Le versant brumeux était un bien curieux territoire pour une nouvelle-née. Cela faisait à peines quelques jours que la jeune Adva pouvait le parcourir en autonomie, alors autant dire qu'un rien la fascinait. Loin d'être inhospitalière, elle offrait tout ce dont une petite léopon avait besoin : de quoi s'amuser. Et aujourd'hui, son regard argenté s'était en effet posé sur un petit être coloré virevoltant dans le ciel. Aussi fragile qu'une brindille et ridiculement petit, il lui semblait avoir entendu son nom à de nombreuses reprises. Quelque chose comme ... Un " babion ", un " babillon " ou un " papion " ; les mots étaient encore bien trop difficile à associer correctement.

Mais qu'elle ne sache la réelle prononciation de cet insecte, elle l'avait bien évidemment pris en chasse. Alors qu'il semblait la narguer en voletant d'un côté à un autre, totalement imprévisible, la petite féline sautillait tant bien que mal afin de l'attraper. Loin d'être discrète, elle faisait comprendre au monde entier qu'elle ne faisait que sauter en retombant lourdement sur ses pattes ou rien que par les petits bruits qu'elle pouvait émettre.
Cependant, la chance semblait enfin lui sourire puisque l'animal en question se posa au sol. Sans une seule hésitation, elle tenta de bondir sur l'être de couleurs avant de glisser lamentablement, rencontrant par la même occasion un pelage rouge si familier. Encore un peu étourdie et rétamée sur le sol, elle rencontra le visage de sa cousine, lionne du feu, auquel elle répondit par un sourire béat. « Coucou Sikhà ! » dit-elle avant de se relever et se secouer les oreilles encore pleines de poussière. C'est ainsi que d'un regard distrait, elle aperçu à nouveau l'insecte moqueur se poser à proximité de Sikhà. Saisissant son énième chance, elle bondit et posa délicatement ses pattes au-dessus de lui. « Ah je t'ai eu !! » puis toute triomphante adressa un regard à l'adulte aux yeux flamboyants qui l'observait. « Tiens, je te l'offre ! » puis elle relâcha son emprise et sans grande surprise, le papillon s'envola bien plus haut de sorte à ce qu'elle ne l'attrape plus. « Oh zut ... » lâcha-t-elle, déçue. Avec toutes ces couleurs, cela aurait fait un très beau cadeau pour sa cousine qu'elle appréciait tant.

Ma vie n'était que joie depuis quelques temps. Il y a plusieurs mois de cela, les Chafayas avaient organisés un Ukoo muunganol. De nombreux représentants étaient alors venus sur notre territoire et cela avait été une journée très enrichissante et riche en rencontres. La plus mémorable d'entre elle restait très certainement la rencontre que j'avais faite avec un groupe de mon âge, et plus particulièrement avec Ekhi et sa sœur. Je m'étais jointe à leur conversation et nous nous étions découverts de nombreux points communs. Et le mieux dans l'histoire, c'était que leur clan ne vivait pas très loin des Montagnes Humides. Nous nous étions quittés à regret mais avec la promesse de nous revoir.

J'avais donc quitté le territoire Chafayas à de nombreuses reprises depuis lors et, d'un autre côté, mes deux nouveaux amis étaient venus très souvent pour me rendre visites. Ces rencontres sur l'un ou l'autre de nos territoires respectifs avaient fait naitre une amitié très forte et je considérais désormais Nadara comme ma meilleure amie. Et plus qu'une amitié, j'avais développé pour Ekhi des sentiments amoureux. C'était un lion sans marques distinctives, son pelage dans les tons bruns n'avait rien de particulier mais ses yeux dorés étaient vraiment beaux et l'attention qu'il avait à mon égard avait fait basculer mon cœur.

