Ce matin, tu te réveillais aux côtés d’Habari. Sans le savoir, vos queues s’étaient entremêlées et vos museaux s’étaient collés l’un à l’autre. Tu te surpris à sourire en voyant son visage. Elle était d’une beauté insoutenable, encore plus maintenant qu’elle t’avait accepté comme amour. Oui, parce que vous étiez mariés depuis longtemps maintenant.

Tu te rappelais finalement les paroles de ta mère, qui avait su dès le départ que vous vous rapprocheriez. Nul ne savait comment, mais ton Impératrice avait forcé le destin pour te faire trouver l’amour. Tu pouffas un instant, avant de te reprendre, un jangowa ne pouffait pas pour tout et n’importe quoi, encore moins pour des histoires sentimentales. Tu aimais Habari, mais pas de quoi en faire toute une dune ! Mais après tout, penser à elle te donnait l’impression de pouvoir tout faire. Tu te sentais plus puissant quand elle était à tes côtés… Est-ce qu’un jangowa ressent cela habituellement ?

Tu pensais alors à ta nièce, Hazina, qui attendait impatiemment que toi et Habari conceviez de futurs enfants du désert. Mais tu n’étais pas pressé. Tu voulais prendre ton temps. Mais après tout, n’aviez-vous pas pris suffisamment votre temps ? Soudain, un petit bâillement vint te décrocher de tes pensées :

— Jen ?

Tu te tournais et souris en t’apercevant que ta compagne était réveillée. Instinctivement, tu posas ta patte sur la sienne, plus tendre qu’à l’accoutumée :

— Je suis là. Tu as bien dormi ?
— Mieux que jamais. Bien que cela fasse bizarre de dormir coller à quelqu’un. J’avais perdu l’habitude. Avant, j’étais avec ma famille, mais depuis… Notre mariage, je dormais toujours seule.
— Tu aurais voulu que cela soit autrement ? Enfin, tu aurais préféré dormir avec moi, le lion ronchon et arrogant ? ironisas-tu.

Ta compagne leva les yeux au ciel avant de se lever, sans prendre la peine de te répondre. Elle s’ébroua pour enlever le sable de son pelage puis posa ses yeux sur toi, amusée.

— Alors, tu me suis ?
— Où ?
— Je pensais me rendre aux Rives du Mochanga, où peut-être ailleurs, qui sait ? Tu as peur que je te saute dessus ? dit-elle, taquine.

Tu ravalas ta salive, tu ne savais pas dans quel sens prendre cette phrase. Tu préféras donc te lever sans trop te poser de question. C’est donc, le cœur battant que tu suivis ta compagne parmi les dunes. Vous vous regardâtes un instant, gênés, puis vous détournâtes les yeux. Ce n’était pas évident pour vous d’accepter ce brutal changement entre vous, mais finalement, chacun finirait par s’y acclimater ! Habari dit alors, prudente :

— Comment va ta nièce ?
— Très bien, elle attend toujours ses futures cousines, elle m’en parle souvent d’ailleurs ! ricanas-tu avant de déglutir, réalisant ce que tu venais de dire.

D’abord surprise, Habari ne réagit guère, préférant s’abtenir que de d’approuver ta blague, qui en réalité, n’en était pas une. Tu n’avais pas du tout pensé à ce qui suivrait après cette phrase, mais tentas de te rattraper, vainement :

— Enfin, tu sais, j’disais pas ça pour ça… Moi et les lionceaux…

Elle te regarda un instant, amusée, avant de dire, songeuse.

— Je me demande bien à quoi ils ressembleront…

Tu la lorgnas alors, ahuri. Que signifiait-elle ? Tu la vis alors déposer une lèche sur ta joue avant de dire en riant :

— Attrape-moi si tu le peux !