Vivre libre ou .. ?

Jahvis avait encore passé la journée à vagabonder sur Prideland. Plus le temps passait, plus il se faisait une raison, il n'allait jamais retrouver son frère. Le lion finit par lever la tête, il en avait marre de renifler le sol à la recherche d'une quelconque odeur. Il s'assit quelques instants dans l'herbe doré de la savane, soufflant de fatigue. L'adulte observa l'horizon, le soleil quittait peu à peu le ciel, il devait déjà avoir commencé sa descente depuis quelque temps.

Le voyageur aperçut un grand arbre, en haut de ce qui semblait être une colline. En vérité, Jahvis ne voyait que les branches hautes de la forme faite de bois, le reste était caché par les herbes. Il se décida à le rejoindre, le coucher de soleil devait être vraiment beau, vu de là-bas. Il se releva donc et se dirigea vers l'arbre. Une fois non-loin de ce dernier, il put constater qu'il n'était pas le seul à vouloir profiter du spectacle qu'offrait l'astre solaire, un autre félin se trouvait à son pied. Il s'agissait d'une petite femelle en pleine toilette. Il ne la voyait que de dos, mais les rayons colorés du soleil teintaient son pelage de magnifiques reflets, rendant ses poils dorés à certains endroits.

Il s'arracha finalement à sa contemplation et regarda la féline. Elle ne semblait pas l'avoir remarqué, pourtant, Jahvis n'était pas sûr d'avoir réellement été discret. Il se racla légèrement la gorge, un peu gêné.

- Hum… Désolé de vous déranger mademoiselle, je… je ne savais pas qu'il y avait déjà quelqu'un sous cet arbre. Je peux m'en aller, si vous le désirez ? dit-il en essayant de capter le regard de la lionne.

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Vivre libre ou .. ?

La lionne délaissa sa patte, secoua légèrement la tête et se retourna enfin vers Jahvis. Le voyageur bloqua quelques instants sur les yeux verts de la femelle. Il n'avait pas l'habitude de croiser un regard si… doux, tout comme l'étaient les traits de son visage. Le mâle ne put s'empêcher de sourire légèrement, amusé par la gêne qu'il semblait créer chez la femelle. Elle aussi le mettait mal à l'aise, pour une raison qu'il ne connaissait pas. Elle souffla finalement et lui offrit un sourire désolé tout en le regardant. Jahvis trouvait que cette expression lui allait vraiment bien.

- Il n'y a pas de mal, vous pouvez… vous pouvez me tutoyer si vous le désirez. rigola-t-il avec elle, tout aussi gêné.

Il s'avança ensuite de quelques pas et s'assit à côté de la lionne, tout en restant à une distance respectable de cette dernière. Elle ne semblait pas parler très fort et le voyageur n'avait entendu que son murmure de là où il se trouvait précédemment. Peut-être entendrait-il mieux la voix apaisante de la demoiselle s'il était plus près ?

- Ah… Ah bon ? Pourtant, je pense plutôt que… que c'était impossible de vous louper… Enfin je veux dire… votre pelage scintille avec les rayons du soleil, c'est vraiment joli…

Est-ce qu'il venait vraiment de dire ça ? Il se donna une gifle mentale pour se ressaisir, il allait faire fuir la demoiselle s'il continuait ! Il voulait juste la mettre à l'aise, mais tout ce qu'il arrivait à faire, c'était le contraire.

- Je m'appelle Jahvis… Et vous, si je peux… si je peux me permettre ? demanda-t-il en souriant doucement.

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La différence de taille entre lui et la demoiselle le fit doucement sourire. Elle ressemblait à une petite fleure baignée par les rayons du soleil couchant, ses yeux verts étant le nectar tant convoité par les abeilles. Ou bien deux petites émeraudes venant sertir son visage. La lionne lui donnait l'impression d'être une petite chose fragile dont il devait prendre soin et, qu'il ne devait brusquer sous aucun prétexte. Jahvis tenta de reprendre un peu de contenance avant de reprendre la parole, tout en prenant en compte que la femelle lui avait assurée qu'il pouvait la tutoyer.

