Dormaient-ils à poings fermés ? Oui. Car Mwetû s'était occupé de tout ce soir là : Pas de petites histoires à raconter, et un faux sommeil de plomb qui encourage tout le monde à aller se coucher un peu plus tôt que d'ordinaire. Oh, cela n'avait pas déplu à ses parents, même si le jeune n'était pas des plus énergiques, il avait cependant la fâcheuse tendance à tenir le crâchoir à la terre entière, surtout à ses géniteurs à qui il adorait tout raconter. Alors oui, ce moment de paix se devait d'être apprécié du mieux possible.

Cependant, si les adultes s'étaient jetés avec hâte dans les bras de Morphée, Mwetû, lui, avait bien autre chose en tête : Sortir du cocon douillet et partir braver les ombres de la nuit. La rumeur disait qu'un nouvelle bête féroce rôdait dans les parages, et mangeait tous les jeunes lionceaux qui osaient s'aventurer hors de leur nid une fois le couché du soleil passé. Le petit Pridelander était très friand de ce genre d'histoire, mais il aimait remettre aussi certaines choses en doutes, surtout quand cela l'effrayait beaucoup. Encore un nouveau monstre alors ? Vraiment ?

Une fois le nez dehors, l'intrépide félin pris un des petits sentiers à pas feutrés, essayant d'être le plus discret possible pour ne pas se faire remarquer ni d'un adulte, ni d'un de ces monstres s'ils existent vraiment. Les yeux grands ouverts, il observa tous les recoins, à la fois excité et inquiet de découvrir la vérité sur cette nouvelle bête. D'après les dires, elle serait entièrement recouverte de poils hirsutes, et arborerait de grandes dents pointues prêtes à être plantées dans la chair du premier enfant perdu venu.

Mais de toute façon, ce ne sont que des mensonges, n'est-ce pas ?

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Mwetû fait des blagues en Olive

Nyumba venait d'ouvrir son œil et c'était sous les ailes protectrice de la déesse que Chausiku risqua son museau à l'extérieur du tronc qui lui servait de refuge. ... Cette nuit s'annonçait délicieuse. La petite créature prit soin de déployer ses ailes, une à une, les étirant doucement, puis, d'un battement de celle-ci, elle se retrouva à l’extérieur. Un autre battement d'aile et elle s'éleva un peu plus dans les airs. Levant le nez vers le ciel, Chausiku contempla les étoiles et la lune, ces beautés nocturnes cadeau de la Grande Chauve-Souris que trop ignoraient à ses yeux. Mais qu'importe, ils étaient indignes de comprendre une telle grandeur, c'était tout.

La nuit dernière, la petite créature n'avait pu rejoindre sa cachette dans la Jungle des Gorille. Elle s'en était trop éloignée. Un manque de prudence qui l'avait énervée contre elle-même mais lui donnait l'occasion de visiter une partie de Freeland qu'elle n'avait que rarement vu. Les Terres du Sud. La roussette fronça le nez. Cette partie était trop dépourvu d'arbre à son goût, elle avait eu de la chance de trouver le sien avant les premier rayon du soleil mais cette nuit, elle doutait de pouvoir trouver un arbre avec de quoi mangé avant d'être retourné dans la jungle. Pour peu qu'elle ait le temps d'y manger avant que le jour se lève. Sinon, elle devrait jeûner pour la nuit. Cette pensée la fit soupiré. Bon, en soit, ce n'était pas si terrible mais tout de même. Son estomac allait se plaindre toute la journée après ça.

Une de ses oreilles tiqua et la chauve-souris se mit à fixer le sol. Une silhouette mouvante. Elle plissa les yeux. Un petit lion. Décidément... Ceux-ci ignoraient que leur place était en plein soleil, pas sous la lumière clémente du ciel étoilé. Mais celui-là semblait jeune. Peut être ne savait-il pas encore où était sa place. Bien. Chausiku tâcherait de le lui rappeler. A cet âge, on est facilement impressionnable.

