HRP : Ce RP se déroule avant celui-ci.

Quelle humiliation ! Perdre un défi lancé soi-même ! Cela faisait quelques jours que Liliko avait perdu à la course contre l’autre vantard, et si la journée s’était terminée dans la bonne humeur et les cris de singe, le petit lion gris avait mal digéré sa défaite. Jouer avec Kukomo était devenu pire encore depuis que son pôpa avait été élu, un vrai enfer ! Alors, le couvé s’était mis en tête de trouver un moyen de devenir plus fort, plus rapide, bref, plus mieux que son rival vantard. Il avait voulu apprendre à courir, mais c’était trop d’efforts. Grimper, trop difficile, il fallait redescendre ! Se battre ? Maman le lui avait interdit, car les « mositus n’en ont pas besoin, car ils ne font pas la guerre ». Qu’il était difficile d’être un gamin…

Il était une possibilité simple et rêvée qui ne demanderait pas trop d’effort : au milieu de ses mélanges et ses breuvages étranges sans doute Kazi, le guérisseur, avait-il une potion rendant trop fort ! Après tout, s’il savait comment guérir le mal de ventre et la fièvre, alors donner l’invincibilité devait être sans ses cordes, logique ! A condition qu’il ne se trompe pas de truc bizarre à avaler. La maladresse du lion était bien connue et moquée des lionceaux. Il s’agirait d’ailleurs pour Liliko d’être suffisamment mignon pour faire oublier qu’il avait participé à nombre de jeux destinés à faire tourner le guérisseur en bourrique… Héhé, lourde tâche !

Alors le lionceau était parti, non sans avoir demandé la permission à ses parents, rencontrer Kazi là où ce dernier stockait et préparait ses diverses mixtures. L’endroit n’était pas très notable d’aspect, mais tout le monde savait qu’il travaillait ici, et de fortes odeurs de plantes s’en dégageaient. Pour le moment, il n’y avait aucune trace du guérisseur, aussi Liliko tenta de trouver lui-même son élixir. Il renifla une noix de coco fendue en deux pour identifier son contenu.

« ATCHAAAH !! »

Un nuage de pétales jaunes et fins s’éleva alors ! Oh la boulette !

Une première promenade afin de vérifier que tout le monde allait bien venait de se terminer. Kazi n’avait pas grand-chose à faire ces derniers temps, il devait avouer que le calme ambiant lui procurait beaucoup de bien. Le quotidien des Mositus commençait doucement à s’ancrer dans une routine appréciable. Même les élections ne perturbaient pas les lions de la jungle, bien au contraire – une ère de paix semblait s’installer et le guérisseur priait pour qu’elle dure longtemps. Sa seule réelle préoccupation, c’était de faire attention aux lions les plus âgés qui ne tarderaient probablement pas à rejoindre les étoiles. Cette seule pensée attrista Kazi mais après tout, n’était-ce pas là le cheminement logique du cycle de la vie ?

Le lion tacheté rentrait donc vers l’endroit où il stockait toutes ses plantes, les mettait à sécher et autres procédés qu’il connaissait plutôt bien. Le guérisseur ne manqua pas de remarquer la présence d’un lionceau ayant le nez dans ses mixtures – ses oreilles se planquèrent dans sa crinière en signe d’inquiétude et il força l’allure pour rejoindre la silhouette qu’il avait identifié comme étant celle de Liliko. L’avantage du guérisseur c’est qu’ayant mis la quasi-totalité des lionceaux du clan au monde, il les connaissait tous très bien. L’inverse était également vrai. Un éternuement et un petit nuage doré se dessina autour du lionceau et Kazi sut dans quoi le petit avait mis le nez. Arrivant à sa hauteur, il se baissa pour inspecter l’enfant, en ne manquant pas de le rappeler à l’ordre avec douceur :

« Liliko, tu vas bien ? Tu n’en as pas avalé au moins ? Tu sais que je ne veux pas que vous mettiez le museau dans mes réserves de plantes, ça pourrait être dangereux pour toi et tes amis. »

Ce n’était pas grand-chose – Liliko avait trouvé les fleurs d’acacia séchées – elles prévenaient des hémorragies, des ulcères et des diarrhées. Un parfum plutôt fort quand elles sont infusées mais si le lionceau n’avait qu’humer la plante, alors il n’avait rien à craindre. Mais Kazi savait pertinemment qu’un médicament mal utilisé pouvait rapidement faire office de poison et aggraver l’état de n’importe qui. Probablement que l’odeur de la fleur continuerait à chatouiller le museau du lionceau, il ne ferait qu’éternuer un peu plus.

Le lionceau avait cependant l’air d’aller bien et Kazi s’attela à la tâche qui consistait à ranger le désordre qu’avait causé le lionceau. Quelques fleurs s’avéraient être inutiles à présent mais la plupart du contenu était resté dans la noix de coco. Au moins Kazi n’aurait pas à aller en chercher dans l’immédiat mais il lui faudrait un meilleur endroit pour entreposer toutes ses mixtures. Il allait devoir en parler à Wimbo, peut-être que ce dernier pourrait l’aider. Les oreilles de Kazi pivotèrent dans la direction du lionceau, voyant qu’il était toujours là, le guérisseur décida de se montrer curieux quant à sa présence. Peut-être qu’un jeu avait mal tourné et qu’il s’était blessé :

« Qu’es-tu donc venu chercher ? Tu t’es fait mal quelque part ? »

Hecate

Les yeux de Liliko piquaient un peu, quelques pétales s’étant déposés dessus, et ils pleuraient naturellement pour tenter de s’en débarrasser. La double peine ! Avec une précipitation maladroite comme seul un enfant pouvait en faire preuve, il tenta de rattraper les fugitives pour corriger sa bêtise, mais derrière lui, une voix que tout le monde connaissait bien s’enquit. En se retournant pour proposer son plus beau sourire maculé de tâchés dorées, le lionceau gris s’aperçut que Kazi était tout proche de lui, le faisant bondir de surprise. Sa voix n’avait pas semblé si proche, boudiou ! Dans son sursaut, le fautif avait évité de peu de mettre la patte dans un récipient contenant une mixture bizarre.

