Prideland avait acceuilli des étrangers il y a peu. Et si Azaan semblait les avoir acceuilli à pattes ouvertes, Ahva et Awena ne s'étaient pas visiblement pressés d'allez à leur rencontre, au contraire. Pourquoi donc maman semblait être si peu à l'aise depuis la destitution d'Awena et maintenant, encore plus face à cette arrivée de lions un peu amaigris ? Même ses deux enfants se faisaient éloignés de cette troupe par quelques Pridelanders soucieux pour eux, pourquoi ? Leurs têtes ne leur revenaient pas, à eux aussi ?

Djedkara voulait que maman leur explique enfin. Qu'ils comprennent pourquoi ce malaise était tant présent. Mais comme cette histoire semblait faire bien du mal à la femelle, il avait peur d'appuyer sur la plaie en réclamant de vive voix. Tout ce qu'il souhaitait avant ça, c'est qu'elle retrouve sa tranquilité et son sourire d'avant ce fameux-jour, où Tata n'était alors plus la reine.

Djedkara réfléchissait, couché dans un coin du rocher. un cadeau ça fait toujours sourire nan ? qu'est-ce qu'il pourrait lui offrir, une souris du rocher ? elles s'amusent souvent à jouer avec lui et à s'accrocher à sa queue quand il est tout seul, à force elles avaient compris que Djed n'oserait pas leur faire mal. Des fleurs ? Il aimerait éviter, une fois il s'était fait piqué par une abeille africaine qui butinait alors qu'il cherchait à sentir le végétal.

Oh, un collier en lianes peut-être ? Trouvables dans le couloir du repère des gardiens ? Djedkara connaissait bien ce couloir pour l'avoir longtemps "squatté" pour sa tranquillité et sa superbe vue sur l'intérieur du repère, tout au bout. Jamais le lionceau n'avait traversé entièrement le bout de ce couloir pour entrer dans la pièce interdite à tout non-gardien. Malgré tout, il préférait éviter de révéler à quiconque où il allait, de peur qu'on l'accuse d'être vraiment entré... Aucun gamin ne voyait l'intérêt d'explorer ce couloir de pierre sans explorer aussi la caverne au bout. Tous, sauf Djedkara.

Alors qu'il avait pénétré une énième fois à l'intérieur et verifier que personne ne le traversait, il essayait alors d'attraper ces longues lianes pendus au plafond en sautant comme une gazelle. Mais elles étaient trop hautes pour lui. Il essaya encore et encore. Jusqu'à entendre des pas venant de l'extérieur, lui faisant redresser ses oreilles subitement. A cet instant, il n'avait qu'une idée en tête : se cacher pour ne pas qu'on le trouve ici.

Il recula petit à petit au fond du couloir de pierre en balayant sa tête dans tous les sens, cherchant un éventuel creux dans les murs où se glisser. Finalement, dans sa course, ses pas paniqués entrèrent dans la pièce interdite avant même qu'il ne s'en rendit compte, bien trop préoccupé par les pas derrière lui. Sa course s'arrêta lorsqu'il trébucha légèrement sur une carapace creuse rempli d'une sorte de bouillie noire, qui se renversa.

-Beuuurk !

Il en avait pleins les pattes ! Il ne savait pas trop ce que c'était, mais au moins, ici, il y avait pleins de rochers où se cacher ! Rapidement, il se glissa derrière l'un d'eux et attendit. Sans réfléchir dans la panique au fait qu'il avait laissé des traces de pattes noires nettes au sol, jusqu'à sa cachette...

Kuzaidia était au fait des derniers évènements survenu à Prideland... La Couronne de Prideland avait changé de tête sous la pression du peuple. La chaman, elle, ne se prononçait pas. Elle n'était pas fier de ce qu'avait fait Awena, néanmoins elle était soigneuse, non politicienne. Il était dans sa nature de venir en aide aux autres. Pour l'heure, elle se contentait de rester loyale au Roi actuel, observant de loin s'il serait un meilleur souverain que sa sœur.

