Avec cinq lionceaux, la vie du clan avait été chamboulée. Et la mienne peut-être plus particulièrement. En effet, deux d’entre eux étaient mes propres enfants et les trois autres étaient mes petits-enfants. Tous avaient trouvé leur place dans le clan et dans mon cœur.

Agés de six mois maintenant, leurs différences de caractère se remarquaient de plus en plus ainsi que leurs affinités. Ainsi, j’avais très vite remarqué que ma dernière-née s’entendait parfaitement bien avec Hazina et qu’elles étaient très souvent ensembles. Et cela ne semblait pas être au goût d’Ellyn.

Observatrice, j’avais bien vu qu’elle n’appréciait pas autant Anaya que sa sœur. J’étais cependant incapable de dire si cela était dû à cette proximité entre ma fille et ma petite-fille ou s’il y avait autre chose. Concernée par ma famille, j’avais bien entendu posé la question à celle qui arborait mes couleurs mais elle m’avait assuré qu’elle n’en savait rien. L’air qui avait peint son visage m’avait rendu suspicieuse et malgré mon insistance, Anaya avait continué à dire qu’elle ne savait pas. J’avais donc laissé tomber, pensant que s’il y avait le moindre problème, ma petite-fille viendrait m’en parler… A condition que je sois seule.

En effet, j’avais de nombreuses fois aperçu l’aînée de Hiari se diriger vers moi avant de rebrousser chemin en se rendant compte que je n’étais pas seule. Je ne la connaissais pas timide et cela aussi m’intriguait. C’est pourquoi j’avais décidé de passer du temps avec ma première petite-fille dès qu’elle se réveillerait le lendemain.

Je venais de terminer ma ronde auprès des sentinelles et celles-ci m’ayant indiqué qu’il n’y avait rien à signaler, j’allais retourner auprès de mes jeunes enfants lorsqu’une silhouette se dessina non loin. Il s’agissait d’un lionceau et peu importe duquel il s’agissait, l’heure n’était plus à l’exploration mais au sommeil. Décidée à ramener le lionceau imprudent avec moi, je le suivait.

Il s’arrêta rapidement et était resté dans le périmètre de sécurité formé par les sentinelles et cela me soulagea un tant soit peu. Au moins il n’était pas si imprudent que ça. Ou plutôt elle. Car en me rapprochant, je fini par distinguer qu’il s’agissait d’Ellyn. Tiens donc, voilà qui était plutôt pratique pour le coup. J’expliquerai tout à sa mère mais je n’allais pas ramener Ellyn tout de suite, non. J’allais profiter de l’occasion qui se présentant pour parler avec elle et ainsi passer du temps toutes les deux.

Puis-je savoir ce qui t’amènes ici aussi tard ? Ne devrais-tu pas être couchée, jeune fille ?

S’agissait-il d’une remontrance ? Pas du tout. Et Ellyn le remarquerait aisément au sourire taquin et à la lueur d’amusement qui faisait briller mes yeux dorés.

Ma petite-fille sembla surprise d’être ainsi découverte et plaqua ses oreilles contre son crâne, sans doute dans l’attente de se faire disputer. Elle se tourna doucement et lorsqu’elle remarqua mon air, un sourire éclaira son doux visage et cette vue me fit plaisir.

Désolée Hatasa. Je n’étais pas pressée d’aller me coucher…

Ah oui ? Et pourquoi donc ? La question me taraudait mais je la gardais pour plus tard car la petite lionne venait de s’approcher de moi. Elle s’était dressée sur ses pattes arrières et avait ses pattes avant appuyées sur l’une des miennes pour venir frotter sa tête contre mon museau. Je baissais la tête vers elle afin de lui faciliter la tâche et profitais quelques instants de cette marque d’affection. Il était rare que je passe un moment avec Ellyn – ce que je regrettais d’ailleurs - alors ce moment était d’autant plus précieux.

Dis Hatasa, c’est dur d’être l’Impératrice ?

S’il y a bien une question à laquelle je ne m’attendais pas, c’était celle-ci. La surprise fut d’ailleurs clairement lisible sur mon visage. C’était une question que je ne m’étais jamais vraiment posée, je me contentais de faire ce que je croyais nécessaire et bon pour le Désert, tout simplement.