Je ne m'emballais cependant pas, consciente que cela pouvait n'être qu'une amourette de passage car cela était tout nouveau. Je taisais donc pour le moment mes sentiments et personne n'était au courant à part Lenora. Je n'avais pas pu cacher cela à ma jumelle et j'avais été obligée de lui parler de mon ressenti. Nous avions discuté de nombreuses heures à ce sujet et cela faisait encore souvent l'objet de nos conversations. Je gageais d'ailleurs que nous en parlerions à mon retour puisque j'étais actuellement en route pour rejoindre mon amie et celui pour qui j'avais le béguin.

Tandis que je marchais et perdue dans mes pensées, je ne remarquais pas le petit être qui fonçait vers moi et qui, évidemment, me rentra dedans. Baissant les yeux, je découvris alors un pelage brun-doré constellé de tâches de léopard. Elle n'en était cependant pas une et, de par ses oreilles brunes, je reconnaissais Adva.

Je craignais de lui avoir fait mal - ce que je me reprocherai - et c'est donc avec appréhension que je l'examinais. Son visage s'illumina quand elle m'aperçu et elle ne semblait pas avoir mal.

Coucou Sikhà ! La petite semblait aller parfaitement bien. Elle détourna rapidement le regard avant de bondir. Intriguée par ce qu'elle faisait, je la regardais avec un sourcil relevé. Elle semblait avoir attrapé quelque chose et en était plus que ravie. Tiens, je te l'offre ! Sur ces mots, elle écarta ses pattes et sa prise s'envola. Elle sembla vraiment déçue que l'insecte s'échappe. Attendrie, c'est avec un doux sourire que je lui répondais.

Ne t'en fais pas, petit trésor. C'est l'intention qui compte et je te remercie pour ce cadeau que tu souhaitais me faire.

Je passais doucement l'une de mes patte antérieure sur sa tête, en veillant à ne pas déranger les crins qui formaient sa mèche. Je savais qu'elle faisait attention à son apparence et il aurait été malvenu de ma part de ne pas prendre cela en considération.

Sachant qu'il était inconfortable d'avoir un moment la tête levée afin de regarder un adulte, je pris le temps de m'allonger pour être à sa hauteur avant de reprendre.

Alors dis-moi : maintenant qu'il n'y a plus de papillon dans le coin, qu'est-ce que ma jolie cousine va faire de sa journée ?

Mon regard ambré était fixé sur l'une des filles de Wanda. La petite léopon apportait une joie de vivre dans le clan depuis sa naissance et je ne pouvais me résoudre à la laisser là et à continuer mon chemin. Mes amis comprendraient aisément mon retard lorsque je leur en expliquerai la raison.

Réellement déçue que sa prise se soit enfuie et encore plus d'avoir offert quelque chose à sa cousine qui était parti à jamais, elle se sentait un peu honteuse d'avoir fait une sorte de promesse qu'elle ne pourrait respecter et cela, Sikhà l'avait bien compris. Elle n'hésita pas à rassurer la petite sur le fait qu'elle était heureuse de sa tentative de cadeau et que par ailleurs, elle l'en remerciait.

La lionne rouge était gentille, très gentille et une excellente chasseresse. Recevoir alors un compliment d'elle rendait Adva toute chose, qui en rentra même la tête dans son cou : toute embarrassée et à la fois heureuse. Par chance, la fille de Koda alla même jusqu'à la câliner d'une de ses pattes, empêchant la léopon de devenir aussi rouge qu'elle. Cette petite caresse dont elle lui faisait cadeau avait un côté rassurant, d'autant plus qu'elle évitait d'ébouriffer les poils de sa mèche, ce qui ne pouvait que la ravir. Elle en fut tellement heureuse qu'elle n'hésita pas à glousser avec des petits « Héhé ! ».