Repliant ses ailes, la chauve-souris se laissa tombé vers le lionceau. Elle ne les rouvrit qu'une fois assez proche pour lui griffer l'arrière train, juste au dessus de la queue, avec ses pattes. Oh, ce n'était pas une grosse griffure, elle doutait même de lui avoir laissé la moindre trace. Mais là n'était pas le but. Chausiku voulait simplement lui faire peur. Avec un agilité digne des plus habile créature volante, la créature volante repris son envole, essayant tant bien que mal de rester discrète. Chose compliquée : elle n'avait pas d'ombre où se cacher et le jeune lion la verrait surement. Pour peu qu'il garde la tête froide.

- Tu n'es pas chez toi petit. Dégage ! Rentres te terrer entre les pattes de tes parents !

Fit-elle, en essayant de prendre une grosse voix. C'était assez ridicule mais elle tentait de profiter de son petit effet de surprise.

Mwetû poursuivait sa quête, pas à pas. Des pas, qui se firent de plus en plus hésitant à mesure que le noir de la nuit semblait l'engloutir de plus en plus avec les hautes herbes. De toutes façons ce ne sont que des mensonges, pensa-t-il pour se rassurer. Son imagination même commençait à lui jouer des tours, si bien qu'il avait parfois l'impression entendre la respiration de quelqu'un derrière lui lorsqu'il ne s'agissait que de la sienne en réalité. Si bien qu'il marqua plusieurs pauses dans son aventure pour regarder derrière et se rassurer.

Puis il reprenait son trajet, de moins en moins assuré. L'adrénaline lui montait aux joues à chaque fois plus, et sa respiration se faisait plus rapide. Dans la nuit, seul, il n'entendait que lui, que la peur qui commençait à lui faire regretter d'être parti. Pourtant, tout à coup, il crut entendre un bruit :

- Eeeuh... Il y a quelqu'un ? ...

Pas de réponse. Mais cela n'eut pas le temps de le soulager pour longtemps puisque le bruit se fit entendre à nouveau, et pire encore. Pire, le temps d'une sueur froide, Mwetû sentit une présence derrière lui. Une présence qui lui agrippa l'arrière train sans lui laisser le temps d'aucune réaction si ce n'est celle d'un cri d'effroi.

- AAAAAAAAAAH !

Mort de trouille, le gamin prit ses pattes à son cou pour courir dans tous les sens sans savoir où aller pour se cacher. Complètement paniqué, il tournait presque en rond, lorsqu'une voix inconnue retentit depuis les cieux et pétrifia Mwetû d'effroi, celui-ci n'eut comme autre instinct de survie que celui de s'arrêter là et se mettre en boule pour cacher son visage dans ses pattes. Et attendre.

- NE ME MANGEZ PAS ! NE ME MANGEZ PAS S'IL VOUS PLAIT ! Hurlait-il, la voix tremblante.

Non. Indiana Jones n'en menait vraiment pas large. Vraiment pas.

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Mwetû fait des blagues en Olive

La réaction du lionceau ne fut pas vraiment celle à laquelle s'attendait la chauve-souris, mais elle était bien plus amusante ! Le petit se mit à fuir en hurlant avant de s'arrêter pour se cacher la tête dans les pattes. Il se mit ensuite à vociférer tout un tas d’âneries comme quoi il fallait pas le manger, tout ça, tout ça. Chausiku observa la scène, d'abord incrédule, puis explosa de rire. Un rire sonore mais dont l'intonation aiguë était bien loin de la grosse voix qu'elle avait prise précédemment. Un lion, un lion qui demandait à pas être mangé et qui fuyait devant elle, c'était la meilleure ! La petite créature essaya de reprendre une grosse voix entre deux éclats de rire :

- Et pourquoi pas ? Tu as pourtant l'air délicieux !

Fit-elle avec un rire sinistre et non sans un petit passage de langue sur ses lèvres bien sonore.

- Oui, délicieux. Et moi, je suis affamée !