Eh bien… je ne sais pas. Il y a des choses à gérer c’est certain mais je pense que je ne m’en sors pas trop mal. Je fais ce que je pense bénéfique pour le Désert et ses enfants, c’est tout. Je laissais quelques secondes s’écouler avant de demander son avis à Ellyn. Et toi, qu’en dis-tu ? Cela te semble-t-il difficile ?

N’ayant pas oublié les premiers mots de ma petite-fille, je n’attendais pas sa réponse avant de lui poser une autre question.

Ou bien peut-être pourrais-tu commencer par me dire pourquoi tu ne veux pas encore dormir ? Quelque chose te tracasse ma petite lune ?

Jugeant qu’il serait plus agréable pour Ellyn de discuter si elle n’avait pas constamment à lever la tête, je m’allongeais face à elle en attendant ses réponses.

Désormais à sa hauteur, je voyais dans les yeux d’Ellyn qu’elle hésitait à me parler. Bien que j’avais envie de connaître ce qui traversait son esprit, je ne la brusquais pas. C’était à elle seule de décider si elle voulait me confier ses tourments. Ce qu’elle finit par faire.

Et bien, j’ai l’impression que certains lions du clan ne m’aiment pas car je suis la fille de papa. J’ai peur de ne pas trouver ma place.

Extérieurement, ma petit-fille n’aurait pas pu dire que j’avais réagi mais à l’intérieur, c’était une autre histoire. Je m’étais mordu l’intérieur de la joue à ses mots. Je n’aimais pas son père c’était un fait et je l’avais toléré aux côtés de ma fille car j’étais incapable de lui faire de la peine. Mais en vouloir à Ellyn car elle avait du sang de ce lion dénué de queue ? Impensable.

Je n’aime pas que les lions se moquent de papa, il n’est pas faible il est très fort et s’occupe très bien de nous. Je suis très fière de lui.

De la tristesse déforma le joli visage de mon premier petit enfant et ses yeux brillaient de larmes qu’elle retenait.

Et j’ai également l’impression que Anaya se moque de moi, et qu’elle veut que Hazina s’éloigne de moi. Lahira m’a conseillé de lui en parler directement, mais je n’ose pas...

Ma propre fille ? J’avais bien vu qu’Anaya était assez proche de Hazina et que cela ne semblait pas être la même chose avec Ellyn mais je n’avais pas vu qu’elle se moquait. Elle devait faire ses coups en douce et je me notais de surveiller ma fille un peu plus ou de lui parler pour qu’elle arrête. Comment pouvait-elle en adorer une et dénigrer l’autre ?

Je suis sûre que tu es la meilleure Impératrice qui n’ait jamais existé ! Personne ne pourrait s’occuper du Clan comme tu le fais. Et oui, moi je trouve ça très dur d’être l’impératrice. Je ne sais pas si je serais capable de faire ce que tu fais un jour. Et de toute façon, je suis sûre que personne ne m’écouterai...

Voilà qui était gentil de sa part et j’appréciais son compliment. Un petit sourire en naquit même, amusé devant sa vision de lionceau. Bien que je n’étais pas tout à fait d’accord avec le ton employé à la fin, ce qui me fit enfin réagir.

Ne pense pas comme ça. Si tu crois que personne ne t’écoutera alors c’est forcément ce qui finira par se passer. Si tu veux qu’ils t’écoutent alors fais en sorte que cela se produise. Impose toi.

Mon ton était un peu plus dur mais c’était volontaire. Qu’elle comprenne ce que je voulais dire par là.

Ton père est différent et c’est ancré dans la mentalité des nôtres de ne pas aimer tout ce qui est différent. Et malheureusement pour lui, ton père en fait partie. Mais tant que toi tu l’aimes, je suis sûre qu’il se fiche de ce que pensent les autres. Et c’est exactement ce que tu dois faire aussi. L’avis des autres ne dois pas t’affecter, sinon tu leur laisses une chance de t’atteindre.

