Ce jour tant attendu par le couple de léopards, était enfin arrivé. Ce jour pendant lequel, Nakiya donnerai naissance à un fils ou une fille, assurant ainsi, la lignée d'une des branches de la famille royale de Nkoiland. Bien sûr, si l'on se replongeait dans le contexte de la terre des lions, l'appartenance à une telle famille, n'avait aucun sens particulier. Personne, ne pouvait comprendre et mesurer, la grandeur de cette famille, dont l'ancêtre était connu pour avoir libéré, toute une jungle de l'emprise de tyrans.

Depuis le jour où le félin aux yeux émeraudes, vit le ventre de sa compagne s'arrondir, le simple fait de tenir en place, était devenu quelque chose d'impossible. Ce dernier, était tellement préoccupé, que les divers déplacements de son jeune beau frère ne l'avait pas particulièrement dérangé. D'ailleurs, avec un peu de recul, c'était peut être une très bonne chose.

En partant à l'aventure de façon régulière, Moyindo avait la preuve que son protégé, commençait à prendre ses marques petit à petit sur ce vaste territoire, bien différent de celui de ses ancêtres.

Voyant sa compagne gémir au levé du jour, l'excitation du félin noir, se transforma en une montée de stress. Du stress, que le descendant du grand Tchaku n'avait jamais ressentit au cours de sa carrière d'espion. Tout portait à croire, que le simple fait d'être père, constituait un challenge plus dur à relever que celui d'être espion sur certains aspect.

Être compagnon et aussi, père de famille, revenait à accepter de donner sa vie pour sa partenaire et ses enfants. Moyindo, ne vivait plus pour lui-même mais plutôt, pour celle, qui avait acceptée de vivre à ses côtés, pour le meilleur et pour le pire.

À quelques distances de sa compagne, l'ancien espion tournait en rond, ne sachant pas quoi faire d'autres pour cette dernière. Le vieux mâle savait, qu'il devait garder ses distances, afin de laisser Nakiya respirer. Pourtant, le descendant du grand Tchaku, ne pouvait s'empêcher de penser, qu'il devait faire quelque chose de plus...Mais quoi ?

Question pour laquelle, le félin noir n'eut guère besoin de réfléchir très longtemps pour avoir sa réponse.

-Chéri...Yaka...C'est fini...Tala mwana na biso.

Soulagé, Moyindo inspira profondément, avant de réduire la distance qui le séparait de la reine de son cœur en l'espace de quelques secondes seulement.

Après avoir frotter sa tête contre celle de sa compagne, Moyindo posa son regard sur son enfant. Un petit mâle, pour lequel, la question du nom se posait encore.

-Tala...

-Azali kitoko ! Mais...Et Kwilu ? Azali wapi ?

-Nayebi te...

Voilà qui était problématique. Le fait que le jeune félin au regard pêche ne soit pas là le jour de la naissance de son neveu, était bien dommage. Il s'agissait quand même de l'oncle maternel soit, une figure familiale importante dans les traditions nkoilanders.

Finalement, le couple n'eut guère besoin d'attendre longtemps, avant de voir le jeune oncle arriver. Toute la famille, était au complet. Chacun, pouvait désormais profiter d'un court instant pendant lequel, le petit être que Nakiya venait de mettre au monde, était le centre d'attention. Indépendamment de cette question évidente de savoir, à qui l'enfant ressemblait, se posait toujours la question de savoir comment l'appeler.

Lentement, le vieux félin noir recula, afin de laisser l'opportunité à son jeune beau frère de s'approcher de celle qui, depuis quelques minutes à peine, était devenu mère. Souriant, le descendant du grand Tchaku leva les yeux au ciel, avant de corriger Kwilu sur ce qu'il avait dit, en disant simplement :

-"Il va bien" tu devrais dire plutôt ! C'est un petit mâle. Approche mon frère. Ce petit a de toute évidence, préféré prendre le côté maternel de sa famille. Regarde le !

Est-ce qu'il était déçu ? Non, au contraire. N'étant pas dans un contexte nkoilander, être détenteur du pouvoir de la panthère noire ou non, n'avait aucune importance. Cet enfant, restait un membre de la famille royale et par conséquent, comme tout bon noble tacheté qui se respectait, ce dernier suivrait un entraînement poussé, afin de devenir un guerrier redoutable.

-"Il va bien" tu devrais dire plutôt ! C'est un petit mâle. Approche mon frère. Ce petit a de toute évidence, préféré prendre le côté maternel de sa famille. Regarde le !

Alors que tu avais volontairement préféré laisser un minimum d'intimité au petit couple de parents, Moyindo t'invitait à prendre place. Tu déglutis, une tonne d'interrogation t'assaillant d'un coup. Apparemment, ce n'était pas un détenteur du pouvoir de la panthère noire comme Moyindo, mais cela n'en restait pas moins un léopard de sang royal. Même si, c'était également ton neveu.

