Inutile de se leurrer plus longtemps, les proies ne reviendraient pas. Cela faisait un petit moment déjà que les troupeaux se faisaient de plus en plus rare, de jours en jours, les équipes de chasse devait s'éloigner de plus en plus de leur terrain habituel... Et des fois, ce n'était même pas suffisant pour ramener de quoi nourrir le clan. Soucieux, Maficho avait tenté de prévenir ce problème, que ce soit en demandant aux Jumeaux du Nord de veiller sur les proies ou en allant chercher conseil au près de Nhormero. L'ancêtre lui avait dit de ne pas s'inquiéter et il avait eu tort... Enfin, il ne servait à rien de lui en vouloir. Dire que les élections des nouveaux Nokosis devaient avoir lieu mais maintenant... Au vue de la situation, était-ce le moment ? Ne restait du Conseil Blanc que lui et Akshaya. Bien réduit le conseil.

Le félin crème ne cessait de faire les cent pas, sa sœur à ses côtés et sa mère non loin. Son ventre se tordait autant de faim que d'inquiétude. Il c'était mis d'accord avec Akshaya pour rassembler les Nordiques et préparer... Préparer quoi ? Lui même n'était pas sur de le savoir. Mais il fallait agir, rester griffes rentrées ne serait que folie.

D'après ce que les jumeaux avaient rapporté à Maficho, les troupeaux se dirigeaient vers le pied de la montagne. Mais... Pourquoi ? Avaient-il senti un danger que eux, lions, ne pouvaient prévoir ? Une prochaine saison froide particulièrement rude ? Une catastrophe à venir ? Par tous les Esprits, qu'est-ce qui leur prenait ?! Bah. Ça n'avait pas d'importance au fond. Le pourquoi. Ce qui comptait à présent était le comment. Comment régler le soucis. Et à part partir, Maficho ne voyait guère d'autres solutions...

Wetiko était, comme à son habitude depuis qu'il avait rejoint le clan, avec les jumeaux. On leur avait demandé de fouiller le territoire à la recherche de proies, malgré le fait que c'était devenu tâche impossible. Il l'avait dit à plusieurs reprises à Akshaya, depuis quelques temps, aucunes traces sur leurs terres, rien ... Mais malgré cela, on continuait de les envoyer en reconnaissance. Au final, tout ce qu'ils parvenaient à attraper, c'était des lapins, quelques oiseaux ... beaucoup d'énergie dépensée pour ainsi dire rien.

Alors qu'ils marchaient pour rentrer, bredouilles de nouveau, un oiseau vint à leur rencontre. C'était l'amie de Akshaya, Bushra. Il avait déjà eut affaire à elle quelques mois plus tôt. Elle leur dit de rejoindre le clan, que tous se rassemblaient. Lorsqu'elle s'en allait, Wetiko regarda les jumeaux.

" Peut-être qu'ils ont enfin trouvé quelque chose ! "

Et il se mit à trottiner pour rejoindre plus rapidement le lieu de rassemblement. Il aurait couru si il n'avait pas si faim. Au final, c'était l'espoir de trouver de la nourriture qui lui redonnait le peu de force qui lui permettait d'aller plus vite.


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Une fois arrivé sur place, il constata à quel point le clan était mal. Beaucoup avaient faim, certains arrivaient même sur la fin et ça se sentait. Wetiko sentait que tous ici avaient l'espoir d'une bonne nouvelle. Akshaya semblait souriante, il se disait donc qu'ils allaient enfin savoir où chasser. Et il sentait la salive lui monté à la bouche en s'imaginant planter ses crocs dans le cuissot d'une élan ...

Elle entama son discourt mais elle marqua une pause, peut-être attendait-elle que Maficho prenne le relais. Mais en tout cas, le début lui semblait étrange. Le quotidien allait changer ? Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait que ce qui allait suivre n'allait vraiment pas lui plaire ...

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Ces mois d’enquête n’avaient rien donné, au point qu’il devenait toujours plus désespérant de se lever chaque matin. Tout ce temps, les jumeaux l’avaient passé à se tordre le ventre : sujets à la fringale comme ils l’étaient, la famine, la vraie, les assommait toujours plus. Adieu aux frères gros et gras, et bienvenue aux frères… un peu moins gros et un peu moins gras. Qu’ils étaient chanceux d’avoir des réserves sur lesquelles compter, finalement ! Les reflets avaient à ce titre un peu plus d’énergie que les autres Nordiques. Mais pour quelle utilité ? Ils étaient incapables d’amener de vrais repas aux leurs, même avec l’aide incroyable de leur ami Wetiko, pourtant un as de la traque et de la chasse. Ils pensaient souvent à leur mère, veuve, durant leurs tentatives. Cette dernière était bien mal en point, et attaquerait bientôt ses dernières ressources. Pas mieux concernant leur sœur qui avait aussi bien maigri.

Lorsqu’une messagère des cieux leur annonça le rappel du clan, l’ermite les regarda avec un œil d’espoir. Réunir les Nordiques devait nécessiter une solide raison, c’était vrai. Ils ne répondirent pas, et grimacèrent en voyant leur comparse trottiner.


Akshaya, la Nokosis, prit la parole face aux mines interrogatoires autour d’elle, avec un sourire rassurant. Ce qui ne le fut pas, c’étaient ses paroles. Changer le quotidien des Nordiques ? Avait-elle miraculeusement trouvé une source abondant de nourriture, suffisante pour eux tous ? C’était trop beau pour être vrai aux yeux des jumeaux, dont le mal de ventre avait disparu à la vue de la misère des leurs. Depuis tout petits, ils voulaient assurer la sécurité et préserver la blancheur des Montagnes et des Nordiques comme l’avaient fait leur père. Cette mission semblait bien inutile aujourd’hui…

Leurs regards firent des aller-retour entre Maficho et Akshaya. Leurs queues battaient nerveusement contre le sol.