Ce passage de l'histoire cependant se devait d'être raconté au génération future. La mandrill n'avait pas encore eu le temps de peindre l'évènement sur le mur de l'histoire mais elle comptait bien réparer cette injustice. Faisant le tour de Prideland, elle rassemblait ci et là fruits et pierre qui lui permettrait de créer sa peinture et lorsque ce fut chose faites, elle repris la route de son antre. Mais... Quelque chose n'allait pas. Elle entendit sans peine les pas d'un enfant qui se sait en tort et cherche à éviter une sanction. Elle sourit. Décidément... L'endroit avait beau être réservé aux Gardiens et elle-même, rien ne pouvait empêcher les petits curieux d'y jeter un coup d’œil.

Arrivant dans son atelier, la chaman ne vit personne... En revanche elle vit clairement sa carapace de tortue renversée et les petites traces de pattes qui s'en échappaient pour se cacher derrière un rocher. Elle les suivit du regard, silencieusement... Puis, Kuzaidia posa au sol le fruit de sa récolte avant de récupérer la carapace et la remettre en place.

- J'ai connu des infiltrations plus discrète, mon enfant.

Fit-elle, pleine de douceur.

- Allons, ne sois pas effrayé. Sors de ta cachette.

Ajouta Kuzaidia en fixant la cachette du lionceau.

Djedkara ne savait pas sur quel gardien il allait tomber, mais il espérait une chose c'était d'éviter Kamwe qui était le plus rigide de tous sur les règles et cie. Il allait se faire tirer les oreilles si c'était lui qui le trouvait, c'était sûr. Et elles étaient déjà bien assez grandes comme ça !

En entendant l'inconnu entrer, Djedkara se tassa un peu plus derrière le rocher. Mais ? Mais il entendait les pas se rapprocher vers lui ! Comment il savait ?!

Une voix douce de femelle s'entendit alors. C'était Kuzaida, pas un gardien. Djedkara eut un soupir de soulagement. Kuzaida lui avait déjà soigné quelques bobos, comme avec tout pridelander qui avait besoin, il la connaissait déjà légèrement, mais sans plus. Elle n'était pas du genre à gronder, où du moins c'était moins difficile à digérer qu'avec certains adultes. Et cela l'encouragea à répondre rapidement. De toute façon, il était grillé.

-C'est...c'est juste moi. répondit la petite voix cachée.

Lorsqu'il sortit de derrière le rocher, il vit ce qui venait de le trahir. Forcément, cette bouillie avait laissé des traces sous les coussinets du lionceau et il avait crée un chemin de patounes malgré lui. Il était tout gêné.

-J'suis désolé, j'voulais pas salir la caverne et... j'ai gâché votre mélange...

A la base il ne voulait même pas entrer, mais il évita d'en rajouter plus pour le moment pour ne pas passer pour un petit menteur qui se défendait maladroitement.

Il aimerait bien réparer ses bêtises et vite filer, mais pour cette bouillie, il ne voyait pas comment lui refaire... elle était foutue par terre, se mélangeant à la terre et aux impuretés du sol.

-Je vais tout nettoyer mes bêtises et puis j'vais sortir vite, vite, vite. Promis !

Il essayait déjà de frotter ses pattes pour enlever cette couleur noire qui lui collait au poil et aux coussinets, ce n'était pas chose aisée. Plus on frottait et plus ça s'étalait.

La Chamane ne tarda pas à voir le lionceau sortir de sa cachette. Un sourire doux se dessine sur son visage. Il s'agit de Djedkara, l'un des deux enfants d'Ahva, le plus calme si elle en croit sa mémoire. L'enfant s'empresse de s'excuser, assurant qu'il va vite rattraper sa bêtise et déguerpir. Loin d'être en colère ou ne serait-ce que légèrement agacé, la Mandrill se contenta d'un simple hochement de tête avant de se diriger vers sa récolte et commencer son rangement.

- Ne soit donc pas si nerveux, jeune lion, tu n'as rien fait de grave, j'en referai d'autre.