Pour le coup, ce n'était pas un mensonge. Chausiku sentait réellement le vide dans son estomac. Et de ce qu'elle avait vu de là-haut, il n'y avait aucun arbre fruitier à l'horizon. Autant rentrer le plus vite à la Jungle, là bas, il y aurait de la nourriture. La petite bête volante jeta un coup d’œil au lionceau. Allez, il était temps de le laisser tranquille. Elle fit quelque battement d'aile pour s'éloigner avant de s'arrêter. Etait-ce bien raisonnable ? De laisser un enfant mort de peur tout seul comme ça ? Et puis en plus si elle rentrait maintenant, elle serait seule. L'idée la fit frissonner. Chausiku n'aimait pas les enfants du Soleil, ils étaient menteurs et moqueurs, la lionne brulée le lui avait bien fait comprendre, mais pour le moment, ils étaient la seule compagnie qu'elle croisait régulièrement. Que valait-il mieux, fréquenter les enfants de son ennemis ou ressentir cette pesante solitude ? Elle l'ignorait. Comme dit l'adage, mieux vaut être seul que mal accompagné... C'est à se demander si la personne ayant prononcé ces mots c'est un jour sentie seule. La chauve-souris leva le museau vers le ciel, regardant la course de l’œil de Nyumba. Elle avait encore tout le temps de rentrer chez elle, autant profiter de peu de compagnie que lui offrait cette soirée. ... Et puis qui sait ? Le petit semblait jeune, il n'était peut être pas encore totalement corrompu par le Soleil.

- Mais tu as de la chance, je ne mange pas lionceau.

Ajouta Chausiku à l'attention du lionceau avec sa grosse voix. Elle s'approcha de lui et du sol.

- Tes parents ne t'ont jamais apprit à ne pas t'arrêter devant un danger ? Tu serais une cible bien facile à abattre là, tout de suite. La nuit n'est pas ton domaine, il s'y cachent autant de dangers que de merveilles, alors dis-moi, enfant du Soleil, qu'est ce qui t'amène ?

Sa voix c'était un peu adoucis. Faire peur aux gamins, c'est marrant, mais ça n'aide pas à ouvrir la conversation.

Un cauchemar. C'était un véritable cauchemar. Mwetû avait fermé ses yeux, cette bête allait le manger, il en était sûr !... Pourtant, rien de tout cela ne se produisit. Et si finalement la créature ne mangeait pas de lionceaux, que mangeait-elle alors ?

Sentant sa présence se rapprocher, le pauvre chaton osa jeter un oeil vers l'extérieur en soulevant une patte qui masquait son visage. Etrangement, la silhouette qu'il entrevit ne semblait pas plus grosse que lui, si bien qu'il se redressa avec hésitation, le poil encore hérissé par la peur. La chose s'était mise à parler d'une voix bien plus douce et bien que ses conseils étaient bons à prendre, Mwetû peinait à prendre bien conscience de ceux-ci tant l'apparence de cet animal lui paraissait tout à fait étonnante. Il finit par lui dire avec toute l'honnêteté et l'innocence d'un enfant :

- Mais, vous êtes un rat-volant ?!..

Oui, il fallait l'admettre. Le jeune lion n'avait pas là devant lui l'espèce la plus canon du règne animal, la texture même de ses ailes lui donnait des frissons dans le dos. Enfin bon, il fallait croire que c'était normal.

- Et si vous ne mangez pas les lionceaux... Que mangez-vous alors ?

Avec une tête pareille, Mwetû aurait parié sur des lionceaux... Après tout, les hyènes aussi étaient moches, et elles mangeaient les lionceaux trop aventuriers. C'était ce que sa mère lui avait raconté, et sa mère avait raison. Ou alors ... Peut-être que les ailes de cet animal lui permettait de manger d'autres choses volantes ? Comme... Les nuages ? Ou les étoiles, par exemple ?