Les lions s'étaient peu à peu rassemblé et Ashkara avait prit la parole. Pendant un instant, Maficho avait espéré qu'elle leur annoncerai la nouvelle dans la foulée mais ce ne fut pas le cas. Le lion crème ravala sa salive. Dans ce cas... Dans ce cas, ce serait à lui de le faire, n'est-ce pas ? Un silence pesant planait sur l'assemblée et le membre du Conseil déglutit. Après quelques secondes, il prit la parole :

- Mes amis, je ne perdrais pas de temps en discours assommants. Tous ici avaient conscience de la gravité de la situation.

Il suffisait d'ouvrir les yeux. Nombre de félins avaient les côtes et les joues creusées. La faim se faisait sentir et marquait les corps.

- Les troupeaux ont déserté et si nous voulons survivre, nous devrons les suivre. Voilà pourquoi nous avons pris la décision de migrer au pied des montagnes, là où se trouvent à présent les herbivores.

La queue de Maficho se mit à battre nerveusement et ses oreilles s'agitaient, soucieuse de percevoir la moindre réaction de la foule. Les Nordiques avaient toujours vécu isolé, trônant sur leurs montagnes comme un aigle sur un pic, et là, ils allaient devoir les quitter. Nul doute que tous n'en serait pas ravis. Maficho craignait particulièrement la réaction des plus anciens, des habitudes vieilles de plusieurs siècles n'allaient pas s'estomper d'un coup quand bien même il ne s'agissait que de bon sens. Un souffle léger siffla entre ses lèvres. Si débat il devait y avoir, il espérait simplement qu'il ne serait pas trop long et qu'il parviendraient à convaincre le clan du Nord.

Les Nordiques étaient tous là et Wetiko se sentait un peu étouffé parmi cette foule blanche. Heureusement, ses deux amis à ses cotés lui offraient une bouffée d'oxygène plutôt bienvenue. Le mâle fixait les Nokosis, attendant que ceux-ci continue leur annonce, maintenant que tout le monde était là et surtout attentifs. Mais il ne s'attendait pas à ce qu'il allait entendre. Les proies avaient désertés, ça il était bien placé pour le savoir. Pour le salut du clan, la seule solution était d'aller là où il y avait des troupeaux. C'est à dire, au pied de la montagne. Le sang du géant blanc se glaça et pendant un instant, tout ce qu'il entendit, c'était un bourdonnement. Sa vision se troublait légèrement alors qu'il voyait le clan s'esclaffer, discuter entre eux dans un brouhaha pas possible.

Il secoua la tête en reprenant ses esprits. Jamais il n'était descendu de la montagne et on lui avait toujours dit que ces pics étaient une protection pour eux. Autant du monde extérieur que de la chaleur qui pourrait les tuer. La saison sèche semblait déjà être chaude pour eux, alors qu'en serait-il une fois en bas ? Heureusement que l'heure était au temps froid ... Mais Wetiko avait peur, il était terrorisé et sa respiration s'accélérait.

" On ... On va quand même pas descendre ?! "

Lança-t-il aux jumeaux, espérant que ceux-ci allaient prendre la parole pour changer les choses, trouver une solution miracle qui allait faire que tout allait changer. Mais au fond de lui, l'ancien ermite savait que c'était la seule solution ... Celle qui permettrait surement au clan de rester en vie, pour le moment. Sans cette descente de la montagne, il était évident que beaucoup mouraient de faim.

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Les deux derniers Nokosis laissaient flotter un suspens insoutenable pour les jumeaux qui se mordaient les lèvres d’impatience. Au moment où ces derniers allaient demander d’écourter l’attente, Maficho pris enfin la parole. L’annonce eut sur l’assistance un effet de massue, et un brouhaha commença à s’élever parmi les Nordiques. A coté d’eux, Ysafi et Makoa sentirent leurs proches flancher. Leur mère tituba même. Wetiko leur glissa également une supplique paniquée. S’ils s’y attendaient, compte tenu de la famine qui menaçait le clan, la nouvelle était difficile à ingérer. La mine sombre, les jumeaux répondirent à l’ermite comme ils le purent.

« On a passé ces derniers mois à enquêter, Wetiko. Si on ne descend pas, nous mourrons tous de faim. Nous n’avons plus le choix, malheureusement… »

Ses mots étaient courts, mais tranchants : le choix n’était pas permis, à moins de vouloir sa propre extinction. Il suffisait de voir l’état critique de leur mère pour s’en rendre compte, ou de jeter un œil à l’ensemble des Nordiques pour en être saisi immédiatement.

« On vous protègera tous, en bas, annonça Makoa à sa famille -Wetiko inclus. Ne vous inquiétez pas. »

Ysafi acquiesça. S’ils n’avaient plus de montagnes à protéger des intrusions étrangères, il leur restait leurs proches, et leur clan. Ce ne serait pas une mince affaire, mais c’était là leur raison de vivre, et l’œuvre de feu leur père également.

Il y eut des murmures, une rumeur qui parcouru l'assemblée mais personne n'éleva la voix. Maficho renifla. Ce n'était pas forcement pour le rassurer... Ces dernières années, les Nordiques avaient sus se montrer particulièrement lâche, n'osant parler que s'ils savaient qu'ils auraient un bouc émissaire derrière qui se cacher comme des pleutres. S'ils ne râlaient pas maintenant, ils le feraient sans doute plus tard. Ce n'était que partie remise. Enfin, cela ne servait à rien de faire des plans sur la comètes. Le lion crème repris la parole.

- Nous ne prenons cette décision ni à la légère, ni de gaieté de cœur, soyez-en certain. Néanmoins, notre priorité est de sauvé notre clan. Nous reviendrons ici avec les troupeau.

Pour peu qu'ils reviennent. Il fit une courte pause, soupirant.

- Les Nordique seront toujours les Nordiques. Avec ou sans montagnes.

Ce n'était c'étaient les lions qui faisaient le peuple, pas le lieu où il vivait. Le mâle jeta un coup d’œil au ciel avant de rediriger son regard vers l'assemblée.

