Wappepo, escorté de plusieurs herbivores dont Nirakay, se rendait au pied du Rocher de la Fierté. L'antre des lions. Un frisson d'horreur lui parcourut l'échine. L'ancien Lieutenant avait beau avoir encouragé le retour des herbivores sur Prideland, par remord suite à l'incendie, il n'était pas à l'aise auprès des félins. Ils les haïssaient toujours autant et leur demeure empestait toujours la mort. Son instinct lui hurlait de fuir mais il resta stoïque. Même s'il avait voulu partir au galop, Wappepo ne le pouvait pas, prit en étau entre deux autres hippotragues.

Son regard coula doucement vers Nirakay qui le lui rendit, lui non plus n'était pas très à l'aise. Il avait accompagné son ancien ami et camarade comme on escorte un condamné vers la potence. Certes, Wappepoe ne serait peut être pas condamné à mort, encore que, un herbivore solitaire n'a que peu de chance de survis seul, mais son destin était incertain. Pour leurs derniers moments ensemble, Nirakay aurait préféré quelque chose de plus privé. Mais il ne pouvait se le permettre. Depuis que le plan de Mapinduzi avait été mis à jour, la réputation des hippotragues était souillé. Beaucoup d'animaux les pensaient tous aussi coupable que leur chef et Nirakay se devait de faire taire ces on-dit. Sa première décision fut notamment de faire déguerpir Vigo. Le charognard rappelant beaucoup trop les hyènes, ensuite... Ensuite il avait fait de son mieux pour montrer que les hippotragues n'avaient aucun contact avec les hyènes. Restant bien en vue des autres troupeaux, mettant en avant la surveillance du "traitre Wappepo" comme leur priorité jusqu'à son jugement. Ce dernier point surtout avec mit Nirakay mal à l'aise. Il rompit le contact visuel avec son ami et s'avança.

Un lion vint à sa rencontre, sans doute intrigué par l'étrange rassemblement d'herbivore.

- Le Roi Azaan nous a convoqué.

Annonça-t-il, se retenant de mettre son sabot dans la figure du lion, par réflexe. D'un coup de tête, Nirakay désigna Wappepo mais n'ajouta rien. Ce dernier n'ajouta rien. ... Pour être honnête, il ne savait même pas s'il dirait quoi que ce soit durant tout son "procès" si on pouvait appeler ça comme ça.

Dans le cortège d'herbivore, outre quelques curieux, se trouvait d'autres animaux qui avait été proches de Mapinduzi. Ou en tout cas qui l'avait été. Aponi, Kuweko, Toko... Mais également, Kubwo. L'hippopotame semblait particulièrement intéressé par la scène qui allait se jouer sous leurs yeux.

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Azaan avait été si occupé avec le jugement des hyènes qu'il avait fallut attendre plusieurs jours pour qu'il se décide à convoquer les herbivores. Il avait eut besoin de repos, mais il espérait aussi que ce laps de temps leur avait permis de trouver un nouveau chef pour les troupeaux. Puisque Mapinduzi était resté sur le l'ancien royaume Marozi, il n'avait plus aucun commandement sur les herbivores mais évitait aussi son jugement. Peu importait pour le roi, de toute façon la sentence aurait été l'exile. Mais pour ce qui était du seul hyppotrague au courant de l'incendie mais s'étant repentit, le jugement serait beaucoup plus compliqué.

Un lion arriva dans la grotte de pierre où Azaan se trouvait, ils étaient là. Péniblement, le roi se leva et marcha avec une lenteur et une difficulté affolante vers le bas du rocher où une petite troupe d'herbivore l'attendait. En premier front, deux hyppotragues, aucun d'eux ne semblait à son aise et le vieux lion se laissa supposer que l'un d'eux était celui qui avait été mis au courant de cet incendie. Mais il su mettre sa rancune de coté pour saluer le groupe d'un signe de tête.

" Merci d'être venu si vite, et si nombreux. "

Il s'assit, sentant déjà la fatigue gagner ses pattes arrières.

" Veuillez m'excuser, je ne suis plus tout jeune ... "

Etait-il vraiment nécessaire de le faire remarquer ? Azaan savait que ses jours sur terre étaient compté car même si il n'était pas en mauvaise santé, son corps ne faisait que l'abandonner plus chaque mois.