- Merci, Sanaï est aussi un très beau nom. Il est doux à l'oreille. affirma-t-il en souriant.

Ils regardèrent ensuite quelques minutes le soleil se coucher. Jahvis n'avait pas réellement quelque chose à dire, la présence de la femelle, bien qu'il ne la connaisse que depuis quelques instants, le réconfortait. Comme si, même sans lui avoir parlé des démons qui le torturaient, Sanaï arrivait à faire disparaître ses doutes. Il n'était plus le voyageur seul, constamment à la recherche de sa famille ou d'un quelconque équilibre. Non, maintenant, il était Jahvis, simple lion en train d'observer un très beau coucher de soleil en compagnie d'une toute aussi belle lionne, il devait bien l'admettre. Tellement perdu dans ses pensées, il sursauta presque lorsque la douce voix de Sanaï brisa le silence.

- Non, à vrai dire, je suis un voyageur. Je viens d'un endroit par-delà la Terre des Lions, pas très loin d'Outland. il marqua une pause. Et toi, tu es une Pridelander ? demanda-t-il simplement en tourna sa tête vers elle.

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La lionne lui appris qu'elle n'était pas une Pridelander, mais bien une Mositus. Jahvis aurait dû s'en douter, à la vue du pelage de Sanaï. En rencontrant la petite Shaka, il y a quelque temps déjà maintenant, le voyageur avait en effet appris que les lions de la jungle étaient à la recherche d'un nouveau territoire, exilés de force de leur ancienne jungle. Cela attristait un peu le voyageur de voir qu'ils n'avaient toujours pas trouvé de chez eux.

Même s'il était un voyageur, Jahvis n'avait pas vraiment choisi ce mode de vie, il avait été plutôt forcé par le départ de son frère. Certes, il avait eu la chance de voir bien plus de choses que certains félins, mais ce qu'il cherchait surtout, c'était un équilibre. L'adulte ne savait juste pas s'il allait trouver cela en restant voyageur ou non, seul l'avenir le lui dira. En voyant Sanaï s'allonger à côté de lui, Jahvis fit de même. Il resta sur son ventre, ses pattes avant tendues devant lui. Il continua d'observer le ciel, laissant une douce brise faire légèrement bouger sa crinière.

- Je veux bien t'en parler, mais… cet endroit n'était pas vraiment paradisiaque. Je suis né dans une steppe aride où il n'y avait pas grand-chose à manger. Mes semblables étaient des exilés, chassés de leur clan pour avoir mis en péril l'équilibre de ce dernier. Cette “famille” n'en était pas vraiment une, c'était chacun pour soi. Mon père était une brute qui avait suivi les idéologies tyranniques de son ancien chef. commença-t-il a expliqué.

Jahvis marqua une petite pause dans son monologue, en espérant que Sanaï ne l'interrompe pas. Raconter cela avait fait réapparaître des blessures dans son esprit, ses traits s'étaient inconsciemment durcit. Certes Wanji était une brute, mais… il restait son père et, sa mise à mort l'avait profondément traumatisé, tout comme ses deux sœurs. Le voyageur souffla finalement, détendant ses traits et se tourna vers la lionne, lui offrant un sourire réconfortant.

- Fort heureusement, tous les lions n’étaient pas des horribles brutes. Ma mère les avait suivi avec son fils adoptif, mon frère, parce qu’elle n’avait pas le choix. Elle n’a jamais été une mauvaise personne, au contraire. Elle n’était que douceur et gentillesse, c’était un peu notre oxygène dans cet enfer pour ma sœur et moi. J’ai aussi une demi-sœur, que je considère autant que le reste de ma famille. finit-il.

Il regardait toujours la femelle, admirant les derniers rayons de soleil dorer son pelage. Sanaï lui faisait un peu penser à Nagini, elle avait l’air si calme et douce, c’était réconfortant.

- Désolé, je pense que ce n’était pas vraiment ce à quoi tu t’attendais.

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Jahvis sursauta légèrement lorsque Sanaï posa sa patte sur la sienne, mais se radouci en voyant le regard doux qu'elle lui accorda. Les paroles de la demoiselle réchauffèrent également son cœur. Dans son voyage, il n'avait pas eu l'opportunité de s'attacher réellement à quelqu'un. Odon était la seule vraie personne avec qui il avait un lien qu'il avait vu depuis son départ du royaume Marozis. Et pourtant, il sentait qu'un lien se créait au fur et à mesure que la discussion se prolongeait, avec Sanaï. Cela lui brisait le cœur de se dire qu'il devrai bientôt déjà partir et laisser la lionne.

- Merci, c'est gentil. dit-il en souriant.

La Mositu s'étira ensuite, se relevant et sauta gracieusement sur une branche. Jahvis la regarda faire, légèrement impressionné. Il n'aurait jamais l'agilité nécessaire pour grimper de la même façon. Il rigola également à la remarque de Sanaï et s'allongea sur son flan, de façon à voir la lionne lorsqu'il lui parla.

- Bien sûr, je suis attaché à eux. C'est ma famille et les seuls aillant été là pour moi lorsque j'étais encore… là-bas. Pour mon frère, je l'ai retrouvé il y a quelque temps, mais malheureusement, nous nous sommes encore perdu de vue. Il faut croire qu'il ne peut pas rester au même endroit très longtemps. dit-il en souriant légèrement, nostalgique du temps passé avec Odon. Pour mes sœurs c'est plus délicat… Ma demi-sœur, Tasa, a suivi les exilés dans la prise de pouvoir de Soto sur Outland, je ne sais pas si tu es au courant de ce qu'il se passe sur ce territoire ? Et pour ma sœur de portée, Faora, elle est restée veiller aux côtés de notre mère. Mais je serai très surpris si elle était encore là-bas… Elle ne tient pas non plus en place. Ils me manquent tous beaucoup... finit-il.

Jahvis regarda ensuite la patte pendante de la demoiselle. Sans pouvoir sans empêcher, il leva une des siennes et vint jouer avec les doigts de Sanaï, avec douceur.

- Et toi, as-tu des frères et sœurs ? demanda-t-il en continuant son occupation.

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Jahvis ramena sa patte vers lui lorsque la femelle reprit la parole. Le mâle ne sut pas vraiment quoi dire lorsqu’elle se confia à lui. Il regarda quelques secondes dans le vague puis observa le regard de la lionne. Elle semblait calme et sereine, ce qui laissait penser qu’elle n’avait pas été spécialement atteinte par ce décès. Néanmoins, le voyageur ne put s’empêcher de ressentir à peu de tristesse à son égard. Ce n’était pas très joyeux non plus. Mais Sanaï avait visuellement surmonté cette épreuve, ce qui contrastait avec son petit physique que Jahvis voulait à tout pris protéger.

- Je suis sûr qu’elle te regarde et est fière de ce que tu es devenue… ne put-il s’empêcher de dire.

Il coula un tendre regard à la lionne avant de se redresser et de s’asseoir, de manière à se retrouver juste sous elle. Ainsi, la patte pendante de la femelle se retrouva bien vite sur le haut du crâne de Jahvis, ce qui le fit légèrement rire. Il se leva ensuite et recula légèrement. Le voyageur prit un petit élan et étendit ses pattes avant pour les poser sur la branche où se trouvait la lionne et s’y agripper fermement. Il se retrouva ainsi nez à nez avec Sanaï. L’arbre tangua un petit peu, ce qui le dissuada d’essayer de grimper. De toute façon, il en aurait été incapable et, qui plus est, son poids cumulé à celui de la Mositus aurait sûrement fait craquer la branche.

- Bon… Faut croire que je suis condamné à te regarder d’en bas. dit-il sur le ton de l’humour.

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