- Si personne n'a quoi que ce soit à ajouter, que chacun se prépare et rassemble les siens. Nous partons dans une heure.

D'aucun aurait pu trouver ce départ précipité. Pas Maficho, il le trouvait même trop repoussé. S'il n'en avait tenu qu'à lui, les Nordiques seraient parti à l'instant. Il n'y avait aucun intérêt à retarder l'inévitable... Mais bon. Certains souhaiteraient sans doute prendre le temps de dire au revoir à leurs très chères montagnes.

Les paroles des frères furent douloureuses pour Wetiko qui ne pu s'empêcher de baisser les oreilles et la tête. Ils avaient raison ... Si les nordiques restaient ici, ils finiraient par se dévorer les uns les autres, aveuglés par la faim. Il en frissonna d'horreur. Toutes ces histoires au sujet des lions qui en mangent d'autres, le sang de sien qui maudirait son âme. Il en tremblait presque de frayeur. Ca lui faisait encore plus peur que de quitter la montagne. Car, même si en bas il y avait un risque de devoir se battre contre des semblables, il pourrait toujours se cacher. Ce qui n'était pas le cas ici.

Maficho répondit à la panique général en se voulant rassurant. Un nordique serait toujours un nordique qu'importe l'endroit où il se trouvait. Et cette situation serait surement temporaire. L'ancien ermite redressa la tête pour le regarder, lui et Akshaya qui semblait un peu réservée pour l'instant. Surement était-il difficile pour elle d'accuser le coup. Quoi qu'il en soit, le dernier Nokosis mâle invita son clan à se préparer, ils partiraient d'ici une heure.

Wetiko regarda ses amis et réfléchit rapidement à ce qu'il voulait faire de cette dernière heure. Ce n'était pas comme si il avait des affaires à transporter ...

" Je ... vais m'isoler un peu ... "

Dit-il en regardant la montagne. Il avait besoin de marcher une dernière fois dans ce territoire qui bientôt ne serait plus vraiment le sien. N'attendant pas la réponse des jumeaux, il traversa la foule qui se dissipait doucement. C'était étrange comme sensation. Il avait foulé la neige encore et encore sans jamais se dire qu'un jour, il pourrait ne plus la sentir sous ses pattes. Il commençait à se poser des questions alors qu'il marchait. Son pelage de saison froide était là, n'aurait-il pas trop chaud en bas ? Allait-il tomber naturellement comme il le faisait en saison chaude ? Est-ce que des animaux encore présent dans le Nord allaient les suivre ?

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Une heure pouvait sembler une éternité parfois, mais pour Wetiko, ça n'avait réellement duré que quelques instants. Tête basse, il avançait le plus lentement possible vers le point de rendez-vous où des lions arrivaient eux aussi pour ne pas rater le départ. L'ancien ermite voyait de tout parmi les visages. De la peur, de l'excitation, de l'impatience ... Surement que beaucoup d'entre eux avaient tellement faim qu'ils n'avaient qu'une envie, c'était de dévaler la montagne. Lui même sentait son ventre tirer. Pourtant, il avait réussi à débusquer un petit lapin ... Mais c'était un bien maigre repas pour un lion de cette taille ! Il en aurait fallut 50 des comme lui pour le calmer ... D'autant plus que cela faisait un moment qu'il avait faim. Il avait d'ailleurs perdu du poids, comme tous les nordiques, en somme. Certains avaient cependant plus perdu que d'autres. Ou du moins, cela se ressentait moins.

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L’affaire avait vite été pliée, la majeure partie du clan se préparait déjà à l’épreuve qui les attendraient tous. Seules quelques très rares et vieilles voix royalistes protestaient, invoquant la honte sur les Nokosis, voyant en cette famine une vengeance des esprits des rois. Elles étaient copieusement ignorées : même les plus sanguins des Nordiques ne prenaient pas la peine de leur rabattre le caquet.

Il ne fut pas une surprise pour les Jumeaux que Wetiko leur annonçât vouloir s’isoler. D’un regard, ils se mirent d’accord pour ne pas chercher à le suivre. Ils avaient assez confiance en lui pour déjà l’imaginer revenir une fois l’heure du départ venue. Eux-mêmes rallièrent, en famille, la petite grotte qu’ils n’occupaient qu’à quatre depuis la disparition de leur père. Les gorges étaient nouées tant les souvenirs étaient forts. Lorsque l’un d’entre eux daigna prononcer quelques mots, ce ne fut que pour porter une nouvelle avalanche sur les morals.

« Les enfants. Vous partirez sans moi »

Trois paires d’yeux fixèrent instantanément la vieille lionne. Dans leur poitrail à chacun, le cœur s’accéléra brusquement, tant qu’ils en eurent le souffle coupé. Rétorquer fut impossible avant que leur mère ne reprenne la parole.

« Regardez-moi attentivement, mes trésors. »

La fratrie s’exécuta. Leur génitrice était dans un état inquiétant. Malgré la fourrure épaisse, on pouvait deviner les formes de ses cotes. Sa mâchoire était devenue abrupte, les pommettes saillantes. Ses yeux d’or, qu’elle avait transmis à ses enfants, avaient beaucoup perdu de leur éclat. Depuis le début de la disette, la femelle avait remarqué que ses enfants détournaient les yeux d’elle. Un signe qu’eux aussi pressentaient sa fin, sans oser y faire face.

« Il sera bientôt temps pour moi de rejoindre votre père. Si ce n’est pas la famine qui aura raison de moi, ce sera notre exode. Je ne sens même plus la force en moi pour entreprendre la marche. Vous êtes mes biens les plus précieux au monde, j’aurai souhaité de jamais avoir à vous quitter, me blottir entre mes magnifiques enfants chaque nuit jusqu’à la fin du monde… Mais je sens en moi que ce n’est plus possible. Je préfère pouvoir choisir où finir mes jours. »

Personne ne savait quoi répondre à tout ça, et si l’un des jeunes adultes tentait de prononcer le moindre mots, il n’y aurait que des sanglots qui exploseraient.

