☞ Ce Rp se déroule après le rp : — Avalé par la roche

Comme prévu, Hasara avait cafté. La colère de sa mère trônait au-dessus de la tête de Jakko comme une épée de Damoclès. Bien vite arriverait le temps où il allait s'en prendre une bonne, il n'était pas dupe. Alors il attendait que les foudres de sa mère s'abattent sur lui pour de bon. Il aurait préféré que la leçon lui vienne de son père, il aurait été bien plus tendre. Sa mère n'était pas de ceux-là. Elle prenait bien plus Hasara en pitié, et les larmes de l'enfant savaient l'atteindre. Mais bien que Jakko soit parfois une tête de mule, il n'était pas stupide. Face à sa mère, il se montrerait honnête. Nier les faits ne lui apporterait rien de bon. Comme un grand, il allait assumer ses actes, quitte à subir la colère et les réprimandes. Celles-ci ne lui faisaient guère peur. Sa seule inquiétude était combien de temps sa mère allait-elle lui en vouloir. Il aimait sa mère et détestait qu'elle soit fâchée contre lui trop longtemps.

Le glas avait sonné et la convocation irrévocable. Voilà qu'il était attendu.

Il avançait tête haute mais à petit pas vers la grotte familiale où sa mère faisait les cent pas. Il inspira quelque peu afin de retrouver de la contenance. Bien qu'il eut la tête dure, sa mère restait une lionne de caractère, et lorsqu'elle était en colère, nul n'aimait se trouver près d'elle. Lorsqu'il entra, elle stoppa sa ronde funeste pour s'arrêter, tel un bourreau près à lui couper la gorge. Il déglutit, vaincu. Il avait l'impression de faire face a un troupeau enragé et fou qui ne voyait plus rien sur son passage ; il était sa proie.

« J'ai délibérément enfermé Hasara... » L'accusé plaidait coupable. « Je m'attendais à rien, je voulais juste jouer. Je n'allais pas le laisser là éternellement. » C'était vrai. Bien sûr que Jakko avait trouvé l'image de l'agonie de son frère belle à en mourir, mais il n'aurait jamais tué son frère. Le torturer continuellement était bien plus savoureux. Bien évidemment, ça, il n'allait pas le dire à sa mère.

« C'est juste qu'il est si mou... il faut le ménager un peu. » Vrai aussi. Jakko se rendait compte de l'incapacité de son frère à vivre, et ça l'agaçait au plus au point. Peut-être qu'inconsciemment, il essayait juste de l'endurcir un peu. Comment allait-il faire plus tard ? Il ne pourrait pas vivre éternellement au crochet de ses parents et la vie ne lui ferait pas plus de cadeaux qu'au commun des mortels.

« Peut-être que je suis cruel, mais le monde l'est aussi. Et si lorsque je l'embête, il vient pleurer dans tes pattes, comment fera-t-il quand le monde extérieur le persécutera ? Vous n'êtes pas immortels je vous rappelle, tu veux d'un pleurnichard incapable de se défendre comme enfant ? » Le ton montait un peu. C'était la première fois que Jakko amorçait un semblant de défense vis-à-vis de son petit frère. Il doutait que ce genre de propos ne plaise à sa mère, ni la façon de l'aborder, mais peut-être qu'il se le disait plus pour lui que pour elle finalement. Peut-être qu'il réalisait qu'il était plus inquiet qu'il ne l'avait cru pour son frère. Bien évidemment, jamais il ne le dirait au principal intéressé. Il était bien plus facile et amusant de le traumatiser directement. Mais avec sa mère, c'était différent. Il voulait lui prouver – comme au reste du monde d'ailleurs – qu'il n'était pas un gamin. Qu'il avait de la jugeote, et qu'il n'était pas uniquement ce qu'elle voyait en ce moment ; un lionceau méchant et fourbe.

C'était aussi la première fois où il faisait, ici indirectement, référence à l'âge de ses parents. Son père était plus âgé que sa mère, plus même que la normale. Ça n'avait jamais posé de problèmes à Jakko et ça n'allait pas commencer aujourd'hui, il ne lui en tenait pas rigueur. Mais la réalité de son âge était ici appuyée ; Adana ne pourrait pas veiller sur Hasara toute sa vie, et Vita moins encore.

Il avait un peu froncé les sourcils à son tour, mais ses oreilles s'étaient légèrement aplaties sur le haut de son crâne. Il s'était tu de peur de voir arriver la tempête. Jamais il n'était rentré autant en conflit avec sa mère, jamais il n'avait osé lui tenir tête de la sorte. Mais il ne s'agissait pas de la rendre chèvre, il voulait juste lui ouvrir les yeux sur Hasara. Il espérait ne pas l'avoir énervé d'avantage – mais si tel était le cas, alors il était près à en subir les conséquences. De toute façon, il était venu ici en sachant pertinemment ce qui se jouait de son sort ; il n'en ressortirait pas indemne.