Or l'attention que lui portait sa cousine ne s'arrêta pas là puisqu'elle prit même le soin de s'allonger, afin d'être à sa hauteur et lui éviter de se tordre le cou. Attentive à ce que pourrait dire l'adulte, Adva la fixa de ses grandes mirettes grises pétillantes de bonheur. « Alors dis-moi : maintenant qu'il n'y a plus de papillon dans le coin, qu'est-ce que ma jolie cousine va faire de sa journée ? » se décida-t-elle à demander tout en laissant le temps à l'hybride d'y penser. « C'est toi la plus jolie ! » dit sérieusement la concernée, avec un embarras apparent, elle qui n'était pas à l'aise sur sa condition, avant de faire une moue concentrée tout en adressant un regard vide au ciel. À vrai dire, à part ces petites opportunités comme avec le papillon, il lui semblait avoir déjà fait le tour des découvertes possibles au versant brumeux. « Hm-, je sais pas trop ... J'aimerais faire tellement de trucs ! Mais tu sais, moi j'ai des toutes petites pattes ... » dit-elle en faisant bien évidemment référence à la différence de taille des adultes et des enfants, d'autant plus qu'avec son sang léopard ... Elle était encore plus ridiculement petite. Enfin, après avoir laissé sa phrase en suspens durant quelques secondes, elle continua : « ... Puis maman, elle est pas toujours d'accord. ».

Des rêves pleins la tête, ce n'était pas toujours évident de se dire qu'elle ferait cela plus tard, de prendre conscience qu'avec l'âge : il faut parfois mettre une sorte de frein. Mais plus elle y pensait, et plus elle en avait envie, alors sa seule solution fut de soupirer un bon coup.
Au moins Sikhà avait pu passer ce stade puisqu'elle était une belle et grande lionne : alors fini ces petits tracas ! Un fait que la fille de Kwilu n'hésita pas à lui rappeler : « Et toi avec tes grandes pa-pattes ? Tu vas chasser après, comme maman ? » la questionna-t-elle, admirative à souhait. Un jour, se disait-elle, elle lui demanderait de lui apprendre l'art de la chasse.

Ma jeune cousine sembla apprécier mes mots autant que mes gestes si j'en jugeais par son gloussement de bonheur. Elle était tellement adorable qu'il était difficile de ne pas fondre devant ce minois enchanteur. Je lui demandais cependant ce qu'elle comptait faire maintenant qu'elle ne pouvait plus chasser de papillon et la petite léopon ne mit pas plus de quelques secondes avant de me répondre avec tout le sérieux du monde.

C'est toi la plus jolie !

Elle semblait embarrassée par ma remarque et elle venait, en répondant de la sorte, de détourner le sujet. Elle prenait soin de son apparence et était vraiment très jolie. En bref, elle avait tout pour plaire. Cependant, elle ne faisait pas partie de ceux qui se vantaient mais était plutôt mal à l'aise par rapport à sa condition. Je ne m'en formalisais pas, me contentant simplement de poser doucement mon front contre le sien en signe de réconfort mais aussi de remerciement pour le compliment qu'elle me faisait.

Hm-, je sais pas trop... J'aimerais faire tellement de trucs ! Mais tu sais, moi j'ai des toutes petites pattes... Puis maman, elle est pas toujours d'accord.

Elle semblait vraiment avoir réfléchi à la question mais, d'un autre côté, elle semblait avoir laissé tomber parce qu'elle était trop petite ou parce que Wanda ne la laissait pas toujours faire. Je pouvais comprendre ma tante. A vrai dire, si j'étais à sa place, je ne pense pas que je ferais autrement qu'elle pour élever mes enfants. Cependant, une idée germait dans mon esprit et j'étais certaine que cela plairait à ma cousine.

Et toi avec tes grandes pa-pattes ? Tu vas chasser après, comme maman ?

Je regardais Adva, notant qu'elle avait encore une fois fait mention de la différence entre lions et léopards et le fait qu'elle en soit une hybride. Cela devait vraiment la travailler et je n'avais plus aucun doute sur ce que je devais faire maintenant.