" Je vous ai convoqué afin que nous puissions appliquer la justice ensemble, mais aussi pour que vous puissiez désigner un nouveau chef et que nous puissions trouver des arrangements afin de vivre le plus en harmonie possible. "

La fuite des herbivores avait fait prendre conscience à Azaan que quelque chose se passait mal entre les deux factions, même si cela ne pouvait pas vraiment se passer de manière excellente vu que l'un devait tuer l'autre pour vivre. Mais il était évident que comme la survie des carnivores dépendait des herbivores, il fallait que ceux-ci se sentent un minimum bien pour qu'ils restent.

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Le Roi lion ne tarda pas à faire son apparition. Nirakay du se retenir de le toiser avec autant de mépris que de moquerie. Alors c'était ça... Celui qui se disait Souverain de tout Prideland, celui qui commandait aux tueurs qui continuaient encore et toujours de s'en prendre aux troupeaux ? Une vieille carcasse qui ne tenait debout que par un miracle incompréhensible. Le nouveau chef de troupeau souffla... Avant d'incliner légèrement la tête, saluant le monarque avec autant de respect dont il pouvait faire preuve. Il n'était pas Mapinduzi et se refusait à faire les mêmes erreurs... D'autant que s'il voulait redorer le blason des hippotragues auprès de Prideland, mieux valait aller dans le sens de la majorité... Et la majorité s’accommodait du règne du vieux félin. Néanmoins, il avait grandit, c'était entrainé et avait servit sous les ordres de Mapinduzi, il ne pourrait pas se débarrasser facilement de ses idées... Et en toute honnêteté, il ne le voulait pas. Les lions resteraient à jamais ses ennemis naturels, tout ce qu'il fallait c'était que cette haine ne le pousse pas à prendre des décisions... regrettable.

- Votre Altesse.

Finit-il par lâcher avant qu'Azaan n'expose le programme du jour. Le chef hippotrague jeta un coup d’œil au groupe d'herbivore lorsque le souverain mentionna la nécessité d’élire un nouveau représentant. Lui même n'était pas intéressé par le poste et on ne le lui aurait pas donné de toute façon. A voir la réaction des autres animaux, personne ne semblaient trop savoir vers qui se tourner... En même temps, vu comment cela s'était passé la dernière fois... Il n'y avait pas que l'honneur des hippotrague que Mapinduzi avait entaché, celui des représentants aussi l'avait été. Mais, hé, il fallait voir le bon côté des choses, il y avait peut de chance que qui que ce soit fasse pire. Le regard de Nirakay se posa sur Wappepo. Quoi qu'il en soit, cette élection viendrait plus tard.

- Commençons par le jugement donc. J'ignore si vous êtes au fait des évènements alors permettez moi de vous faire un résumé de la situation. Mon nom est Nirakay, nouveau chef du troupeau des hippotragues.

Cela sonnait toujours étrange. Nirakay désigna son camarade précautionneusement encadré.

- Voici Wappepo. Il était le sabot droit de Mapinduzi et, par conséquent, était au courant de l'incendie.

Nirakay fit une pause... Hésitant un instant. De nouveau, il tourne un œil vers Wappepo. Celui-ci fixe le Roi, attendant son jugement aussi dignement qu'il le peut. ... Tout deux avaient eu le temps de parlé avant... avant ce jour là. Nirakay avait hésité à se dénoncer aussi. Il n'était pas juste que son camarade soit le seul à subir le courroux des lions alors qu'il était tout aussi coupable que lui... mais Wappepo le lui avait interdit. Les hippotragues allaient avoir besoin d'un chef... Un chef dans lequel ils pourraient avoir confiance, un chef qui avait déjà prouvé ses compétences et sa loyauté. Il y avait beaucoup d'hippotrague jeunes et farouche dans le troupeaux, mais Nirakay avait toujours été le meilleur. Le plus fort, le plus rapide, le plus agile mais surtout le plus impliqué dans sa tâche. Wappepo était convaincu qu'il ferait un bon chef et Nirakay n'avait pas cherché plus que ça à le contredire. Peut être parce qu'il souhaitait aidé les siens, peut être parce qu'il avait peur de lui aussi être jugé... Peut être les deux ? Qui aurait su dire ?

Nirakay entrouvrit la bouche et de nouveau, une hésitation. ... Finalement, il reprit :

- J'ai bien conscience des implications de ce jugement et du fait qu'il concerne Prideland dans son ensemble, d'où notre présence à tous ici. Néanmoins suite au changement de hiérarchie qui a eut lieu, Wappepo est à présent sous ma responsabilité. Je ne m'opposerai pas à votre jugement mais vous prendrez en compte, je l'espère, que j'ai mon mot à dire dans toute cette histoire.