« Vous comprenez, mes enfants ? »

***

L'heure était vite passée, Maficho était resté en compagnie de sa sœur et de sa mère. Il s'inquiétait d'ailleurs pour cette dernière : entre son âge et ses problèmes de vue, arriverait-elle à faire ce voyage ? Si elle avait des doutes à ce sujet, elle ne le montrait pas, baignant dans un optimisme presque irritant. Sans doute espérait-elle ainsi apaisé ses enfants, les rassurer. En gardant le sourire, elle leur donnait au moins l'illusion que les choses s'arrangeraient, elle maintenait allumé la petit flamme d'espoir vacillante dans les yeux du Nokosis, de ça, il ne pouvait que lui en être reconnaissant. Tamaa quant à elle, se montrait plus terre à terre mais pas moins optimiste. Maficho se trouvait chanceux de les avoir toutes les deux à ses côté en de pareils instants.

L'heure écoulée, Maficho observa la foule... Elle lui semblait moins nombreuse. Certains ne semblaient pas vouloir quitter les montagnes, que ce soit par bêtise ou par incapacité. Il soupira. C'était un voyage que tous ne pouvaient pas entreprendre, malheureusement. Mais pas le temps de s'attarder. Ceux qui restaient étaient condamnés, il le savait, et les morts n'ont pas besoin de compassion ou d'aide, contrairement aux vivants.

- Je te confie Maman, Tamaa.

Sa sœur hocha la tête et lui se dirigea vers le groupe de lion.

- Le moment est venu. Nous ignorons encore à quel point ce voyage sera dangereux, restez groupés et trouvez vous un partenaire que vous ne le lâcherai pas d'une griffe.

Au moins, si un membre du duo était en danger, l'autre pourrait l'aider immédiatement, le temps que le reste du groupe intervienne. Maficho se tourna vers sa camarade Nokosis.

- Je te laisse passer devant Akshaya. Je vais rester en arrière pour vérifier que tout le monde arrive à suivre.

Et sur ses mots, il s'éloigna, se dirigeant vers la queue de la file.

Tsuki et sa famille avaient eu vent du rassemblement organisé par le Conseil Blanc, dont les rangs étaient aussi maigres que plusieurs membres du clan. Elle avait remarqué les côtes qui étaient de plus en plus visibles à travers les fourrures au fur et à mesure que la saison se poursuivait. Les prises étaient minimes et les bouches trop nombreuses pour être rassasiées. Tsuki était plutôt optimiste au contraire de ses parents, elle croyait que les proies allaient revenir et que ce n'était qu'une question de temps, tout allait bien finir. Lorsqu'ils eurent rejoint le lieu du rassemblement, elle observait les deux individus avec des yeux écarquillés, elle leur portait une certaine admiration. Les murmures s'élevaient avant que Akshaya ne prenne la parole. Un changement de quotidien ? Hein ? Les murmures reprirent de plus belle, on se questionnait sur les idées qu'ils avaient derrière la tête, tous les deux.

C'est là que le choc survint. On allait devoir descendre des montagnes, sinon plusieurs y passeraient, c'était cela ou bien mourir de faim, ce qui ne semblait pas vraiment raisonnable. Évidemment, certaines voix s'élevèrent dans l'assemblée, réclamant une explication plus détaillée, ils espéraient pouvoir rester au sommet, ils s'y sentaient en sécurité, tout était si paisible là-haut. Tsuki, quant à elle, n'était pas contre l'idée de descendre. Ce serait une nouvelle aventure après tout, elle n'avait jamais voyagé aussi loin ! La première question qui vint à sa tête était si la neige tombait aussi au pied de la montagne. Elle demanda à ses parents qui tentèrent de lui expliquer pour la rassurer, ce qui eut plus ou moins de succès. Elle désirait le voir de ses propres yeux pour en être sûre. Trop tard pour argumenter, il fallait aller récupérer leurs biens pour se préparer au voyage éventuel.

▾▾▾

Après avoir tout récupéré avec ses parents, il était temps de se mettre en route vers le pied de la montagne. Tsuki était plutôt fébrile et bondissait dans tous les sens en demandant quand ils allaient bien partir, impatiente. Elle remarqua que certains firent le choix de rester au sommet, elle jugea à leur apparence qu'ils n'avaient peut-être pas les forces nécessaires pour effectuer le voyage. Ce pourrait être dangereux que Maficho avait dit. Dangereux ? Elle se demandait bien ce qu'il pouvait y avoir de dangereux, elle décida de laisser ses parents prendre de l'avance pour rejoindre le grand mâle qui était à la fin de la file. Elle allait lui faire subir un de ses fameux interrogatoires, ce ne serait peut-être pas la meilleure première conversation qu'ils allaient pouvoir avoir mais elle s'en fichait.

- Hé, toi, le gros matou ! Elle trotta jusqu'à lui en l'interpellant. Qu'est-ce qu'il y a de dangereux ? Parce que si c'est trop dangereux moi je veux pas y aller. Elle fit la moue pour cacher sa peur, elle ne voulait pas qu'il leur arrive quoi que ce soit. Elle avait une peur étrange de l'inconnu.

Elle eut soudain un éclair de génie.

- Dis, tu veux bien être mon partenaire pour le voyage ? Elle lui fit un sourire timide, espérant qu'il accepterait son offre.

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Wetiko chercha très longuement les jumeaux des yeux. Et lorsqu'ils arrivèrent enfin dans son champs de vision, l'ancien ermite se dirigea à la hâte vers eux. Il avait eut peur que le convois ne démarre sans eux ... Mais rassuré, il se faufila entre la foule pour venir les rejoindre. Il se sentait un peu rassuré de savoir qu'ils allaient voyager ensembles et que au moins, il aurait un point de repère une fois loin de la maison. Mais en arrivant près d'eux, wetiko remarqua qu'ils étaient accompagnés de leur soeur, pas de leur mère.

