La belle des sables était revenue après quelques jours sur sa terre natale. Elle avait décidé de passer un peu de temps seule dans le champ rocheux. Elle sentait mieux dans sa tête depuis quelque temps et cela se voyait grandement sur son visage. Elle souriait un peu plus et cherchait encore à s’améliorer. 

La belle était parti chasser un peu, voulant se dégourdir les pattes avant que la nuit ne tombe sur sa terre natale. Sa journée avait été longue, mais elle avait réussi à tuer un petit gibier qu’elle transporta dans sa gueule. C’est durant sa marche, qu’elle tomba nez à nez avec Liesel. Elle laissa tomber sa proie sur le sol pour saluer la jeune Jangowas.

« Bonjour Liesel. Comment vas-tu aujourd‘hui ? »

Shwai avait légèrement incliné la tête sur le côté, elle n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec elle, c’était l’occasion. La tachetée gardait tout de même en tête que la jeune femelle des sables ne désirait pas le faire, après tout, qui aimerait parler avec une tachetée ? C’était ce qu’on lui disait le plus souvent. Cependant, Shwari ne voulait plus qu’on lui marche sur les pattes, par le passé elle aurait continué son chemin sans lui adresser la moindre parole, mais aujourd’hui elle était différente et elle désira faire un peu la conversation. C’est très surprenant, même pour elle, mais elle reste positive et s’assoit sur la pierre en ramenant sa queue vers ses pattes. 

Shwari observe la lionne, elle garde son petit sourire. La tricolore s'installe dans le sable, ramenant sa queue vers ses membres en balayant le sable se trouvant autour d'elle. Elle ne pouvait que comprendre ce que voulait dire la jeune lionne. Shwari était passé par la même chose, quand son frère avait été en exil... Ils ne s'appréciaient pas tellement, mais cette séparation lui a fait comprendre qu'elle tenait à lui, et que malgré tout ce qu'il lui avait fait, elle voulait le voir revenir en vie...

Son coeur avait été remplis d'un grand soulagement lorsqu'elle a pu enfin voir sa silhouette se frayer un chemin à travers le soleil du désert pour revenir auprès des siens. Il avait fait de Lewa sa compagne et voilà où elle en était aujourd'hui. La tacheté aurait crus qu'un nouveau lien se serait formé, que les morceaux brisé se serait recollé à la naissance des petits de son frère, car il n'y a rien de plus important que la famille, mais non... Il en avait décidé autrement, vivant sa vie... Voilà une bien triste histoire que Shwari refusait de raconter.

« Ne t'en fais pas Liesel. Il reviendra sain et sauf, je te le promet. »

Ce n'est pas une évidence, car le désert pouvait être terrible, sa chaleur et son environnement en faisait un endroit vraiment compliqué pour vivre. Mais comme beaucoup de Jangowas, il n'abandonnerait pas aussi facilement cette terre qui la vue naître. Remplis d'arrogance, voilà les être que nous sommes, nous parlons en premier avec nos muscles, puis seulement après avec notre tête... C'était là où Shwari était différente... Elle ne croyait pas vraiment en l'esprit du désert, elle avait même beaucoup de doute, pour elle ce n'était que du sable et beaucoup de chaleur, mais il valait mieux ne rien dire... Elle n'était pas très populaire à cause de ses tâches...

« Veux-tu un peu de mon gibier ? »

Pour aider la jeune femelle, Shwari lui proposa de manger un peu. La lionne était encore en pleine croissance. Et ce n'était pas avec cette petite bestiole qu'elle allait nourrir grand monde au sein du clan.

Shwari poussa la proie vers la jeune femelle lorsque cette dernière accepta le geste de la tricolore. Elle l'observer dévorer la patte du gibier avec appétit. Elle pensait que les mots allaient s'arrêter, mais elle se trompa grandement lorsque la femelle des sables releva la tête dans la direction de la chasseuse. Son regard était rempli de question et bientôt la phrase s'envola de sa gueule pour se loger au creux des oreilles de la tricolore.

Grande surprise pour la femelle, elle ne s'y attendait pas du tout... Personne n'avait voulu d'elle, comme si elle ne le remarquait pas assez, la jeune lionne lui posait cette terrible question qui mit tout de suite Shwari mal à l'aise. Elle se releva pour s'asseoir et pencha doucement la tête vers le bas en détournant le regard, avant de prendre une grande inspiration et de relever la tête.

« Eh bien non. »

Un faible sourire s'affiche sur ses babines, elle ne sait plus vraiment où se mettre, ni même si elle doit rire ou pleurer, si cela est un reproche ou juste une question toute simple. C'est assez difficile de répondre, Shwari savait qu'elle ne plaisait pas à cause de ses tâches, et de son histoire... C'était une évidence...

« Je suis une traîtresse aux yeux de beaucoup. »

Les propos de la jeune femelle lui firent mal sur le coup. Shwari ne savaient pas quoi dire, quoi répondre… Son regard se baissa sur le sable qu’elle gratta avec ses griffes. Elle avait envie de fonder sa propre famille, d’avoir des héritiers, mais elle savait parfaitement que c’était impossible que tout ceci n’était qu’un simple mirage, qu’un simple rêve…

« Je…je… »

Les mots ne sortent pas… Que faire ? Qu’est-ce qu’elle devait dire ? La tacheté ne savait pas, si elle devait pleurer sur son sort ou dire ce qu’elle pensait… Depuis le jour de sa naissance on lui à assigné le surnom de maudite. Elle qui n’avait rien demandé, qui ne savait rien, et pourtant, le désert ne lui avait pas porte autant de malheur que ça…

« Je ne pense pas que mes tâches soient un mauvais signe… »

C’était sorti sans qu’elle ne s’en rende compte, sa tête venait de se relever à une certaine vitesse qu’on pouvait qualifier de rapide. Ses oreilles se plaquèrent sur son crâne, elle ne savait pas comment le prendrait la femelle qui était une pure jangowas… Allait-elle lui dire que ce n’est qu’une moins que rien, qu’elle ne méritait pas de vivre ? Shwari s’attendait à tout et avait envie de se cacher dans un trou de souris.

Shwari savait que c’était l’avis de tout le monde… Que pouvait-elle dire dans ce genre de parole ? Pourtant, une image lui vient en tête, elle releva un peu plus la tête, alors que cela, avec qui elle discutait, venait de s’allonger un peu plus, loin, tout en restant assez proche pour pouvoir discuter toutes les deux.

« Pourtant, dans le désert se trouve des oasis, un endroit où l’on peut trouver de la boue. Rien n’est parfait dans ce monde, même pas nous. »

C’était vraie, au final, personne n’était parfait et encore moins notre tribu qui possédait une opinion très particulière de notre vie, de notre état d’esprit et tout ce qui allait avec. C’est ainsi que les choses évoluent, mais cela exclut ceux qui sont différents, ceux qui sont comme Shwari ou sa famille…

« N’est-ce pas notre imperfection qui nous rend extraordinaires ? J’aime mes tâches… »

Shwari était réaliste et osait dire ce qu’elle pensait. Elle aimait ses taches, ca a rapprochait de sa mère, de son frère… De ses nièces et son neveu… Elle n’était pas maudite, bien au contraire, elle commençait à croire le contraire, que finalement, ses tâches la rendait spéciale…