Le nouveau leader essayait de se montrer courtois, mais il ne savait pas à quoi s'attendre de la part d'Azaan. Wappepo était son camarade, son ami. Il ne comptait pas non plus le laisser à la merci du fauve si la punition lui semblait trop grande. Malgré les murmures dans la foule, la prise de position du cornu ne surpris personne, seul le principal concerné, Wappepo, releva la tête en fronçant légèrement les sourcils.

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Un hippotrague pris la parole. Il se nommait Nirakay et il était le nouveau chef du troupeau de son espèce. Azaan le salua respectueusement même si il voyait très bien ce que l'herbivore avait dans le regard. Il essayait de masquer le dégoût qu'il portait dans le lion. Au moins, il essayait, contrairement à son prédécesseur. Le roi savait qu'il était difficile pour une proie de pactiser avec son prédateur. Qui sait si lui-même n'avait pas dévorer des connaissances des animaux présents ici. Alors il se contenta de ce que le mangeur d'herbe lui offrait.

Il semblait vouloir commencer par le jugement et exposa les fait à Azaan. Bien entendu, on l'en avait tenu au courant, mais il était reconnaissant qu'on le lui rappel. Il commençait à être difficile pour lui de retenir des noms tant qu'aucun visage n'avait été posé sur celui-ci. L'hippotrague fit une demande au vieux lion, pouvoir avoir son mot à dire dans cette histoire.

"Fort bien, j'avais effectivement été mis au courant de ce qui s'est passé. "

Dit-il avec sa voix rauque et calme.

" Je pense que le plus équitable serait que la décision soit prise ensemble. Ma seule demande est que l'on écarte les mises à mort, nous ne les tolérons pas dans nos jugements. "

Peut-être était-ce hypocrite sachant qu'en n'importe quel instant après le procès un lion pourrait surgir pour le tuer. Mais lors d'un procès, la possibilité de s'enfuir était impossible. Cela n'aurait laissé aucune chance à l'animal. Et bien qu'Azaan tolérerait difficilement la présence de quelqu'un qui aurait pu changé la donne, il ne pouvait se résoudre à briser les règles de son propre royaume. Si il voulait qu'il y ait de l'équité entre les prédateurs et les proies, il fallait commencer par ne pas faire de différence lors des jugements.

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Apparemment le Roi savait déjà de quoi il en retournait. Nirakay se racla la gorge, espérant que son rappel ne passe pas pour un manque de respect. Il serait difficile de trouver une entente avec le félin s'ils partaient tout deux sur de mauvaises bases. Fort heureusement, Azaan ne sembla pas s'en offusquer. Le lion continua et écarta directement la possibilité d'une mise à mort. Nirakay retint un soupir de soulagement. De toute les peines qu'auraient pu subir son ami, c'était bien celle là qu'il redoutait le plus. Certes, une parti de lui trouvait cela hypocrite de la part du lion : on ne tue pas durant un jugement alors qu'il y a une bonne raison de le faire, en revanche, il n'y aucun problème à tuer des innocents ? Oui, les lions avaient leurs raisons, évidemment, ça ne rendait pas leur crime moins atroces. Néanmoins, le nouveau chef de troupeau s'appliqua à enfermer cette pensée bien au fond de son crâne et à l'étouffer. Ce ne fut pas le cas de tout le monde puisqu'un gloussement se fit entendre. Mais pas un gloussement joyeux ou moqueur, il était juste triste et amer. Il n'était pas compliqué d'en connaitre l'origine. Wappepo. Nirakay se tourna vers son ami mais celui-ci ne lui rendit pas son regard. Il se contenta de garder la tête haute, digne mais pas fier.

L'ex-lieutenant se repris et se reconcentra sur le Monarque.

- Cela me va parfaitement.

Il y eut un éclat de voix outré.

- Évidemment que ça te va parfaitement ! Tu serais prêt à n'importe quoi pour protéger ton p'tit copain !

Un zèbre sorti de la foule pour se placer devant le Roi, au côté de Nirakay. Ce dernier ne mit pas longtemps à le reconnaitre, ce zèbre le fixait avec un air mauvais depuis que le juré c'était rassemblé. Sans doute un partisan de l'idée que "Nirakay aussi était dans le coup". Un de ceux qui connaissaient la vérité même s'ils n'avaient aucun moyen de le prouver.

- Après tout, tu lui doit bien ça, hein ?