Tout aurait été bon enfant et rigodrôle si le guérisseur ne lui avait pas demandé s’il n’en avait pas avalé, puis enchainé la phrase suivante en suggérant que ça pouvait être dangereux. Un vent de panique souffla sur Liliko… qui dégluti en s’imaginant s’être empoisonné. Si l’adulte s’était tranquillement mis à ranger tout le bazar qu’avait mis le gosse dans ses réserves, ce dernier se sentant tout à coup malade. Il n’entendit même pas les nouvelles question de Kazi.

« J’vais mourir à cause de ces fleurs ? J’vais mourir ? Ah, Kazi ! J’me sens pas bien ! »

Mourir, déjà ? A son âge ? Quel gâchis, c’était impossible ! Qu’est-ce que Papou et Mamou diraient ?

« J’suis sûr que j’vais mourir, j’en ai eu dans la bouche, et les yeux ! Regarde, ils pleurent ! J’arrive plus à respirer, non ! »

Dramatiquement, Liliko se laissa tomber sur le dos, la langue pendante. Il attendait que la mort le prenne dans des gémissements aussi faux qu’il était persuadé qu’ils soient vrais.

Le guérisseur pensait avoir rassuré l’enfant mais visiblement ce n’était pas chose aisée. Malgré cela, Kazi dû retenir un rire de toutes ses forces tellement la scène qui se déroulait devant lui était hilarante. Bien évidemment que l’adulte avait voulu lui faire peur, mais de là à ce que le lionceau joue les dramaturges devant lui, il y avait un monde.

Néanmoins, Kazi décida de jouer le jeu de Liliko – au moins ça lui apprendrait à toucher à ses oreilles ! Tragiquement, il s’affala à plat ventre à côté de Liliko avant d’énoncer, faussement catastrophé, ce qu’il risquait de lui arriver :

« Par les Grands Esprits, c’est terrible oui ! Tu vas tellement éternuer que ton petit corps va gonfler comme un hippopotame et tu vas t’envoler. »

Cette fois, le guérisseur ne put se retenir d’avantage et explosa de rire en se relevant – oh non il ne souhaitait pas se moquer d’un si jeune lionceau mais il fallait bien avouer que tout ceci était amusant et Kazi avait rarement une occasion pareille de rire de bon cœur.

Du dos de la patte, Kazi aida Liliko à se redresser, enlevant les derniers résidus jaunes de son museau avant de finir par le rassurer en prenant un air beaucoup plus sérieux :

« Allons Liliko, tu n’as vraiment rien à craindre, cela ne va pas te rendre malade, juste de chatouiller un peu le museau. »

Il termina la tâche qu’il avait délaissé, à savoir ranger les derniers pétales éparpillés – une fois ceci fait, le mâle s’allongea près de l’enfant avant de réitérer sa question précédente :

« Mais tu ne m’as toujours pas dit ce que tu faisais ici. »

Hecate

Dans sa panique de jeune enfant, Liliko ne s’était pas rendu compte de l’exagération du guérisseur, et il pensait réellement qu’il allait s’envoler pour ne plus jamais pouvoir redescendre. Mais tout bon acteur qu’il était aux yeux d’un public si crédule, Kazi éclata d’un rire qui surprit le petit gris. Celui-ci compris alors qu’il avait été mené par le bout de la truffe par son aîné. Alors, ça y est, après Kukomo, il deviendrait l’esclave à blagues du lion taché ? Ça non, c’était trop pour le couvé, qui prit une mine boudeuse de toute beauté. Il se laissa même tomber de nouveau au sol après que son agresseur l’eut aidé à se relever. Ah ça, il n’aurait jamais dû quitter les pattounes de ses parents, ce monde extérieur était bien trop rude et éprouvant !

Lorsque Kazi eut terminé de nettoyer le bazar mis par le lionceau, il vint se coucher à ses côtés, répétant une question totalement oubliée depuis son premier énoncé. Les oreilles de Liliko se redressèrent d’un coup. C’est vrai ça, il n’était pas venu juste pour mettre le foutoir ! D’ailleurs il n’était pas venu pour ça du tout !

« Ouais ! J’voudrais un truc pour battre Kukomo ! »

Le petit gris s’était levé d’un trait et mis à bondir devant son hôte.

« T’as plein de trucs pour soigner, t’as sûrement des machins pour me rendre trop fort, nan ? Il est trop nul, il arrête pas de me battre à la course, et du coup je dois faire le babouin en criant ! Alors j’veux une potion pour aller plus vite que lui ! Comme ça, bah ce s'ra lui le singe débile ! »

Ah ça, ça lui ferait les pattes, à Kuk’ ! Sa tête quand Liliko lui mettrai trois tours d’avance grâce aux pouvoirs magiques de Kazi !