Non, je ne vais pas chasser aujourd'hui. J'ai attrapé une gazelle hier et nous avons suffisamment de nourriture pour tenir quelques jours sans chasse. Non, à vrai dire, je m'apprêtais à quitter le territoire pour aller retrouver des amis que j'ai rencontré lors de l'Ukoo muunganol d'il y a quelques mois. Je fis une petite pause pour reprendre une respiration avant de continuer. Toutefois, je préfère passer du temps avec toi et j'ai bien l'intention de te montrer quelque chose si tu es d'accord, bien sûr. Et ne t'inquiète pas pour ta maman, on va rester sur le territoire et je vais rester tout le temps avec toi donc elle ne pourra pas te disputer. Alors, qu'est-ce que tu en dis, tu veux bien passer du temps avec moi ?

Je ne lui avais pas encore révélé ce que je comptais faire avec elle mais je présumais que la curiosité inhérente aux enfants la pousserait à accepter, d'autant plus que je resterais avec elle tout du long, il n'y avait pas de quoi avoir la moindre peur !

Sikhà était la cousine parfaite, toujours avec les mots justes, le parfait regard réconfortant ou encore le fait d'être moins stricte qu'une mère. On pouvait dire que toute la fratrie des léopons l'adorait au même titre que Lenora, étant les plus âgées, l'intérêt ne pouvait être que plus grand auprès d'elles.

C'est d'ailleurs avec cette curiosité débordante que la petite Adva lui demanda ce qu'elle comptait faire, supposant même qu'elle pourrait aller chasser comme sa mère, Wanda, des étoiles pleins les yeux. Malheureusement, la lionne rouge l'informa qu'ils avaient déjà de quoi se nourrir, plus ou moins grâce à sa chasse d'hier. Et qu'en fin de compte, elle s'était préparée à quitter le territoire pour rejoindre ses amis. Intriguée par ces camarades habitant plus loin, la femelle à mèche laissa toutefois sa cousine continuer sans l'interrompre, car tout ce qu'elle pouvait dire était intéressant. Evidemment, elle fit le bon choix puisqu'elle lui proposa une activité, comme une sorte de surprise. « Alors, qu'est-ce que tu en dis, tu veux bien passer du temps avec moi ? » demanda la chasseresse avant que l'hybride ne s'excite à secouer sa tête de bas en haut. « Oh oui !! » s'exclama Adva presque immédiatement, tout en ronronnant un bon coup.

Passer du temps avec Sikhà, qui plus est pour qu'elle lui montre quelque chose : semblait être le combo parfait. La fille de Wanda n'avait qu'une hâte, la suivre ! « Où est-ce qu'on va ? » fut sa question car elle était évidemment curieuse sur la destination, et peut-être qu'avec un peu de chance, l'une des jumelles saurait lui donner un indice.

Cependant, sa curiosité restait inassouvie puisque bien trop de choses semblaient se répéter dans sa tête. Lorsqu'elle eut droit à sa réponse, elle se lâcha, dévoilant au combien elle était à l'aise : « Au fait, t'as attrapé une gazelle toute seule ? Waouh ! » les yeux pétillants d'admiration, elle laissa ses interrogations en suspens et imaginant quelque peu la scène. « Oh, et ... Tu crois tu pourras me montrer tes copains, un jour ? » après tout, s'ils étaient les amis de Sikhà, ils ne pouvaient qu'être gentils.

Comme je m'y attendais, la proposition faite à ma jeune cousine de passer du temps avec semblait la ravir au plus haut point. Elle ne pouvait être plus mignonne et je souriais devant son visage angélique.

Quittant ma position allongée, je m'étirais un instant avant de prendre le temps de répondre à la plus jeune fille de Wanda et Kwilu.

Oh, pas si loin que ça. Et puis, ce n'est pas tant le lieu qui importe mais ce que l'on va y faire, conclus-je avec un clin d'oeil. Je me doutais qu'elle mourrait d'envie de savoir ce que j'avais prévu mais je ne révélerais rien tant que nous ne serions pas sur les lieux. Allez viens, ce sera mieux si on a toute la lumière possible.