J’espérais avoir réussi à remonter le moral d’Ellyn concernant son père même si ce n’étais pas une chose aisée. Ne voulant pas m’étaler plus sur ce sujet, je passais à celui de ma fille. Ce n’était pour l’instant qu’une affaire de lionceaux et c’était à eux de la régler, même si je pouvais donner un conseil.

Et pour Anaya, je suis d’accord avec ta tante. Parlez-en déjà toutes les deux, ça pourrait aider. Et si cela ne s’arrange pas, je lui parlerais et lui dirais la même chose qu’à toi. Essaye de ne pas lui en vouloir car si vous en venez à vous détester l’une et l’autre et à vous disputer pour Hazina, c’est là que tu risquerais de la perdre.

Ou c’est du moins ce que je croyais et connaissant le deuxième trésor doré de ma famille, il était fort probable qu’elle réagisse comme je le pensais.

Au fil de mes explications et différents conseils, je voyais bon nombre d’émotions traverser les prunelles bleues violacées d’Ellyn. De la compréhension ainsi que du doute tandis que je lui disais qu’elle devait s’imposer. De la peine lorsque j’évoquais son père et l’opinion que les autres avaient de lui. De l’acceptation lorsque je lui disais que j’étais en accord avec Lahira : mieux valait que les deux petites essaient de régler la chose entre elles avant que je n’intervienne. Dire à Anaya ce qu’elle devrait faire équivaudrait à obtenir le résultat inverse de celui attendu alors je préférais que les deux petites parlent entre elles en premier lieu.

Merci pour tes conseils Hatasa !

Je souriais à ma petite-fille, contente d’avoir pu l’aider. J’espérais cependant qu’elle saurait en faire bon usage et que cela lui serait utile dans le futur.

Dis Hatasa, c’est vrai que tu es parti en exil ? Ça a été dur ? Tu es partie un an aussi ?

Alors elle en avait entendu parler ? Pas étonnant. Cette petite était assez curieuse et je n’avais jamais caché que j’étais partie du clan pendant une année, bien que cela ne soit pas un réel exil en soi. Levant les yeux vers les étoiles, je prenais un instant pour me remettre dans l’ambiance de l’époque. Mine de rien, cela remontais à presque six ans et pourtant, je m’en souvenais parfaitement bien. Quittant la lumière pâle des étoiles, je reposais mon regard sur ma petite-fille au pelage lunaire.

Oui, c’est exact petite lune. J’ai effectivement quitté le clan pendant presque une année. Mais contrairement aux jeunes mâles, cet exil entre guillemets n’en était pas réellement un car je n’étais pas seule. Cette période loin du clan, je l’ai effectuée en compagnie de ma meilleure amie à l’époque, de son père et des vautours qu’il commandait.

Nous avions vécu en marge du clan car nous n’approuvions pas Shabel. Ma meilleure amie à cette époque était Chimwe et non Kaya. Kaïad nous avait beaucoup appris, sur le combat autant que sur les vautours, et ces derniers avaient été à l’origine de nombreuses situations insolites. Je me rappelais encore de la fois où nous avions dû sauver un vautour qui s’était fait entourer par ce que j’avais jugé être le groupe d’oryx accompagnant le macchabée.

Tant de choses qui ouvraient à bon nombre de question de la part d’Ellyn et c’est pourquoi je gardais le silence, attendant que la jeune féline me pose une question plus précise sur ce que j’avais abordé. Il y avait tellement à dire que je préférais patienter quelques secondes afin de savoir ce que le premier enfant de ma fille voulait connaître.

A mesure que je racontais quelques bribes de mon « exil », je voyais les yeux d’Ellyn briller. Et lorsque je me tus, je savais qu’elle ne tarderait pas à me poser des questions.

C’était qui ta meilleure amie de l’époque ? Elle est toujours dans le clan ?

Une question qui ne m’étonnait guère mais dont la réponse risquait d’étonner ma petite-fille. J’ouvris la bouche pour lui répondre mais sa voix juvénile s’éleva de nouveau, décalant ma réponse de quelques secondes.

Pourquoi il y’avait des vautours avec vous ? Les vautours… C’est bien ces oiseaux moches sans plumes à la tête hein ?

Moche ? Je ne les trouvais pas si repoussant que ça moi. Il était vrai que j’avais eu du mal à m’habituer à leur présence mais une fois fait, j’avais appris à apprécier quelques membres de l’envolée de Kaïad. Ils nous avaient également été d’une grande aide en nous informant de la position du clan que nous ne souhaitions pas croiser à l’époque.

Tu sais, quand j’ai parlé avec Lahira, elle m’a donné une idée… Je crois que je vais faire mon propre exil, pour montrer ma valeur au clan… Mais Lahira m’a dit de n’en parler à personne pour pas que des lions se moquent où quoique ce soit. Tu n’en parleras pas hein ? Promis ?

Vraiment ? Voilà donc l’origine de toutes ces questions. Je gardais le silence tout en observant ma petite-fille. Pouvait elle le faire ? Sans pour autant avoir un corps plus faible comme celui de sa mère, elle n’était pas non plus en parfaite condition et subissait parfois quelque baisse de régime. L’exil était une épreuve ardue qui mettait non seulement l’esprit mais aussi le corps à l’épreuve. Cependant, si elle s’en donnait les moyens, peut-être qu’elle pourrait réussir.

L’exil n’est pas fait pour les femelles, tu le sais aussi bien que moi, commençais-je. Néanmoins, avec ce que je viens de te raconter, je suis bien mal placée pour tenter de t’en empêcher. Je sais que quand tu as une idée, tu vas jusqu’au bout de celle-ci. Tu risques d’y laisser ta vie si tu te lances là-dedans à la légère alors sois sûre de te préparer comme il le faut car l’exil n’est pas une promenade de santé.

Maintenant que je l’avais mise en garde comme je le devais, je pouvais me montrer plus conciliante. Et même lui apporter mon aide si elle le souhaitait.

Je soupçonne que tes sessions d’entraînements avec Lahira ont pour but de te préparer à cette épreuve mais si je peux t’aider autrement, viens me voir. Et j’imagine aussi que comme te l’a conseillé ta tante, tu n’en as parlé à personne à part moi. Je m’occuperai d’expliquer ton geste à ta famille lorsque tu partiras.

Je voyais déjà d’ici la réaction de Hiari. L’angoisse d’avoir non pas un mais deux enfants en exil se mêlerait à la colère envers moi de ne pas l’avoir mise dans la confidence ou d’avoir tenté de faire changer Ellyn d’avis. Quant à Hazina… je préférais ne pas imaginer sa réaction quand elle découvrirait que sa sœur ne serait pas à ses côtés pendant une année entière. Heureusement pour elle, elle aurait toujours le soutient d’Anaya.

Je n’ai pas répondu à tes autres questions. Ma meilleure amie de l’époque se nommait Chimwe et non, elle ne fait plus partie du clan. S’il y avait des vautours avec nous, et oui, se sont bien ces oiseaux sans plumes à la tête, c’est parce qu’ils obéissaient aux ordres du père de Chimwe. Je crois me souvenir qu’il en a rencontré un durant son exil et qu’au fur et à mesure, c’est tout un groupe qui le suivait. N’aies pas de préjugés à cause de leur apparence ou de ce que l’on raconte sur eux, ils nous ont été très pratiques pour éviter le clan ou pour trouver facilement de la nourriture.

Ce n’était pas exactement la même chose mais l’on pouvait apparenter l’envolée macabre de Kaïad à Makini et Rayo qui aidait Lahira à obtenir des informations.
Gardant de nouveau le silence, je regardais Ellyn. Comment réagirait-elle à ce que j’avais dit ? Aurait-elle d’autres questions ou souhaiterait-elle retourner auprès de sa famille afin de cogiter à cela durant la nuit qui approchait ? Je ne pouvais qu’attendre pour le découvrir.

Mes paroles étaient attentivement écoutées par Ellyn et cette dernière ne m’interrompit guère. Lorsque le silence apparut de nouveau, l’aînée de Hiari pris le temps de réfléchir un instant avant d’ouvrir la bouche à nouveau.