Ajouta le zébré, lui crachant presque au visage. Puis, il secoua la tête pour se tourner vers le Roi et son expression se fit plus respectueuse. Il s'inclina légèrement pour reprendre :

- Avec tout mon respect Votre Altesse, je ne peux pas croire que vous soyez sérieux. Et je ne suis pas le seul à le croire ! Il savait pour le feu, il savait que des tas d'animaux allait mourir, mais il a rien fait ! Pas un mot, rien, nada. Il est aussi responsable que les hyènes des morts qui ont eu lieu et vous voulez l'épargner ? Je suis désolé, Majesté, mais je ne vois pas où est la justice dans tout ça.

L'équidé parlait d'une voix calme bien qu'on pouvait y discerner un soupçon de colère enfouie tant bien que mal. Nirakay lança un nouveau coup d’œil à Wappepo. Celui-ci n'avait pas cillé. Bien. Ça en faisait au moins un sur deux. A vrai dire, le cornu ignorait pourquoi il avait à ce point envie d'éviter la mise à mort de son camarade : elle allait venir, un jour ou l'autre, et le principal concerné semblait l'avoir déjà accepté. Pas lui. A moins que ce soit la simple idée de voir un être cher se faire tuer devant ses yeux sans pouvoir intervenir ? Sans doute. Il déglutis, il aurait bien aimé répliqué directement mais il avait besoin d'un peu plus de temps pour aligner correctement ses mots...

Dans la foule, Kubwo regardait la scène. Il poussa un soupir. Du sang, encore du sang, toujours du sang. N'y en avait-il pas déjà assez eu ? Il fallait croire que non. Mais il était curieux de voir la réponse du Monarque. Les relations herbivores/carnivores n'était pas au beau fixe, a vrai dire, elles venait à peine de se reformer et elles étaient bien fragiles. Ce jugement pourraient les solidifier ou les affaiblir. L'hippopotame fit un pas en avant et attendit. Il était prêt à intervenir s'il en sentait la nécessité.

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Nirakay accepta l'unique demande du roi, que la peine du coupable ne soit pas la mort. Mais cette décision remua un zèbre qui sortit des rangs. Azaan l'observa sans savoir qui il était. Etait-ce le chef du troupeau ou un membre important de celui-ci? Il n'en savait rien et c'était très regrettable. Encore un détail qu'il faudrait qu'il règle et dont il devrait parler à sa fille. Tellement de choses à arranger et si peu de temps pour le faire. Si peu d'énergie aussi ...

L'équidé semblait juger l'hippotrague, comme si il défendait son ami. Et il regarda vite le roi pour lui dire sa façon de penser. Il l'écouta attentivement, sans s'offusquer du fait qu'il prenait la parole ni qu'il contestait son choix. De nombreux lions auraient fait de même.

" Ce choix peut vous paraître étrange, j'en conviens. Mais lorsque nous jugeons un lion sur notre terre, nous écartons la mise à mort. La peine la plus grave est l'exile. Cela peut sembler doux aux premiers abords, mais la mort est facile et n'offre aucune chance de rédemption. "

Dit-il avant de prendre une pause pour regarder le condamné avec un air grave.

" Vivre seul sans sa famille avec pour seul pensé ce que l'on a fait, voilà qui est bien plus difficile que le fait de simplement s'éteindre. "

S'en était même cruel. Que ce soit un lion ou un hippotrague, loin de sa famille le solitaire serait vulnérable et rejeté.

" D'autre part, il arrive que les jugements ne soient pas correcte et que nous condamnions la mauvaise personne, la mort est hélas irréversible, contrairement à l'exil. "

Il finit ses explications en regardant à nouveau le zèbre.

" Si j'applique ce principe pour mon peuple, je trouve que cela serait juste de l'appliquer pour chaque être qui foule nos terres. "

Encore des paroles qui pouvaient sonner hypocrite. Mais d'une certaine façon, aucun animal n'avait jamais été jugé pour en avoir tué un autre pour se nourrir ou se défendre. Des lions avaient été tué par des proies également et jamais la proie n'avait été jugée pour son crime. Mais ce que l'on jugeait ici était bien au-delà de tout ceci. Il s'agissait d'un crime à grande échelle et pas pour la survie, non.

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Tous les herbivores observaient Azaan avec attention, écoutant sa réponse avec intérêt. Nirakay ne faisait pas exception. A vrai dire, le seul qui semblait se désintéressé de la réponse était l'accusé lui-même. Wappepo se contentait de jeter une regard vide à l'assemblée autours de lui, comme si son sort était déjà scellé peu importe ce qui pouvait se dire. Peut être était-ce le cas. Peut être pas. Une chose seulement était certaine : Nirakay n'allait pas laisser tomber son camarade maintenant.