Connaissant les Montagnes Humides comme ma poche, je savais parfaitement où aller pour ce que j'avais prévu. Je marchais plus lentement qu'à l'accoutumée, désireuse de ne pas distancer ma jeune cousine ni de l'obliger à presser le pas pour qu'elle réussisse à suivre mon rythme.

Au fait, t'as attrapé une gazelle toute seule ? Waouh !

Je souriais, autant de fierté d'avoir enfin réussi seule mais aussi par l'émerveillement qui émanait d'Adva. Je me rappelais alors la propre admiration que j'avais pour ma mère et tante Kira quand elles revenaient de leur chasse avec des proies lorsque j'étais jeune et en un sens, Adva me faisait penser à moi lorsque j'avais son âge.

Oh, et ... Tu crois tu pourras me montrer tes copains, un jour ?

Surprise par cette seconde question alors que je n'avais toujours pas répondu à la première, je me dépêchais de réparer cette erreur et de poursuivre la conversation plutôt que de me perdre dans mes pensées.

Eh bien je sais que Nadara et Ekhi aiment les enfants alors oui, je pense que se sera possible lors de leur prochaine visite. Je te promet que j'y penserai lorsqu'ils viendront, dis-je avec un sourire. Et oui, avec l'enseignement que m'a donné ta maman, j'ai enfin réussi à attraper une gazelle seule. Ca n'a pas été facile mais je n'ai jamais abandonné et finalement, ça a porté ses fruits, continuais-je toujours en souriant. Une idée me vint alors et, tout en continuant de nous diriger là où je le voulais, c'est en posant mon regard sur Adva que je terminais. Si tu le souhaites, je pourrais t'apprendre lorsque tu seras un peu plus âgée.

L'idée de transmettre à mon tour mon savoir et mon expérience, bien que pâles en comparaison de ceux de Wanda, à la fille de cette dernière me semblait une idée tentante. Ainsi, une sorte de boucle sera bouclée et cela avait un je ne sais quoi qui m'enchantait par avance.

Après moins d'une dizaine de minutes de marche, nous débouchâmes dans un espace plutôt dégagé. Une sorte de petite clairière dont le sol était recouvert d'un doux tapis de mousse. Examinant les arbres, je trouvais rapidement celui que je cherchais : il avait un tronc épais et ses premières branches étaient plutôt basses. Enfin, elles l'étaient pour moi car je pouvais les atteindre si je sautais et que je prenais appui sur le tronc avant de sauter à nouveau.

Je me dirigeais donc vers le fameux arbre et ce n'est que lorsque je m'arrêtais à son pied que j'expliquais enfin à Adva ce que je souhaitais faire avec elle.

Tu sais, j'ai remarqué que tu faisais la différence entre lion, léopard et léopon. Il ne faut pas s'arrêter aux différences car certes, tu ne seras sans doute pas aussi grande qu'une lionne lorsque tu seras adulte mais ta différence te permettra de faire des choses qui sont impossibles pour les lions ou, en tout cas, pas vraiment naturelles. Je m'arrêtais quelques instants pour qu'elle comprenne bien ce que je venais de dire avant d'enchainer. Lorsque j'étais plus jeune, j'ai rencontré un léopard plus jeune que moi qui m'observait depuis les branches d'un arbre. J'étais en admiration devant cette capacité et après cette rencontre, j'ai de nombreuses fois tenté de grimper à mon tour. Je suis tombée très souvent mais, comme pour la chasse, j'ai continué à essayer et aujourd'hui... Je me ramassais alors avant de bondir sur le tronc. Je m'aidais de mes griffes et de mes muscles pour prendre appui une fraction de seconde sur l'arbre avant de bondir à nouveau vers la première branche basse. Je m'installais tranquillement avant de continuer ma phrase laissée en suspens. J'y parviens sans trop de problèmes. Je fis une nouvelle pause pendant laquelle je m'installais mieux avant d'enfin dire de vive voix ce que j'avais en tête depuis un moment. A ton tour maintenant ! Viens me rejoindre !