" Où est votre mère ? "

Demanda-t-il alors qu'il regardait finalement leurs visages. Ils en disaient très long sur la tristesse qu'ils éprouvaient et il ne pu s'empêcher de remarquer que Zylo était beaucoup plus expressive que ce frères. Ses oreilles tombèrent alors qu'il se rendait compte de ce qui était entrain de se passer. Comme d'autres nordiques, ils allaient vivre l'épreuve difficile de devoir laisser certains des leurs ici car ils ne voulaient pas ou ne n'étaient pas capable d'entamer ce voyage. Il sentit un gros pincement dans son coeur. Ne sachant que dire, il se contenta de regarder ses amis dans les yeux, offrant pour la première fois à la femelle l'occasion de croiser son regard pendant plus que quelques secondes.

Maficho prit ensuite la parole, prévenant les Nordiques de la dangerosité du trajet. Wetiko ne connaissait que trop bien les danger liés à une migration. Il frissonna en y repensant. Puis le dernier Nokosis mâle demanda au clan de se mettre par deux. Ses yeux se posèrent à nouveau vers ses amis. Ils étaient quatre.

" Tu préfère aller avec un de tes frères ou avec moi ? "

Demanda-t-il à Zylo, espérant ne pas sembler trop abrupte. Mais déjà le cortège se mettait en route et il ne fallait pas se trouver après Maficho qui allait fermer la marche.

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Ils comprenaient, mais n’en étaient pas moins déchirés. Les adieux furent d’une tristesse sans nom, et les yeux en étaient ressortis rougis par les larmes. Seule, la mère des Jumeaux et de Zylo entama son propre et dernier périple, jusque là où les avait quittés son compagnon. Aucun des trois enfants n’osa plus parler après cet évènement. Si le voyage et le futur leur avait à priori semblé difficile, c’était à présent bien pire, livrés à eux-mêmes. Ils n’en voulaient pas à leur mère, et comprenaient.

L’heure du départ arrivée, la fratrie rejoignit Wetiko, qui ne manqua pas de noter l’absence de leur mère. Aucun doute ne put être permis sur les raisons, celles-ci étant gravées sur les visages des bientôt orphelins. Aucun ne sut soutenir le contact visuel que cherchait leur ami avec eux, hormis la plus jeune, qui eut moins de mal à assumer sa tristesse, coincée entre ses deux mastodontes de frères

Maficho prononça les derniers mots avant que ne débute l’exode, laissa à sa collègue l’ouverture de la marche du clan, prenant place lui-même au dernier rang, annonçant au passage un système de binômes le temps du voyage. C’était là une mesure que les Jumeaux jugèrent inutile, puisque les Nordiques n’allaient pas marcher en laissant cinq cents mètres entre chaque lion, mais groupés et plus ou moins en file. La proposition de Wetiko les sonna plus que l’absurdité qu’ils décelaient dans cette idée. Était-il en train de dragouiller leur jeune sœur, ou se faisaient-ils des idées ? C’était tout aussi absurde, l’ermite était bien trop timide pour avoir -ou plutôt oser- de telles approches. S’il était l’ami de Ysafi et son frère, ceux-ci hésitèrent à laisser leur princesse entre d’autres griffes que les leurs, d’autant à un tel instant dans la vie de leur famille. Puis ils relativisèrent : ils seraient juste derrière eux.

« Nous serons à deux mètres de vous, tu peux l’accompagner, Zylo. Ces binômes ne sont pas bien utiles. »

Et encore, Makoa avait pensé ‘deux centimètres et attachés à vous’, mais n’avait pas été d’humeur à pousser la plaisanterie. Cependant, des mises en gardes furent de vigueur avant de prendre la route.

« Gare où tu poses les yeux… »

« …et les pattes… »

« …et tout le reste. »

La confiance en Wetiko, ils l’avaient, mais Zylo restait leur petite précieuse à eux.

Maficho avait presque rejoint la fin de la file qu'une petite voix l'intercepta. Il stoppa net. "Gros matou" ? Qu'est-ce que c'était encore que cette manière de l'appeler ? Qui alpaguait ainsi un membre du Conseil Blanc ? En soit, ça ne le dérangeait pas tant que ça mais il devait bien admettre être surpris. En se retournant, il vit une petite boule de poils foncer vers lui. Un sourire doux apparut sur son visage. Une enfant, il aurait dû s'en douter. Mais ses remarques le surprirent. Faire la route avec lui ? Ne serait-il pas mieux pour tout le monde qu'elle reste avec ses parents ?

- Oh... Heu... Et bien, je n'y vois pas d'inconvénient...

Fit-il avec un raclement de gorge avant de chercher du regard les parents du lionceaux. ... Il revint rapidement sur elle. Était-ce bien prudent ? Lui même était censé surveiller que personne ne soit à la traine... Alors gérer une enfant en plus ? ... Un instant, le lion crème resta pensif un instant avant de demander :

- Mais tu ne préfères pas voyager avec tes parents ?

Enfin, l'heure n'était plus au débat, le clan devait se mettre en route et même s'il restait en arrière, il ne pouvait se permettre de prendre trop de retard.

- Bon, je dois veiller à ce que personne ne traine alors tâche de rester dans mon champ de vision jeune fille. Passe devant.

Volontairement, il ignora sa question sur les danger du périple et l'encouragea à avancer d'un signe de patte. En toute honnêteté, lui même ne savait à quoi s'attendre...

