« Quel temps déplaisant...
- Tu parles du ciel ? » Demanda un bec noir, perplexe. Au dessus d'eux, la voûte rocheuse soutenait un ciel clair et un soleil plein d'aplomb. La lumière inondait chaque recoin de cette trêve dans le sable habituel du désert, chauffant la pierre rouge et la rendant plus vive que jamais.
Le lion doré roula des yeux. Il marchait à travers cet endroit où son clan n'avait que peu l'habitude de se rendre, Khadija dans le creux de ses épaules le rendait plus lourd que d'ordinaire. Son cœur, quant à lui, l'était bien plus. Il s'agissait d'une vraie bille de plomb qui, dans sa cage thoracique, broyait chacune des fibres de son corps à chaque battement.
L'exil l'avait beaucoup angoissé ces derniers temps, il savait que son entraînement était insuffisant et tous les efforts d'Anaya n'y changeaient rien. Il se sentait jaloux, rancunier envers son frère qui s'attirait toute la sympathie de son père. Mais aujourd'hui, une chose bien plus important encore avait finit d'achever le peu de lumière qui lui restait.

Il vivait dans ce désert depuis assez longtemps pour savoir que la mort survient n'importe quand. Il l'avait déjà vu, plus d'une fois. Mais en dépit de toutes ses préparations mentales, il souffrait, s'étant prit le décès de sa grand-mère et de sa cousine de plein fouet. Il déglutit difficilement, songeant encore et encore aux événements, au combat tragique entre Nazhir et Hatasa, à la mort de cette dernière... L'odeur du sang restait gravée dans sa mémoire. Et quant était-il d'Hazina ? Il ne l'avait même pas vu rendre son dernier soupir. Le hasard avait eut raison d'elle.

« De l'époque, Khadija. » Répondit-il finalement, péniblement.
Petit, court sur pattes, il escalada comme il put une paroi rocheuse. Elle n'était, heureusement, pas abrupte et contenait énormément de plateformes. Il bondissait mollement, grimpait sans énergie jusqu'à enfin attendre la roche sur laquelle était posée celui qu'il tentait d'atteindre.
Wassim déglutit, se redressa, tâchant de faire honneur aux descendants de Wivu.

« ... P-Père je-... J'aimerais te parler... »

(c) Rinkisha

Anaya joue Jenkaa

Depuis ces derniers jours, la vie avait laissé un gout amer sur la langue du Jangowa. Sa mère, celle qui l'avait vu naître, et avait fait de lui ce qu'il était devenu, n'était plus de ce monde. Il le savait, en tant qu'Impératrice, chaque jour était pour Hatasa, une épreuve, car elle n'était jamais à l'abris d'être défiée. Mais, intérieurement, il se disait qu'elle resterait à ses côtés encore longtemps, il ne voyait pas que, même si elle n'aurait jamais été défiée, sa mère avait de l'âge. Ce n'est que durant son combat face à Nazhir, que Jenkaa remarqua à quel point sa mère avait vieilli, et pourtant, malgré son âge avancé, elle s'était battu avec force, et avait laissé au nouvel Empereur de sacrés souvenirs de cette lutte acharnée.

Jenkaa préférait s'isoler, le temps de digérer la perte de sa génitrice. Ces derniers temps, il lui semblait que sa famille s'éteignait à petit feu. Déjà Hiari, qui avait décidé d'abandonner le gout de vivre, puis Hatasa, et voilà maintenant quelques jours que Hazina, sa nièce, avait succombé d'une piqûre de scorpion. Le Grand Désert les mettaient-ils à l'épreuve ? Voulait-ils les punir à cause de l'Estropié, qui avait foulé le sable depuis trop longtemps avant d'être exécuté ?

Le mâle savait qu'il ne pourrait regretter sa mère trop longtemps. Son fils aîné, Edwin avait besoin de lui, dans quelques mois, le jeune lion qu'il était partirait en Exil, et reviendrait en adulte. C'est pourquoi, Jenkaa n'avait pas laissé ses entraînements de côté, et que cet après midi, il irait de nouveau aider son fils à devenir plus fort.