- Je comprends votre Altesse mais...

Il fut interrompus par nul autre que Wappepo dont la patience était arrivée à son terme.

- Si ça peut te rassurer, c'est bien la mort qui m'attend une fois exilé. Que crois-tu sincèrement qu'il va se passer lorsque je serais tout seul ? Cet "exil" reste une mise à mort. La seule différence c'est qu'aucun Pridelander n'aura à se salir les pattes.

Son ton était calme, dénué de toute animosité que ce soit envers le zèbre ou les Pridelanders en question. Il se contentait de décrire un fait. Son regard se détacha du zèbre pour se poser sur le Roi Azaan.

- Navré si mon intervention parait irrespectueuse mais je suis las de toutes ces paroles creuses. Tout le monde ici sait comment cela va se terminer alors j'aimerai autant abréger les choses.

Nirakay dégluti. Si le Monarque avait parlé d'exil, il n'avait pas précisé que c'était ce qu'il réservait à Wappepo. Cela semblait logique au vue de la faute qui avait été commise... Et l'accusé semblait en avoir si conscience qu'il avait déjà accepté cette sanction avant qu'elle ne soit donné. Nirakay et lui échangèrent un regard. Les yeux de Wappepo intimait le silence... Mais son cadet n'obéit pas. Il était chef de troupeau à présent, par les anciens ! Il n'allait pas laissé qui que ce soit lui dire quoi faire !

- Wappepo marque un point, un hippotrague sans troupeau est un hippotrague mort. Aussi l'exil ne me parait pas être une solution appropr...

De nouveau, Wappepo ouvrit la bouche, cette fois pour l'interrompre lui.

- Ne te fatigue pas, Nirakay. J'ai accepté mon sort lorsq...

- SILENCE.

La voix de Nirakay gronda tel le tonnerre, laissant transparaitre une autorité inconnue jusqu'alors. L'insubordination de Wappepo à son égard l'agaçait plus que de raison... Sans doute parce qu'il savait que son ami ne se serait jamais permit de telle familiarité avec Mapinduzi. Mais avec lui... Avec lui il se le permettait. Non. Non, ça ne se passerait pas comme ça. Nirakay tourna un instant le dos au monarque pour faire face à Wappepo. Brusquement et violemment, il heurta ses cornes contre les siennes. S'il avait toujours était le plus jeune des deux, le nouveau chef avait toujours été le plus fort, il n'eut donc aucun mal à forcer Wappepo à plier les jambes.

- Aussi longtemps qu'aucune sanction n'a été officiellement annoncée, je reste ton supérieur alors tu vas cesser de t'adresser à moi comme à un enfant et fermer ce claper qui te sers de bouche !

Les cornes se séparèrent, Nirakay reporta son attention sur le Roi alors que son ami le fixait, avec stupeur. Il n'était pas le seul d'ailleurs : la réaction du chef hippotrague avait fait son petit effet de surprise chez les autres herbivores.

- Veuillez pardonner cet écart de conduite, Votre Altesse. Ahem. Je disais donc, vous avez beaucoup mentionné l'exil mais je doute qu'il s'agisse d'une solution appropriée. Il s'agit, comme nous l'avons déjà dit, d'une mise à mort certaine. L'exil n'a d'intérêt que si le coupable à le temps de se repentir, Wappepo n'aura pas ce temps. Par ailleurs, c'était un lieutenant compétent à l'époque de Mapinduzi. Quand bien même il n'a pas servit la bonne personne, je ne tiens pas gâcher son talent. Bien encadré et surveillé, ses compétences seraient des plus utiles. Je souhaiterai également rappelez que c'est en partie grâce à lui et à son témoignage que nombre d'herbivores ont tourné le dos à Mapinduzi pour revenir sur Prideland. S'il n'a pas fait ce qu'il aurait fallut au moment de l'incendie, il a tout de même tourné le dos à quelqu'un qu'il respectait profondément pour faire ce qui était juste. Cela me semble au moins être un gage de bonne volonté.

Cette fois, personne ne l'interrompit. Pas Wappepo et pas le zèbre qui semblait avoir regagné sa place dans les rangs. Les hippotragues avaient toujours été connus et reconnus comme des forces de la savane... Depuis que Mapinduzi était tombé en disgrâce, le troupeau c'était fait discret et il semblait que beaucoup d'animaux voyaient ça comme une forme de faiblesse. Quelle erreur. Nirakay avait été plus que ravi de rappeler à tous, avec sa petite démonstration de force, qu'on n'agace pas un hippotrague impunément... Encore moins un chef de troupeau.