Promis je n’en ai parlé à personne d’autre ! Même à Hazina, mais je veux vraiment le lui dire avant de partir ! C’est ma sœur et on s’est promis de ne jamais se mentir. Ça m’embête déjà de pas lui en parler… Mais si tu leur dis à ma place, ils vont peut-être m’en vouloir tu penses pas ?

Oh bien sûr qu’ils allaient lui en vouloir. Premièrement de ne pas leur en avoir parlé et secondement pour avoir eu une idée aussi dangereuse.

Que tu le leur dises ou non, le choix te revient mais ils t’en voudront à coup sûr. D’un côté, tes parents vont s’inquiéter pour toi en plus de leur fils et ils se morfondront de ne pas avoir vu la chose venir. D’un autre côté, si tu le leur dis, ils feront tout pour t’en empêcher, sois en certaine. A toi de voir ce que tu préfères faire.

La petite hocha la tête, concluant ainsi le sujet de conversation. J’en revenais donc à mon propre pseudo-exil et lui expliquais qui était ma meilleure amie de l’époque, qu’elle n’était plus dans le clan et d’autres choses sur les vautours.

Wouhaou ! Utiliser les vautours pour trouver des proies c’est pas bête ! Je m’en souviendrais pour mon exil ! Mais pourquoi Gimwe ne fais plus parti du clan ? Elle est morte ? Où elle est parti ?

Je restais silencieuse tandis que des souvenirs me revenaient. Chimwe… Elle était partie du clan avec Aberash dans le but de retrouver Jalan qui n’était jamais rentré de son exil. Puis Sayed avait été exilé pour avoir attaqué Sukuma et la Fraternité s’était ensuite réduite à Kaya et moi lorsque Wivu s’était fait la malle. Si seulement certaines choses avaient pu être différentes. Je donnerais n’importe quoi pour retrouver –même pour quelques instants – l’entièreté de notre groupe avant que les choses ne partent en vrille.
Me rendant compte que j’avais détourné le regard, je le reposais sur ma petite-fille pour lui répondre.

Je ne sais pas si elle est toujours vivante. Elle est partie du clan peu après le retour d’exil de notre génération. Elle et son frère étaient persuadés –et moi aussi à l’époque- que l’un de nos amis s’était perdu ou que quelque chose l’empêchait de rentrer au clan car il était impossible qu’il soit mort durant l’épreuve. Cependant, aucun n’est jamais revenu…

J’avais fini par me faire une raison et aujourd’hui, l’espoir n’était plus présent. Ils ne reviendraient jamais et connaissant leurs caractères, cela ne pouvait dire qu’une seule chose : le Désert les avaient rappelés à lui.

Je vais devoir retourner voir papa et maman, mais j’aimerais beaucoup que tu m’aides à m’entraîner si tu veux bien ? Lahira est très occupée, et même si c’est une très bonne prof, bah je veux pas la déranger tout le temps !

J’opinais du chef, consciente qu’il se faisait tard et qu’elle devait aller se reposer. Néanmoins, je lui répondais une dernière fois avant de la laisser partir.

Très bien, je t’entraînerais. Viens n’importe quand lors des séances de Makan, je suppose que tu préféreras sa compagnie à celle d’Anaya. Et puis ça lui fera du bien à ton oncle d’avoir une adversaire, c’est toujours plus enrichissant.

Ellyn accepta rapidement puis s’aida de ses pattes arrière pour venir frotter son museau contre le mien. Je l’entendis même ronronner, ce à quoi je répondis par une tendre lèche sur son crâne. Je l’invitais ensuite à rejoindre ses parents d’un signe de tête et l’observais s’éloigner avant de finalement changer d’avis et de la rejoindre. Penser aux disparus ne servait à rien et mieux valait passer du temps en compagnie de ceux qui étaient toujours présents.

Je laissais donc Ellyn à ses parents avant de rejoindre mon compagnon et mes deux jeunes enfants. Je n’étais pas très démonstrative en sentiments envers Azrael depuis la naissance des enfants mais ce soir-là, il fut agréablement surpris de me voir frotter ma tête contre la sienne avant de me coller à lui pour la nuit, chose bien différente de ce que je faisais d’habitude.