Peut-être qu'elle savait déjà grimper aux arbres mais comme je ne l'avais jamais vu faire, je n'en étais pas certaine. Ce dont j'étais sure en revanche, c'est que de par son hybridation, elle aurait forcément bien plus de facilité que moi pour y parvenir. Et c'est bien ce que je comptais lui faire comprendre. Elle avait des tas de capacités grâce à son côté léopard alors il fallait qu'elle soit fière d'être ce qu'elle est et qu'elle l'assume pleinement plutôt que de souligner les différences entre elle et les lions.

Enchantée à l'idée de partir avec sa cousine, cela ne la freina aucunement lorsque la lionne rouge lui avoua que le plus important n'était pas le lieu, mais bien ce qu'elles y avaient à faire. Toujours plus d'étoiles dans les yeux, Adva s'était empressée de la suivre de ses plus grandes foulées puisqu'elles ne devaient en aucun cas trop tarder. Se voyant tenir le rythme aux côtés de Sikhà, la léopon reprit une grande confiance en elle, sans se douter que la féline avait diminué son rythme de marche habituel.

Ainsi, cela l'avait poussé à tant de choses : signifier son admiration pour sa prise de la veille mais aussi son envie de rencontrer ses camarades. Cela faisait quelque peu passer le temps, mais aussi monter une sorte d'immense fierté chez la plus grande des deux, et il y avait de quoi ! Chasser avec brio une proie, voilà bien des prouesses de véritables chasseurs et pourtant elle attribua surtout du mérite à Wanda, son mentor. Et pour ce qui était de ses amis, elle semblait plus que ravie de pouvoir les lui présenter un jour ou l'autre.
En tout cas, malgré ses histoires d'entraînements ardus, Adva accorda toujours plus de crédit à la fille de Koda, extrêmement fière de faire partie de cette même famille. Puis soudainement, cette source d'admiration lui fit une proposition totalement inattendue mais qui la ravissait au plus haut point : « Si tu le souhaites, je pourrais t'apprendre lorsque tu seras un peu plus âgée. ». La bouche grande ouverte, la femelle hybride ne put plus retenir son excitation aussi longtemps : « C'est-... C'est vrai ?? » bafouilla-t-elle avant de se reprendre immédiatement « Tu pourras me faire devenir aussi forte que toi ?? » consciente qu'il fallait du travail pour arriver à ce niveau-là.

Quoiqu'il en soit, cette légère conversation avait su faire passer ces quelques minutes de marches très rapidement. Toujours sur le territoire Chafayas, Sikhà l'amena dans un terrain recouvert de plantes en tout genre et l'amena à un arbre spécifique. D'abord intriguée, la léopon à mèche n'hésita pas à la suivre. De là, elle lui avoua avoir remarqué son grand complexe et ne tarda pas à la réconforter sur le fait qu'elle avait tant de choses à faire, des choses à un autre niveau que le lion ou le léopard.
Ne sachant pas trop où elle voulait en venir, elle pencha la tête tout en écoutant son récit sur son ami tacheté et son envie d'être capable de grimper aux arbres comme lui. Sans plus continuer son histoire, Adva vit sa cousine bondir sur l'arbre avec une facilité déconcertante.

