Le coeur du Nordique battait de façon très étranger. Tantôt il avait l'impression qu'il était désespérément lent et qu'il lui faisait mal comme si il était entrain de geler. Tantôt il battait si vite qu'il pourrait exploser. Il marchait au raz du sol en essayant de rattraper ses amis. Ses mouvements étaient saccadés car il avait du mal à brisé la paralysie dont il avait été pris quelques minutes plus tôt devant le Gardien Shomari. Les Jumeaux étaient en colère et étaient partis en lui disant qu'il n'était plus de la famille. Le choc avait été, et est toujours, immense. Jamais ils n'avaient parlé de sorte à Wetiko ...

L'ancien ermite les voyaient à quelques mètres devant lui, mais son désire de les rattraper était aussi fort que sa peur de voir à nouveau leur colère se poser sur lui. Il déglutit en marchant aussi vite qu'il pouvait dans son état et surtout, si proche du sol. Wetiko n'était plus très loin d'eux, si il parlait, ils pourraient l'entendre mais aucun mot n'arrivait à sortir. Pourtant, il essayait, mais son corps semblait l'empêcher de faire quoi que ce soit.

" Les gars ...? "

Demanda-t-il timidement en se figeant instantanément. Ils allaient se retourner et leur colère allait s'abattre sur lui. Peut-être aurait-il mieux fait de ne pas venir leur parler tout de suite et attendre qu'ils se calment ...

Hecatehell

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Lorsqu’ils étaient à cran, les Jumeaux avaient pour habitude de se bagarrer l’un contre l’autre. Enfants, cette manière de passer leurs chagrin et leurs nerfs ne paraissait que mignonne aux yeux des adultes. A présent orphelins, affamés sans un bon repas depuis des années maintenant, souffrants de la même maladie qui abattait les forces de tous les Nordiques. Etat qui empêchait les chasseurs de trouver de la nourriture. Le cercle vicieux était sans fin, et perdrait le clan à coup sûr. La situation était tout bonnement désespérée, sans que les protecteurs ne puissent rien arranger. Ils étaient à cran. Il se frappaient l’un l’autre pour évacuer leur sentiment d’impuissance… et d’avoir abandonné un ami.

Leur fierté de lion des montagnes les empêcherait à jamais de reconnaître leurs torts, et ils ne comprenaient pas le comportement de Wetiko. Enfin, si, ils savaient en leur fort que leur vieil ami n’avait pas grandit parmi eux, et que, par conséquent, l’orgueil des nordiques n’était pas dans son caractère. C’était pour cela qu’il s’était ouvert à cet étranger. Mais ils ne l’admettraient jamais, et cet affrontement fraternel barrait un peu plus le chemin de l’admission. Leurs maigres forces épuisées, Ysafi et Makoa s’effondrèrent l’un sur l’autre. Le premier avait pris un coup de griffe dans le dos, désormais un peu tâché de rouge, et le second un coup de crocs à la patte. Ils n’avaient pas échangé un mot depuis l’abandon de l’ancien ermite. Qu’est-ce qu’il fallait faire, maintenant ? Se laisser mourir là, couverts d’une boue nauséabonde, l’estomac tellement vide que leurs côtes auraient été creusées si leur fourrure n’avait pas été si épaisse, tellement stressés qu’ils perdaient ci et là des touffes entières de poils ? A quoi bon continuer quand les Montagnes œuvraient à leur mort depuis des années entières, et que le reste du monde leur était mortel ?

Les Jumeaux avaient contenu en eux toute leur frustration depuis que leur clan avait investi ces marécages immondes. La rencontre de ce lion au pelage d’or l’avait libérée d’un coup d’un seul, et Wetiko en avait fait les frais. Makoa fourra son museau dans la crinière maculée de boue plus ou moins séchée de son frère, essayant de se souvenir du temps où elle était soyeuse et délicatement bouclée.