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Le zèbre à qui il avait répondu voulu reprendre la parole, mais l'accusé la lui coupa, exprimant la réalité des faits : l'exil d'un herbivore était une condamnation à mort en soit. Et étrangement, cela retentit comme un fait que Azaan n'avait pas pesé en expliquant la sentence la plus lourde sur Prideland. Les lions pouvaient éventuellement s'en sortir seuls car ils n'étaient pas des proies. Bien que cela était compliqué dans la plupart des cas, survivre à un exil n'était pas rare et trouver un nouveau clan était tout à fait possible. Mais dans le cas de l'hippotrague, il ne survivrait certainement pas longtemps sans son troupeau pour dissuader les attaques.

Nirakay s'adressa alors au roi pour appuyer la remarque de son ami. Mais il se fit lui-même couper par ce dernier. Une démonstration d'autorité fut nécessaire pour que Wappepo comprenne que si le nouveau chef du troupeau était certes son ami, il était avant tout son supérieur. Et il le lui rappela en cognant ses cornes contre les siennes en tournant le dos à Azaan. Le roi n'y vit pas là un manque de respect, après tout, lui aussi avait une place à maintenir et il s'avait ce que s'était que de devoir asseoir son autorité sur quelqu'un. Il se contenta donc de les écouter en regardant comment ils agissaient. Mais le traître ne fit plus de vague, pas plus que les autres animaux qui semblait détourner le regard pour ne pas croiser celui de Nirakay.

L'hippotrague en revint à leur discussion et exprima à Azaan son désir de vouloir garder Wappepo à leurs cotés. C'était d'après lui un bon lieutenant et si il avait commit une erreur lors de sa vie, il avait aussi su rétablir la situation pour que les herbivores finissent par se détacher de Mapinduzi. Il marquait certes un point, mais le nez du roi se fronça un peu. L'idée de garder quelqu'un qui a fait autant de mal à la savane et à son peuple ne lui plaisait pas du tout. Il commença donc à réfléchir sur comment il aurait agit si s'était un membre de son propre clan qui avait fait cela.

" Comment être certain que cet écart et cette trahison ne se reproduira pas? "

Demanda le roi, espérant avoir une réponse de la part des deux herbivores, mais comment pouvait-il être sûr de quoi que ce soit? A vrai dire, il n'était vraiment pas emballé par l'idée qu'il reste sur Prideland, mais d'un autre coté, ne valait-il mit pas qu'il soit justement entouré et surveillé ici plutôt qu'il n'aille ailleurs et préparer autre chose? Il était compliqué de savoir quel était la bonne décision à prendre. D'autant plus que le choix ne lui appartenait pas seulement à lui.

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Nirakay observa le visage du souverain alors qu'il se crispait suite à sa proposition. Une réaction compréhensible et même prévisible. L'hippotrague s'attendait même à ce que le félin envoie son idée bouler d'un simple geste de la patte. Ce ne fut, heureusement, pas le cas. Azaan se contenta de questionner le chef de troupeau sur ce qui pourrait confirmer ou non que Wappepo ne tenterait rien d'autre. Nirakay entrouvrit la bouche pour répondre mais se ravisa. Lui, il savait de quoi son ami était ou non capable. Il savait qu'il pouvait lui faire confiance... Mais le Roi, lui n'avait aucune raison de l'écouter. Les oreilles basses, le regard sur ses sabots, il lâcha dans un soupir :

- Vous ne pouvez pas.

Il y eut un court silence.

- Aucun de nous ne le peux. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne le mérite pas d'avoir sa chance !

Un marmonnement attira l'attention de Nirakay. Il tourna la tête pour apercevoir Kubwo qui grommelait dans sa barbe.

- C'est pas tant une histoire de mérite. On est pas pardonné parce qu'on le mérite, on est pardonné parce que les gens sont suffisamment bienveillant pour nous laisser une seconde chance, c'est après qu'on le mérite...

Nirakay ne savait pas trop quoi pensé de cette phrase... Et puis comme elle semblait plus adressé à celui qui l'avait prononcé qu'à lui ou au Roi, il fit comme s'il n'avait rien entendu. Cela valait mieux de toute manière. Se reconcentrant sur Azaan, il reprit :

- La seule certitude que je peux vous donner, c'est ma parole. Wappepo sera étroitement surveillé et remis à sa place, voir plus, si nécessaire. C'est peu mais c'est tout ce que j'ai à offrir. Ça et ma loyauté.