Ebahie, elle sursauta presque lorsque Sikhà clama du haut de son perchoir de la rejoindre. Déglutissant, la petite s'approcha lentement du tronc avant d'y poser ses pattes. Rien ne sembla se passer sur le moment, puisqu'elle semblait assez hésitante. Finalement, elle se décida à déposer ses antérieurs plus hauts avec griffes sorties cette fois-ci. Les postérieurs eux-aussi bien accrochés, elle ressentait le besoin de se propulser grâce à ceux-ci.
Elle tenta un bon coup et toujours rien ... Elle restait définitivement bien accrochée, puisque la peur lui tordait le ventre et l'empêchait de rétracter ses griffes. « Sikhààà ! Je suis coincéeee !! » dit-elle les larmes aux yeux, tout en tentant de se balancer vers l'avant. Evidemment, elle n'était qu'à quelques centimètres à peine du sol, mais tout ce qui était inconnu était effrayant pour les enfants.

Lorsque je proposais à ma jeune cousine de lui enseigner la chasse lorsqu’elle serait un peu plus âgée, la réaction de cette dernière ne se fit pas attendre longtemps. D’abord surprise, elle fit vite part de son excitation.

C’est… C’est vrai ?? Tu pourras me faire devenir aussi forte que toi ??

Je n’avais pas le moindre doute sur ses capacités d’apprentissage mais qu’en était-il des miennes en terme d’enseignement ? Je ne savais pas ce que cela donnerait mais je ferai mon maximum pour la former aussi bien que je ne l’avais été par Wanda.

Oui, j’en suis certaine. Je pense même que tu pourras devenir plus forte que moi ! m’exclamais-je tout en lui lançant un clin d’œil pour la mettre en confiance.

Désormais arrivées à la clairière où je voulais l’emmener, je me lançais dans une petite explication la concernant. Elle m’écoutait attentivement mais avec sa bouille penchée sur le côté, je ne pensais pas qu’elle savait où je voulais en venir. D’un côté, cela m’arrangeait car l’effet de surprise n’en serait que plus grand.

Lorsque je fus installée sur ma branche, je demandais à ma cousine de me rejoindre et comme je m’y attendais, sa surprise fut grande. Assez grande pour qu’elle en sursaute. Une fois la surprise passée, me rejoindrait-elle ou non ? J’étais curieuse de le savoir et c’est avec intensité que je regardais chacun de ses mouvements.

Elle s’approcha à son tour du tronc et posa ses pattes antérieures dessus. Après quelques minutes d’hésitation, elle se hissa un peu plus haut mais rien de plus ne se passa. Intriguée, ce n’est que lorsqu’elle se mit à m’appeler que je compris.

Sikhààà ! Je suis coincéeee !!

Oh. Agissant rapidement pour qu’elle n’ait pas peur, je quittais la branche sur laquelle j’étais installée et bondis vers le sol. N’étant pas très en hauteur, je savais que je ne risquais rien à me réceptionner directement sur le sol, sans aucun appui intermédiaire. Je me retrouvais donc bien vite près d’Adva et je la rassurais.

Tout va bien, je suis là. Tu ne tomberas pas, je te le promets.

Elle n’était pas très loin du sol mais, pour un premier essai, ce n’était pas mal du tout. Au moins, elle avait réussi à s’accrocher à l’arbre contrairement à moi la première fois… Passant alors l’une de mes pattes antérieures sous ses pattes postérieures pour soutenir son poids, je l’encourageais en la guidant.

Je vais t’aider, d’accord ? Je te soutien alors n’aie pas peur de tomber. J’attendais qu’elle me donne son accord pour continuer avant de reprendre. Tu vas commencer par rétracter tes griffes antérieures et, tout de suite après, tu vas utiliser tes pattes arrières pour bondir vers le haut tout en appuyant sur tes pattes avant pour t’aider dans ton impulsion. Et lorsque tu te réceptionneras, tu rentreras à nouveau tes griffes dans l’écorce pour t’accrocher.

Maintenant qu’elle avait les informations nécessaires, elle n’avait plus qu’à se lancer et à se laisser guider par son instinct. Car bien que je lui avais dit comment faire, j’étais persuadée que lorsqu’elle se lancerait, elle agirait sans réfléchir, ses gênes de léopard lui dictant ce qu’elle devait faire.