Timide, tu t'approchas délicatement, observant le petit lové entre les pattes de sa mère. Elle était plus radieuse encore avec ce bébé léopard contre elle. Tu étais fier de ce qu'elle devenait, ta sœur de patrie.

— Il est très beau, nul doute qu'il héritera de votre intelligence et de vos talents de guerriers. Mes félicitations, ma sœur, et toi aussi, mon frère. Vous formez un beau couple.

Tu l'avais toujours pensé mais tu ne l'énonçais à voix haute que maintenant, maintenant que ce petit était totalement au centre de l'attention générale.

Sans grandes surprises, le jeune Kwilu félicita celui qui, par mariage, était officiellement devenu son grand frère. Ce dernier, fit de même pour Nakiya, avant de rappeler que les deux léopards, formaient un beau couple. Flatté, le félin noir ne pu s'empêcher de sourire. Pourtant, la venue de cet enfant, marquait le début d'une période plus difficile. Le début d'une épreuve que Nakiya et lui même, se devaient de surmonter.

Éduquer un enfant, n'était pas facile. Une telle chose, demandait de la sagesse mais aussi, de la patience. Néanmoins, le félin noir restait confiant. Bien qu'il soit encore inexpérimenté, ce dernier comptait sur l'aide de sa bien aimée et aussi, de son beau frère qui, en tant qu'oncle maternel de l'enfant, avait un rôle essentiel à jouer dans le développement de ce dernier.

-Matondi ndeko mobáli na ngai ! D'ailleurs, maintenant que j'y pense...Tu n'as pas connu grand chose de Nkoiland mais...J'imagine que nayebi bonkóko na biso. Ozali noko maternel !

L'air solennel, le descendant du grand Tchaku fixa son jeune frère, avant de poursuivre en disant :

-Tu sais que l'oncle maternel a, dans notre culture, un rôle important à jouer dans l'éducation de l'enfant !

Moyindo n'était plus tout jeune et par conséquent, ce dernier voyait en Kwilu, un modèle masculin plus jeune. L'espion nkoi, aurait beau dire des choses à son fils unique, ce dernier, ne pourrait jamais le prendre au sérieux sur certains aspects. C'était donc à Kwilu, que revenait la mission de montrer au petit, comment un jeune nkoilander exemplaire devait se comporter. Son manque de haine pour les lions, constituait un problème mineur pour lequel, le prince veillerait à l'évitement d'une quelconque forme d'influence.

-Je suis sûr que tu feras un très bon jeune modèle masculin !

Tout n'était qu'une simple question de logique. Au-de-là du bon comportement à adopter, Kwilu ferait toujours un meilleur professeur que lui pour la chasse et le combat. Malgré sa grande expérience, l'âge lui faisait comprendre que son endurance, devenait toujours moindre.

-Matondi ndeko mobáli na ngai ! D'ailleurs, maintenant que j'y pense...Tu n'as pas connu grand chose de Nkoiland mais...J'imagine que nayebi bonkóko na biso. Ozali noko maternel !

Cette question te fit profondément rire, tu aurais presque été vexé s'il n'avait pas s'agit de ton frère par alliance. Evidemment que tu connaissais la tradition de ton pays. Tu la connaissais sur le bout des pattes. Mais ton frère étant également ton prince, tu ne pris pas la peine de tiquer sur le fait qu'il prit le temps de t'expliquer les traditions de ta propre nation. En effet, en temps qu'oncle, tu avais un rôle presque capital sur l'éducation du petit léopard. Par chance, de par ton caractère, les enfants t'appréciaient naturellement... Dans tes lointains souvenirs en tout cas !

-Je suis sûr que tu feras un très bon jeune modèle masculin !

Ce compliment te fit accentuer le sourire qui s'était peint sur ta face. Tu faisais confiance à l'intuition du mâle et l'entendre le dire te rassurait un peu. Tu n'étais pas très doué pour refuser quoi que ce soit à un petit léopard. Et refuser quelque chose à l'enfant du prince n'allait pas être évident. Mais si ton frère te faisait confiance... Il n'y avait pas à s'inquiéter !

— Merci, mon frère, cela me va droit au cœur. Mais! Il reste un problème capital à régler...

Tu avais pris soudain une min beaucoup plus grave et sérieuse avant de reprendre d'un ton plus léger :

— Vous ne m'avez pas dit le nom de ce futur grand guerrier !