- ... P-Père je-... J'aimerais te parler...

La voix de son second fils résonna aux oreilles de Jenkaa, et celui ci ne daigna même pas poser ses yeux sur lui. Il poussa un grognement, fixant le grand désert. Je n'ai pas vraiment de temps à te consacrer Wassim, ton frère ne va pas tarder. Avait répondu d'une voix froide le mâle.

Il posa enfin ses iris sur son second fils, accompagné de son volatil ridicule qui était, vraisemblablement sa seule amie. S'en était navrant, comment Jenkaa pourrait-il être fière d'un fils qui a comme seule compagnie une pie ? Croyait-il vraiment que c'est cet oiseau qui lui sauverait la vie durant son Exil ?

Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises...


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Il avait beau s'y être préparé, la froideur de son père ajouta à la bille de plomb une couche d'amertume. Il grimaça lorsque ce dernier ne daigna même pas le regarder. Le dégoûtait-il à ce point ?

« Je n'ai pas vraiment de temps à te consacrer Wassim, ton frère ne va pas tarder. » Son frère, hein. Il avait du temps pour son frère, mais pas pour lui. Cela ne changeait pas de d'ordinaire, mais la souffrance que ressenti Wassim fut exacerbée par son deuil encore en court. Il serre un peu les dents et se retint de réagir trop impulsivement.
Les yeux qu'il posa sur lui lui firent regretter son précédent dédain. Il glissa son regard vers le haut, là où devait se trouver Khadija et il s'ébroua. La pie s'envola à quelques mètres et comprit qu'elle n'avait pas à rester là. Alors, sans un mot, elle s'éloigna dans les roches, attendant le moment de revenir.

« Certes... Mais pour le moment il n'est pas encore là. » Avait souffler craintivement le fils de Jenkaa. Il osa s'approcher de quelques pas, atteignant les flancs de son père. Ses oreilles toujours plaquée contre son crâne, il fixa le sol de pierres rouges.

« Justement je-... J'aurais aimé pouvoir parler de cela. Mon exil approche et-... Et j'ai peur que-... » Il déglutit une fois de plus, il devait paraître si faible et sentimental, tremblant déjà d’appréhension. Sa propre image le dégoûtait. « M-Mon entraînement ne soit pas suffisant... » Il avait relever les yeux tout en parlant, guettant une réaction, quel qu'elle soit.

(c) Rinkisha

Anaya joue Jenkaa

Jenkaa voyait très bien qu'il venait de blesser son fils. Mais, plutôt que de s'excuser, ou bien de se montrer un peu plus doux à son égare, le mâle adulte resta de marbre, observant l'oiseau bicolore qui s'envolait plus loin. Certes... Mais pour le moment il n'est pas encore là. Avait répondu Wassim, et Jenkaa ne pu qu'approuver, à contre coeur, que le lionceau disait vrai. Il ne pouvait donc pas refuser un bref entrevu avec son deuxième garçon.

- Soit, répondis Jenkaa, déjà lassé. Je t'écoute.

Il observa Wassim s'approcher, et sans aucun doute, le lionceau était beaucoup moins grand et fort que Edwin. C'était à se demander si les deux étaient bien de la même portée. Justement je-... J'aurais aimé pouvoir parler de cela. Mon exil approche et-... Et j'ai peur que-... Jenkaa attendit la fin de la phrase de Wassim sans réellement l'écouter, trop concentré à observer aux alentours si Edwin arrivait. M-Mon entraînement ne soit pas suffisant...

L'adulte posa de nouveau son regard sur son fils. Que pouvait-il bien y faire ? Wassim savait lui même qu'il ne parviendrait pas à rentrer d'Exil, et Jenkaa l'avait senti dès le début. Edwin était fort, robuste, alors que Wassim était faible, trop sentimentale, il ne tiendrait pas deux mois seul en Exil, c'était certain !

- Eh bien. Avait répondu Jenkaa, toujours de son éternelle voix glaciale. Ta tante n'est-elle pas suffisamment douée pour t’entraîner ? Demanda-il, tel un reproche, non pas envers Anaya, mais envers Wassim, qu'il imaginait ne pas se donner à fond durant ses entraînements.

Il savait que Anaya était encore jeune, et un lionceau se devait d'être entraîné par un mâle, mais qui accepterait d'entraîner Wassim, lui qui semblait si chétif aux yeux de tous. Anaya était la seule à aider le lionceau, et Jenkaa l'en avait même remercié, jugeant néanmoins qu'elle perdait son temps. Elle avait après tout autre chose à faire, elle s'approchait de l'âge adulte, et elle serait bientôt courtisée par les autres mâles du clan, elle n'aurait plus de temps à donner à Wassim.

- Si tu as cette impression, c'est que tu ne t'entraîne pas suffisamment ! Avait rétorqué Jenkaa sans passer par quatre chemins, Edwin lui, ne bronche pas, et se donne à fond à chacun de ses entraînements, toi tu ne fais que t'apitoyer sur ton sort, à t'amuser avec ton oiseau ridicule. Ouvres les yeux Wassim, ce n'est pas cette pie qui t'entraînera, tu es la risée du clan !

Jenkaa montrait les crocs, pointant l'endroit où avait filé Khadija. Il le savait, son fils partirait en Exil, mais ne reviendrait jamais, alors pourquoi perdre du temps à discuter avec lui, qui n'était qu'une cause perdue ?

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« Ta tante n'est-elle pas suffisamment douée pour t’entraîner ? » Il fut si glacial que Wassim sentit ses os se gelés. Il grimaça, il y avait eut un temps où son père ne lui parlait pas comme ça, un temps pour la tendresse était de mise... Mais à présent, ce n'était qu'un lointain regret.

« Si tu as cette impression, c'est que tu ne t'entraîne pas suffisamment ! » Enchaîna-t-il sans que son fils n'ai eut le temps de répondre. « Edwin lui, ne bronche pas, et se donne à fond à chacun de ses entraînements, toi tu ne fais que t'apitoyer sur ton sort, à t'amuser avec ton oiseau ridicule. Ouvres les yeux Wassim, ce n'est pas cette pie qui t'entraînera, tu es la risée du clan ! » L'enfant sentit soudainement ses yeux devenirs humides alors qu'il fixait, mortifié, celui qui était son père. Il comprit sans mal, comme une soudaine révélation, la raison de sa froideur. Il l'avait souvent mit sur son pelage, mais il n'en était rien. Les morts n'étaient pas rares, dans le Désert et personne n'entraînait un lion qui n'avait pas de chance de survivre.
Cette vérité criante aurait put lui donner assez de raison pour prendre sur lui et redoubler d'efforts, comprenant les raison de Jenkaa. Pourtant, cela ne créa en lui qu'un réservoir de haine plus grand encore. Il se mordit la lèvre, retenant ses larmes comme il put alors qu'il baissa la tête, les sourcils à demi froncés.

« C-Cette pie... Cette pie m'a été bien plus utile au court de ses six mois avec moi que toi dans toute ma vie... » Souffla-t-il, la colère surpassant la peur.
Il redressa brutalement la tête, les oreilles en arrière, le museau froncé. Il ne semblait pas enragé, mais plutôt au comble de désespoir, suppliant, même.

« Tu saurais à quel point je fais de mon mieux si tu prenais le temps de m'entraîner aussi ! J-je... Je fais de mon mieux ! Anaya te le dira ! » Dit-il, cherchant tous les arguments possibles pour persuader son père de sa qualité. Toute sa rhétorique partait en fumée et il n'était plus capable que de geindre.

(c) Rinkisha

Anaya joue Jenkaa

Les yeux se remplissant de larmes, Wassim baissa la tête, et Jenkaa regretta durant quelques secondes ses paroles, mais, il se ressaisi bien rapidement, jugeant qu'il ne disait que la vérité à son fils. Si il voulait faire ses preuves, qu'il s'entraîne dure, encore et encore, tout comme le faisait son aîné ! Jenkaa s'attendait néanmoins à voir déguerpir Wassim, mais celui ci n'en fit rien. Il redressa la tête, un regard empli de désespoir, que Jenkaa prit encore une fois pour une preuve de faiblesse en plus de la part de son fils.

- C-Cette pie... Cette pie m'a été bien plus utile au court de ses six mois avec moi que toi dans toute ma vie... Avait rétorqué Wassim. Mais les paroles du lionceau désespéré ne touchèrent pas le moins du monde l'adulte. Au contraire, cela eu pour effet de mépriser encore plus Wassim, qui préférait se voiler la face plutôt que d'assumer que personne, excepté Anaya, ne souhaitait l'aider, sachant que cela ne donnerait rien de bon. Tu saurais à quel point je fais de mon mieux si tu prenais le temps de m'entraîner aussi ! J-je... Je fais de mon mieux ! Anaya te le dira !

Jenkaa perdit patience, approchant son museau de Wassim, le regard menaçant. Que croyait-il ? Que pleurer l'aiderait à surmonter son Exil ? Que son stupide oiseau allait lui apporter de la nourriture ? Croyait-il réellement que son oiseau de malheur l'accompagnerait durant une année entière ?

- Voilà tout ce que tu as trouvé à répondre ? Gronda Jenkaa. Te cacher derrière ton stupide oiseau, et derrière ta tante ? L'adulte souffla du nez, éprouvant à cet instant un mépris tel qu'il aurait tout donné pour n'avoir eu qu'un seul fils. Anaya elle même devrait abandonner ses entraînements avec toi, tout le clan sait que tu n'es qu'une cause perdue, contrairement à ton frère. Ma soeur perd son temps avec toi uniquement par pitié, mais elle sait, comme tout le monde que tu ne reviendras pas d'Exil car tu es faible.

La colère montait à la tête de Jenkaa. Lui qui n'était déjà pas d'humeur, avec la perte de sa mère, n'avait pas de temps à perdre avec son fils raté. Le Grand Désert n'a que faire des incompétents tel que toi, il t'avalera plus vite que tu ne le pense. Mais je dois reconnaître une chose, c'est que même toi, tu te rends compte que tu n'es pas assez fort pour l'Exil, peut-être... Peut-être devrais tu partir avant qu'il ne soit trop tard ! Avait-il conclut d'une voix méprisante, écœuré par ce lionceau qui était son fils.

Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises...


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« Voilà tout ce que tu as trouvé à répondre ? Te cacher derrière ton stupide oiseau, et derrière ta tante ? Anaya elle même devrait abandonner ses entraînements avec toi, tout le clan sait que tu n'es qu'une cause perdue, contrairement à ton frère. Ma soeur perd son temps avec toi uniquement par pitié, mais elle sait, comme tout le monde que tu ne reviendras pas d'Exil car tu es faible. » Jenkaa était alors bien trop proche de Wassim et ce dernier n'eut d'autre choix que de reculer, courbant légèrement l'échine en glissant sa queue contre sa cuisse. Dans son regard, du désarroi, un semblant de crainte. Il était attéré, son père ne lui avait jamais parler de la sorte et il lui semblait que la violence de ces mots étaient tout à fait injuste.

« Le Grand Désert n'a que faire des incompétents tel que toi, il t'avalera plus vite que tu ne le pense. Mais je dois reconnaître une chose, c'est que même toi, tu te rends compte que tu n'es pas assez fort pour l'Exil, peut-être... Peut-être devrais tu partir avant qu'il ne soit trop tard ! » Son ton méprisant donnait envie à Wassim de se jeter impulsivement du haut des roches. Si son corps s'écrasait en milles morceaux sur la pierre rouge, si ses os se brisaient, s'il rendait son dernier souffle, son père comprendrait-il sa douleur ? Verrait-il en lui un fils, enfin ?... Non. Wassim le savait, son père ne serait qu'heureux d'être débarrasser de lui. De voir disparaître cet écho, ce vague reflet de son propre père qui n'avait eut que la compétence de devenir empereur, pas de l'élever.
Un pensée germa au fond de la tête de Wassim. Il fronça le nez, grondant en son for : Il se venge, c'est ça ! Il me fait payer les erreurs de Wivu...


« C-C'est injuste... » Chouina-t-il, contre toute attente. Il ne prenait pas ses jambes à son cou comme il aurait put le faire. Il se rendait soudain compte que Mjalsr avait eut raison, l'autre fois, au Jardin des Os. Son père le haïssait. « J-Je... J'ai pas fait exprès de naître comme ça, moi... Je fais... Je fais de mon mieux... »

Il baissa la tête, détourna le regard alors qu'il se recroqueviller sur lui-même à la manière d'un chat sauvage, enroulant sa queue longue autour de ses pattes, l'air accablé de chagrin. Puis, le regard fuyant, il se releva. D'abord, se furent ses yeux qui se posèrent sur son père, puis, il fronça les sourcils et le museau dans une expression de parfaite colère. Il se redressa, toujours aussi misérable néanmoins.

« C'est pas juste !! Hatasa n'a pas abandonné Kumani parce qu'il était le plus faible ! Elle n'a pas favorisé Lahira parce qu'elle était la plus forte ! Je connais l'histoire par coeur, Edwin s'en ait toujours foutu ! Tout ce qui l'intéresse c'est de se pavaner devant tout l'monde ! » Son cœur battait dans sa poitrine, il s'approcha. « Moi je sais exactement comment est fait ton corps et le miens, je connais nos légende par cœur, la guerre contre les Mositus, le retour d'Exil glorieux de Wivu, la disparition de Jalan et même Aberash l'Empoisonné ! » Il reprit son souffle, haletant. « J-je... Je fais de mon mieux... P-Pour toi et toi tu... tu... Tu me-... » Et sa phrase se finit en un sanglot lamentable, secouant son petit corps doré de milles et un battements de détresse.

(c) Rinkisha

Anaya joue Jenkaa

La vision du petit Wassim recroquevillé sur lui ne fit qu'amplifier le dégout qu'éprouvait Jenkaa à cet instant précis. Il n'avait plus rien à dire à son fils, et s'apprêtait à partir, lorsque celui ci reprit la parole en chouinant. C-C'est injuste... Avait sangloté le lionceau doré. J-Je... J'ai pas fait exprès de naître comme ça, moi... Je fais... Je fais de mon mieux...

Jenkaa fronça les sourcils, se redressant de toute sa hauteur, dominant son fils en le fixant, méprisant. Faire de ton mieux n'est pas suffisant. Avait-il répliqué sèchement. Qu'ajouter de plus à présent ? Ce gamin n'était pas apte à affronter l'Exil et à en revenir vivant. Jenkaa savait que ses paroles étaient dures, mais il ne les regrettaient pas. Wassim devait connaitre la vérité, ouvrir les yeux. Il s'était toujours montré faible, trop faible, et maintenant, c'était trop tard.

Le lionceau, déterminé, ou bien, désespéré au point de ne pas lâcher son père, se redressa, fronçant les sourcils. Une vision bien pittoresque aux yeux du mâle qu'était Jenkaa. C'est pas juste !! Hatasa n'a pas abandonné Kumani parce qu'il était le plus faible ! Elle n'a pas favorisé Lahira parce qu'elle était la plus forte ! Je connais l'histoire par coeur, Edwin s'en ait toujours foutu ! Tout ce qui l'intéresse c'est de se pavaner devant tout l'monde ! S'en était trop. Jenkaa gronda de rage, ordonnant à Wassim de se taire. Il ne connaissait rien, et ce n'était pas ses belles paroles qui lui sauveraient la vie. NON, il fallait être fort dans le Grand Désert, la faiblesse n'avait pas sa place. Mais, plutôt que de se taire, Wassim continua. Moi je sais exactement comment est fait ton corps et le miens, je connais nos légende par cœur, la guerre contre les Mositus, le retour d'Exil glorieux de Wivu, la disparition de Jalan et même Aberash l'Empoisonné ! J-je... Je fais de mon mieux... P-Pour toi et toi tu... tu... Tu me-...

Wassim s'arrêta enfin, fondant dans un sanglot qui fut la goutte d'eau de trop aux yeux de Jenkaa. Celui ci donna un violent coup de pattes dans les côtes de Wassim, pour le plaquer au sol, l'immobilisant sans mal. Il approcha son museau si proche de celui de son fils, qu'il pouvait sentir son halène, le souffle rapide de la détresse du lionceau lui effleurer le museau.

- Ne parle plus JAMAIS de Hatasa comme ci tu la connaissais mieux que moi. Elle était ma mère, et jamais, JAMAIS je n'autoriserais un paria tel que toi, se permettre de parler en son nom.

Cette fois ci, les mots dépassèrent les pensées de Jenkaa. Sa mère était parti il y'a si peu, que le mâle de maîtrisait pas ses sentiments. La douleur était si récente, si profonde... Mais Jenkaa ne pleurait pas, non, il gardait tout cela enfouit. Un mâle ne pleure pas, il doit être là pour protéger sa famille, ou du moins, ceux qui le méritent.

Jenkaa enleva sa patte, qui maintenait toujours Wassim au sol. Prouves moi que j'ai tort, lança t-il comme défis à son fils. Reviens de ton Exil en un seul morceau, entraînes toi, DUR ! Cracha t-il au lionceau. Ce n'est pas à ton âge que tu auras une quelconque valeur aux yeux du clan, mais lorsque tu reviendras d'Exil. Il est temps pour toi d'ouvrir les yeux Wassim. Avait-il conclut.

Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises...


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Wassim n'espérait plus aucune réaction venant de son père, il avait dépassé ce stade depuis quelques minutes déjà. Il avait parlé non pas pour se faire entendre mais pour se soulager, à la manière des bêtes qui se noient dans le silence des tempêtes et qui, pourtant, hurlent autant qu'elles le peuvent. Cependant, celle qu'eut son père fut de loin la pire qu'il puisse imaginer.
Sans crier gare, il se retrouva la tête contre la pierre brûlante alors qu'il douleur atroce lui arracha un couinement. La patte de son père se posa lourdement sur ses côtes si fragiles. Il grimaça, prit de panique, tétanisé alors qu'il songeait dors et déjà aux pires horreurs.

« Ne parle plus JAMAIS de Hatasa comme ci tu la connaissais mieux que moi. Elle était ma mère, et jamais, JAMAIS je n'autoriserais un paria tel que toi, se permettre de parler en son nom. » Des postillons de rage chutèrent sur le visage du lionceau alors qu'il fut forcé de clore à demi les yeux, brûlé par l'haleine chaude du guerrier Jangowa.

« Prouves moi que j'ai tort. » Il avait finalement enlever sa lourde patte et Wassim se sentit soudainement plus léger. Il n'osa cependant pas se relever immédiatement, le laissant finit : « Reviens de ton Exil en un seul morceau, entraînes toi, DUR ! Ce n'est pas à ton âge que tu auras une quelconque valeur aux yeux du clan, mais lorsque tu reviendras d'Exil. Il est temps pour toi d'ouvrir les yeux Wassim. » Le lionceau déglutit et décida d'enfin s'élever. Il poussa sur ses pattes avant, tout d'abord, finit assit avant de lever le postérieur, le regard figé vers le sol. Il craignait de n'offenser encore son père avec une réponse maladroite et les larmes qui coulaient sur ses joues empêchaient toute déclaration fluide.
Alors, il se détourna lentement de son père, il observa les roches rouges qui se dessinaient devant lui en dépit de sa vision floutée par l'eau salée et il commença à descendre du perchoir de Jenkaa.

A mesure qu'il s'éloignait, il sentait une rage montée en lui, brûlante et dévastatrice, elle le faisait grimacer à chaque pas. Tant et si bien qu'il murmura tout bas : « Je ferais même plus que ça... »

(c) Rinkisha