Adva avait réellement apprécié l'offre future de sa cousine, lui promettant de devenir aussi forte qu'elle, voire même plus. Mais désormais qu'elle était coincée à ce fichu arbre parce qu'elle n'avait pas rétracté ses griffes comme il le fallait, la panique avait commencé à la gagner et Sikhà s'était empressée d'intervenir. En effet, elle était descendue de son perchoir, pour parvenir à la soutenir depuis le bas. La patte prête à la rattraper, elle lui murmura d'une douceur infinie qu'elle ne pourrait en aucun cas chuter, puisqu'elle était là.

Tant bien que mal, la léopon tenta de ravaler son angoisse ne serait-ce pour lui faire plaisir et prouver qu'elle était une grande fille malgré tout. À partir de là, elle lui proposa de passer à l'étape supérieure avec toute une série de consigne qu'Adva espérait avoir bien enregistré. Elle hocha donc la tête même si elle était pas très sereine, mais elle souhaitait tenter malgré tout. « Je-... je vais essayer. » puis elle s'exécuta.

Toujours un peu crispée sur le tronc, elle du tirer un peu sa patte de l'écorce, afin de s'en détacher. Là elle ne craignait rien, pas même d'être lente puisque sa cousine la soutenait. Une fois que ce fut chose faite, elle fit un petit bond et s'accrocha de nouveau à l'arbre, sans toutefois y planter ses griffes aux premiers abords. Elle glissa légèrement, avant de se souvenir de l'essentiel et de ne pas chuter. Désormais bien accrochée, la féline glissa un regard en contre-bas, en direction de la lionne rouge. « C'est bien comme ça ? » demanda-t-elle, pas tellement sereine sur la technique abordée. D'autant plus qu'elle n'avait plus d'aide désormais pour la suite.

Adva n'en menait pas large, cela se voyait. Toutefois, elle était très attentive à ce que je lui disais. Je n'avais pas le moindre doute qu'elle essayerait à nouveau lorsqu'elle serait prête et c'est exactement ce qu'elle laissa sous-entendre.

Je... je vais essayer.

Je hochais la tête pour approuver avant de me rendre compte qu'elle ne me voyait pas. Je me repris donc et élevais doucement la voix pour lui répondre.

D'accord. Lance-toi lorsque tu te sentiras prête.

Je pensais que cela prendrait du temps et je m'étais préparer à la soutenir pendant plusieurs minutes. Cependant, la petite léopon me surpris en se lançant presque immédiatement après que j'ai terminé de parler. De l'écorce fut arrachée de l'arbre lorsque ma cousine en retira ses griffes. Elle entreprit ensuite sa mise en pratique et, bien que la méthode n'était pas très académique ni très assurée, je devais bien avouer qu'elle s'en sortait vraiment pas mal. J'avais eu raison de compter sur son instinct : pour une première, elle était très douée.

C'est bien comme ça ?

La fille de Wanda me regardait et, bien qu'elle ait réussi haut la patte, elle ne semblait pas très sure d'elle. Impressionnée, j'essayais de lui transmettre toute l'admiration que j'avais pour elle.

C'est parfait, tu t'en sors très bien ! J'aurais aimé être aussi douée que toi quand j'ai essayé, ça m'aurait évité bien des contusions !

Je n'étais en aucun cas jalouse et le ton léger que j'employais le montrais bien. J'étais fière qu'elle réussisse et je voulais que cela se ressente pour qu'elle ait plus d'assurance.

Tu te sens prête à continuer ? Je suis là si jamais tu en ressens le besoin mais je suis certaine que tu peux y parvenir sans mon aide. Il suffit juste que tu aies confiance en toi et tout ira bien !

Puisqu'elle me regardait toujours, je lui adressais un sourire et un signe de tête, en espérant que cela suffise pour qu'elle se sente assez à l'aise pour aller plus loin.