« Nous aurions dû rester avec Maman , murmura-t-il . »

Il ne voulait pas être vu une seconde de plus dans cet état, même par Ysafi. Celui-ci, faiblard, tenta une lèche dans les poils sales de son double. Un goût de terre lui envahit la gueule, et il se coucha sur le flanc, vaincu. Même la force de pester ce goût lui manquait…


Il n’aurait pas su dire combien de temps s’était écoulé depuis qu’il avait fermé les yeux. Une heure, une minute, une seconde peut-être, mais les oreilles d’Ysafi se dressèrent faiblement. Un murmure connu leur était parvenu. Wetiko les avait rejoints, malgré les mots qu’ils avaient eus contre lui. S’ils regrettaient certaines paroles, le terme de trahison n’était pas de celles-ci. Les yeux vides, chauds, et humides du gardien du Nord s’ouvrirent. Makoa respirait tendrement contre lui. Lorsque le première frère se leva tant bien que mal pour faire face à l’ancien ermite, le second grommela avant de faire de même, arraché au sommeil. Les fiers reflets n’avaient plus rien d’identique, ni de fier. Une voix monotone, blasée sorti des entrailles d’Ysafi. Le contraste avec les cris hystériques qu’il avait lâchés plus tôt avait de quoi surprendre.

« Laisse-nous crever, Wetiko. Va te faire soigner si tu veux, le clan avec, mais laisse-nous. »
« On… on ne peut pas supporter qu’un frère nous trahisse à la faveur d’un parfait inconnu. »

Les deux frères qui étaient allongés se levèrent à l'entente des paroles de Wetiko. Le mâle se figea instantanément en les regardant bouger, craignant le retour de bâton de leur part. Mais alors qu'il sentait son corps se rapprocher du sol, craintif, il vit que les jumeaux se levaient paisiblement et surtout, qu'ils étaient blessés. L'ancien ermite avait des frayeurs bien à lui quant au sang de ses congénères et il ne pu s'empêcher de reculer d'un pas. Il pu reconnaître des traces de crocs et il paniqua. Qui avait fait ça ? Qui avait osé s'en prendre à eux.

Mais il n'eut pas le temps de leur poser la question. L'un demanda que Wetiko les laisse crever là et l'autre que la trahison d'un frère leur était insupportable. Mais leurs voix n'étaient pas méchantes comme elles l'avaient été avant. Alors le lion vieillissant se remit plus droit. Il était étonné de se revirement de situation mais surtout, il se sentait accablé par l'idée de les perdre. Mais si leur propre vie n'était plus un soucis pour eux, il ne les aurait pas en suppliant de rester en vie.

" Alors c'est... c'est ça? Vous... Vous allez vous laisser mourir ? "

Dit-il en regardant le sol, n'osant pas affronter leur regard. Sa voix était tremblante, à cause de la peur, la tristesse et la rage.

" Très... Très bien, laissez donc Zylo s...seule, sans défense. Si votre fierté est plus forte que la vie de votre famille, très bien. "

Il était provoquant, mais il espérait les toucher ainsi. Lui aussi était agacé et si quelque chose avait bien changé en lui depuis qu'ils étaient descendu de la montagne, c'était sa façon de parler.

" J...je suis sûre qu'el...le sera heureuse de s...savoir que vous avez pas trahi le clan en d...demandant de l'aiiiiiiii... "

Une quinte de toux à lui en déchirer la gorge le repris. Il n'arrivait plus à s'arrêter, sentant sans cesse sa gorge le gratter, ne lui permettant pas de s'arrêter. Finalement, il n'arrivait plus à reprendre son souffle. Wetiko pu cependant finir par respirer, sentant ses pattes arrières se dérober sous son poids et ses pattes avant trembler.

" Je pourrai pas la protéger pour vous ... "

Finit-il par dire en haletant. Le temps le rattrapait ... Et si il ne s'en sortait pas ? Si il ne pouvait pas réussir à vaincre cette maladie ?

Hecatehell

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Ne pas se battre, abandonner, voilà qui était ironique lorsque, quelques minutes plus tôt, l’on avait refusé l’aide de quelqu’un par fierté. La fierté… voilà au moins une chose que les jumeaux n’avaient pas perdue. Encore que. Wetiko, yeux braqués sur ses pattes, comme d’accoutumée, voulu la leur titiller. Et en matière d’orgueil, rien ne pouvait les faire tiquer autant que d’attaquer leurs tâches de gardiens des montagnes. Rien hormis y mêler leur sœur. Les yeux vides des miroirs s’animèrent, mais pas d’inquiétude face à la quinte de toux de leur ancien frère.

« Qu’est-ce que tu penses connaitre de la vie de famille… »
« … alors que tu viens de trahir la tienne ? »

Les glorieux Nordiques peuplaient la Terre des Lions depuis des centaines, des milliers d’années, depuis bien plus longtemps que n’importe quelle autre espèce. Durant tout ce temps, personne ne pouvait imaginer ce qu’ils avaient enduré au fil des siècle. Ce ne serait pas cette maladie idiote qui mettrait un terme à cette lignée légendaire !