Heureux de pouvoir jouer un rôle dans l'éducation du petit être qui venait de voir le jour, Kwilu remercia le vieux prince, avant de prendre un air beaucoup plus sérieux, comme si...Nakiya et Moyindo, étaient tout deux sur le point d'oublier quelque chose d'essentiel. Inquiet dans un tout premier temps, le félin aux yeux émeraudes fixa son jeune frère, en espérant qu'il ne s'agissait pas d'une mauvaise nouvelle relative à la situation politique de Freeland. Après tout, même dans cette fameuse jungle des gorilles, le manque de civilité des grands lions à crinière, pouvait très bien porter préjudice à cette vie paisible menée par les nombreuses espèces résidentes.

Mais au final, lorsque Kwilu parla du nom du mignon petit tacheté, Moyindo laissa échapper un long soupir de soulagement. Décidément, tout portait à croire que le fait d'être devenu père de famille, l'avait rendu complètement parano...

-Une bonne question très cher ! Une question pour laquelle, je réfléchissais déjà depuis un petit moment. Je pense avoir une idée qui pourrait vous plaire !

Curieuse de connaître l'idée de son compagnon, Nakiya resta silencieuse. Elle était confiante. Après tout, elle voyait mal son époux, donner un nom ridicule à sa propre progéniture.

-Cet enfant, est le fils du quatrième enfant du défunt roi Tchuko. Par conséquent...Kombo na ye Iya !

-Iya ? Mais...Mais c'est...

-Oui. Une des nombreuses langues officielles de notre pays, dont je n'ai aucune maîtrise hélas...Mes connaissances ne se résumes qu'à quelques mots et petites phrases. Ce choix de nom est un moyen pour moi, de rendre hommage à mon père. Un grand roi, qui su faire ses discours annuels dans toutes les langues officielles reconnue par le peuple.

Moyindo, faisait partie de ceux qui étaient trilingues, soit, la grande majorité des nkoilanders. Certains souverains, comme Tchuko, parlaient les cinq langues sans difficultés particulières. C'était toujours un plus en terme de légitimité.

Le nom du fils de sang bleu fut finalement donné par le géniteur de ce dernier. Iya serait le nom de ton neveu. Ta sœur n’avait pas caché sa surprise mais également sa joie. Tout semblait aller pour le mieux pour l’instant, le petit couinait tout son sou mais tu savais qu’il irait bien. Après tout, c’était un fils de Nkoiland, il survivrait.

Mais une question se posait à ton esprit. Moyindo, en fier prince Nkoilander, continuerait d’instruire la haine du lion à Iya. Sur une terre… Régnée par des lions… C’était pour le moins ennuyeux et fâcheux. Pour autant, tu ne pouvais pas véritablement intervenir sur l’éducation du petit. Tu allais donc aller dans le sens du père, bien que cela t’en coûte.

— C’est un très beau nom, mon frère. Parvins-tu à dire malgré tout. Il serait un grand guerrier, j’y veillerai !

Puisque tu allais devoir laisser de côté l’éducation morale de l’enfant, autant lier l’utile à l’agréable en devenant un de ses tuteurs en terme de combat, quand il aurait l’âge de s’entraîner. Tu avais hâte !

— Ma sœur va sûrement avoir besoin de force, je vais vous laisser et partir à la chasse, je reviens ce soir avec le dîner !


Sans attendre de réponse de la part du couple, tu t’inclinas poliment et déguerpis hors du petit nid douillet, près à partir à la chasse. Haut les cœurs ! Demain était un autre jour et, avec cette naissance, l’avenir semblait plus radieux que jamais.

Hors rp:

Tout naturellement, le jeune Kwilu repris la parole dans un registre similaire à celui de sa grande sœur, en précisant qu'il était prêt à tout mettre en œuvre pour faire de son neveu, un grand guerrier. Satisfait, Moyindo laissa échapper un long soupire de soulagement, avant d'écouter le jeune tacheté poursuivre, en faisait part de son intention de partir en chasse, dans l'optique de revenir avec une bonne proie pour le dîner.

Rapide comme l'éclair, le félin tacheté pris congé du vieux couple avant même que Moyindo puisse avoir le temps de reprendre la parole. Même si par moment, Kwilu se montrait un peu "mou" dans son positionnement par rapport aux lions, le descendant du Tchaku, reconnaissait le zèle et la générosité dont ce dernier savait faire preuve. Un vrai gentleman !

Sans un mot, l'espion nkoi fixa la reine de son cœur pendant quelques instant, avant de la rejoindre pour s'allonger à ses côtés. Il était heureux, d'avoir eu la chance de faire sa vie avec Nakiya. Une femelle forte qui, malgré son âge avancé, avait mis au monde un mâle en bonne santé.

Maintenant, Moyindo éprouvait le besoin de profiter de tout ces moments au maximum. La vie d'un père de famille, n'avait rien de reposante. Surtout, lorsqu'il s'agissait d'un léopard, dont la famille se trouvaient en territoire hostile, encerclée par des brutes sans cervelles.

Hrp: