La patrouille terminée, quelques problèmes réglés, des sourires et des saluts dans tous les coins, Raksà décida de retourner au Rocher. Ce dernier désirait depuis un moment déjà s’entretenir avec son oncle, son Roi, mais il fallait avouer que Azaan s’était retrouvé bien occupé ces derniers temps. C’est ce qui lui coûtait de devoir rattraper les actes de ses sœurs. Dans l’histoire, Azaan était vu comme un héros, ou du moins un sauveur, quelqu’un qui pourrait enfin remettre sur pied le royaume. Mais au fond, n’était-il pas aussi le plus à plaindre ?

Escaladant le rocher, Raksà eu tôt fait de rejoindre la pointe de ce dernier, observant le roi de Prideland qui lui-même semblait être plongé dans la contemplation des terres qui étaient à présent les siennes. Aujourd’hui, Raksà se devait de lui parler de choses importantes. Il s’agissait avant tout de la sécurité du royaume et il comptait bien ne pas relâcher son attention maintenant que certaines erreurs tendaient à se corriger.

Le mâle brun avança encore légèrement mais ne se posta pas aux côtés du roi, préférant rester en arrière. Non pas qu’il ait peur de son oncle, bien au contraire, mais c’était là une question de respect aux yeux du chef des guerriers. Il se racla la gorge afin d’annoncer sa présence, espérant pouvoir cette fois se voir accorder une audience :

« Majesté. Pardonnez-moi de vous déranger ainsi, mais il y a des choses dont j’aimerai vous parler. C’est à propos de la sécurité du royaume. »

N’ayant jamais été particulièrement proche d’Azaan, il n’est jamais venu à Raksà l’idée de le tutoyer ou de l’appeler « mon oncle ». De plus, la hiérarchie imposait certains codes.

En fin de journée, Azaan s'était assis à la pointe du rocher de la fierté. Il observait son royaume et était plongé dans ses pensés. Les choses avaient filés à telle allure qu'il avait besoin de faire le point. La venue de Soto et ses sbires lui avait fait prendre conscience qu'il était sans aucun doute le père de la moitié de ses neveux ... chose à laquelle il ne s'attendait absolument pas et qui remettait énormément de choses en questions. Il pensait pouvoir gérer les exilés outlanders, mais ceux-ci ne tarderaient pas à remarquer ces ressemblances et il faudrait que le roi joue de diplomatie pour une nouvelle fois couvrir les erreurs de ses soeurs. Il faudrait aussi qu'il parle à Avha ...

Mais il fut tiré de sa réflexion par une voix plus ou moins familière. Il dû tout de même tourner la tête pour constater qu'il s'agissait de Raksà, un autre de ses neveux. C'était à présent le chef des guerriers et celui-ci désirait parler au roi de la sécurité du royaume. Il était bon de se sentir entouré de personnes qui étaient aussi désireuse que lui de régler les soucis de Prideland.

" Ah, Raksà ! Viens donc près de moi, j'ai justement du temps pour discuter. "

Et l'envie également ... La sécurité était pour l'instant l'une des grosses préoccupation de Azaan. Ses neveux et les anciens exilés n'étaient pas à l'abris avec les Outlanders.

Il se décala un peu pour que le chef des guerriers ait une place pour s'asseoir. Il contempla à nouveau le paysage de prideland sous le soleil doré.

" C'est magnifique, n'est-ce pas ? "

Magnifique et pourtant si effrayant pour Azaan maintenant qu'il savait qu'il avait la responsabilité de veiller au bien être de chaque être vivant sur ces terres. Ca lui en donnait presque le vertige alors qu'il n'avait pourtant jamais eut peur du vide.

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L’enthousiasme de son oncle lui fit plaisir à voir et à entendre, malgré tous ces événements récents. Azaan ne semblait jamais montrer le moindre signe de faiblesse. En vérité, bien que Raksà ne le connaisse pas si bien que ça, le lion brun ne se souvenait pas avoir vu son oncle flancher une seule fois. Il avait fait parti des plus prévenants lorsque lui et sa famille sont arrivés au rocher mais aussi le plus pragmatique par la suite.

Sortant de sa réflexion, Raksà fut surpris de voir Azaan le convier à s’approcher davantage mais il ne se fit pas prier plus longtemps, exécutant les ordres. Lorsque la voix du roi se fit de nouveau entendre, Raksà coula un regard surpris vers ce dernier avant de finalement fixer l’horizon, appréciant la vue au passage. Un léger sourire vint orner son visage, l’espace d’un instant :

« En effet, c’est magnifique. J’espère qu’elles resteront gorgées de lumière encore longtemps. »

Mais le chef des guerriers n’était pas venu pour parler du paysage et bien qu’un instant de tranquillité se révélait être appréciable, il fallait tout de même garder les pieds sur terre. Raksà avait eu vent de la visite de Soto et de ce que ce dernier semblait réclamer. Autant dire que Raksà n’était pas rassuré à l’idée d’une nouvelle vendetta. Aussi, Raksà entra dans le vif du sujet très rapidement :

« Pardonnez-moi d’être aussi direct mais … Je ne lui fais pas confiance. Ce dirigeant est trop imprévisible et représente un trop grand danger à mes yeux. Nous devrions véritablement nous méfier. »

Il avait noté que son oncle ne s’était pas privé de le tutoyer mais Raksà préférait rester poli dans la mesure où il n’avait jamais reçu l’autorisation de tutoyer le roi comme il n’avait jamais pu le faire avec l’ancienne reine. Tourner autour du pot n’était pas une des qualités que possédait le lion brun, aussi il ne se contenta pas de seulement alarmer le roi à propos de Soto, il envisageait des solutions :

« Nous devons impérativement nous renforcer et renforcer nos frontières… »

Raksà vint se placer à coté de lui et bien qu'il avoue que la vue était superbe, il ne tarda pas à en venir au fait. En l'écoutant, Azaan se doutait qu'il parlait de Soto. Il n'avait pas confiance en lui et il voulait renforcer la garde à la frontière. En soit, le roi était d'accord avec lui. Mais uniquement pour la sécurité de Prideland, surtout de ses neveux, et des anciens exilés qui avaient trouvés le repos ici.

" Soto ? Je ne lui fais pas confiance non plus ... A vrai dire, l'entrevue que nous avons eut ne fut pas des plus agréables. Disons que j'y ai appris des choses peu plaisantes ... "

Il s'arrêta de parler un instant, fronçant les sourcils en regardant l'horizon.

" Ecoute Raskà, je ne vais pas te mentir mais garde ça pour toi pour l'instant. Les rumeurs sur le père de Djekara et Shomari sont vrai et ça ne tardera pas à se voir. Mes neveux seront alors en danger ... Sans parler de ma soeur. Et n'oublions pas nos invités, il ne faudrait pas que Soto les découvrent."

Si cela arrivait, on ne pourrait éviter une guerre entre Outland et Prideland. Mais Azaan espérait que le fait de rompre l'alliance avec eux éviterait que quelque chose d'aussi grave n'arrive. Ceci dit, comme le disait Raksà, Soto était imprévisible et le roi ne doutait pas une seconde qu'il serait capable de les poignarder dans le dos à la moindre occasion. C'est pour ça que dé qu'il avait entendu parler de cette alliance, il en aurait hurlé de rage. Comment faire confiance à un individu de son genre ? Mais avec le recule et ce qu'il savait de la situation, dieu seul sait ce qu'il avait bien pu se passer ... Il se demandait si il n'avait pas forcé sa soeur aux pires atrocités ! Lui prenant peut-être sa vertu pour ensuite la menacer de tuer ses petits si elle ne faisait pas ce qu'il lui disait ... Il en frissonna.