Tsuki voyait dans les yeux du gros matou qu'il hésitait à faire la route avec elle. Oui, il était vrai qu'elle avait la mauvaise réputation de courir dans tous les sens et d'être difficile à gérée mais elle pouvait se contrôler quand elle le voulait. Enfin, c'est ce qu'elle croyait bien. Au moment où il lui proposa de faire le voyage avec ses parents, la petite fit une grimace. Faire le voyage avec mes parents, mais quelle idée ! Elle savait hors de tous doutes que ses parents ne la laisserait pas s'éloigner d'un poil d'eux, elle se sentirait coincée, quel était le plaisir là-dedans ? Enfin, le grand lion abdiqua et accepta de faire la route avec elle sous une condition : elle ne devait pas quitter son champ de vision ou bien elle aurait de gros ennuis.

- Oh, ça devrait pas être un problème le matou. Elle dévoila un sourire d'ange de toutes ses dents.

Elle remarqua alors que la file commençait désormais à avancer. C'était décidé pour de bon, ils quittaient le sommet de la montagne, ils s'en allaient vers le pied de la montagne. Elle était à la fois excitée et effrayée. C'était comme si elle n'avait pas voulu croire qu'ils partaient vraiment jusqu'à ce qu'ils commencent à avancer. Elle jeta un regard en biais à son camarade de voyage, elle se retenait de ne pas le déranger dans son travail qui était de s'assurer que personne ne soit à la traîne. Tsuki se doutait bien que le voyage allait être long et dur mais la question qu'elle se posait par-dessus était s'ils allaient revenir dans ce petit paradis. Son ventre se tournait dans tous les sens, elle se rappelait les nombreux souvenirs qu'elle avait déjà acquis depuis qu'elle était venue au monde. Les batailles dans la neige avec les autres lionceaux, les éclats de rires dans la grotte, les merveilleuses histoires de ses aînés.

Le trajet venait à peine de commencer qu'elle traînait déjà ses pattes dans la neige, elle avait le cœur lourd. Soudainement, son envie d'aventure s'était évanouie, elle ne voulait pas partir de son petit paradis mais elle se doutait bien qu'elle n'avait pas vraiment le choix. C'était crever de faim ou bien descendre de la montagne comme ses parents lui avaient dit.

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Les jumeaux répondirent pour leur soeur, jugeant que cette mesure n'était au final pas très utile. Mais Wetiko, lui, pensait le contraire. Pour avoir vécu une migration qui s'était mal passé, il pensait qu'avoir un partenaire en cas de pépin était une bonne idée. Mais il fut tout de même blessé du peu d'estime que les deux grosses peluches avaient pour leur ami. Il aurait été très capable de venir en aide à leur soeur ! Peut-être même mieux qu'eux. Mais il ne releva pas et commença à avancer avec la femelle qui restait muette, surement encore choquée par l'absence de leur mère.

Si Wetiko ne comptait pas parlé, il entendit les jumeaux derrière lui le mettre en garde. Il devait garder ses yeux, ses pattes et tout le reste loin de leur soeur. Si cela avait été possible, il aurait eut de la fumée qui lui serait sortit du visage tellement il sentait qu'il avait chaud aux joues. Le simple fait que ses amis pensent ça lui semblait extrêmement gênant ... Pourtant, l'ancien ermite n'avait aucune mauvaise idée derrière la tête ! Très loin de là. D'ailleurs, il n'arrivait toujours pas à avoir une conversation normale avec la lionne et ne l'avait jamais regardé dans les yeux avant aujourd'hui, comment voulaient-ils qu'il fasse quoi que ce soit ...

Il donna un petit coup de queue dans les pattes de ses amis pour les enquiquiner un peu. Si il n'avait pas été aussi timide, il aurait surement fait l'inverse de ce qu'ils avaient dit, mais au lieux de cela, il s'éloigna d'un pas de Zylo et avança en silence, regardant ses pattes et devant lui sans oser ne serait-ce que tourner la tête de plus de quelques degrés. Yasafi et Makoa étaient très protecteurs envers leur soeur, Wetiko ne le savait que trop bien. Et c'est sur cette lancé plutôt froide que commença l'exode des Nordiques. Le début d'une très longue marche qui durerait plusieurs jours.

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Les premières heures, les premiers jours, Maficho ne remarqua rien de particulier. Le voyage semblait se dérouler aussi bien qu'il le pouvait, il n'était pas joyeux, cela va sans dire, mais personne ne trainait la patte. Du moins, pas volontairement. La faim en ralentissait certains, tout comme l'âge ou d'autres problèmes de santé. Plusieurs fois, le clan avait fait une halte pour se reposer. Ceux qui se sentaient le plus en forme, étaient libre de partir chasser pour permettre au plus faibles de continuer la marche. Maficho était de ceux là. La faim lui tiraillait le ventre mais il doutait d'être le plus à plaindre. Néanmoins... il aurait peut être mieux valut pour lui qu'il ne se porte pas volontaire.

Cela faisait plusieurs jours que la marche harassante des Nordique continuait. Il y eut un arrêt et Maficho demanda à son jeune "binôme" d'en profiter pour retourner auprès de ses parents. Qu'elle l'ai écouté ou non, le Nokosis s’éloigna du groupe, non sans saluer sa mère et sa sœur au passage.

En s'éloignant, il lui sembla repérer la trace d'un petit animal. A l'odeur, il devait s'agir d'un lapin. Le lion crème soupira. Avec un peu de chance, il reviendrait avec quelque chose... Même si ça ne nourrirai pas grand monde. Suivant la piste, il ne trouva rien malheureusement. A vrai dire, les traces le menèrent simplement au bord d'un précipice. Oh, pas très haut, un ou deux mètre tout au plus. Mais en cas de chute, il n'y avait pas de neige pour amortir la chute. Juste des pierres. D'ailleurs... même sous ses pattes, il n'y avait plus tant de neige que ça. ... Cela lui manquait.

Maficho s’apprêtait à faire demi-tour, lorsqu'un mouvement attira son attention. Le lapin peut être ? En se retournant vivement, une de ses pattes postérieur se retrouva dans le vide et il perdit l'équilibre.

- Nom de ... !