Ça ne valait peut être rien aux yeux du Roi mais cela valait le coup d'essayer. De toute manière, si le monarque voulait reconstruire une relation de confiance avec les troupeaux... Enfin. Une relation de confiance. Autant que peut l'être la relation entres des proies et leurs prédateurs du moins. Mais bref, s'il voulait reformer une relation stable, la confiance devrait aller dans les deux cas. Si les herbivores devaient faire un minimum confiance aux lions, les lions devraient leur faire un minimum confiance aussi.

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L'hippotrague confirma ce que Azaan pensait, il n'y avait pas vraiment de possibilité d'avoir une certitude sur le fait que le coupable ne reproduirait pas ses actions passées. Il le défendit cependant en affirmant qu'il n'en méritait pas moins une seconde chance. Le roi hocha très légèrement la tête alors que l'hippopotame qui était dans les rangs marmonna quelque chose qu'il ne pu entendre totalement ... Il n'entendait plus si bien que dans ses jeunes jours. Mais Nirakay sembla nier cette intervention, il compris donc que ce n'était pas important.

La bête à corne lui proposa de lui donner sa parole pour garantir que Wappepo ne recommencerait pas. Il serait surveillé et on se chargerait de le faire agir dans le droit chemin même si cela nécessitait une correction.

" Qu'il en soit ainsi, il peut resté. "

Dit-il en regardant sévèrement le coupable. Une bonne chose de faite et connaissant les hippotrague, il serait tout de suite corrigé si il ne faisait pas ce qu'ils lui disait, c'était une évidence. Mais il y avait d'autres choses à mettre sur le tapis à présent. Qui serait le nouveau chef des troupeaux ?

" Passons maintenant au reste de nos affaires, avez vous déjà discuté de qui pourrait prendre la place de chef des troupeaux ? "

Demanda Azaan en s'adressant à présent aux animaux en général, espérant qu'ils avaient déjà une idée du nom de celui qui serait assez brave pour prendre ce titre. Le roi commençait a fatiguer et il aurait voulu que cette histoire ne s'éternise pas.

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Nirakay soutint le regard du souverain jusqu'à ce que ce dernier reporte son attention sur Wappepo. L'accusé, lui, préféra baisser la tête. Enfin, Azaan donna sa réponse : il acceptait la présence de l'ex-lieutenant sur Prideland. Le nouveau chef des hippotragues retint un soupir de soulagement... Il préférait ne pas trop montrer sa satisfaction, celle-ci pourrait être mal interprétée par ses détracteurs. Nirakay s'attendait à entendre des remarques sur cette décision, mais tous les animaux restèrent silencieux. Respectaient-ils trop le Roi pour dire quoi que ce soit ou bien était-ce sa petite démonstration de force qui les avaient calmé ? Peu importait. Le cornu se contenta d'un simple salut dans la direction d'Azaan.

- Merci, Votre Altesse, vous n'aurez pas à le regretter. Je vous le promet.

Il jeta un rapide coup d’œil à Wappepo, un regard qui semblait dire "n'est-ce pas qu'il n'aura pas à le regretter ?". L'intéressé déglutit et répondit d'un hochement de tête silencieux. Satisfait, Nirakay laissa un petit sourire s'afficher sur ses lèvres avant de reculer. La discussion qu'il était venu mener était terminé... Quant à l'histoire d'un nouveau représentant, qu'Azaan ne tarda pas à aborder, il préférait ne pas y participer.

Il y eut un silence suite à la question du Roi. Une sorte de malaise sembla s'abattre sur l'assemblée. ... Bon, peut être qu'il allait devoir y participer malgré tout.

- Pas vraiment. Après le coup de sang de Mapinduzi le rôle s'est retrouvé... Sali. Personne n'a vraiment envie de porter le fardeaux de redorer son blason ou d'être associé à notre ancien représentant.

Lui comprit. Il y était déjà bien assez associé comme ça ! Il y eut un raclement de gorge après quelques secondes.

- ... Moi je veux bien.

Suite à ses paroles, des pas lourds se rapprochèrent du Roi Azaan et du centre de la scène. Kubwo avait l'air de vouloir se faire pleinement entendre cette fois.

- Vot'Majesté.

Fit l'animal en s'inclinant légèrement devant le lion.

- Je m'appelle Kubwo. Vous avez peut être déjà entendu parlé de moi, on me surnomme le Gardien de l'Etang. Mais bref, c'est pas la question : je me présente pour être le nouveau Représentant des Herbivores.