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Raksà fut rassuré de voir que son opinion sur le dirigeant d’Outland était partagé – cela lui permettrait en effet de réaliser ce dont il parlait plus tôt, à savoir tout faire pour renforcer Prideland et assurer la sécurité de tous les animaux parcourant ces terres. Néanmoins, Raksà se fit attentif lorsqu’il apprit qu’Azaan avait eu une entretenue avec Soto et que ce qu’il en découlait ne semblait pas plaire au roi. Bien que l’on aurait pu reprocher son indiscrétion à Raksà, il n’hésite pas à s’enquérir de ce qui avait bien pu contrarier son oncle à ce point-là, lui qui était d’habitude si … Effacé ? Ce n’était pas le bon terme mais dans l’immédiat c’est tout ce qui traversa l’esprit de Raksà avant que la question ne franchisse ses babines :

« Que vous a-t-il dit de si déplaisant ? »

Il faut comprendre Raksà mais aussi le connaître pour savoir que les secrets ne sont pas les alliés des lions et encore moins de sa famille. Ah, les mensonges il les connaissaient bien, les cachoteries tout autant. Chaque secret porté par l’un des membres de sa famille n’avait conduit qu’à la trahison, la souffrance et la mort. Raksà espérait que son oncle tende à ne rien lui cacher afin de faciliter les choses. Non seulement cela permettrait de garder de bon rapport entre oncle et neveu mais aussi entre le roi et son chef des guerriers. C’était important.

Il ne s’attendit pas à lui suite du discours de son oncle et cela le laissa bouche bée. Bien entendu, il avait eu vent de la rumeur et pourtant il essayait de ne pas faire attentions à toutes ces messes basses concernant ces cousins. Ils n’avaient rien demandé. Pourtant, l’entendre de la bouche de son oncle changea la donne. Il ne savait pas comment accueillir la nouvelle. Il ne s’autorisa aucun jugement sur sa tante et ses cousins – cette dernière avait déjà suffisamment baissé dans l’estime du lion brun sans devoir en rajouter une couche, de plus il ne voulait pas s’attarder sur des rancœurs personnelles. Il se racla la gorge avant d’annoncer :

« Nous devons les protéger. Tous. Tous autant qu’ils sont et ça peu importe qui ils sont. Mieux que ces enfants ne rencontrent jamais leur père plutôt que de devoir faire face à une nouvelle catastrophe. » il marqua une pause avant d’enchaîner – « Vous savez, les animaux sont bavards et je doute que le secret soit gardé très longtemps. Mais j’admet ne pas vouloir d’un dirigeant imprévisible en rogne à la recherche de ses enfants cachés. J’insiste et pardonnez-moi pour cela, mais nous devons absolument renforcer les frontières. »

La nouvelle que Azaan venait de donner à son neveux sembla lui faire un électrochoc. Et comment ne pas le comprendre. Il avait ressentit la même chose à la seule différence que lui avait dû cacher sa surprise car il se trouvait en face de Soto lui-même et qu'il aurait pu se passer quelque chose de déplaisant si ce dernier s'était rendu compte de cette réaction. Il compatissait donc au sentiment que Raksà devait ressentir, un mélange de surprise, d'adrénaline et de déception formant une boule qui explosait à l'intérieur de son corps et se répartissait dans ses veines à vitesse si fulgurante qu'on aurait dit que c'était instantané.

Son neveu insista donc pour que les frontières soient renforcées et Azaan hocha la tête pendant qu'il parlait. Tous deux étaient sur la même longueur d'onde. Et en effet, le roi ne s'attendait pas à ce que Soto reste indéfiniment dans l'ignorance, mais il espérait qu'il le reste suffisamment pour que ses neveux soient devenus des adultes et puissent se défendre autant physiquement que mentalement. Qui plus est, Soto avait à peu de chose près le même âge que Azaan, lui aussi commençait à vieillir. Peut-être serait-il mort d'ici qu'il apprenne ce qui se passe ? Si la vie à Prideland était calme et reposante, il en était tout autre sur Outland. Et dieu seul sait quand un lion profiterait de la faiblesse naissante du roi pour s'attaquer à lui et lui voler son trône.

" Je suis d'accord avec toi. Mais il ne faut pas alerté les Outlanders non plus. Si ils voient qu'il y a des gardes de leur côté de la frontière, ils vont se douter que l'on cache quelque chose ... "

Soto avait beau être une brute, il n'était pas non plus un idiot. Renforcer la garde pouvait mener à une guerre que Azaan n'était pas certain de gagné et qui, même si c'était le cas, mènerait à de nombreuse mort dans son clan.

" Peut-être faut-il travailler avec des oiseaux, ils pourraient nous prévenir si il y a un mouvement louche. "

Poursuivit-il, se demandant toujours comment faire pour se montrer discret.

Images (c) Hecate