Au cours de son rangement, Kuzaidia en profita pour récupérer un bout de bois en forme de bol dont elle se servait pour stocker de l'eau. S'en emparant, elle le posa devant le jeune félin avant de se remettre à l'ouvrage.

- Tiens, si tu veux te nettoyer, trempes-toi les pattes là dedans.

Comme pour démontrer l'efficacité de la technique, la Chamane saisit doucement une des pattes du lionceaux d'une mains et la trempa dans l'eau avant de la frotter doucement. Peu à peu, le liquide transparent pris une teinte noirâtre. Kuzaidia lâcha alors l'enfant pour qu'il continue seul, elle se contenta de l'observer.

- Dis moi plutôt ce qui t'a amené à l'Antre des Gardiens, Djedkara.

D'autant plus que c'était censé être interdit. La Mandrill n'était pas la plus intransigeante concernant cette règle, fort heureusement, elle savait les esprit des enfants trop indomptable pour espérer leur imposer des limites. Surtout lorsque ces limites n'avaient que peu de sens pour eux.

Whoua, l'eau enlevait le colorant sur les poils ! Djedkara s'en mit partout pour tout enlever et redevenir propre. C'était de la petite magie ces couleurs qui venaient et disparaissaient ainsi.

-Merci... Remercia t-il timidement.

Il était rassuré des propos de la vieille guérisseuse, il avait peur d'avoir ruiné quelque chose de plus ou moins précieux et difficilement réalisable. Il eut un moins peur d'en dire un peu plus face à cette bienveillance.

-Je suis venu pour les lianes dans le couloir. J'ai... j'ai pas voulu entrer dans la caverne, mais j'ai eu peur que ce soit Kamwe qui arrive ! Alors, je me suis caché. Raconta t-il, toujours en se frottant les coussinets sous l'eau.

Manquerait plus que Kamwe aille ronchonner auprès d'Ahva parce que l'un de ses petits est entrée chez lui, Maman n'avait pas besoin de ça ! Il ne voulait pas qu'on dise à sa mère qu'il n'a pas été sage.

- Maman... elle parait triste depuis que c'est oncle Azaan qui est devenu roi , et plus tante Awena comme sur le gros mur coloré là-bas.

Awena, sur l'oeuvre, se trouvait sur le rocher de la fierté. La peinture n'avait pas encore été actualisée. Djedkara n'avait d'ailleurs jamais vu ce mur d'aussi près. Diable, il était impressionnant et il pourrait passer des heures à le contempler dan les moindres détails. C'était beau. Tant de lions peints qu'il ne connaissait pas directement, bien qu'il notait de fortes ressemblances avec son oncle et ses tantes . C'était Prideland. Sur des générations.

- Je ne sais pas pourquoi elles ont été grondées mais je veux juste que maman ne soit plus triste. Alors j'ai cherché un cadeau pour la rendre contente et j'ai pensé à un collier en lianes , mais elles sont trop hautes. J'ai sauté de toutes mes forces sans réussir à les attraper !

Elles s'étaient accrochés dans la roche du plafond et sans doute qu'elles étaient toujours innateignables pour qui que ce soit, si haut. Même pour les meilleurs grimpeurs. C'était étonnant de voir la différence de végétation entre ce couloir et le repère des gardiens qui grouillaient du sol au plafond de végétaux en tout genre. parcelles d'herbes, plantes grimpantes, feuilles mortes jonchant le sol...

En regardant la flore de cet endroit, les yeux de Djedkara revint sur le grand mur. Awena était sur le rocher de la fierté, et Ahva Azaan non loin d'elle. On aurait dit qu'ils étaient tous les trois unis pour le règne de la tante. Aujourd'hui, le plus jeune des lionceaux avait bien compris que ce n'était pas le cas. Et les Pridelanders aussi. Ce ne fut qu'une facade.

-Dites Mme Kuzaida... Il hésita quelques secondes avant de demander. elles vont être où sur le mur maintenant, Maman et Tata ?

