Hiari était en colère. Elle avait passé une journée des plus exténuante. Pire encore ! Elle n'avait toujours pas avalé le fait que sa fille Ellyn se fasse traiter de la manière dont on l'avait traitée par Nazhir. Ce jeunot avait même eut le culot de venir lui demander à elle, la propre mère de sa victime de le soigner. Le pire... C'est qu'elle avait été obligée de le faire. Un jour elle saurait lui montrer qui était la vraie jangowas ici ! Tche.

C'est alors qu'un lion vint à sa rencontre... Akef, le parrain de sa petite Ellyn. Elle l'écouta alors lui demander du temps... Mais... Son pelage était taché de sang. Il y avait urgence ! La lionne dorée s'égosilla :

- Cette blessure est très profonde ! Il faut se dépêcher avant que cela s'infecte. Suis... Enfin non ! Ne bouge pas, je vais chercher de quoi nettoyer cela !

Sans même un mot de plus, Hiari s'engouffrait dans son repère, aussi vive qu'un gardon, il n'y avait pas une seconde à perdre !

Je m’engouffrai dans ma tanière en vitesse, non sans avoir adressé un regard au blessé qui s’allongeait dans le sable. Par chance, j’avais gardé quelques plantes utiles à la désinfection dans mon repère, exactement ce dont il fallait. Mais, soudain, une voix me rappela que je ferais mieux de me presser :

- Tu sais, Hiari, je débarque un peu à l’improviste. Je peux repasser demain dans la journée, ce n’est pas aussi urgent que ça en a l’air.

Je me retins de pouffer, cela, pas urgent ? La lionne que j’étais n’était pas naïve, cette plaie peinait à cicatriser, même si finalement, j’ignorai tout de la manière dont elle avait été assénée. Vu ce que j’avais remarqué, elle devait dater de plusieurs jours, peut-être même que cela avait un lien avec le combat auquel avait participé cet abruti de Nazhir. Dans tous les cas, cela ne me regardait pas, mon travail était de soigner, pas de commérer. C’est pour cela que j’attrapai mes plantes et filai hors de ma tanière.

— Maintenant, nous allons soigner cela, si tu m’autorises à t’approcher.

Je ne voulais pas le brusquer, c’est pour cela que j’approchai mes plantes de lui et m’assis un instant avant d’attraper une plante à l’aide de ma patte.

— Avec cela, je vais désinfecter ta plaie en extrayant le jus de la plante, si tu le veux bien. Ensuite, je mettrai de quoi faire cicatriser.

Le lion parut surpris par le fait que je lui demande si je pouvais l’approcher. Il est vrai que je ne l’avais pas fait face à Nazhir, mais il s’agissait d’un tout autre personnage, qui pour le coup, ne m’était pas néfaste : c’était Akef, le parrain de ma fille. De ce fait, chaque formule de politesse me semblait être une évidence. Il dit finalement avec une pointe d’humour qu’il n’allait pas me sauter dessus.

J’hochai donc la tête pour m’approcher avec le remède que je commençai à broyer lorsqu’une nouvelle question vint à mes oreilles :

- Comment va Ellyn ? Je ne l’ai pas vue depuis mon entre-vue avec l'autre enfoiré.

L’autre enfoiré ? Je ne fis pas de commentaire de manière immédiate, j’attendis d’avoir broyé la mixture à son maximum avant de me redresser, déposant le cataplasme sur la plaie, chose qui ne plairait sans doute pas à l’imposant mâle. En effet, cela ne serait pas sans douleur, je me décidai à lui répondre, pour le déconcentrer :

— Ellyn va bien. Elle est toujours aussi intrépide. Même s’il a fallu que je nettoie les plaies que Nazhir lui a infligées. J’ai failli lui en coller une quand il est venu quelque temps plus tard, pour des blessures…

Je venais enfin de faire le lien : Akef et Nazhir… Ils s’étaient battus, comment avais-je pu passer à côté de cette évidence ? J’étais stupéfaite, mais essayais de me concentrer sur mon soin, sans faire de commentaires ou de cinéma qui serait susceptible d’agacer mon patient. Finalement, après quelques minutes de silence, mon soin était presque achevé :

— C’est bientôt fini, ne t’inquiète pas !

La plupart de mes patients n’appréciaient pas de venir me voir. Après tout, un Jangowa ne demande pas d’aide, ou alors rarement. C’est pour cela que je préférai m’activer à chaque consultation, pour éviter d’incommoder mes patients, sans pour autant bâcler mon travail.