vous semble bon ?

Tangawi n'était pas du genre à faire le guide, mais la situation du léopard ne pouvait pas le laisser indifférent, certes, le lion n'avait que peu conversé avec lui, mais il semblait honnête et s'il était comme Kwilu, le lion pensait qu'il ne se passerait rien de mal.

Lorsque le grand félin roux expliqua qu'il savait où se trouvait Kwilu, Iya ne pu s'empêcher de sourire. Après plusieurs mois de recherche, ce dernier était finalement sur le point de retrouver celui qui, pendant plusieurs mois, joua le rôle d'un second père, beaucoup plus libre et indépendant des traditions de Nkoiland...Beaucoup plus que son propre père biologique.

Tangawi alla même jusqu'à lui proposer de venir pour des raisons de sécurité. Une proposition sympathique pour laquelle, le fils de Moyindo ne voyait aucun inconvénient particulier. Sans son père, le jeune tacheté était libre de marcher aux côtés d'un lion, sans le moindre complexe.

-Merci infiniment votre majesté ! C'est avec joie que j'accepte votre proposition ! Il est vrai que le simple fait de voir un léopard s'approcher de toute une troupe de lion, peut paraître suspect.

Tranquillement, le fils de Moyindo quitta son arbre, avant d'ouvrir la marche en direction de la sortie de la jungle des gorilles. Iya était d'ores et déjà excité à l'idée de revoir son oncle. Après plusieurs mois de recherche, le jeune tacheté en saurait plus sur le pourquoi du comment de sa disparition soudaine. Comme quoi, faire preuve d'un minimum de persévérance, n'était pas une mauvaise chose !

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