Ce jour là, Maman elle avait l'air inquiète. Je ne savais pas si c'était parce que Papa lui avait parlé de nos escapades chez les Mositus ou si elle l'ignorait encore et qu'il y avait une autre raison. Dans tout les cas, elle faisait les cent pas. Le clan c'était arrêté près d'une Oasis et elle n'avait presque pas bu tant elle était nerveuse. Finalement, Papa vint la voir pour lui demander ce qu'il y avait, elle lui lança un regard dur. Elle ajouta qu'il devait parler tout les deux, seul à seul. Papa parut tout à coup devenir nerveux. Il me désigna du bout de sa patte. A son tour, Maman me regarda dans les yeux. Je ravalai ma salive. Cependant, elle ne dis rien et se contenta de ma donner un coup de langue sur la tête embrouillant ma mèche. Elle me prit ensuite délicatement dans sa gueule. Et me conduisit devant un lion du clan.
Je me souvenais l'avoir déjà croisé, comme je croisais tout les autres lions. Comment s'appelait-il déjà... ? Hat... Hat quelque chose. Je ne savais pas grand chose sur lui. Sauf qu'il était grognon. Maman me déposa entre ses pattes, elle demanda d'une voix autoritaire :

- Hatari, mon compagnon et moi avons à parler. Je te confier Suki un moment.

Je jetais un coup d'œil à Maman puis à cet Hatari. Il avait pas l'air rigolo. Maman elle pouvait pas me confier à quelqu'un. Je pris un air boudeur. Espérant que le lion refuserait de me garder.

Le lion accepta même si il ne semblait pas ravi de le faire. Peut-être que jouer les nounous se n'était pas son fort. Je continuais à garder mon air boudeur tandis que Maman s'éloignait d'un pas décidé. Lorsqu'elle frôla Papa, je le vis faire un petit écart et lancer un regard inquiet dans ma direction. Peut-être qu'il n'aimait pas me voir toute seule avec un lion qu'il ne connaissait pas trop. Avec un soupir, je le vis suivre Maman. Je me tournai alors cet Hatari avec un regard boudeur. Le lion leva un sourcil et demanda :

« Qu'est-ce qu'il y a, tu veux mon empreinte ? »

Je ne répondis pas. Pas tout de suite du moins. Je me mis dos à lui. Observant le désert. Je n'avais pas envie de lui parler. De loin il avait l'air d'être un lion très grognon et la première chose qu'il m'avait dite ne faisait que conforter dans ma pensée. Je me mis à dire :

- Rhhaaaa ! Pourquoi Maman elle t'a demandé à toi de me garder ? Elle aurait pu me laisser avec la Maman d'un copain au moins je me serais pas ennuyé...

Je m'allongeai, toujours boudeuse. Après quelques minutes, je tournais légèrement la tête vers le lion couleur sable.

- Tu joues pas toi, je suppose ?

Bien entendu, je m'attendais à ce que le lion réponde "non". Ça n'aurait pas été surprenant. Remarquait, dans le pire des cas, je pouvais trouver une excuse pour aller voir un copain.

Le lion sembla plongé dans ses pensées. Puis il secoua la tête. Il avait l'air de s'être rappelé un souvenir quelque peu douloureux. Je ne savais pas ce que c'était de ce rappeler un souvenir douloureux, moi-même j'étais encore très jeune et je n'avais vécu que peu de choses. De plus, aucun de mes souvenirs n'étaient particulièrement douloureux. Aussi j'avais toujours trouvé cette attitude risible, pourquoi donc souffrir de quelque chose qui de toute manière c'était passé ? C'était bien inutile. Le lion répliqua d'une voix morne :

« Est-ce que j'ai l'air de vouloir jouer ? Si tu suppose, pourquoi poser la question ? »

Reprenant mon air grognon, je me remis à observer le désert. J'espérait voir réapparaitre Maman et Papa à tout moment. J'entendis derrière moi un bâillement , Hatari ne se gêna pas pour ajouter :

« De toute manière, tes parents ne tarderont pas. Tu peux bien attendre un peu avant de jouer non ? »

Je bondis vivement sur mes pattes. Non, je ne pouvais pas attendre ! Maman elle m'avait toujours dit qu'un lionceau avait besoin de jouer le plus souvent possible. Et puis moi je devais jouer plus que les autres si je voulais être la meilleure combattante de tout le désert. Faisans face au lion :

- Si ! Tous les lionceaux doivent jouer ! C'est comme ça qu'on apprend à se battre !

Je me mis en position de jeux, relevant mon arrière train. Je sortis mes petites griffes et je montrais les crocs en faisant un sourire narquois :

- Mais je suis sure que si tu veux pas jouer c'est parce que t'as peur que je te fasse mal ! A l'attaque !

Sans crier gare, je bondis vivement sur la tête du lion des sables. Je me mis à lui mordiller l'oreille comme je le faisait avec Papa même si je me doutais qu'Hatari ne réagirait pas comme le faisait mon père.

La réponse d'Hatari concernant mon acte pour le moins impulsif, ne se fit pas attendre. Il se releva d'un bond. Je sentis alors que mes petits crocs allaient lâcher prise. Je finis par me retrouver à rouler par terre, le museau dans le sable. Allongée par terre, les quatre pattes en l'air, je me remis sur le ventre. Je remuai le museau pour apercevoir un tas de sable dessus. J'éternuai et tous les petits grains de sable s'envolèrent. Furieux, Hatari s'exclama :

« Tu réfléchis avec un grain de sable ou quoi ? Je ne suis pas un lionceau, espèce de raton ! »

Loin de me vexer, cette remarque me fit sourire. Je me remis en position de jeu, bien décidée à lui montrer ce qu'un "raton" était capable de faire. Le lion sable ajouta :

« Je sais me battre depuis longtemps, et ce n'est pas une crevette comme Toi qui me donnera du fil à retordre. Si j'étais Toi, je ferai plutôt attention, il ne me faudrait qu'une bouchée pour te faire disparaître. »

Je me redressais d'un coup. Je pris un air fier et hautain. Je fis quelques pas pour me replacer juste en face du lion de sable. La tête haute je répliquais :

- De toute façon, si jamais tu me fais mal et ben Maman et Papa il le sauront et ça va pas leur plaire.

D'un bond, je me remis en position de jeux, ma queue fendant l'air de droite à gauche, pour ajouter :

- Et puis si tu veux me faire disparaitre, faudrait déjà que tu m'attrapes !

Sans attendre davantage et sans rien ajouté, je fonçais sur lui. Heurtant ma tête sur une de ses pattes avant. Le choc me propulsa en arrière et je me mis à courir aussi vite que je le pouvais droit devant moi. Vers le désert.

Il ne fallut pas longtemps au gros ronchon pour me rattraper. Ces pattes, bien plus longue et puissante que les miennes, lui permettait de faire d'amples et rapides foulée. J'avais beau courir aussi vite que je le pouvais, Hatari me rattrapa sans mal. Il me faucha et me prit dans sa gueule par la peau du cou. Je me débattis pour tenter de lui faire lâcher prise, sans succès. Le lion me déposa entre ses pattes. Il me dit alors :

« Essaye donc de t'échapper encore une fois, et cette fois-ci, tu n'auras plus le droit de bouger d'une oreille. Je suis trop grand pour jouer, alors amuse-toi toute seule, mais surtout, reste ici que je puisse garder un œil sur Toi, Raton. »

Sa menace ne me fit pas peur, loin de là. Peut-on vraiment empêcher un enfant de jouer ? Sans doute pas. Et puis Hatari ne m'effrayait pas plus que ça. Il avait l'air grognon pour un lion mais pas agressif. Aussi lorsqu'il eut finit de parler, je me mis à sourire. Un sourire joueur. Accompagné d'un peu de malice dans le regard. J'allais recommencer, il suffisait de me regarder pour être sure que j'allais recommencer dans peu de temps. Cependant, je voulais laisser une peu de temps au lion pour qu'il se repose. Les vieux comme lui, ils se fatiguaient facilement et rapidement. Plait-il ? Oui je sais, 3 ans pour un lion c'est jeune, mais pour moi c'était vieux. Je me remis en position de jeux et dit :

- Allez ! Je suis sure qu'en faite tu aimerais bien ça qu'on joue !

Je me redressais en haussant un sourcil :

- Dis Hatari, pourquoi tu veux pas jouer ? C'est bien de jouer !

Le lion des sables se mit à me fixer, ce me rendit un peu nerveuse. Je me mis à piétiner sur place. Durant un moment, Hatari garda le silence. Finalement, après plusieurs minutes sans un mit ni même un bruit, le lion me répondit d'une voix calme :

« Non, Suki. Je n'ai pas envie de jouer. Quand j'avais ton âge, j'ai joué, mais maintenant, je suis grand. Et je n'ai plus envie. Plus du tout. Mes jeux à Moi, désormais, c'est la Chasse et la Traque.»

Sa voix avait gardé un ton calme tout au long de ses phrases, cependant il suffisait de le regarder dans les yeux pour voir qu'il était rongé par la tristesse. Je ravalai ma salive. Puis je me mis à marcher lentement vers le désert. Finalement je me stopper, pour regarder Hatari :

- Je comprend pas... Pourquoi presque tous les lions quand y sont grand ils veulent plus jouer ?

Bon oui, j'admet que j'insistais beaucoup pour jouer... Mais j'avais trois moi ! Et puis j'ai toujours été têtue comme un chameau.

- Moi en tout cas, je jouerai toujours ! Même quand je serais grande. Enfin...

Je retournais vers Hatari et, faisant une petite galipette, je me retrouvais sur le dos, pile entre les pattes du lion des sables. Rapprochant mes pattes antérieurs de ma petite bouille, je levais de grands yeux implorants vers lui :

- Alors on peut aller marcher s'il te plait ?

Habituellement, ma tactique "trop mignon" marchait souvent... Avec Papa ou Maman en tout cas. En revanche, j'ignorait si Hatari allait réagir de la même manière.

Le lion des sables devint pensif durant un instant. Je craignais qu'il refuse ma requête. Bien que, si il avait dû refusé, je serais partie en courant sans demandé mon reste. Sauf que cette fois, j'aurais fait en sorte de ne pas me faire attraper. Heureusement, je n'eus pas à le faire car Hatari déclara :

« Bon, d'accord, mais tu restes à côté de Moi. »

Je fis un grand sourire. Au moins, j'allais pourvoir continuer à me dégourdir les pattes. Hatari se mit donc en marche, calmement. De mon côté, je me mis à courir et à bondir dans tous les sens, prenant tout de même soin de ne pas trop m'éloigné du lion. Je ne voulais pas qu'il se fâche et que l'on retourne avec les autres lions du clan. Au bout de quelques minutes à courir part ci, part là, je revins me placer juste à côté d'Hatari. Je lui demandai en fixant la mer de sable devant nous :

- Dis Hatari, tu sais ce qu'il y a toi au delà du Désert ?

Je fis une courte pause avant d'ajouter :

- Papa et Maman ils disent qu'il y a de grands territoires avec plein de plantes et de point d'eau.

Tandis que je continuais à marcher, Hatari s'arrêta et s'assit. Lorsque je m'en rendit compte, je stoppais net et revint près du lion. Il scruta l'horizon absorbé par ses pensées. Je fis de même. Devant nous s'étendait le désert. Encore le désert, toujours le désert. Et j'aimais ça. Je savais que beaucoup de lions n'appréciaient pas forcement cette mer de sable, moi si. Et ce pour une bonne raison : c'était ma maison et ce serait l'endroit où je vivrais durant toute ma vie. Jamais je ne partirais... Enfin, c'est ce que j'aimais imaginer, mais parfois la vie nous réserve bien des surprises. N'est-ce pas ? Finalement, Hatari répondit :

« Oui, je sais. Si tu marche très longtemps dans cette direction, tu trouveras les Royaumes du Nord. A l'opposé, tu trouveras la Terre des Freelander et...»

Il fit une courte pause, comme pour tenter de refouler quelque chose. Une vieille blessure peut-être ? Quoi qu'il en soit, il continua :

« ... et entre les deux, il y a Prideland. C'est là que vivent les Pridelanders. »

Les Pridelanders ? Un autre clan de lions. Encore un. Je me demandais à quoi il pouvait bien ressemblé. Sans doute ne le saurais-je jamais.. Oh ! Hatari ! Peut-être le savait-il lui ? Il y avait peu de chance, cependant je préférais tenter le tout pour le tout.

- Tu en as vu toi, des Pridelanders ? Ils ressemblant à quoi ?