Le félin ne tomba pas et repris bien vite le contrôle de la situation en rééquilibrant son poids sur ses pattes antérieurs. Ceci dit, dans son faux faux mouvement, il ne manqua pas d’érafler sa patte traitresse contre la roche. Rapidement, il s'éloigna du bord du précipice et jeta un coup d'oeil à sa "blessure", ce n'était pas grand chose. Rien dont un lion en bonne santé ne pourrait se remettre. Et il était en bonne santé, pas vrai ? Alors il s'en remettrait. Et puis il avait suffisamment perdu de temps comme ça. Aussi, une fois qu'il eut constaté le poil un peu arraché et quelque gouttes de sang, il ne s'y attarda pas plus. Il lui restait peu de temps pour trouver de quoi manger... Il reprit sa route.

Cette sortie fut, au final, un total échec. Maficho, revint bredouille, un peu penaud. Quant à sa blessure, il l'avait déjà oublié, à vrai dire, elle ne lui revint en tête que quelques jours plus tard, lorsqu'une douleur lancinante le prit à la jambe et qu'il se mit tour à tour à boiter et puis devenir fiévreux. Au final, peut être qu'il aurait dû s'attarder sur cette blessure, peut être alors se serait-il aperçu des sédiments qui s'étaient logés sous sa peau lors de l’éraflure.

La marche était beaucoup plus longue que ce que Wetiko avait pensé en partant. Le territoire était vaste, ça il le savait, mais il n'avait jamais imaginer qu'une harde de lions aussi grande pourrait rallonger le voyage à ce point. Et puis la faim ... Même si ils s'étaient éloignés de leur territoire de chasse, la quantité et la taille des proies qu'ils trouvaient n'étaient vraiment pas satisfaisante. Le lion blanc avait faim et ses compagnons de route aussi. Et ils se fatiguaient à chasser de petits animaux qui n'étaient guère suffisant pour les rassasier ou leur permettre de se sentir mieux.

Alors qu'ils faisaient une pause, l'ancien ermite était partit chasser pour revenir avec un gros oiseau dans la gueule. Un vautour polaire qui avait été bien trop occupé à picoré une vieille carcasse qu'à se protéger lui même. Un repas qui aurait pu lui convenir à lui tout seul, mais il ne pouvait ignorer ses amis qui eux aussi étaient mort de faim. Alors il revint dans le groupe, posant sa proie au sol. Les jumeaux et Zylo n'étaient pas là ... Peut-être eux aussi avaient tenté leur chance ?

Il regarda autour de lui pour constater que les nordiques réagissaient exactement comme lui. Ils chassaient pour nourrir leur famille et partageaient, pour la plupart. Au moins, la faim ne les transformaient pas en monstre ... C'était encourageant. Mais son regard se posa Maficho. Ce n'était pas passé inaperçu qu'il boitait. Son état semblait cependant empirer ... Wetiko prit sa proie avec lui et s'approcha du Nokosis avec qui il avait déjà parlé il y a longtemps.

" Monsieur Maficho ... Vous allez bien ? "

Demanda-t-il après avoir posé sa proie au sol, proposant ainsi au mâle de manger avec lui. Les jumeaux et Zylo auraient surement su attraper quelque chose alors que lui semblait inapte à chasser.

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Cela faisait déjà un bon moment qu’ils marchaient. Tsuki n’avait pas compté les jours, quoiqu’elle aurait peut-être dû pour passer le temps un peu – compter les jours lui aurait changé les idées de ses pattes endolories par la marche incessante -. Ce ne fut pas bien long qu’on put l’entendre se plaindre de la douleur et de la fatigue, tout ce qui pouvait rendre un enfant insupportable. Peut-être à cause de ses plaintes persistantes, mais elle fut priée par son partenaire de marche de retourner auprès de ses parents.

Le grand lion ne lui avait pas adressé la parole maintes fois depuis leur départ, si ce n’était que pour s’assurer qu’elle suivait bien le rythme et ne s’éloignait pas de son champ de vision, comme elle avait d’ailleurs accepté comme condition pour être partenaire de marche avec son aîné. Quoiqu’elle regretta un peu son choix une fois que le première jour fut passé, le divertissement n’étant pas au rendez-vous, entre les discussions sérieuses avec ses autres congénères et les affaires familiales, la petite Tsuki ne trouvait rien à se mettre sous la dent.

Alors que son aîné s’éloignait peu à peu de la file de nordiques marchant, elle vit une opportunité se présenter sous ses yeux. Et si elle le suivait ? Elle pourrait alors vivre une petite aventure, avec l’adrénaline de ne pas se faire prendre. À peine l’idée ayant traversé sa pensée, elle emboîta le pas de son supérieur discrètement, dans l’espoir d’y trouver un peu distraction. L’observer chasser peut-être ? Arf, rendue au niveau d’ennui qu’elle avait atteint, simplement voir un oiseau parcourir le ciel serait une bonne façon de se distraire. Heureusement, les arbres furent bien utiles à sa mission première : rester hors de vue. Certes, le vent aurait pu trahir sa présence en diffusant son odeur, mais la proximité de ses camarades permit à son odeur de se dissimuler parmi tant d’autres.

Les arbres se firent de plus en plus rares après un certain moment. Visiblement, ils semblaient s’éloigner du cœur de la forêt, les bordures étant plutôt faibles en conifères. Tsuki suivait son aîné à bonne distance, question d’avoir une longueur d’avance si elle venait à se faire repérer. Plutôt brillant, non ? Ceci dit, cela prit un instant avant que ses pattes ne freinent, son attention ayant bifurqué vers un bruissement de feuilles provenant d’arbustes, ma foi, bien pauvres en végétation. Le mâle avait arrêté à ce qui semblait, du point de vue de la petite lionne une sorte de... gouffre ? Bref, tomber en bas ne semblait pas bien amusant, malgré le fait qu’elle ne pouvait pas en voir la profondeur.