Mapinduzi avait fait des dégâts mais il n'était pas le premier représentant, il y en avait eu tout un tas avant et des bons. Il était idiot de fuir ce poste sous prétexte que le dernier à l'avoir porté avait une réputation de monstre. Au contraire, il était important selon Kubwo de montrer que les choses allaient changer... Et pour le mieux ! Le tout était de savoir si Azaan accepterait de remettre le titre à l'hippopotame. Ce dernier ne s'inquiéter guère de l'avis des troupeaux à ce sujet : il connaissait sa réputation, il se savait globalement apprécié. Au moins suffisamment pour que personne ne s'oppose à ce qu'il prenne cette place.

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Anciennement Papy Fleck et tout un tas de gens !

Et il en fut réellement ainsi, personne ne s'opposa à la décision prise par les deux animaux. Aucune voix ne se fit entendre et Nirakay répondit au roi qu'il n'aurait pas à le regretter tout en lançant un regard à Wappepo comme pour le prévenir. Celui-ci n'osa pas faire quoi que ce soit et hocha la tête. Une bonne chose de faite. Et les hippotragues se retirèrent un peu pour laisser la place à quelqu'un qui voudrait prendre la place de Mapinduzi à la tête du troupeau. Un silence pesant s'installa avant que celui qui avait été jusqu'ici son interlocuteur principale n'exprime le fait que la place était une peu boudée compte tenu de ce qui s'était passé.

Azaan regarda la foule d'herbivore, espérant que quelqu'un se désigne et quelqu'un parla. Il entendit alors pour la première fois la voix de l'hippopotame qui était présent et avait parlé plus tôt sans qu'il ne puisse le comprendre. Il s'avança un peu et se présenta. Si le roi n'avait jamais entendu son nom, le titre de gardien de l'étang lui était plus familier. Il avait entendu parlé d'un animal qui faisait régner l'ordre dans ce lieu qui se devait être vierge de toute agression. Cependant, des voyageurs qui ne connaissaient pas les règles de Prideland ne respectaient pas ce pacte et lui se chargeait de leur faire rebrousser chemin. Comment auraient-ils pu luter face à lui ?

" Enchanté Kubwo. J'ai effectivement entendu parler de toi. "

Dit-il avait un sourire qui montrait bien que de son coté, le choix lui convenait.

" Est-ce que quelqu'un s'oppose à ce que cet hippopotame soit votre nouveau leader ? "

Demanda-t-il à l'adresse de la masse d'herbivore, leur annonçant ainsi officiellement que pour lui, ce choix était le bon. Qui de mieux que quelqu'un qui défendait déjà les siens pour continuer à le faire ?

Images (c) Hecate

Apparemment, le Roi Azaan n'avait rien à redire à la proposition de Kubwo. L'hippopotame ne voyait pas vraiment comment il aurait pu de toute manière : à part lui, personne ne voulait de se rôle. Le félin couronné s'adressa alors à la foule d'herbivore pour savoir ce qu'ils en pensait. Le zèbre qui avait parlé un peu plus tôt hochait vivement la tête, visiblement satisfait de ce choix. Le pachyderme tourna vers le chef des hippotragues qui se contenta d'un bref hochement de tête. Bon. Apparemment, la décision était unanime.

- Ce sera un honneur. Si l'un de vous à besoin de quoi que ce soit, vous saurez où me trouver.

A l’Étang, comme toujours ! Après tout, ce n'était pas parce qu'il était représentant qu'il allait mettre de côté son rôle de Gardien du lieu. Bien au contraire même. Il tourna son regard vers le lion.

- Je crois que toutes les affaires ont été résolu, Vot' Majesté. Nous allons vous laissez.

Kubwo n'était ni aveugle, ni stupide, Azaan n'était plus tout jeune. Mieux valait ne pas trop abuser de sa présence, à son âge, il avait besoin de repos. L'hippopotame fit un signe à ses camarades mangeurs d'herbe pour leur initier le départ. Nirakay fut le premier à partir, côte à côte avec Wappepo, les autres ne tardèrent pas à les suivre. Kubwo amorça un pas avant de s'adresser rapidement au souverain de Prideland.

- Je reviendrai vous voir Vot' Altesse. Y a des choses dont on doit parlé. Mais pour l'heure, passez une bonne fin de journée.

Et sur ces mots, l'hippopotame s'éloigna en trottinant, faisant trembler le sol sous ses pattes.

signature (c) Khamunrah

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