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Mwetû fait des blagues en Olive

La première phrase que sorti le lionceau en voyant Chausiku lui hérissa le poil. Un... UN RAT ?! Les oreilles plaquée sur le sol, elle attendit que le le jeune ferme sa gueule pour lui foncer sur le visage. Accrochant ses griffes de chaque côté de la tête de l'enfant, elle fit en sorte de bloquer sa vision de ses ailes, histoire que le petit félin ne puisse se soustraire à son regard. Sa voix se fit encore plus sifflante de colère que celle d'un serpent.

- ... Traites moi encore de rat volant et mon régime alimentaire comportera bel et bien du lionceau en commençant par toi !

Non mais ! Qui avait éduqué ce gosse pour qu'il manque à ce point de savoir vivre !? Comme pour appuyer son propos, la chauve-souris découvrit ses petit crocs pointus. ... Ils n'avaient, en réalité, rien d'inquiétant en comparaison de ceux d'un lion. Mais elle aimait son petit effet de menace. M'enfin. La prudence et ses instincts reprirent vite le dessus : il n'était pas conseillé de rester aussi prêt de la gueule d'un prédateur. Aussi, elle préféra reprendre son envole avant de répondre à la curiosité du petit lion.

- J'mange des fruits.

A ces mots, son estomac se mit à gronder. ... Ouais, elle n'avait pas menti lorsqu'elle avait dit qu'elle avait faim.

Visiblement, Mwetû en avait trop dit. La chauve-souris lui réserva encore un horrible traitement. Le lionceau – malgré une taille et une force plus importante que le rongeur volant – resta pétrifié par les menaces et le regard meurtrier de son interlocutrice.

- Ou.. Oui..Oui Madame.. Je..

Le pauvre en balbutiait de frayeur. Oui, il en fallait vraiment peu à Mwetû pour craindre le monde entier. Fort heureusement, lorsque le volatile poilu lui révéla son régime alimentaire, le stress du jeune lion s’effondra aussitôt.

- Ooooh.. C’est vrai ? Et ca a quel goût, Madame..Euh.. Madame comment déjà ? Vous ne pensez pas que les insectes seraient meilleurs ? C’est très bon les insectes !

Même s'il fallait admettre qu’une bonne viande de gnou était bien plus appétissante, les scarabées étaient quelque chose que Mwetû aimait bien manger, non pas pour le goût, mais juste pour la texture croquante sous la dent. Un jeu plus qu’une véritable diète.

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Mwetû fait des blagues en Olive

Mmh... Au moins, le petit lionceau se rendit rapidement compte de son erreur et se remit bien vite dans les rangs. Chausiku se contenta d'un petit soufflement alors que son estomac se mit de nouveau à gronder. Génial, comme si un gamin c'était pas assez agaçant, sa faim n'allait la rendre que plus exécrable encore... Et ça n'allait aller en s'améliorant. La nouvelle remarque du gamin fit tiquer une de ses oreilles. Elle siffla, irritée.

- Écoute moi bien, gamin, tu bouffes bien ce que tu veux, c'pas mon problème.

Après tout, s'il trouvait les insectes bons, c'est qu'il devait y avoir gouté, non ? Yurk. Rien que l'image... Non, même juste l'idée de manger un insecte. Urrgh... Si l'estomac de la chauve-souris n'était si vide, elle aurait sans doute recracher tout son contenu.

- Mais pour dire des conneries pareils t'a jamais dû bouffer de fruits. C'est sucré, juteux et tout simplement délicieux. M'enfin.

Elle souffla.

- Ça devrait pas m'étonner que tu l'ouvres autant pour dire autant d’idioties. T'es un enfant du Soleil. C'classique. Tu crois tout savoir mieux que tout le monde et tu fais la moral, bla bla bla... Honnêtement, t'as de la chance d'être aussi jeune, tu serais plus vieux, j'serais moins magnanime !

C'était quand même affolant d'avoir déjà cette mentalité à son âge... Plus les années passaient et plus les enfants du Soleil devenait méprisant... Et méprisable. Écœurant. Mais devant les enfants, Chausiku préféraient se contenir. Ou essayer du moins.