Cependant, l’ermite avait raison sur un point : les reflets ne pouvaient se laisser mourir tant que leur jeune sœur, Zylo, avait encore de l’espoir, si maigre fut-il. Soit, ils vivraient encore, comme en témoignaient leurs yeux tournés vers l’installation temporaire de leur clan. Makoa retint ses poumons de se vider comme ceux de Wetiko plus tôt. L’effort le laissa tremblant tandis que son frère se décida enfin à parler de nouveau.

« Zylo ne mérite pas qu’on la laisse seule, tu as bien raison. »
« Mais tu as insulté le clan, notre espèce, la mémoire de nos ancêtres. Et nous également. Nous ne te pardonnerons pas… »

La déception animait les regards et les gestes des jumeaux. Il était leur frère, avant.

Les jumeaux n'en démordaient pas et continuait de parler d'honneur, du fait que Wetiko ne connaissait rien à la famille d'autant qu'il avait trahi la sienne. Il était à présent plus en colère que triste. Comment pouvaient-ils être butés à ce point ? Honnêtement, il avait du mal à les comprendre mais pire que ça, il trouvait que leur fierté était très mal placé car elle pouvait coûter la vie au clan. Là où Wetiko avait essayé de se montrer juste pour ses confrères, pour qu'ils aient une chance de vivre.

" Si trahir sa famille s'..s'est se débrouiller pour qu'elle vive, alors je suis coup..able. "

Dit-il froidement en les regardant méchamment. Il tremblait de rage et il vit que l'un des jumeaux se retenait de ne pas cracher ses poumons lui aussi. Et le second parla pour le camoufler aux yeux de Wetiko, cachant sa faiblesse passagère qui pourrait finir par l'emporter si aucun traitement n'était trouvé. Mais ils admirent tout de même qu'il avait raison sur un point, Zylo ne méritait pas qu'on laisse. Cependant, Makoa remit sur le tapis le fait que l'ancien ermite les auraient insulté. Le lion n'en revenait pas...

" Je.. je ne vois pas en quoi vouloir nou..nous faire survivre est craché s...sur la mémoire de nos ancêtres. Si on s'éteint, il n'y aura plus de mémoire à honorer. Ils seront fier de nous, c'est clair ... "

Dit-il de façon ironique. Est-ce que trouvé le moyen de s'en sortir, se montrer malin et savoir reconnaître quand on a besoin d'aide ne serait pas un signe de sagesse ?

" Votre orgueil est mal placé ... ce ... Ce n'est pas de la sagesse, c'est de la bêtise ! "

Il tapa de la patte dans la boue, s'éclaboussant lui-même. Les Nordiques étaient reconnu partout sur la terre des lions pour être de grands sages. De grands sages tu parles ... Ils étaient suffisamment stupide pour se laisser crever car ils sont trop fiers pour admettre qu'ils sont en danger. Voilà le vrai visage des Nordiques. Peut-être ses parents avaient-ils eut raison de s'être éloignant du clan qui était déclinant ?

Hecatehell

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Ysafi et son frère ne lâcheraient pas prise, car pour eux, Wetiko n’avait aucun remord à avoir déshonoré les ancêtres du clan. Et il osait ironiser sur le sens de la trahison ? L’ancien ermite n’allait pas dans le sens de la réconciliation, et ce n’était pas la fièvre des jumeaux qui calmerait le jeu non plus. Tout ce qui arrivait à leurs oreilles était juste, mais pas dans leur vision des choses.

Contrairement à Wetiko, les deux gouttes d’eau voulaient laisser au monde extérieur le souvenir des grands Nordiques, pas ceux de monstres difformes suppliant de l’aide aux autres. Pas comme les Pridelanders du passé. Il ne fallait pas tomber aussi bas que ceux-là pour ne pas déshonorer les lions des montagnes morts pour délivrer les habitants du Rocher de la ‘Fierté’. Que l’ancien ermite chouine, mais pas au nom du clan !

« Au moins, nous sommes de vrais Nordiques. »
« Au moins, nous sommes de vrais Nordiques. »

Qu’est-ce que les trois lions avaient de plus à se dire à présent ? Plus grand-chose. Les reflets guériraient par eux-mêmes, par un miracle venu des montagnes. Ou mourraient comme cela commençait à arriver… Ils restèrent plantés là quelques secondes avant de se détourner de Wetiko, afin de rejoindre leur sœur, et les leurs.