Peut-être en avait-il vu après tout ? On ne sait jamais, il était peut-être partit en voyage. Et puis, il avait du voir du pays durant son exil de 1 an. Cet exil que font tous les Jangowas.

Hatari resta pensif un moment. J'avais d'abord crains qu'il ne réponde pas mais ce ne fut pas le cas. Il restait juste... calme, pensif. Comme absorbé par ses souvenir. Il fixait le désert, jusqu'à reposer son regard sur moi. Je me raclais la gorge mal à l'aise, je n'aimais pas trop qu'on me fixe ainsi... Finalement, le regard de nouveau tourné vers l'horizon, il me répondit à voix basse :

« Oui, j'en ai vu. De plus près que tu ne pourrais l'imaginer. Ils sont différents de nous, mais ils ne sont pas vraiment méchants. Il suffit de les comprendre. Mais les apparences peuvent être trompeuses, quelque fois. »

Whoa ! Alors comme ça Hatari avait déjà vu des Pridelanders ?! Je n'avais jamais imaginé que le lion c'était suffisement éloigné du désert pour rencontrer ces fameux lions. Quelque chose me troubler cependant... Ça voulait dire quoi : "j'en ai vu de plus près que tu ne pourrais l'imaginer" ? Hatari avait-il été l'un d'entre eux ? Non, c'était impossible... Pourtant, ce qu'ajouta le lion vint appuyer mon hypothèse :

« Peut-être qu'un jour, je reviendrai. Et peut-être que ce jour là, tu pourras venir avec Moi. »

Revenir ? Donc il avait bien fait partie des Pridelanders... Mais cette "révélation" bien que surprenante pour moi ne me perturba pas plus que sa proposition. Moi ? Partir avec lui ? Quelque part, j'étais contente qu'il me le propose, ça prouvait qu'il m'aimait bien mais d'un autre côté... Je ne sais pas. Je n'avais pas vraiment envie de quitter le désert. Je lui fis néanmoins un sourire :

- Pourquoi pas ? Faudra que je demande à Papa et à Maman !


Je fis une courte pause, hésitant à poser une question qui me brulait les babines. Finalement, je me jetais à l'eau :

- Dis Hatari, tu as dit que tu reviendrais peut-être à Prideland, ça veut dire que tu as été un Pridelander un jour ?

Hatari ne semblait pas ravi de ma dernière découverte sur ses origines de Pridelander. Je craignais qu'il ne le prenne pas bien et refuse de me répondre mais ce ne fut pas le cas. Si bien qu'après quelques minutes sans rien dire, il me répondis avec une voix basse :

« Oui, Suki. J'y ai déjà été. J'y ai même vécu. »

Je regardais Hatari avec de grand yeux. Alors comme ça il n'était pas né dans le désert ? Je me demandais bien comment il avait réussit à se faire accepter. Il avait dû travailler très dur pour devenir un Jangowas. Je voyais maintenant Hatari de façon différente, peut-être pas comme un héros mais pas loin. Finalement, le lion me dit :

« Il est temps de rentrer, maintenant. Tes parents vont te chercher. En route. »

Je ne le contredis pas et nous retournâmes voir les lions clans. Papa et Maman étaient là-bas. Si Papa était allongé calmement, Maman regardait dans toute les directions. Elle devait sans doute se demander où j'étais passé. Lorsqu'elle nous aperçut, elle se précipita vers nous. Elle me passa un coup de langue sur ma mèche, elle se redressa alors pour parler à Hatari :

- Je ne pensais pas que vous alliez vous éloigné, pour ne rien te cacher, j'étais un peu inquiète... Mais je te remercie d'avoir prit le temps de t'occuper de Suki et de t'être baladé avec elle, je sais à quel point elle peut être... surexcitée.

Mon père arriva à la hauteur de Maman.

- J'espère qu'elle n'aura pas été trop insupportable. Et si oui, tu n'auras qu'a te plaindre à sa mère, c'est d'elle qu'elle tient ça.

Je me mis à rire tandis que Maman mit un coup d'épaule à Papa avec un grand sourire. Elle s'éloigna suivit de près par Papa. Ils me firent signe de les suivre. Je me tournais donc vers Hatari et lui dis avec un grand sourire :

- Au revoir Hatari ! Je reviendrais te voir, promis !

Sur ce, je mis à suivre Papa et Maman.