Djedkara ne craignait qu'une chose, c'est que Kuzaida prenne l'initiative de les effacer. D'effacer le règne d'Awena et d'effacer Ahva. Enlever leur silouhettes d'un si joli mur, symboliquement cela serait horrible. Une action de plus pour les faire sentir totalement écartées comme elles se sentaient déjà. Et sa maman en serait encore plus touchée.

La réponse de la chaman ne rassura qu'à moitié Djedkara. En un sens, ça lui faisait plaisir, elles semblaient toujours avoir une place de choix sur le mur, mais elle était étrange. Comme si elle ne correspondait pas à ce dont le lionceau était témoin, à la réalité. Pourtant, Kuzaida ne peignait pas des mensonges, non ?

Djedkara observa de nouveau la fresque et il semblait n'y avoir que les strictes évènements qui se sont bien passés ici. Les lions noirs, le règne de Farao, de Kumpa et de Kuzali... Tout y était. Peut-être Kuzaida croyait-elle à une réconciliation future du trio pour décider de le peindre ainsi, mais Djedkara avait plutôt peur que cela n'arrive pas. Comment deviner le futur ?

-Aux cotés de Tonton ? Mais... ce n'est pas ce qui se passe. elles ont l'air drôlement fachés avec lui, ils ne se sont plus croisés du tout. Pourtant Mme Kuzaida, vous... Cette fresque représente bien l'Histoire véritable de Prideland ?

Drôle de sensation que de tutoyer un personnage à la réputation aussi grande et sage. Djedkara ne se sentait pas très à l'aise dans le language et il avait bloqué.

Kuzaida lui proposa par la suite de l'aider pour sa quête du collier. Avec son aide, le collier serait encore plus beau ! Et la fresque serait un peu comme un second cadeau. Mais il ne pouvait pas cacher le fait toucher à la fresque lui faisait un peu peur. Plus que de faire un simple collier de nouilles.

-C'est vrai, j'ai le droit d'y toucher ?! Demanda t-il dans un ton de mélange de surprise et d'excitation. Vous n'avez pas peur que je la gâche ? Vous dessinez tellement bien.

Enfin, ceci dit, si Kuzaida avait vraiment besoin d'aide d'un inexpérimenté, Djedkara ne dirait pas non, même si c'est juste pour lui porter à bonne hauteur ses carapaces de peintures. Il ne ferait guère le difficile après avoir fait des saletés ici, la moindre des choses était de lui rendre service.

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Le lionceau avait raison : l'Histoire véritable voudrait qu'elle représente une famille divisée, mais un oiseau ne revenait-il pas pour changer une branche si elle se cassait ? Elle croyait encore en la force de la famille, et si ce message pouvait être un message d'espoir, elle voulait le préserver avant de se résoudre à marquer de ses doigts le déchirement d'un cœur uni. Ses pensées se tournèrent vers Kuzali, et ces yeux dorés lui arrachèrent un sourire. Même si ses enfants connaissaient des conflits, ils portaient en eux une fougue et une expérience commune qui, elle l'espérait, saurait les guider sur le droit chemin.

─ Les apparences peuvent souvent être trompeuses. Lorsque tu es fâché avec quelqu'un de ta famille, il reste toujours de la famille.

Elle n'attendit pas de réponse et commença à escalader pour attraper les fameuses lianes, les pieds posés sur une roche un peu en hauteur pour ne pas chuter. Malgré la vieillesse de son corps, pareil à un arbre dont les branches peinent à se plier face au vent, la façon que son corps a de se mouvoir n'a jamais été oublié par ses instincts. Elle redescendit, le forfait accompli, les lianes dans une main.

─ Rien ne se perd, tout se transforme.

Kuzaidia préféra procéder pas à pas. Pour la peinture, elle pensait lui demander une chose simple : y poser l'empreinte de sa patte. Elle voulait une marque de jeunesse, d'espoir pour l'avenir, et Djedkara était parfait. Toujours avec une douceur complice, elle lui tendrait un bâton invisible, mais voyant bien sa timidité, elle n'insisterait pas s'il opposât un quelconque refus.