Elle s’avança légèrement pour tenter d’avoir un meilleur angle sur le précipice mais dans un mouvement maladroit, sa patte butta sur une branche. Sa maladresse sollicita visiblement l’attention du grand lion clair qui pivota en sa direction pour tenter d’identifier la source du bruit. Dans son mouvement brusque, il manqua de tomber dans le précipice – duquel il s’était approché -, faute d’une perte d’équilibre. Les yeux de la petite lionne s’écarquillèrent à une telle vue, et ce ne fut que quand le mâle eut repris appui sur ses quatre pattes sans chambranler qu’elle se permit un soupir de soulagement. Il avait évité le pire. Cependant, il ne s’en était pas sorti indemne puisque Tsuki remarqua la neige tachée de gouttes de sang lorsque le mâle s’éloigna du gouffre pour revenir sur ses pattes, bredouille. Il n’y avait, pour Tsuki, rien d’amusant là-dedans. Elle s’assura de revenir à son poste, à la fin de la file avant que son aîné ne le fasse, elle savait très bien qu’elle se serait fait grondée si elle avait eu le malheur de se faire prendre la main dans le sac. Trop occupés à discuter entre eux, les autres ne remarquèrent pas son retour, et encore moins avaient-ils remarqué son absence.

Ce ne fut que les jours suivant qu’elle remarqua l’impact de l’accident survenu plus tôt sur son partenaire de marche, alors que la cadence avait ralenti, faute qu’il boitait désormais. Elle ne fut visiblement pas la seule à remarquer son état s’empirant puisque nul autre que Wetiko vint lui demander si tout allait bien. Tsuki tendit l’oreille, curieuse, mais avant même qu’il ne réponde, elle aperçut la proie qui gisait au sol :

- Ouaaah ! Elle sentit la salive s’accumuler dans sa gueule, peut-être eut-il même une goutte qui s’en échappa pour rejoindre le sol. Oups... Je peux ? demanda-t-elle mais, avant même d’avoir reçu une réponse, elle enfonça ses petits crocs dans la chair, non sans afficher un sourire « angélique » par la suite, la gueule pleine de nourriture.

✷Laughter is a sunbeam of the soul✷

Avatar © Mad - Signature © Hatasa merci beaucouup
Tsuki s'émerveille en #FFFFB3

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Raagh ! Saleté de patte ! Elle ne faisait que le ralentir. Allongé sur le flanc, profitant d'un instant de pause, Maficho lui jeta un coup d’œil presque dégouté. Ce n'était quand même pas à cause de ce stupide faux mouvement qu'il s'était mit à boiter ?! Bon certe, il n'avait pas pris soin de vérifier plus en détails son éraflure et n'en avait parlé à personne, pour quoi faire de toute manière ? Mais tout de même ! Ce n'était rien.

Alors qu'il se maudissait lui même, le félin crème ne remarqua même pas Wetiko approché. ... Le voyage avait au moins eu l'utilité de le corrigé sur la prononciation du nom de l'ermite en écoutant les discussion à droite à gauche. Mais bref. Le félin déposa une proie juste à côté avant de l'invité à manger. Le Nokosis, d'abord surpris, lança un regard reconnaissant à l'ancien ermite. Mais il n'eut pas le temps de répondre. Sa jeune camarade de voyage demanda l'autorisation de gouter à la proie mais avant même d'avoir eu sa réponse, elle planta y ses crocs. En d'autres circonstance, Maficho aurait pu s'amuser d'un tel comportement, sans oublié le petit sourire qu'elle leur avait ensuite adressé, mais là... La douleur dans sa patte le rendait grognon et en période de famine, la nourriture était précieuse. Il arqua un sourcil, visiblement mécontent.

- La moindre des choses quand on pose une question, jeune fille, c'est d'attendre une réponse.

Son ton traduisait tout son agacement. Même si ce n'était pas vraiment à lui d'être mécontent. Après tout, ce n'était pas sa proie. Mais bref. Il tourna sa tête vers Wetiko avec un léger sourire.

- Je te remercie de ta sollicitude mais je n'ai pas faim.

Et ce depuis quelques jours à vrai dire. Chose étrange, il mangeait assez peu dernièrement... Il ne le faisait que parce que sa sœur le forçait à le faire. Le félin continua avec un petit mensonge.

- Et oui, je vais bien.

Maficho poussa un léger soupir après avoir porté un regard.

- Vivement que l'on arrive au pied de la montagne. De toute évidence, mon manque d'appétit est loin d'être une norme...

Il fallait peut-être qu'il s'en inquiète d'ailleurs, de ce manque d'appétit et de ses conséquences. Mais il ne le faisait pas. les choses finiraient par passer, il ne pouvait en être autrement.

A peine Wetiko avait-il posé sa proie devant Maficho, qu'une petite boule de poil que le mâle connaissait arriva pour prendre sa part du gâteau. L'ancien ermite, choqué de l'arrivé si furtive de la jeune fille recula d'un pas et balança ses oreilles en arrière, la regardant commencer à dévorer l'oiseau qu'il venait d'attraper. Il n'osa pas faire la moindre remarque alors que le Nokosis, lui s'empressa de dire à Tsuki qu'elle devait attendre qu'on lui réponde quand on pose une question. Il n'avait pas l'air commode, ce qui fit s'écraser encore un peu plus le nounours blanc.

Mais lorsqu'il s'adressa à nouveau à lui, s'était pour lui dire que c'était gentil mais qu'il n'avait pas faim. Wetiko se doutait qu'il mentait, tous avaient faim. Surement ne voulait-il pas être un fardeau ou faire passer son peuple avant lui. C'était très noble de sa part, mais il devait tout de même se nourrir ...

" Sauf votre respect, monsieur, vous devriez tout de même vous forcer un peu ... "

Dit-il, baissant la tête et détournant le regard, un peu honteux. Lui même ne pouvait cacher la douleur qu'il ressentait dans le ventre et les petites nausées à cause de la faim. Il se jetterait bien sur cette proie comme la jeune lionne, mais il ne le ferait pas. Pas avant que Maficho n'en prenne un peu.

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