La mandrill préférait peindre la famille royale dans des conditions plus favorables. Méthodiquement, elle commença à rassembler tout ce qu'il fallait.

─ Apporte-moi la coque vide, près de l'entrée, dit-elle avec douceur.

Elle attrapa des fruits jaunes, qui étaient restés près du mur avec d'autres ustensiles formés de feuilles tressées et de poils tombés qu'elle avait récupérés pour en faire un drôle d'assemblage. Elle fit une mixture de ces fruits pour obtenir une belle couleur soleil. Il y avait quelque chose de calme, d'apaisant dans le fait de préparer son espace de travail. La gentillesse du jeune lionceau qui lui apporta les lianes pour qu'elle puisse les assembler en une sorte de cercle la ravit. Même si l'idée de devoir tout nettoyer ensuite n'enchantait pas ses vieux os, son cœur lui se rappelait d'une autre jeunesse, tel un voyage dans les abîmes du temps.

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Le mur prédisait une réconciliation au sein de la famille, les propos de Kuzaidia confortait Djedkara dans cette idée. Pourtant, cela semblait tellement mal parti que... le lionceau était septique, même si par politesse il ne fit aucune remarque. Ce serait tellement bien si cela fonctionnait, mais quel genre d'évènement pourrait tendre vers une réconciliation ? Surtout que Djedkara ne comprenait toujours rien à la situation, alors lui-même ne savait pas ni ce qui les fâchait tant, ni ce qui pourrait les réconcilier, ses tantes et son oncle.

Il y avait bien une chose qu'il ne pouvait pas nier et qu'il comprenait bien c'était que peu importe tout ce qui se passait, Oncle Azaan resterait toujours son oncle, ça c'était un fait.

Avant qu'il put lui répondre, Kuzaidia fit un grand bond pour grimper au mur. Whoua, ce que c'était agile un singe. Djedkara n'avait observé cette espèce qu'à travers Kuzaidia et ça l'avait toujours un peu faciné, cette agilité dans les mouvements, dans les pattes. Elle redescendit vite avec un morceau de lianes qu'elle avait déniché au plafond. Djedkara avait sa récompense avant même d'avoir commencé à l'aider, il était un peu gêné de la générosité et se disait qu'il avait intérêt à assurer alors de son côté !

-Oh, Merci m'dame, c'est trop gentil...

Ainsi, il se mit à la quête de la coque vide demandée par Kuzaidia. Il fouina dans le tas de matériel qu'avait pu entasser le singe au fil du temps. Il y en avait des choses, pleins de coques aux contenus inconnus, et même des poils de lions ! Le rocher devait être une mine d'or pour ça.

Son regard finit par se poser sur une des multiples coques vides convoitée, posée au milieu d'autres coques à couleurs. Il y en avait plusieurs et elles avaient toutes des "restes" de bouillis mal rincés. Djedkara prit celle qui lui paraissait la plus propre possible et et Il s'approcha de Kuzaidia en tirant la coque par terre avec ses petits crocs plantés sur le bord.

- Ch'elle-là, ch'est bon ?

Elle était en train de faire une couleur proche du jaune. Ce qui lui paraissait évident pour peindre le portrait de sa mère et de sa tante, c'était la famille Soleil. Il pensait tellement au mur qu'il ne vit pas de suite que la mandrill avait commencé par faire un noeud avec les lianes récupérés.

-On commence par quoi ?

Kuzaidia remercia le lionceau de son aide pour préparer le matériel. Maintenant que les coques étaient prêtes, elle put appliquer sa mixture dans les coques ; n'hésitant pas à être généreuse en quantité. Même l'odeur était agréable à sentir ; c'était pareil aux fleurs des temps chauds et Kuzaidia prenait plaisir à humer ces senteurs estivales. Elle regarda le lionceau avec sympathie :

─ Commençons d'abord par ton collier. Il pourra sécher en attendant.

Patte dans la patte, ils commencèrent à peindre les lianes. Ils se partagèrent chacun un côté, et Kuzaidia fut admirative de le voir se débrouiller si bien avec les poils de crinière dans la gueule. Elle ne pourrait pas se débrouiller aussi bien sans ses longues pattes ! Parfois, il arrivait à Kuzaidia de rêver à être lion ; non pas par insatisfaction de ce qu'elle était, mais par curiosité. A chaque fois, elle se disait : « Mes différences font ma force, après tout. »
Après un moment passé dans un silence relaxant, les deux artistes en herbes purent enfin admirer leur oeuvre.

─ C'est un beau collier. Il fera grand plaisir à ta maman, Djedkara.

Comme elle ne voulait pas non plus lui imposer trop de temps en sa présence - les enfants avaient tant besoin de se dépenser -, elle lui suggéra de laisser son empreinte de patte sur le mur ou tout simplement de partir. Et puis ; même si elle ne prêtait guère attention à la perfection du trait, elle le voyait déjà assez bien embarrassé pour en demander plus.

─ Ce fut un plaisir de peindre avec toi, mon enfant, souffla la femelle dans l'ombre d'un sourire.

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Le collier, peu à peu, se remplissait de couleurs. D'un vert herbe il se transformait doucement en soleil. En un soleil brillant, un symbole parfait pour la famille Royale. Ils y passèrent plusieurs dizaines de minutes, que Djedkara ne vit pas passer. Il n'avait jamais autant été concentré sur quelque chose et il n'avait même pas le sentiment de travailler, juste s'amuser. Des petites imperfections restaient, et on pouvait facilement remarquer quelle partie de la liane avait peint Kuzaidia. La partie parfaite. Celle de Djedkara ressemblait surtout à un coloriage d'enfant qui dépassait, à laisser plein de petites zones non peintes par-ci par-là. Mais cela avait son charme et le sage singe ne repassait pas derrière lui, elle ne dépassait pas la zone établie entre eux. Du respect pour la tâche de l'autre? Même si elle n'était pas très bien réalisée.

Il prit un peu de recul pour admirer le résultat final, et il fit avec des étoiles dans les yeux une remarque :

-Whoua, il ressemble à un soleil comme ça ! Maman va être contente, oui !

Enfin, il l'espérait. Est-ce que ça suffirait pour la refaire sourire, ne serait-ce qu'un peu ? Djedkara n'eut pas trop le temps d'y songer encore, car il restait le mur à faire.

La fresque. Là c'était plus délicat, il ne s'agissait pas d'un simple collier, et Djedkara avait toujours des appréhensions sur le fait d'y toucher lui-même. Mais la douceur de Kuzaidia sur chacun de ses gestes pour le guider lui fit évaporer son stress, petit à petit. Il fit finalement une belle trace de patte sur le mur, sans réaliser vraiment encore qu'il venait de laisser sa trace sur une fresque historique.

C'était un lionceau content. La timidité s'envolait dans son ton, elle avait réussi à le mettre à l'aise au fil du temps. Elle savait s'y prendre avec les enfants.

-C'était génial, Mme Kuzaidia ! Merci, merci, merci !

Le soleil commençait à descendre dans le ciel. Il était temps de partir, rejoindre sa mère en haut du rocher. Il avait tellement hâte de la rejoindre et de lui dire à quel point elle était gentille, Kuzaidia.

-Je vais allez lui donner, je vous dirais comment ça s'est passé ! Au revoir M'dame !

Il mit le collier autour du cou et sortit de l'endroit où il ne devait pas se trouver à la base. Dans son jovialité, il avait même oublié de nettoyer la peinture sèche sur ses pattes, elles étaient toutes jaunes. Il aurait une drôle d'allure devant sa mère.

Djed a écrit:

On peut donc boucler là, merci pour m'avoir permis de boucler ce rp ! Au plaisir de rejouer avec toi ! <3